-------Après la prise d'Alger, les
vaisseaux à voile et les bricks de la Marine militaire de 1830
furent utilisés au service des voyageurs, de la poste et des marchandises.
En mai 1832, la Compagnie Bazin de Marseille qui, en 1831, avait inauguré
la navigation commerciale à vapeur et à aubes avec le "Henri
IV" et le "Sully", fit, à titre d'essai,
avec ce système de locomotion, exécuter un premier voyage
sur Alger. Cette compagnie Bazin (Perlier-Bazin), dont le siège
était rue de la Marine, en une curieuse maison à sous-sol
mauresque, contiguë à la Grande Mosquée, assura, concurremment
avec les transports de l'État, la traversée de la Méditerranée.
-------En 1841, elle organisa un service
tri-mensuel avec le "Pharamond" et le "Tage"
(48 heures). En 1842, le 1er février, elle obtint le service des
dépêches et mit sur la ligne des navires en fer avec, à
bord, un médecin et une femme de chambre.
-------En 1847, la Compagnie Bazin fut doublée
de la Compagnie Touache (devenue, en 1858, Compagnie Mixte), laquelle
adopta la propulsion à hélices qu'on vit peu à peu
se substituer à la propulsion à aubes. En 1852, le Service
maritime, mis en adjudication, passa de la Compagnie Bazin à une
compagnie Crétoise (Cie impériale), qui ne tint pas, puis
à la Compagnie des Messageries Maritimes.
-------En juin 1853 eut lieu l'arrivée
sensationnelle du paquebot "Du Tremblay", de la Compagnie
Touache. A bord se trouvait l'ingénieur de ce nom, inventeur d'un
système perfectionné grâce auquel était réalisée
une économie de 50% sur le combustible (il s'agissait de la combinaison
des vapeurs d'eau et d'éther). D'enthousiastes réceptions,
avec présence des autorités, l'honorèrent à
Alger et à Boufarik.
-------Les plus anciens navires à
aubes étaient le "Pharamond" de 160 chevaux, le
"Mérovée", le "Tage",
puis le "Charlemagne", de 200 chevaux. Quand ce dernier
pyroscaphe parut, étonnant tout le monde par sa vitesse, on ne
désigna plus les autres courriers que de la dénomination
ironique "les 160". On était loin alors des 10.000 chevaux,
d'usage courant, de nos jours.
-------En 1853 furent affectés au
littoral le "Berthelot", le "Tage",
le "Titan", le "Grégeois", le
"Phare" et "l'Euphrate"
(à l'État la plupart).
-------En 1854 s'associe à la navigation,
la Compagnie Générale Maritime des frères Péreire
(Rouen-Algérie) qui, en 1879, devint notre Compagnie Générale
Transatlantique.
-------"En 1850, précise une
publication de l'époque, les navires de l'État assurant
également le transport des passagers étaient "l'Orénoque",
le "Labrador", le "Montezuma", frégate
de 450 chevaux , le "Titan", corvette de 220chevaux,
le "Vautour", "l'Euphrate",
le "Phare", avisos de 160 chevaux".
-------Le prix des places étaient
de 105 francs en premières, de 73 francs en secondes. Le voyage
durait 44 heures. A la Compagnie Bazin, le prix (nourriture à part)
était de 80 francs en premières, de 60 francs en secondes
et de 35 francs sur le pont. La traversée s'effectuait en 48 heures.
En 1835, le voyage d'Alger à Paris demandait 6 jours et coûtait
300 francs. En 1815. il ne durait plus que cinq .jours, c'est à
dire 48 heures en mer et 60 en berlines-postes, par Avignon, Lyon, Chalon.
-------En 1860, parmi les navires en service
furent le "Nil", "l'Alexandre", "l'Indus".
On faisait alors escale à Mahon.
-------En 1865, la Compagnie des Transports
maritimes coopéra au mouvement méditerranéen.
-------En 1870, la Compagnie Valéry
parut et mit en service, entre autres navires : "l'Ajaccio",
la "Vanina", la "Colomba", bien connus
des anciens Algériens. En 1879, la Compagnie Transatlantique lui
succéda. Elle eût bientôt à flot son beau "Moïse"
inauguré, le 3 juillet 1880, par une fête où fut le
gouverneur Albert Grévy.
Port
et débarcadère de la Cie Gle Transatlantique
------Cette
compagnie, en mars 1880, avait commencé ses services postaux. Avec
Alger et Oran, elle desservit Arzew, Mostaganem, Bougie, Djidjelli, Bône,
Philippeville, etc. Elle eut, cette année, 10 paquebots du type
"Moïse", "Saint-Augustin", de 2
000 chevaux ; deux du type "Manouba" et 12 navires de la Compagnie
Valery.
