« Les sans logis ont davantage besoin
d'un toit que de phrases...». Ainsi s'est exprimé le député-maire
d'Alger, Jacques Chevallier, au cours
de l'importante séance publique tenue par le Conseil Municipal,
le 3 juillet.
On pourra lire, dans ce bulletin, le compte rendu intégral de la
déclaration de M. Jacques Chevallier qui, en cette occasion, a
défini les grandes lignes des projets d'habitat municipal en cours
d'élaboration et dont certains (Sifaoui), sont déjà
en cours de réalisation.
Le programme municipal exposé par M. Jacques Chevallier comprend
5.000 logements. Si tous les techniciens montrent la même diligence
que M. Fernand Poullion, architecte en chef de la Ville, 1.935 logements
seront en chantier à Alger avant la fin de l'année 1953.
" La venue de M. Fernand Poullion a eu pour effet de recréer
un climat d'émulation et de concurrence, de susciter des techniques
nouvelles et partant d'orienter certains esprits parfois assoupis dans
la routine ou dans la facilité, sur la nécessité
pour eux, s'ils veulent continuer à exercer, de rechercher ardemment
à baisser leurs prix de revient " a dit encore le député-maire.
Alger attend avec impatience la pose de la première pierre de la
Cité du Bonheur (Diar EsSaada), édifiée sur les hauteurs
de la Ville à Sifaoui.
Alger espère son 4 août de l'Habitat. Alger ne sera pas déçu
!
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Pas
de politique d'habitat sans politique financière,
par M. Paul DELBAUFFE,
Conseiller Municipal
Membre du Conseil Algérien du Crédit et du Crédit
Populaire Algérien.
La priorité donnée par M. Courant à la construction
des logements du secteur privé pose pour l'organisme prêteur
: (le Crédit Foncier) un problème de crédits dont
la solution n'a pas encore été trouvée.
Il convient de remarquer que le problème des crédits à
la construction s'insère dans le cadre de la politique du crédit
telle qu'elle est pratiquée par la Banque de France et le Conseil
national du Crédit (1). Dans son septième rapport annuel,
le Conseil national du Crédit, après avoir insisté
sur le déséquilibre des finances publiques, observait
" que la politique du crédit ne peut se départir
d'une certaine prudence. La poursuite, si désirable, de notre
essor économique ne sera saine et durable que si elle
(1) En Algérie, la Banque de l'Algérie, le Conseil Algérien
du Crédit et le Crédit Foncier d'Aigérie et de
Tunisie sont les homologues des organismes métropolitains cités
dans cet article. L'Algérie, bien qu'autonome du point de vue
financier, suit nécessairement la politique générale
de la Métropole en matière de crédit. Il y a, d'ailleurs,
interpénétration d'intérêts, le potentiel
économique algérien étant insuffisant à
assurer un auto-financement. repose sur un développement de l'épargne,
subordonné lui-même à une plus réelle rigueur
dans tous les aspects de la gestion publique ". Cet avertissement
du Conseil national du Crédit, présidé par le gouverneur
de la Banque de France, exprime bien l'ambiguïté de la situation
: la Banque de France attend de l'Etat des mesures autoritaires pour
développer le crédit, alors que le Gouvernement attend
des crédits de la Banque de France pour développer la
construction.
L'OPINION DE M. DEROY Gouverneur du Crédit
Foncier
M. Deroy, gouverneur du Crédit Foncier, exprimait très
nettement la même idée lorsqu'il observait récemment
: " le volume global des crédits spéciaux à
la construction se trouve en pratique limité d'une part, dans
l'immédiat, en fonction des possibilités de réescompte
de l'institut d'émission dans le cadre de la politique générale
du crédit, d'autre part, pour l'avenir, d'après la situation
du marché des capitaux ou, ce qui revient au même, d'après
l'importance de l'épargne. Il est donc indispensable de veiller
à ce que les crédits spéciaux soient réservés
au financement des dépenses les plus urgentes tant au point de
vue économique que social ".
