Transports divers

SUR LES ROUTES D'ALGÉRIE

SUR LES ROUTES D'ALGÉRIE

Sur les routes poudreuses, brûlées par l'ardent, soleil des midis africains, les vieilles diligences ne vont plus. Notre époque, notre siècle de vitesse en ont détruit toutes leurs beautés surannées ; trépidant, de toute la force de leurs 10 chevaux, d'impétueux et bruyants autobus les ont tuées.
De tous côtés, de tous les points de l'horizon, sillonnant plaines et montagnes, surgissent maintenant des auto-cars rapides et confortables, abrégeant les distances et permettant aux voyageurs de se rendre en quelques heures d'un point du pays à un autre.

D'Alger, rayonne sur toutes les villes de l'intérieur des lignes directes, avec des départs réglés, des haltes prévues, des heures d'arrivée connues.

Nous ne les citerons point toutes : elles sont trop nombreuses. Au hasard, signalons seulement Alger-Birtouta, Alger-Boufarik, Alger-Blida, Alger-Cherchell pour ce qui est dans les environs ; puis, Alger-Tizi-Ouzou, Tizi-Ouzou-Fort-National et Michelet, Tizi-Ouzou-Azazga, en ce qui concerne la Kabylie, où les vaillantes machines de la Société des Autobus des Hautes Montagnes gravissent des côtes redoutables, franchissent des cols vertigineux, passent par des virages émotionnants en plein cœur de la Kabylie. Enfin, terminons cette courte énumération par les lignes de l'Extrême-Sud : Alger-Aumale et Bou-Saâda, qui donnent aux touristes l'incontestable avantage de mettre le grand désert à deux pas des portes d'Alger.

Et combien de services réguliers n'omettons-nous point de citer qui, dans tout l'intérieur, assurent aux colons des facilités particulièrement remarquables de communication et de transport.

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Afrique du nord illustrée du 17-1-1920- Transmis par Francis Rambert
mis sur site : avril 2021

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Collection B.Venis

SUR LES ROUTES D'ALGÉRIE

Sur les routes poudreuses, brûlées par l'ardent, soleil des midis africains, les vieilles diligences ne vont plus. Notre époque, notre siècle de vitesse en ont détruit toutes leurs beautés surannées ; trépidant, de toute la force de leurs 10 chevaux, d'impétueux et bruyants autobus les ont tuées.
De tous côtés, de tous les points de l'horizon, sillonnant plaines et montagnes, surgissent maintenant des auto-cars rapides et confortables, abrégeant les distances et permettant aux voyageurs de se rendre en quelques heures d'un point du pays à un autre.

D'Alger, rayonne sur toutes les villes de l'intérieur des lignes directes, avec des départs réglés, des haltes prévues, des heures d'arrivée connues.
Nous ne les citerons point toutes : elles sont trop nombreuses. Au hasard, signalons seulement Alger-Birtouta, Alger-Boufarik, Alger-Blida, Alger-Cherchell pour ce qui est dans les environs ; puis, Alger-Tizi-Ouzou, Tizi-Ouzou-Fort-National et Michelet, Tizi-Ouzou-Azazga, en ce qui concerne la Kabylie, où les vaillantes machines de la Société des Autobus des Hautes Montagnes gravissent des côtes redoutables, franchissent des cols vertigineux, passent par des virages émotionnants en plein cœur de la Kabylie. Enfin, terminons cette courte énumération par les lignes de l'Extrême-Sud : Alger-Aumale et Bou-Saâda, qui donnent aux touristes l'incontestable avantage de mettre le grand désert à deux pas des portes d'Alger.

Et combien de services réguliers n'omettons-nous point de citer qui, dans tout l'intérieur, assurent aux colons des facilités particulièrement remarquables de communication et de transport.

Et ces voyages en autobus ont leur poésie, leur charme ; ils permettent de se rendre compte des sites que l'on traverse, font assister à des scènes imprévues et d'un cocasse parfois inouï.

Nous n'en sommes évidemment plus au temps, presque lointain déjà, des diligences de l'Algérie de la conquête. Allah seul connaît de combien de mésaventures s'accompagnait chaque voyage de ces antiques guimbardes. Les péripéties de ces longues heures, de ces longues journées même, passées côte à côte dans le même coche, ont tenté bien des plumes expertes, inspiré bien des pages ravissantes à quelques-uns de nos grands écrivains.

