Les environs d'Alger offrent pour le touriste une mine
inépuisable d'excursions variées ; ce sont :
Maison-Carrée, important village bâti sur les bords de l'Harrach.
On peut y visiter le monastère des Pères blancs, créé
par le cardinal Lavigerie, et les importantes usines des frères
Altairac, céramistes.
Bouffarik, la première parmi les colonies de la Mitidja, est abondamment
arrosée d'eaux courantes. Sur la place, statue du sergent Blandan,
par Charles Gauthier. Marché tous les lundis.
Blida, la perle de la Mitidja, le jardin d'Alger, est située à
l'entrée d'une profonde vallée, auprès de l'Atlas
qui l'abrite des vents du sud. On y remarque : la ville arabe et la ville
française ; le bois sacré; les orangeries ; le cimetière
musulman; le jardin public ; la promenade de l'Oued-el-Kébir ;
l'église St-Charles, la mosquée; le boulevard Trumelet ;
la place d'armes ; la rue du Bey ; le quartier de cavalerie ; la caserne
des tirailleurs ; le collège ; l'avenue de la Gare; l'hôpital
militaire ; le jardin Bicot ; en dehors de la ville, les magasins à
tabac, etc.
On ne peut visiter Blida sans aller aux Gorges de la Chiffa, dont la célébrité
est universelle, ainsi que celle du ruisseau des Singes, près duquel
un hôtel confortable est installé.
De l'autre côté de la vallée se trouve Coléa,
sur le revers sud des collines du Sahel, entre la Méditerranée
et la Mitidja. De nombreux ruisseaux fertilisent le jardin des Zouaves,
principale curiosité de la petite ville. De Coléa, on peut
faire l'excursion du Tombeau dit de la Chrétienne, qui n'est autre
que le mausolée des rois de Mauritanie.
Ce monument, de style gréco-punique, a la forme d'un cylindre de
64 mètres de diamètre, coiffé d'un cône à
gradins. La hauteur actuelle est de ;3 mètres ; quand l'édifice
était complet cette dimension atteignait 44 mètres. Malheureusement
les souverains arabes, impatients d'y trouver des trésors, cherchèrent
à le démolir à qui mieux mieux ; au XVIè siècle,
Salah Rets le fit battre à coups de canon. Malgré ces mutilations,
le mausolée mérite une étude sérieuse, et
ses débris qui jonchent le sol, témoignent de son antique
magnificence.
A Blida, un embranchement de voie ferrée se dirige vers le sud.
La première ville importante est Médéa (16,000 hab.),
sous-préfecture et chef-lieu d'une subdivision militaire, bien
connue pour ses productions de vins, de céréales et de fruits,
de laines et de bestiaux.
Le chemin de fer de Laghouat qui ne va que jusqu'à Berrouaghia,
passera plus tard par Boghari, important chef-lieu de commune mixte, et
séparé de Doghar par le Chélif. Ce point qui domine
les hauts plateaux, permet de surveiller à de très grandes
distances, le désert du Sahara et de garder une des principales
portes de la province d'Alger.
Hammam R'hira, l'ancienne Aquce L'aidée des Romains, fut jadis
et est encore le rendez-vous des malades et des baigneurs. De l'établissement
fondé par M. Ariès Dufour, on jouit d'une vue admirable.
L'air pur de cette localité, son climat, ses eaux renommées,
sa situation pittoresque, en font une station de premier ordre, appelée
à un très grand avenir.
Milianah, sous-prétecture et chef-lieu d'une subdivision, a un
peu perdu de sa splendeur dernière. Son climat est assez rigoureux.
Le touriste sera surtout séduit par le vaste panorama du Chélif
dont on jouit du haut de la belle terrasse du sud.
Orléansville (12400 h.), l'une des sous-préfectures du département
d'Alger, est également le siège d'une subdivision. Située
sur la rive gauche du Chélif, elle occupe l'emplacement de l'antique
Castellum Tingitii.
Nous signalerons la célèbre mosaïque, découverte
en 1843 dans la basilique de Saint Reparatus et se trouvant au milieu
de la place du même nom ; elle est recouverte de terre, en attendant
qu'on lui trouve un espace assez vaste (23m sur 15m) pour la contenir
à l'abri des intem- péries. Nous citerons le Pont du Chélif.
la mosquée, le marché où les arabes se réunissent
tous les samedis.
Tenez (antique Cartenna , est le port d'Orléansville. C'est un
ancien emporium phénicien de Carthage. A visiter les restes antiques,
les silos, les citernes, les hypogées, qui ont été
convertis en magasins et en caves.
Au sud-est d'Orléansville, non loin de Milianah, se trouve la forêt
si renommée de Teniet-el-Haad, qui embrasse une étendue
de 3,o00 hec- tares, dont 1.200 de chênes et i,000 de cèdres
gigantesques. Le plus vaste de tous, la Sultane, a 3 mètres de
diamètre.
A quelques heures d'Alger, dans une situation délicieuse, sur le
bord de mer, s'élève Cherchell, l'ancienne Coesarea, capitale
de Juba II, roi de Mauritanie, sous Auguste. Le service des Monuments
historiques consacre, chaque année, un crédit pour la continuation
des fouilles si intéressantes, qui ont été commencées
et se poursuivent sous la savante direction de M. Victor Waille, professeur
à la Faculté des lettres d'Alger. Les monuments déblayés
ou reconnus sont les Thermes, le cirque, l'amphithéâtre,
le théâtre, les remparts, le port, les villas, les temples
païens, les citernes, les hypogées, etc.Le Musée archéologique
mérite d'être visité en détail. Il est presque
uniquement composé des trouvailles opérées par M.
Waille.
Aumale, l'Auzia des Romains, est plus curieuse par les débris de
l'antique cité à laquelle elle a succédé,
que par ses monuments moder- nes. C'est une longue rue de t kilomètre,
au centre de laquelle a été planté un beau jardin.
Il s'y tient un marché important.
Dellys enfin, place maritime de la Kabylie, est une parodie d'Alger. Comme
elle, elle est bâtie en amphithéâtre et sa baie est
une réduction de celle de la capitale algérienne. C'est
l'antique Rusuccurru.
A 2 kilomètres au nord-est, ruines romaines de Tigzirt (Jononiurn)
où l'on distingue un temple païen et une basilique chrétienne.
A 4 kilomètres au-delà, ruines d'un mausolée punique
à Taksebt, (Colonia Rusuccuritana).
ALBERT BALLU,
Architecte en chef des Monuments historiques de l'Algérie
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