On comprend mieux dans ces conditions la portée réelle
des mesures récemment prises pour consentir des avances atteignant
80 % du coût de la construction pour des logements dont le prix
était en moyenne de 4 millions. L'avance consentie par logement
était donc de 2.500.000 fr. En 1952, 30.000 logements ont été
financés grâce à l'aide du Crédit Foncier.
Le plafond avait été porté à 70 % du coût
de la construction, mais le prêt moyen n'a été que
de 60 (Yo du prix réel qui atteignait en moyenne 3 millions par
logement. On voit donc pourquoi en prêtant 80 % du coût
de la construction sur des logements économiques inférieurs
à 2 millions de francs, le Crédit Foncier, en consentant
une avance maximum de 1.600.000 fr., peut augmenter le nombre de ses
prêts sans augmenter son découvert dans le même temps
où il limite les prêts aux logements qui ne respectent
pas les normes des maisons Courant.
FORMULE DE PRETS ASSEZ DANGEREUSE
Cependant, cette formule de prêts est assez dangereuse, car il
n'est pas possible d'envisager une extension indéfinie des prêts
à la construction du Crédit Foncier tant que la Banque
de France refusera d'abaisser le taux d'escompte et d'élargir
la politique du crédit qui peut être consenti par l'ensemble
des établissements bancaires. Les avances du Crédit Foncier
représentant par ailleurs des effets escomptables en cinq ans
à la Banque de France, toute augmentation du volume des prêts
entraînerait une augmentation des billets en circulation provoquant
par là même un danger d'inflation. En 1951, 30 milliards
ont été accordés mais non encore intégralement
réalisés ; en 1952, 73 milliards ont été
accordés, portant à plus de 100 milliards l'effort financier
directement supporté par le Crédit Foncier. On estime
cependant que le " plafond " de 160 milliards pourrait être
atteint sans que la Banque de France freine la politique des prêts
à la construction. On sait que la doctrine de la Banque de France
- et par voie de conséquence celle du Crédit Foncier -
reste la stabilisation des prix et le retour à une économie
saine. Quoiqu'on ne puisse parler d'un plafond des prêts à
la construction, ceux-ci dépendant du nombre des primes accordées,
les logements qui pourraient être financés à concurrence
de 80 % ne pourraient dépasser 70.000. Au delà, la politique
de stabilisation financière risquerait d'être compromise.
On doit remarquer cependant que les récentes avances consenties
par la Banque de France à l'Etat vont limiter d'autant les possibilités
de crédit. Aussi M. René Mayer a-t-il fait allusion à
un nouveau recours à l'épargne sous la forme de vastes
emprunts spécialisés. S'il n'est pas possible, selon M.
Courant, d'envisager le lancement d'un emprunt " construction "
dans un délai assez court, l'emprunt constituerait un moyen de
relayer les prêts du Crédit Foncier le jour où le
nombre des demandes dépasserait les possibilités financières
de l'organisme prêteur.
Il est peu probable, cependant, qu'au cours de cette année le
nombre des logements économiques dépasse 70.000. Aussi
le Crédit Foncier n'aura-t-il pas à appliquer sur les
instances de la Banque de France un système de freinage. Il est
même possible que les avances qui seront finalement consenties
par le Crédit Foncier ne soient pas plus fortes en 1953 qu'elles
ne l'avaient été en 1952, alors que le nombre des logements
financés sera sensiblement plus grand.
IL FAUT ENVISAGER D'AUTRES MOYENS DE FINANCEMENT
Il n'en reste pas moins qu'il faut dès maintenant envisager d'autres
moyens de financement que le Crédit Foncier pour construire les
240.000 logements prévus par le plan Courant.
Un autre problème de financement se posera pour le prochain exercice
budgétaire. Alors que le ministre de la Reconstruction avait
demandé un abaissement du taux d'intérêt du Crédit
Foncier à 5,50 % au lieu de 6,40, la Banque de France a refusé
cette concession dans la crainte d'une dévaluation. Par contre,
les services du Crédit Foncier ont fait remarquer qu'au cours
des dernières années trois milliards sur les 5 milliards
prévus au titre des primes à la construction avaient été
utilisés. En employant l'ensemble des crédits prévus.
il serait possible d'augmenter pour un même nombre de logements
le montant de la prime à la construction (soit 1.000 francs au
lieu de 600 par mètre carré) et de compenser par là
même le taux d'intérêt trop élevé des
prêts à la construction. Cette solution, qui a été
finalement adoptée, posera en 1954 des problèmes de crédit
si le nombre des logements effectivement en cours augmente selon les
prévisions du plan Courant.
