Alger est une ville organisée. Elle est la première ville de France à avoir créé un Bureau de Planification qui oriente son développement urbanistique et social. Les chiffres et les graphiques illustrant la progression de la population algéroise mettent en valeur la multiplicité des problèmes qui naissent de cet accroissement démographique. La Ville d'Alger est une sorte de microcosme de l'Algérie. Tous les problèmes de l'Algérie, elle les ressent à son échelle, elle les vit de la même façon. Ils se nomment -urbanisme ; -habitat (compliqué par l'absence de terrains) ; -circulation (compliquée par la densité de la population) ; -scolarisation (compliquée par la densité de la population) ; -voirie, égouts ; -assistance ; etc... La Ville d'Alger se doit de résoudre les problèmes, de jour en jour aggravés. Encore est-il nécessaire qu'ils aient été au préalable raisonnablement pensés. En effet, une ville qui prétend au titre de ville pilote, de ville d'exemple, ne saurait accepter de vivre au jour le jour et de s'abandonner à la facilité des improvisations en adaptant de façon arbitraire des réglementations et des conceptions périmées. Elle se doit de faire le point, l'inventaire précis de ses difficultés et de ses possibilités. Ainsi s'est affirmée la nécessité d'un organe de conception, d'un bureau de planification qui, indépendamment de l'exécution journalière et normale des tâches dévolues aux services administratifs et techniques, " pense " le devenir de la cité, étudie les solutions qui s'imposent, et oriente journellement, en connaissance de cause, l'action de ces services. La nécessité de la mise en place d'un organe de conception de ce type, a conduit la Municipalité d'Alger à créer en juin 1954, le Bureau du Plan d'Alger. Composé d'une élite d'urbanistes français et étrangers dirigés par M. Pierre Dalloz, directeur des services d'architecture du M.R.L., " l'un des quelques hommes qui, au lendemain de la Libération, ont reconstruit la France ", ce Bureau, unique en son genre, ouvre une voie nouvelle dans le sens d'un urbanisme social et humain.
En effet, depuis 1931, l'aménagement d'Alger était régi en principe par un plan d'extension et d'embellissement qui a été assez rapidement dépassé.
L'accroissement très rapide de la population pose des problèmes qui n'étaient pas concevables en 1931, notamment en matière de circulation et d'habitat. A la suite de la guerre, les données techniques, économiques et sociales ont évolué si profondément qu'on ne trouve plus dans le plan de 1931 de solutions aux problèmes d'aujourd'hui. Chaque cas, si minutieusement qu'il le fût, ne pouvait être traité qu'individuellement et souvent au mépris du règlement en vigueur. Or, l'absence d'une conception d'ensemble, d'un esprit de coordination conduit presque mathématiquement à des erreurs monumentales en urbanisme : les fonctions urbaines ne peuvent plus être satisfaites, les sites et les espaces verts risquent d'être sacrifiés. Le 15 Juin 1954, l'Agence du Plan, bureau d'études techniques, a donc été mise à la disposition de l'urbaniste-conseil. Installée dans les locaux du Nouvel Hôtel de Ville, elle a été organisée et équipée de manière à lui assurer les meilleures conditions d'efficacité. Elle comprend : - Une section d'études techniques d'urbanisme et de Génie civil; - Une section d'études d'ethnographie et de géographie économique - Un service général assurant le secrétariat de direction, le secrétariat technique et le classement. Son organisation et son équipement soutiennent la comparaison avec les bureaux de planning des plus grandes villes du monde.... lorsqu'ils y existent..., car parfois ils y font défaut, comme à Paris. L'Agence du Plan a été placée sous la responsabilité de M. Gérald Hanning, Urbaniste-Chef de l'Agence qui après avoir été le collaborateur principal de Le Corbusier et de Bodiansky, a rempli de nombreuses missions dans l'Union Française et les départements d'outre-mer (notamment à la Réunion et en Guinée), aux États-Unisà titre de chargé de mission au plan national. Un juriste, M. René Vigier, sous-directeur du permis de construire au M.R.L. a été chargé d'étudier les règlements à appliquer. Un économiste, M. Jacques de Chalendar, Inspecteur des Finances et Urbanisme, ancien sous-directeur de la Caisse centrale de la France d'Outre-mer a été chargé de la préparation des programmes d'investissement e des plans de financement pour l'aménagement et l'équipement d'Alger. Un architecte conseil, M. Louis Miquel, que sa connaissance d'Alger jointe à une compétence technique et à un talent exceptionnels ont fait désigner s'est vu confier l'exploitation architecturale des plans directeurs définis par l'Agence du Plan.
Le groupe d'études de géographie économique et d'ethnographie a été placé sous la responsabilité de Pierre Bazinet, sociologue et urbaniste, licencié ès lettres, diplômé de l'Institut de psychologie et de l'Institut d'urbanisme de l'Université de Paris, ancien chargé de mission au Ministère de la Reconstruction et du Logement, qui étudie - avec Mme Jarry, licenciée ès lettres et diplômée d'études supérieures, les aspects généraux et les possibilités de développement économique d'Alger - avec M. Joël Périssé et M. Gabriel Jallas, l'aspect démographique de l'évolution d'Alger ; - avec M. Jacques Celles et Claude Gascon, diplômés de l'Institut d'urbanisme d'Alger, les questions immobilières et Foncières concernant les zones d'aménagement prioritaires.
La section d'études technique d'urbanisme, d'architecture et de génie civil placée directement sous la direction du Chef d'Agence groupe une équipe d'urbanistes architectes et ingénieurs internationaux dont l'expérience est complémentaire : - M. Henri Béri, architecte conseil du M.R.L., est adjoint au chef d'Agence pour les plans d'ensemble et les bâtiments publics. - M. Juan Gunther, architecte ingénieur diplômé de l'école d'architecture de Lima (Pérou) et de l'Institut d'Urbanisme de Paris s'est spécialement qualifié par ses travaux sur la circulation à Lima et sa connaissance de l'urbanisme sud-américain. Il est boursier du Gouvernement français. - M. Gyogi Banshoya, ingénieur architecte de l'Institut de technologie de Tokyo, s'est spécialisé dans l'étude de l'habitat évolutif. Il est également boursier du Gouvernement français. - M. Jean Herbé, diplômé de l'Institut d'urbanisme de Paris. - Deux cartographes : MM. Roger Bénichou et Christian d'Andréa. - Un archiviste : Mme Violette Paulian. - Trois secrétaires : Mlles Gyslaine Ricome, Yvonne Badaracchi, et Geneviève Huguenin complètent l'équipe. En outre un projeteur, un métreur, des dessinateurs et des enquêteurs sont recrutés selon les besoins. Ainsi l'expérience technique, les aptitudes complémentaires, l'éclectisme dans la culture, la qualité " internationale " des membres de l'Agence du Plan. en font un outil de très grande classe particulièrement apte à mener de front les études de fond et l'adaptation à son programme général des opérations immédiates qu'implique la forte activité de la ville en matière de construction. En principe cette organisation de l'Agence n implique nullement une spécialisation exclusive de ses membres. La division du travail est fonction de la nature des travaux à exécuter. S'il est fait appel plus spécialement à 1a compétence d'un membre de l'équipe, tous y participent.
Alger a aussi son bureau des méthodes. Pour éviter que les deniers publics ne soient
gaspillés, il faut que la machine administrative oeuvre au
maximum, et qu'elle soit en toute chose consciente de la notion
de prix de revient. |
