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AU MARABOUT SIDI-YAHIA
Poursuivant la série
de ses visites-conférences, le Comité du Vieil Alger s'est
rendu, le dimanche, 6 juin, à l'Ermitage de Sidi-Yahia.
Ces visites, on le sait, ont pour objet, tantôt, une villa, un
palais mauresque, tantôt, une mosquée, une nécropole.
Le passé est alors évoqué, et c'est pour chacun,
avec le plaisir de voir, d'étudier les choses, celui de participer
en même temps, à une uvre bienfaisante de rapprochement
avec une collectivité que, trop souvent, l'on ignore, et qui,
de façon si touchante, témoigne sa gratitude de l'intérêt
qu'on lui manifeste. Sur la pente au haut de laquelle, près de
Birmandreïs, surgit la blanche apparition de la Koubba, ce fut
un aspect agréablement original, qu'offrit le groupe nombreux
des visiteurs, montant professionnellement les lacets, précédés
d'étendards religieux, d'une nouba, escortés de l'iman
et des indigènes du lieu.
A la vue de cette théorie, en marche vers le tombeau du saint,
le souvenir venait à l'esprit, des cortèges de l'Algérie
antique, où Romains et Libyens, officiellement, avec parfois,
un légat à leur tête, allaient ensemble honorer
les Dieux Maures.
Mais, en l'occasion, il ne s'agissait que d'une simple conférence
que donna aux sociétaires, leur président, M. Henri Klein.
Sous les oliviers centenaires, à l'ombre desquels venaient de
retentir de joyeux youyou près du sanctuaire orné à
ses portes de guirlandes fleuries, des détails furent donnés
: sur les marabouts, les maraboutes - sur Sidi Yahia venu d'Anatolie
au XVIIIème siècle, et inhumé là - sur la
famille de l'iman aussi, dont l'aïeul, sous Bugeaud, fut agent
du Gouvernement général - sur son père, conservateur
des Manuscrits à la Nationale.
Évocation fut faite, de même, du Birmandreïs d'autrefois,
de son patron, le raïs Mourad, de la fondation de sa mosquée,
de sa fontaine - du Birmandreïs de la Conquête, avec son
merveilleux fouillis de verdure, ses géants caroubiers, contemporains
de Jugurtha, que chanta Charles Desprez.
A la suite de la conférence, se lit entendre à nouveau
la nouba dirigée par Ahmed ben Hamouda. Et ce furent les Meddahim
de Sidi Abd-er-Rahman qui, avec leur chef, Lekhal Ali. donnèrent
des auditions très appréciées. Ce fut encore pour
les dames le charme d'une entrevue avec les jeunes filles de la maison.
Dans une cour à la fraîche parure d'une treille un thé
délicieusement parfumé, des pâtisseries au miel,
muées en croissants, des cerises, gracieuse allégorie
de ce printemps, furent offerts aux sociétaires.
Mais déjà, du vallon, monte vers ce sommet demeuré
frémissant d'or, une ombre révélatrice de l'heure
qui avance. Il faut songer au retour... Force est donc de se séparer
de ce site si pittoresque, de cet hôte si accueillant qu'est l'iman
Hafiz Khodja. Et c'est bientôt, dans le soir tombant, l'acheminement
trépidant vers la cité d'El-Djézaïr.
Assista à la réception du Comité, M. Chevalier,
maire de Birmandreïs.