UN PLAN DE FINANCEMENT A LONG TERME EST NECESSAIRE
Ces quelques aperçus montrent que le succès d'une politique
de construction dépend essentiellement des possibilités
de financement. Il serait dangereux de continuer à laisser croire
que le Crédit Foncier pourrait à lui seul permettre la
construction de la plupart des logements économiques et familiaux.
Aussi est-il indispensable que le M.R.U. prépare pour les prochaines
années un plan de financement à long terme qui ait recours
à la fois aux ressources de l'épargne et aux crédits
budgétaires.
A Alger où la Municipalité, suivant l'impulsion de son
Député-Maire, a décidé de faire de la construction
d'habitations à loyers modérés son objectif N"
1, il faut également qu'avec le concours des Pouvoirs Publics
et des Assemblées Elues, un plan de longue haleine soit dressé,
où les divers aspects du problème de l'habitat seront
étudiés, harmonisés et coordonnés. Car on
ne construit pas rationnellement en s'emparant d'un terrain et en y
édifiant des immeubles : urbanisme, voirie, bâtiment, scolarisation,
transports, etc... font partie intégrante du plan en parallèle
avec le crédit et les ressources d'amortissement des emprunts.
Que les épargnants et les contribuables algérois ne soient
pas effrayés par une politique hardie de constructions basées
sur l'emprunt, car :
- d'une part, le crédit est une religion et l'on n'obtient pas
de crédit si on n'a pas la foi : foi dans les destinées
de la France et de l'Algérie, foi dans l'essor de la Cité,
foi dans l'élévation du standing des populations ;
- d'autre part, le bâtiment reste en Algérie l'industrie-clef
et le vieil adage populaire : " Quand le bâtiment va, tout
va " nous évitera le chômage et ses conséquences
financières, économiques et sociales ;
- enfin, la pierre est éternelle (ou presque) et le placement
immobilier reste le plus sûr gage de l'épargne, comme l'élément
le plus certain d'une sage rentabilité.
Il est donc nécessaire d'opter :
- ou bien, pour une aide efficace aux efforts de la Ville et de sa Municipalité
;
- ou bien, pour une régression de notre expansion et ses conséquences
fatales : chômage - misère - faillite - révolution.
Nul doute que les hommes de bonne volonté sauront choisir la
solution du bon sens et de la raison.
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Une
délibération de la séance du 3 juillet 1953
HABITAT. - Réalisation du nouveau programme. Construction d'une
tranche de 1.285 logements H.L.M. Financement.
M. Jacques CHEVALLIER, Député-
Maire.
Mes chers Collègues,
Le 11 mai dernier, à l'ocasion de la première réunion
publique et de travail de notre Assemblée municipale, je vous
disais que, conformément aux engagements que nous avions pris
vis-à-vis de la population d'Alger, la Bataille du
Logement était engagée et que nous n'aurions de cesse
ni de repos qu'elle soit gagnée.
Un mois et demi s'est écoulé... et nuit et jour, sans
relâche, les uns et les autres, chacun à notre échelon,
puissamment aidés, tant par les architectes que nous avons désignés
que par nos Secrétaires généraux, nos Services
administratifs et techniques et les cadres de l'Office des H.L.M., nous
avons oeuvré, apportant le meilleur de nous-mêmes, sacrifiant
l'accessoire au risque de déplaire, pour tenter de gagner cette
bataille difficile dont dépend le sort matériel et moral
de tant de nos concitoyens.
Une sorte de mystique du logement imprègne nos âmes. Cette
mystique, nous nous appliquons à la communiquer à tous
ceux qui nous entourent, car la volonté et la foi qui nous animent
dans la réussite de cette grande oeuvre humaine sont de celles
contre lesquelles rien ne peut prévaloir.