-------Elle arma encore, en 1881, la "Ville
de Rome", la "Ville de Naples", de 1 850 tonneaux,
en 1884, la "Ville
de Tunis". En 1882. elle favorisa le tourisme par
l'institution de billets circulaires dans la Métropole
.
Arrivée
du bateau La Marsa dans le port d'Alger.
-------En
1887, elle créa la ligne Marseille - Oran, avec escale à
Alicante. En 1888 est mis en circulation "l'Eugène Pereire",
long de 106 mètres et de la puissance de 3 200 chevaux.
L'Eugène
Peirère .
-------En
1889 vint le tour du "Maréchal
Bugeaud", de la "Ville d'Alger"(1)
-------
le
"Ville d'Alger"...et le "Ville d'Alger".
le premier : 1890-1921...le second (et dernier) : 1935-1968
et du "Duc de Bragance"
qui, en 22 heures fit, le 17 octobre, sa première traversée
ayant comme passagers, le Directeur E. Pereire, le Colonel de Lichtenstein,
Officier d'Ordonnance du Président de la République, le
Président du Sénat Leroyer que vint saluer à bord
le Gouverneur Tirman. En 1891, on inaugura le "Général
Chanzy" (qui naufragera en 1910 aux Baléares). La même
année furent ouvertes les deux lignes du Havre et de Bordeaux avec
l'Algérie.
le
"Maréchal Bugeaud"
------Après
avoir procédé à une refonte de sa flotte, la Compagnie
lança, en 1907, le "Charles Roux", de 4500 tonneaux,
premier navire à turbines de la Marine de Commerce française
;
------En 1910,
le "Carthage" ; en 1911. le "Timgad",
de 10 000 chevaux
le
"Timgad" dans le port d'Alger.
;en 1913, le "duc
d'Aumale", orné d'une belle effigie peinte du prince
et doté d'une puissance de 7 000 chevaux.
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|
------En
1910 fut créée la ligne Marseille - Tunis : en 1912, ce
furent les services Bordeaux - Casablanca et Alger - Casablanca.
-------L'année 1912 vit le lancement
du "Lamoricière" dont, le 11 mars, la musique
des zouaves, venue avec le Colonel Bertrand accompagner les troupes, salua
le départ aux applaudissements de la foule en même temps
que celui du détachement.
-------La compagnie compta aussi le superbe
"Président Dal Piaz". En 1934 parut le géant
et luxueux "De Grasse" que maintes fois, on se plût
à décrire. Pour sa part des "gouverneurs" construits
par l'Etat, la Compagnie reçut en gestion le "Jonnart",
le "de
Gueydon" et "l'Albert Grévy".
-------Durant la dernière guerre,
la Compagnie perdit nombre de navires, dont le "Carthage"
.
Le
port et la gare maritime.
-------A
la Compagnie Touache, on l'a vu, avait succédé, en 1858,
la Compagnie de Navigation Mixte. Cette Compagnie fut ainsi désignée
parce qu'elle a eu, au début, des navires à impulsion "mixte"
(à vapeur et à voile), et des machines d'action "mixte"
également, comme le "Du Tremblay" (évaporations
combinées à l'eau et de l'éther). Ses courriers furent
à hélice. Ses navires, utilisés comme transports
militaires, participèrent activement à l'expédition
de Crimée.
-------De 1856 datèrent son "Sahel",
son "Kabyle". Elle eut aussi le "Tell",
"l'Oasis", "l'Alger". A mentionner encore,
pour des temps plus récents, la "Medjerda", le
"Mustapha
II". Au cours de la Grande Guerre, l'ennemi lui coula
"l'Algérien", "l'Omara" et la
"Medjerda".(2)
-------La Compagnie de Navigation Mixte employa,
pour le service d'Alger, le "Gouverneur Général
Tirman", le "Gouverneur Général Cambon",
le "Djemila", "l'El-Goléa" ;
pour Oran le "Gouverneur Général Lépine".
Elle utilisa ensuite "l'El Kantara", lancé en
1932 ; "l'El
Biar", inauguré à Alger le 15 mars 1928
; "l'El Djezaïr", de 121 mètres et de remarquable
célérité, inauguré par de magnifiques réceptions
les 24 et 25 avril 1934.
Le
départ du Courrier de France.
-------Certains courriers
de cette Compagnie s'arrêtent à Palma. La Compagnie des Transports
Maritimes, précédemment indiquée fut créée,
le 18 mars 1865, pour le transport à Marseille des minerais de
Mokta el Hadid (Bône). Son premier navire fut le "Touareg".
