Les transports en commun à Alger
Résultats d'exploitation de l'exercice 1952

Bulletin municipal de mars 1953 - collection B.Venis
mise sur site le 15-2-2008

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TRAMWAYS ALGERIENS. - Résultat d'exploitation de l'exercice 1952.

M. LOMBARDI.
Mes chers Collègues,
Par lettre du 7 février dernier, M. le Directeur de la Société des TA. a adressé, pour être soumis à l'homologation de votre Assemblée, les résultats d'exploitation du réseau pour l'année 1952.

Préalablement à l'examen détaillé de ces comptes, qui ont fait, par ailleurs, 'l'objet d'une analyse complète de M. Loviconi, spécialement chargé du contrôle contractuel de la concession, il semble utile, afin de permettre à votre Assemblée de se prononcer en toute connaissance de cause sur le bilan qui vous est soumis, de rappeler brièvement quelle était la situation financière du réseau au 31 décembre 1951.

Cette situation s'établissait comme suit :

Au 31 décembre 1952, le bilan arrêté par la Société se présente de la façon ci-dessous :

le bilan arrêté par la Société se présente de la façon ci-dessous :

Compte de travaux neufs

Le compte se solde, au 31 décembre 1952, par un compte débiteur de 80.745.605 francs.

A noter que ce solde débiteur doit être couvert par :

- le versement opéré en janvier 1953 de la somme de 20 millions (solde de l'emprunt de 120 millions) ;
- la réalisation en cours de l'emprunt de 60 millions autorisé par arrêté gubernatorial du 19 décembre 1952.

On peut donc admettre que le compte va retrouver son équilibre contractuel.

Compte de fonds de réserve
Il accuse, au 31 décembre 1952, un solde débiteur de 81.814.982 fr.

Avances Ville
Au 31 décembre 1952, le montant comptabilisé des avances faites par la Ville au réseau est de 400.563.466 francs.

Personnel
L'effectif du personnel a été,conformément aux recommandations de votre Assemblée, réduit au minimum.
Le nombre d'agents, qui était de 1.041 au 30 novembre 1947, a été ramené à 901 agents au 31 décembre 1951.

analyse des comptes

Compte de travaux neufs
Il porte la marque de l'activité du réseau dans le domaine des améliorations de l'exploitation.

Il a enregistré dans l'année les dépenses correspondant à:
- L'acquisition de 10 cars Chausson. Ces voitures ont surtout été utilisées dans l'année sur les lignes du Beau-Fraisier et de la rampe Valée.
- Elles ont été par ailleurs, mises en service de renfort sur différents points du réseau.
- Les abris du plateau des Glières sont terminés.
Ils fonctionnent à la satisfaction des usagers et n'apportent, à la vérité, aucune gêne à la circulation.
- Le prolongement de la ligne de Notre-Dame d'Afrique est en cours d'exécution.
- La ligne du Télemly (Trolleybus) a été rétablie.
- Les transformations du dépôt se poursuivent.

Compte avances Ville
Le montant accusé est conforme aux écritures de la Recette municipale.

Remarques au sujet de l'exploitation 1952
Dans son rapport de contrôle, M. Loviconi conclut en soulignant qu'en l'état actuel des conditions d'exploitation, le déficit devient cyclique et le remède, du moins le remède essentiel, n'est pas laissé à la diligence de la Ville, non plus que de la Société.

Il faut considérer, en effet, que le déficit est sensiblement égal au montant des rappels de salaires. Or, les salaires ne sont pas fixés par la Société, ni par la Ville.

Cette constatation n'implique certes pas la passivité.

Des différentes mesures envisagées, la substitution du mode de transport - opération envisagée sur le plan circulation et dont certains avaient pensé qu'elle apporterait une amélioration d'exploitation - n'a pas donné les résultats escomptés.

Reste l'opération fusion des réseaux.

A cet égard, le projet a fait l'objet de nombreux contacts à la suite desquels on peut dire que l'idée du Syndicat intercommunal doit être définitivement écartée et que, seule, reste viable l'étude d'une fusion Ville-Département comme autorité concédante.

La chose est possible et même souhaitable.

Elle est en vigueur à Lyon et donne de bons résultats.

Une position nette du Conseil municipal devrait être prise rapidement, position qui consisterait à affirmer que :
- la Ville est toujours favorable au principe de la fusion des réseaux dont les avantages sont indéniables tant pour les usagers que pour des résultats d'exploitation ;
- la fusion ne peut plus être envisagée sous l'aspect d'un Syndicat intercommunal (les communes intéressées ayant fait ouvertement connaître leur opinion à cet égard et surtout leur intention très nette de ne pas participer à des déficits) ;
- la Ville est favorable à l'étude d'une fusion des autorités concédantes (Département - Ville).

C'est là une question importante qui demande une étude très longue et très détaillée et, seule, une position de principe peut être envisagée.

Votre Commission des Tramways a fait siennes les conclusions de M. Loviconi.