Aujourd'hui, au moment où tant de nos concitoyens partent en
vacances pour jouir d'un repos bien gagné, nous voulons que ceux
d'entre eux qui sont mal logés ou sans logis emportent avec eux
la petite fleur de l'espérance.
Qu'ils sachent que l'été ne retardera pas la réalisation
des plans dont je vais vous entretenir car, dès maintenant, ces
plans vont entrer dans les faits.
L'affaire Pouillon :
Mais je voudrais auparavant faire une brève mise au point.
Je revendique l'entière responsabilité de vous avoir proposé
de désigner et de faire venir de France M. Pouillon.
Si donc des critiques doivent être formulées, c'est contre
moi seul qu'elles doivent l'être et non contre une Municipalité
qui m'a fait confiance et contre un Architecte engagé par la
Ville qui accomplit avec une parfaite conscience la mission dont il
est chargé.
Je dois dire, à l'honneur de l'Ordre des Architectes (que je
ne confonds pas avec certains techniciens dont les réactions
pourraient laisser supposer qu'ils ont mauvaise conscience) que les
représentations qu'il m'a faites ont été inspirées
de la plus parfaite courtoisie.
Loin de moi l'idée de condamner l'émotion que peut susciter
chez ce corps d'élite la venue d'un compétiteur de qualité,
mais la concurrence n'est-elle pas un stimulant naturel et profitable
au plus grand nombre ?
Déjà ses effets se font sentir. Il n'est de jour où
je ne reçoive la visite de techniciens qui me déclarent
pouvoir construire à des prix inférieurs à ceux
indiqués par M. Pouillon.
J'enregistre avec plaisir... et avec beaucoup d'autres. vous partagerez,
j'en suis sûr, cette satisfaction, non sans regretter, toutefois,
que ces vocations à la baisse se soient aussi tardivement manifestées.
Davantage eut pu être fait si elles s'étaient exprimées
plus tôt et matérialisées dans les réalisations
tangibles.
Mais en matière de logement à loyer modéré,
cela n'apparaît guère. Dois-je rappeler que, suivant les
précisions fournies par M. le Directeur général
de l'Office, 549 appartements H.L.M., représentant 1.490 pièces,
ont été construits au Champ de Manoeuvre pour la somme
totale de 2 milliards 208 millions, terrains non compris, ce qui fait
ressortir la pièce H.L.M. au prix moyen de 1.530.000 francs.
Dois-je ajouter que dans l'un de ces immeubles, les appartements, malgré
ce prix, sont livrés sans cloison pour séparer les soi-disant
pièces entre elles...
Devait-on continuer dans cette voie ?
Libre à d'autres de le faire, mais, quant à nous, nous
nous y refusons.
Notre seul souci est de construire le plus possible et, vu les difficultés
de financement, d'abaisser les prix de revient pour faire entrer dans
le minimum de volume d'argent le maximum d'appartements.
La venue de M. Pouillon aura eu pour effet de réveiller l'esprit
de concurence, de révéler peut- être des techniques
nouvelles et, partant, d'orienter certains esprits parfois assoupis
dans la routine ou dans la facilité sur la nécessité
pour eux, s'ils veulent continuer à exercer, de rechercher ardemment
à abaisser leurs prix de revient.
Il était nécessaire que ces déclarations fussent
faites pour mettre un terme à une polémique que certains
voudraient engager. mais qui n'a aucun sens.
Seules comptent les réalisations, non les affirmations.
Les sans logis ont davantage besoin d'un toit que de phrases.
(Applaudissoments).
Ceci étant, je voudrais maintenant vous entretenir, d'une part,
de l'ensemble de notre plan d'habitat et de son degré d'avancement,
d'autre part, des réalisations en cours qui sollicitent votre
adhésion.
Abstraction faite de quelques études incomplètes' ou nécessitant
des réajustements majeurs, nous pouvons dire qu'à notre
arrivée en mai dernier, nous nous sommes trouvés devant
un vide quasi absolu, quant à un plan d'habitat.