Nous connaissons tous de quel esprit, Alphonse. Daudet a souligné le départ, du mémorable Tartarin vers le Sud, dans une de ces vieilles diligences sur la route de Batna : " Plus au sud... plus au sud ! " s'écrie le héros en s'enfonçant dans le coin le plus reculé, et tandis qu'il gène tous les voyageurs de son extraordinaire attirail de parasols et de son matériel de chasse, il entreprend une sévère critique, devant toute l'assistance, du célèbre Bombonnel, le fameux tueur de panthères.
Cependant, parmi les voyageurs somnolant la tète dodelinante ou s'acharnant à chasser les nuées de mouches importunes qui emplissent, l'intérieur de la voiture d'un bourdonnement continu, un tout petit vieux très sec répond à Tartarin : " Alors, monsieur, vous le connaissez Bombonnel ?... " " Si je le connais, té... c'est mon meilleur ami... mais c'est un tout petit chasseur ; il ne tue que des panthères, tandis que moi je chasse le lion ", et, sur ces derniers mots, notre héros relève fièrement la tête, rejette en arrière le gland de sa chéchia, prend une pose conquérante, tandis que toute la diligence contient à grand-peine ses rires.

Puis, le petit vieux descend et Tartarin de demander à ses voisins quel est ce monsieur, tandis qu'au milieu de l'hilarité générale, le voisin de répliquer : " Mais comment, vous ne le connaissez point ?... mais, c'est Bombonnel lui-même! "

M. Louis Bertrand, aussi, dans le Jardin de la Mort, dans le Sang des Races, consacre des pages émouvantes aux diligences et aux galères, ces lourds chariots, qui transportent les pierres et le vin sur les routes de l'intérieur.

En des lignes pleines d'un pittoresque suave, il décrit, en sa manière colorée, la vie des conducteurs, les aventures de voyage, les bonnes fortunes et le spectacle des caravansérails, où le voyageur se restaure et se repose des fatigues d'un pénible trajet.

Les vieux Algériens, eux-mêmes, content encore de ces étonnantes légendes du temps des diligences, où des singes, du haut des cocotiers, font pleuvoir sur le véhicule une grêle de noix de coco, pour le plus grand mal de l'occiput des voyageurs de l'impériale, mais pour le plus grand bien aussi des voyageurs altérés qui boivent avidement le lait de ce fruit réputé.

Ce sont encore des histoires à la Paul de Kock : des diligences assaillies en plein désert par des bandes armées, le désespoir des Mozabites obligés de payer leur vie d'une rançon de beaux écus, et que sais-je encore! " Ah! le temps des diligences avait bien du mauvais, mais il avait bien du bon aussi, allez ! " confient quelquefois, le long de;s routes bordées de cactus, les vieux fabricants de mèches de fouet en fibres d'aloès, à ceux qui s'intéressent encore à leur sort. Et, leurs têtes ridées, ratatinées comme de vieilles pommes cuites, brûlées par l'ardeur du soleil, se courbent, sous le béret bleu, car, maintenant, les temps sont bien durs pour les fabricants de mèches! On entend de moins en moins sur les grandes routes les claquements secs des beaux fouets de jadis et on n'a plus besoin de mèches : les " klaxons " et les cornes d'appel ont remplacé tout cela !

Malgré tout, c'est tout de même un peu de ce; vieux temps de jadis, qui nous revient, sous une autre forme avec les autobus, car, à vrai dire, ce ne sont pas eux seuls qui ont tué les diligences : c'est surtout le chemin de fer. Les autobus n'ont fait, que tuer les dernières et les dernières diligences n'avaient déjà plus qu'un vague air de ressemblance avec leurs vieilles sœurs de la conquête !

Les voyageurs de l'autobus ont encore de beaux jours à vivre. Ils riront souvent, au cours de leurs randonnées, lorsque les petits bourricots, pris de panique, galoperont, éperdument, devant l'auto, sous l'œil atterré de leurs conducteurs ou que les chameaux se mettront en travers de la route sur leur passage et regarderont, avec des mines ahuries et effrayées, en poussant des gémissements dont l'éclat couvrira le bruit des klaxons, le formidable engin qui s'avance à toute vitesse vers eux.