Nous vous demandons, en conséquence:
- 1") d'homologuer les comptes de l'année sus-visée sur les bases qui viennent de vous être soumises et ce, sous réserve de leur examen par la Commission de Contrôle spécialement constituée à cet effet ;
- 2") de décider le versement au réseau, et à titre d'avance, d'un acompte de trente millions (30.000.000) de francs.
Cette somme serait prélevée sur le crédit inscrit à cet fin à l'article 37, chapitre XXXVI, du budget primitif de l'exercice 1952 reporté pour emploi au budget additionnel de 1953.

Le solde du déficit serait inscrit au S.S. 1953 et versé après apurement des comptes par la Commission de Contrôle ;

- 3") d'émettre un avis favorable de principe au projet de fusion Ville - Département comme autorité concédante des deux réseaux de tramways.

Avis favorable des Commissions réunies des Travaux et des Finances.

Je dois vous dire qu'en fait il n'y a pas de déficit.

Nous pensions, non seulement équilibrer, mais avoir une année bénéficiaire. Or, nous avons dû parer au rappel des traitements de personnel - chose que nous ne pouvions pas prévoir - et à l'augmentation de l'électricité.

Je n'en veux pour preuve que les chiffres suivants : Rappel de traitements, 80 millions ; Energie. électrique, 18 millions.

Par conséquent, nous avons perdu 98 millions, non pas par notre faute, ni par celle de l'exploitation, mais par suite des événements.

En ce qui concerne les 98 millions de déficit, nous serions en droit de dire que nous avons réalisé une économie de 18 millions.

Je dois au passage remercier M. Loviconi, aussi bien en mon nom personnel qu'en votre nom à tous, pour le travail qu'il a effectué depuis que nous sommes à la Municipalité, comme il le faisait auparavant et qui démontre sa connaissance totale de la question, aussi bien des conventions que des avenants et du cahier des charges. Celui-ci n'est peut-être pas favorable à l'heure actuelle, mais il y a des conventions que nous sommes obligés de suivre pour les avoir souscrites.

M. le Préfet Gazagno, Maire. -

Je me joins à M. Lombardi pour féliciter M. Loviconi du contrôle vigilant et du travail incessant qu'il fait pour surveiller le réseau.

M. Bouchakour, Adjoint. -
Bien que les conclusions du rapport sur la gestion du réseau des T.A. abondent dans le sens d'un de nos voeux. à savoir la fusion des réseaux T.A. - C.F.R.A., il me faut pourtant reprendre un des termes du début de ce rapport qui dit en substance : il faut considérer en effet que le déficit est sensiblement égal au montant des rappels de salaires. Lors de la présentation des précédents comptes d'exploitation, les rapports affirmaient toujours que le déficit provenait des rappels versés au personnel du réseau. L'argumentation n'a donc guère varié. On nous parle par ailleurs dans ce rapport de la stabilité des tarifs, ce qui ne veut pas dire recette stabilisée puisque, indiscutablement, le volume des recettes a dépassé les 200 millions sur le compte précédent. Et la fameuse matière à procurer de l'argent aux T.A., à savoir son personnel, s'en est acquittée à bon compte. Et, de ce fait, si l'on argue des 80 millions de rappel payés au personnel, ils ont été largement compensés de ce fait. Je n'ai pas la prétention d'être comptable. mais quand on affirme que - je reprendrai également les termes du rapport - la réduction des effectifs s'est poursuivie et, pourtant, l'exploitation a supporté une dépense excédentaire de main- d'oeuvre, toute charge comprise, je crois que le rapport ne fait état de cette trentaine d'agents et chauffeurs nouvellement engagés. Je no sais à quelle fin, le rapport ne veut l'avouer.

Quoique voyant à priori que ces contradictions sont formelles avec les appréciations odonnées sur le compte d'exploitation, le rapport devrait expliquer que, s'il y a eu embauche du personnel, cela est dû à la nécessité de faire face aux besoins du service et, éventuellement, à l'extension des lignes prévues, etc...

Avant notre arrivée à la Municipalité en 1947, la Société des T.A. avait embauché 85 employés en plus de son effectif. Cette situation s'est maintenue pendant presque 2 ans et provoqua indiscutablement des déficits, ce qui fit valoir la nécessité de proroger la concession à la Société jusqu'en 1965. Faisant simplement le point de cette situation, nous aimerions avoir des explications quant à cet état de fait.

Après ces quelques appréciations et malgré les différents points concernant l'exposé du rapport concernant par exemple l'énergie électrique, son augmentation qui est chose évidente et normale, ainsi que la défection ou la non-rentabilité d'une ligne qui se doit d'être prolongée jusqu'à l'Hôpital d'El-Kettar, pour jouer son rôle normalement, surtout que les conditions de circulation peuvent aisément le permettre, je ne terminerai pas mes observations sans rappeler l'inutilisation du trolley de 18 m. depuis plus de 2 ans, situation qui a pour conséquences quelques millions de déficit. L'expérience de la circulation (trolley) qui occasionna pour plus de 3 millions de pertes de recettes, l'achat de différents matériels, en sont également pour quelque chose, c'est-à-dire l'achat en son temps nécessaire comme il l'aurait fallu (les 10 cars). indépendamment d'autres dépenses inscrites sur le compte concernant la direction et l'administration de la Société en général. Nous insistons donc à nouveau sur la nécessité de la création d'une véritable commission de contrôle composée d'élus, de membres du personnel peur examiner dans les faits et dans la pratique la gestion du réseau, et qui pourrait ainsi affirmer si ce déséquilibre, qui revient énormément cher au denier public, se justifie ou non.