690 logements environ du plan d'ensemble du Champ de Manoeuvre et de
la rue Hélène Boucher (Architecte Zerfhus, Sebag, Tombarel,
Emery et Luickz), dont, à l'exception des projets Tombarel et
Luickz, les plans ne sont pas établis.
Ces projets sont en principe financièrement dotés par
le M.R.U. En réalité, il semble qu'il sera difficile de
dépasser au Champ de Manoeuvre plus de 500 logements nouveaux.
Concurremment, il nous fallait, tout en faisant activer la terminaison
de ces projets et leur mise en oeuvre, découvrir ou acquérir
d'autres terrains, faire les études et plans et assurer le financement.
Notre premier souci a été de faire l'inventaire des terrains
existants.
C'est ainsi qu'en accord avec l'Office d'H.L.M. de la Ville d'Alger
avec lequel nous opérons maintenant en parfaite symbiose, nous
avons décidé d'affecter les terrains Thiers et Revoil,
d'une superficie de 15.000 m2 environ, à la construction d'appartements.
Nous comptons pouvoir implanter là 325 appartements. Les plans
en ont été confiés à l'équipe Pouillon.
Cette affectation faite sur des terrains tenus en réserve par
l'O.P.H.L.M., la suite de l'inventaire des disponibilité€
nous ramenait, d'une part, aux terrains de la cité Legendre,
superficie 25 hectares, dont la consistance glaiseuse interdit d'envisager
des constructions collectives et qui, de ce fait, font l'objet d'une
étude en vue de réaliser un habitat individuel léger
mais définitif et, d'autre part, aux terrains du Nador, superficie
12 hectareso, actuellement occupés par de nombreux bidonvilles,
donc inutilisables avant recasement préalable.
Pour réaliser ce grand ensemble, c'est-à-dire des cités
nouvelles complètement équipées avec leurs services
sociaux, écoles, marchés, garderies d'enfants, P.T.T.,
il nous fallait donc envisager des acquisitions nouvelles.
C'est pourquoi nous levions l'option consentie à l'O.H.L.M. sur
les terrains Sifaoui (7 hectares environ).
Vous avez, au cours d'une précédente réunion de
notre Conseil, accepté de faire participer la Ville à
cette dernière opération en inscrivant 33 millions à
notre budget supplémentaire.
La déclaration d'utilité publique de l'acquisition Sifaoui
(Note du site : futur Diar-es-Saada)
a été signée par le Gouverneur Général
le 30 juin. La mise en adjudication des premiers travaux de mise en
état des sols a été lancée et certaines
entreprises ont déjà officiellement remis les plis contenant
leurs intentions de participer aux travaux. Nous comptons construire
sur les terrains Sifaoui 900 logements.
Les études menées par l'Architecte Pouillon et ses 53
collaborateurs, dont plusieurs architectes algérois, sur Thiers,
Revoil et Sifaoui, soit 1.285 logements, sont à un stade tel
que je suis fondé à révéler aujourd'hui
les détails du déroulement pratique des travaux.
Travaux de voirie :
- Intention de soumissionner, date limite : 5 juillet.
- Adjudication : du 15 juillet au 15 août.
Ordre de service pour début des travaux : 20 août.
- Fin des travaux prévue pour le 30 octobre.
Tous corps de métiers:
- Intention de soumissionner : 15 août - 1er septembre.
- Adjudication : 5 septembre - 5 octobre.
- Ordre de service pour début des travaux : 15 octobre.
Ces travaux seront financés suivant un plan que je vous soumettrai
dans quelques instants, une fois terminé le tour d'horizon de
nos possibilités.
En effet, notre désir de créer des ensembles vastes et
cohérents, des cités nouvelles, nous incline à
vous proposer également, au cours de ce débat, de donner
un avis favorable à l'acquisition par l'O.H.L.M. de parcelles
importantes du terrain El Mansali, d'une superficie de 12 hectares environ.
Jeudi, à l'occasion de la réunion de la Commission du
Fonds de dotation de l'Habitat, nous avons réussi à obtenir,
au profit de notre O.H.L.M., une subvention de 84 millions pour l'achat
de ce terrain sur lequel nous pensons pouvoir construire 1.500 logements.