En 1866, elle eut neuf vapeurs à quatre mâts, auxquels trois
autres furent adjoints. A sa ligne de Bône, elle ajouta celle d'Alger
et d'Oran. En 1867 fut créée sa ligne du Brésil.
En 1871, fit impression son beau bateau la "France" long
de 130 mètres et filant 12 nuds. En 1877 elle desservit l'Espagne
et le Sénégal. En 1896, elle devint postale pour l'Algérie.
Disposant de vingt-cinq navires en 1914, cette Compagnie perdit, pendant
la guerre, six paquebots et sept cargos. Sa flotte, néanmoins,
fut, en 1919 reconstituée et augmentée de dix huit unités.
-------Sur ses lignes d'Alger, d'Oran, sur
la France, la Compagnie avait en service, pour de courtes traversées
qui évitent le Golfe du Lion et s'opèrent à l'abri
des côtes d'Espagne, avec l'avantage d'arrêts à Alicante
et Barcelone, le "Sidi Brahim", le
"Sidi
bel Abbès", le "Gouverneur Général
Laferrière" et le "Sidi Mabrouk".
-------Pour Oran, se désigna la Compagnie
Paquet qui mit en liaison Marseille, Alger, Oran, Tanger, les autres port
du Maroc et relâche à Barcelone.
-------Se signalèrent, en outre, à
l'attention pour leur opulence et leur grand stabilité, ces imposants
paquebots faisant régulièrement escale à Alger, parmi
lesquels ceux de la Compagnie Néerlandaise qui d'Amsterdam, se
rendaient, toute les trois semaines, aux Indes hollandaises après
avoir touché Gênes. Il ne faut pas omettre non plus ces navires
de tourisme qui comprenaient notre capitale Alger dans leurs croisières
et contribuaient ainsi à relier l'Algérie aux plus importants
ports du monde.
-------Tels furent et tels sont ceux des
principaux moyens maritimes par lesquels l'Algérie fut mise en
relation avec le monde extérieur, moyens qu'on ne cessa de perfectionner
à un si haut degré au point de vue vitesse et confort que,
de voyage fatigue qu'elles étaient autrefois, les traversées
méditerranéennes tendirent à devenir pour la majorité
voyages d'agrément.
Jusqu'à la terrible année 1962.
H. Klein
les
quais, la gare maritime
--------
Le
Kairouan ...qui évacua ma famille un
jour de fin juin 1962.
(1)
: C'est sur
les quais de Saint-Nazaire, en 1936, que né le VILLE d'ALGER,long
de 147,6 m, assurant 9.830 tonneaux, vitesse 22 noeuds, il embarque 1528
passagers entre Marseille, la Tunisie et l'Algérie pour la Compagnie
Générale Transatlantique (CGT). Il sera réquisitionné
en 1940 pour servir de transporteur de troupes. En janvier 1943 il est
confisqué par les Allemands. Au moment de leur retraite, le 20/08/1940,
il est incendié et coulé. C'est à Port de Bouc, le
26/02/1945, qu'il est remis en cale sèche et réparé
et reconverti avec une seule cheminée. Restitué à
sa compagnie (CGT) en 1946, il assurera son premier transport à
partir de Marseille vers l'Algérie en 1948. C'est à cette
période que nous l'avons tous connu. Ce fameux bateau à
coque noire surmonté de ses ponts peints en blanc. Il nous ramènera
en France en 1962 puis n'ayant plus grande utilité de ce côté
de la Méditerranée, il sera vendu en 1966 aux frères
Typaldos du Pirée où il sera rebaptisé "Poséidon"
pour assurer encore des transports de voyageurs entre les ports de Venise,
Le Pirée, Marseille et Haiffa. Et puis en avril 1969, on va l'amener
en Italie, à Spezia, pour son dernier voyage où il sera
entièrement démoli.
(
2) :Le Medjerda était un courrier français
qui a quitté le port d'Oran le 10 mai 1917 à 22 heures
donc en plaine guerre 14-18 avec à son bord 575 personnes dont
59 hommes d'équipages, 48 civils hommes femmes et enfants, 468
militaires permissionnaires qui rejoignait le front. Il a été
coulé le 11 mai à 19h 10 au large du cap Palos à
environ 20 km des côtes espagnoles, par une torpille tirée
d'un sous-marin allemand, qui a atteint la machinerie et l'a faite exploser
.Le bateau à coulé en quelques minutes faisant de nombreuses
victimes, 344 et 231 rescapés.Cette tragédie endeuilla toute
l'Oranie
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