M. Lombardi. - Je puis rassurer M. Bouchakour en ce qui concerne la commission du contrôle.

Celui qu'effectue M. Loviconi est suffisamment sérieux pour nous donner une garantie. Les comptes sont apurés. Quant au personnel, vous le savez aussi bien que nous, il n'a pas été accru, nous n'avons fait que combler les vides qui se sont produits par suite de décès ou de mises à la retraite.

Les augmentations, je le répète, proviennent essentiellement des rappels de traitements et salaires et pas d'autre chose.

Nous continuons l'exploitation de certaines lignes, comme celles de la rampe Valée et du Beau-Fraisier, uniquement pour donner satisfaction à une population méritante, jusqu'au moment où nous pourrons trouver un palliatif, car elle est pour la Ville génératrice de frais généraux très élevés. Nos successeurs ne les engageront qu'autant qu'ils auront la certitude de trouver des ressources nouvelles qui leur permettront d'équilibrer les recettes et les dépenses.

Nous avons essayé de réduire les dépenses, par la prise en charge de l'ascenseur du port qui est une petite affaire à laquelle j'attachais une grosse importance, puisqu'elle rapporte quelques millions à la Ville et ne lui coûte pas grand chose.

Si l'on pouvait, par des moyens normaux, arriver à rétablir la situation des T.A. et procurer des bénéfices, je ne vois pas pour quelle raison nous ne le ferions pas.
Nous avons été gagnés de vitesse - jusqu'à ce jour tout au moins - par les rappels de salaires et il est indéniable que nous ne pouvons pas nous élever contre cela, parce que ce n'est pas seulement l'Administration qui en pâtit, mais l'Economie Nationale qui se trouve en cause.

Elle a dû parer à des frais qui, dans bien des circonstances, ont amené des catastrophes, tandis qu'ici nous avons la possibilité de soutenir un déficit dont le bénéfice va en grande partie au personnel, le reste étant absorbé par l'énergie électrique.

M. Bouchakour, Adjoint. -
Malgré les quelques apaisements que nous a donnés M. Lombardi sur la gestion et l'apurement des comptes - nous n'avons rien contre notre ami Loviconi ici présent - nous voulons qu'ils soient effectivement contrôlés, non pas dans les comptes, mais effectivement, formellement, au moment et au jour où cette commission le déciderait.

M. Lombardi. - Nous sommes partisans de la fusion.

M. Pleiber. - Je voudrais demander une précision. Ces 80 millions représentent-ils un supplément de salaires payé en 1952 ou des rappels antérieurs ?

M. Lombardi. - Il y a eu en 1952, pour tous les rappels antérieurs. 3,1 millions dont nous donnons le détail.

M. Pleiber. - Cela correspond à des salaires de 1952 ou antérieurs à cette date ?

M. Lombardi. - Antérieurs à 1952, mais payés en 1952. En outre, les traitements et salaires de cette même année viennent s'y ajouter.

M. Pleiber. - Je posais cette question pour savoir quelle était la partie permanente du déficit.
M. Lombardi. - En janvier 1951, nous avions établi un budget comportant de nouvelles augmentations de tarifs qui devaient nous permettre, non seulement de combler les odéficits antérieurs, mais d'être bénéficiaires.

M. le Préfet Gazagne, Maire. -
Ce que désirait savoir M. Pleiber, c'est le montant des rappels et la dépense effective produite par los salaires.
C'est une précision qui aurait été intéressante à connaître. Nous pourrions en parler au cours d'une prochaine séance.
Sous réserve de ces observations, le rapport est adopté.

TRAMWAYS. - Règlement à la Société des C.F.R.A. de titres de transport délivrés pour l'année
1953.
M. LOMBARDI, Adjoint. Mes chers Collègues,
En vue d'assurer le transport de divers agents communaux, la Société des C.F.R.A. a délivré, pou: l'année 1953, la demande de la Ville, 98 cartes de circulation et 89 abonnements à demi-tarif.
Le montant total de la dépense résultant de leur délivrance s'élève à la somme de 3.153.081 francs.
Pour en permettre le règlement à la Société des C.F.R.A., nous vous demandons de décider le prélèvement de cette somme sur les crédits prévus à cet effet au B.P. de 1953 et d'autoriser le Maire à signer le traité de régularisation à intervenir.
Avis favorable des Commissions réunies des travaux et des finances.
Adopté.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à 20 heures.