En définitive et compte tenu de ce qui précède,
je récapitulerai les divers secteurs de notre plan d'ensemble
:
- Thiers, Revoil, Sifaoui : 1 285 logements
- El Mansali :1 500
- Le Nador: 1 500
- Boucle Pérez : 500
- Hélène Boucher transféré à Bab-el-Oued
et Champ de Manoeuvre : 500
En gros 5.000 logements.
Je précise que pour tous ces projets sans exception, les plans
sont en cours d'élaboration, grâce à la collaboration
d'architectes métropolitains et algérois, dans des parts
sensiblement égales.
Il n'y a donc pas, contrairement à ce qui a été
avancé, d'exclusive contre qui que ce soit.
Si, comme nous le pensons, les architectes chargés des plans
Champ de Manoeuvre et boucle Pérez se montrent suffisamment diligents,
nous mettrions en chantier, avant la fin de l'année, 1.935 logements
nouveaux pour des gens à moyens modestes et quelles que soient
leurs origines.
Voilà notre premier objectif.
**
L'essentiel de notre délibération
d'aujourd'hui est de garantir l'amortissement des crédits intercalaires
qui nous' seront consentis, tant par l'Institut d'émission que
par un consortium bancaire.
L'économie générale du financement Thiers-Revoil-Sifaoui
se décompose comme suit :
Le programme porte dans ses grandes lignes sur la construction d'environ
1.300 appartements pour le prix de 2 milliards 600 millions.
Tant dans le but d'utiliser des possibilités financières
qui nous étaient immédiatement offertes que pour encourager
l'accession à bon compte à la propriété,
ce qui est socialement recommandable, nous avons estimé devoir
scinder notre programme en deux parties sensiblement égales.
La moitié du programme serait réalisée par le système
de la location-attribution.
Cette proportion a pu apparaître trop forte à certains
de nos collègues. Je leur demande de considérer le problème
dans son ensemble. Elle ne représente en fait que 10 (Y, environ
du programme général. 1.285 logements' 1.500 logements
1.500 logements 150 logements 500 logements 4.935 logements
Elle sera financée par le procédé des prêts
du Crédit Foncier de France remboursables en 20 ans et préfinancée
pendant les trois premières années par un crédit
faisant intervenir le système bancaire avec la garantie de l'Algérie.
Les intéressés devant, dans ce système, apporter
immédiatement 20 % environ du prix, le crédit nécessaire
sera de l'ordre de 1.050 millions.
Compte tenu des possibilités de consolidation du Crédit
Foncier de France, soit 350 millions par an. il devra être réparti
en trois tranches d'une importance moyenne égale, mobilisables
en 1953, 1954 et 1955. Toutefois, l'exercice 1953 étant déjà
très avancé et les délais nécessaires à
la constitution de nombreux dossiers individuels entrant dans la composition
de chaque tranche pouvant être assez longs, je pense qu'il est
prudent de prévoir qu'une importante partie des crédits
relayables ,en 1956 par les prêts directs du Crédit Foncier
de France ne pourra être préfinancée qu'en 1954,
conjointement avec ceux dont les prêts directs du Crédit
Foncier de France assureront normalement le relais en 1957.
En conclusion, les plafonds des crédits de préfinancement
individuels afférents à cette partie du
programme devraient être de :
- en 1955 : f 350.000.000 relayables par des prêts directs du
Crédit Foncier de France à raison de :
350 millions en 1956 et 350 millions en 1957
- en 1935 : frs 350.000.000 relayables en 1958 de la même manière.
Total : frs 1.050.000.000
L'autre moitié du programme sera réalisée selon
les formules faisant intervenir l'O.H.L.M. ; les appartements seront
donnés en location. Elle sera financée par trois emprunts
à long terme de 300 mil lions chacun, réalisables par
l'Office avec garantie de la Ville en 1954, 1955 et 1956 et par quatre
annuités budgétaires de 100 millions chacune, servies,
soit par l'Office, soit par la Ville en 1954, 1955, 1956 et 1957.
