Tourisme en Algérie
Camps et villages de toile, tourisme estival en Algérie

DEPUIS plusieurs années, l'OFALAC a lancé l'idée du tourisme estival en Algérie. Elle a pu paraître au début paradoxale ; en fait, elle correspondait à une réalité fort simple : le désir qu'ont les touristes, de
toutes catégories, de jouir, pendant leurs vacances, d'un temps favorable et ensoleillé qui leur permette de n'en perdre aucun instant

Algeria et l'Afrique du nord illustrée, revue mensuelle, octobre 1953,n°33.Édition de l'Office Algérien d'Action Économique et Touristique (OFALAC), 26 bd Carnot ou 40-42, rue d'Isly, Alger
url de la page : http://alger-roi.fr/Algertourisme/tourisme.htm/

mise sur site le 3-12-2005

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---------DEPUIS plusieurs années, l'OFALAC a lancé l'idée du tourisme estival en Algérie. Elle a pu paraître au début paradoxale ; en fait, elle correspondait à une
réalité fort simple : le désir qu'ont les touristes, de toutes catégories, de jouir, pendant leurs vacances, d'un temps favorable et ensoleillé qui leur permette de n'en perdre aucun instant. Or. contrairement à l'opinion trop longtemps accréditée, l'Algérie n'est pas un désert torride ; à côté de régions assez déshéritées, elle possède aussi des montagnes et une côte où la température d'été reste agréable, où le soleil boude rarement, où la nature enfin a conservé sa beauté sauvage, celle d'une terre rude qui dresse des paysages attachants sur des horizons immenses de ciel et de mer.

---------Ce sont eux sans doute qui ont séduit les adeptes. toujours plus nombreux, du camping. Pour ceux-ci ne se pose pas la question, au demeurant si importante pour le tourisme, de l'équipement hôtelier... il ne s'agit que de sites favorables et d'abris légers. Encore faut-il les organiser !

---------Devant les résultats obtenus en 1952 par les premiers essais, en Algérie, de villages et camps sous toile, dont la formule connaît actuellement en France et ailleurs une vogue certaine, plusieurs groupements et associations, soutenus par les grandes compagnies de transport, ont, cette année, équipé divers camps qui ont reçu un grand nombre de campeurs.

---------L'Union française des Auberges de la jeunesse s'était attachée à la réalisation de villages de toile qui furent incontestablement des réussites, tant par leur situation que par leur tenue et l'excellent esprit qui y régna.

---------C'étaient : dans le département d'Alger, le village de toile de Zéralda, niché dans les dunes, au milieu d'un bois de pins, à proximité d'une jolie plage, et, dans le département de Constantine, celui des Aftis, qui a établi ses tentes sous les chênes-lièges, en bordure d'une des plus belles anses de la corniche Bougie-Djidjelli. Dans ces deux villages, munis de l'électricité et de l'eau, les bâtiments communs (cuisines, installations sanitaires) sont construits en dur. Pour la somme quotidienne d'environ 600 fr. par personne, un gîte agréable y était assuré, ainsi qu'une nourriture saine et copieuse.

---------Il existait aussi des camps de toile légers, ne comportant aucune construction en dur, mais également susceptibles de recevoir les campeurs avec ou sans matériel personnel .

---------A 30 kilomètres d'Oran, le camp des " Andalouses ", créé, en 1952, par M. Amoignon ; installé en bordure de plage parmi les arbres d'un bois, ravitaillé en eau potable par un puits avec installation de pompage, éclairé à l'électricité, il avait une capacité normale d'hébergement de 200 personnes et pouvait, à l'occasion, abriter, dans cinq grandes tentes, les campeurs arrivant à l'improviste ;

---------Le camp des Pins maritimes, à 15 kilomètres d'Alger (SOVITA), celui des Salines, près de Dellys, à 100 kilomètres à l'est d'Alger (Camping club algérien) sensiblement équipés de la même manière ;

---------Enfin, le Touring Club de France possède à Herbillon, Constantine, Batna, Timgad et Biskra des terrains de camping où les campeurs munis de leur matériel trouvent les moyens nécessaires à leur installation et à leur ravitaillement.