Dans l'attente de la réalisation de ces emprunts et du dégagement
des annuités en question, ainsi que de la mise à sa disposition
de la dernière tranche de prêts privés à
l'habitat définie ci-dessus, l'Office aura besoin d'un préfinancement
d'un montant total de frs 1.250.000.000.
L'octroi de ces crédits intercalaires ne peut naturellement lui
être accordé que si des garanties de remboursement lui
sont apportées.
Il est donc nécessaire d'assurer par le vote de centimes additionnels
appropriés le règlement éventuel de ces crédits
en cinq
annuités. Ils pourront être amortis dans les conditions
ci-après :
Francs : 750.000.000 en 1955
400.000.000 en 1956
100.000.000 en 1957
au fur et à mesure de la réalisation des emprunts à
long terme et des prêts privés à la construction.
Au cas où les emprunts à, long' terme ne pourraient être
émis ni les annuités budgétaires servies, les centimes
votés permettront le remboursement en cinq ans des engagements
réalisés par l'intermédiaire d'un consortium bancaire
avec l'intervention du Crédit Foncier de France.
Les annuités d'amortissement calculées en fonction de
ces éléments seraient de l'ordre de 305 millions.
La valeur du centime communal étant de 10.500.000 francs, le
nombre de centimes nécessaires serait de 29,04.
Je vous demande donc en conséquence et conformément à
l'avis favorable émis par vos Commissions des Finances et des
H.L. M. réunies et par la Commission des Travaux et Finances
:
1°/) d'adopter le plan financier qui vous est soumis ;
2°/ de voter pour assurer, le cas échéant, l'amortissement
en cinq ans du prêt de 1.250 millions, 29 centimes 04. Ces centimes
seraient, concurremment avec les ressources générales
de la Ville, appelés à être mis en recouvrement
mais seulement en cas de besoin ;
3°/ d'autoriser l'Office Public d'H. L.M. à accomplir, dans
les moindres délais, toutes formalités utiles en vue de
la réalisation directement auprès des Etablissements de
crédit ou par émissions publiques de trois tranches d'emprunt
de 300 millions chacune au cours des années 1954, 1955 et 1956
;
4°/ d'habiliter le Maire à accomplir toutes formalités
et à signer tous actes utiles en vue de la réalisation
dudit plan financier.
Je ne voudrais pas terminer ce long exposé sans rendre hommage
à la bienveillance de M. le Gouverneur Général
Léonard et à celle de ses services financiers, singulièrement
M. Tixier, Directeur général des Finances, et M. Du- congé
qui tous, avec le plus grand esprit de compréhension des problèmes
de notre Capitale, se sont attachés à nous aider pour
les résoudre.
Nos remerciements doivent également aller à M. l'Ingénieur
en Chef Poitevin, agissant en tant que Président de la sous-Commission
technique de l'Office dont les conseils nous ont été particulièrement
précieux.
Enfin, j'ai le devoir de dire que tout au long des études menées
dans ce mois, j'ai rencontré, auprès des hautes autorités
bancaires, le souci constant de nous accorder une audience la plus bienveillante
et la plus agissante.
(Vifs applaudissements).
Adopté.
Me Rime, ler Adjoint.
- Mes chers Collègues, la délibération que vous
venez d'adopter à l'unanimité constitue le signal de départ
d'une véritable course à la construction, mais elle est
aussi la résultante des efforts conjugués de tous les
éléments d'une véritable équipe dont notre
Député-Maire, Jacques Chevallier, est le chef éclairé
et l'ardent animateur.
Il n'a cessé, depuis un mois et demi, de penser à ce problème
de l'habitat et c'est après bien des nuits d'insomnie, de multiples
et incessantes démarches qu'il nous donne aujourd'hui la joie
d'enregistrer une première victoire.
Qu'il me soit donc permis, traduisant, j'en suis certain, le sentiment
unanime de cette Assemblée, de lui dire notre admiration, de
l'assurer de notre dévouement à la cause qu'il défend
admirablement et de lui adresser les plus vives félicitations
pour l'uvre qu'il a accomplie et les lendemains plus rayonnants
et en tout cas moins sombres qu'elle permet d'espérer.