---------Les compagnies de transports ont pris des mesures propres à favoriser le déplacement des voyageurs, notamment les compagnies aériennes qui accordent une réduction de 40 à 50% durant la période estivale, aux campeurs titulaires d'une licence de camping nationale ou internationale.

QUELQUES HEURES
AU VILLAGE DE TOILE DES AFTIS

---------EN venant d'Alger par la route, après avoir traversé les monts si pittoresques de Kabylie, c'est un plaisir toujours nouveau de retrouver la mer à Bougie et de longer ensuite les méandres de la corniche boisée de la Côte de Saphir.

---------A l'un des détours de la route apparaît, au pied du roc, une vaste crique de sable fin que borde un bois de chênes-lièges s'avançant presque jusqu'à la mer. Parmi leurs frondaisons sombres, on devine, aux taches de couleur claire qu'elles y mettent, les tentes d'un camp : nous sommes arrivés au village de toile des Aftis.

---------Tout y est net : les tentes se dissimulent discrètement dans la verdure, se parent de vermillon et rutilent au coucher de soleil qui transforme la mer en lac d'argent et teinte de violet le tronc des arbres.

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--------L'accueil de la directrice du camp et de ses adjoints est direct, sympathique : sympathique aussi la tente que garnissent un rayonnage léger où poser son bagage, des lits de camp qui invitent au repos après la longue route...

---------Mais, auparavant, un peu de toilette... Les douches sont installées dans un petit pavillon, à cette heure-ci bruissant de l'animation joyeuse du retour de promenade : les chants et les plaisanteries fusent ; la bonne humeur règne ; cet autre pavillon, c'est la cuisine, équipée au buta-gaz : celui-ci, en construction, abritera, l'an prochain, la direction et l'infirmerie qui pourra servir, à l'occasion. de dortoir.

---------Ce préau couvert, légèrement surélevé. que précède une plate-bande fleurie donnant sur la plage, c'est la salle à manger. Il y règne une fraîcheur délicieuse. Tout le monde arrive d'ailleurs pour le dîner et tandis que cuillers et fourchettes vont bon train, la nuit descend lentement, noyant de sa douceur les détails du paysage, l'immensité de l'horizon à peine borné par
une branche d'arbre, la splendeur pourpre d'un cana ou d'un dahlia.

---------Le dîner terminé, une séance récréative s'organise : chacun fait montre de ses talents particuliers ; des enfants chantent en choeur, d'autres dansent ou jouent la pantomime, un tenorino lance quelques mélodies à la mode ; tout le monde s'amuse. Mais il faut songer à se séparer, car l'on est recru de sommeil après une journée bien employée et la promesse d'une autre non moins agréable.

---------Le réveil est facile en pleine nature. Des groupes de jeunes se sont mis en route, dès 6 heures, sous la conduite d'un moniteur, pour une excursion aux environs de Cavallo, munis d'un substantiel pique-nique, car rien n'ouvre mieux l'appétit qu'une grande marche de plu-sieurs kilomètres. De ceux qui sont restés au camp, les uns savourent les tartines généreusement couvertes de confiture qui accompagnent leur bol de café ou de lait, pendant que d'autres, hommes, femmes et enfants se sont attelés à la corvée des
peluches.

---------Chacun organise son emploi du temps comme bon lui semble et tandis que tel part en promenade, tel autre s'adonne à la lecture, bien accoté dans un confortable transat. Les enfants, pour la plupart, sont sur la plage en train de faire de la gymnastique aux agrès ou de barboter dans l'eau sous l'oeil vigilant du maître nageur qui guide les débutants dans leurs premiers ébats aquatiques. A partir de 10 heures, la plage se peuple rapidement ; elle est vaste...nulle gêne pour personne ; le soleil bronze les corps et l'air sent bon.... le temps passe ...la cloche du déjeuner tinte...

---------Autour des tables, grands et petits, familles et isolés, rassemblés au gré des affinités et des sympathies, font honneur au repas, tout en échangeant gaiement le récit de leurs activités matinales.

---------Pour la directrice, Mme Soler, ses adjoints, le professeur et mme Droz Bertolet et quelques
autres qui, comme eux, assurent bénévolement les responsahilites du camp, la matinée a été chargée ; il a fallu aller à Djidjelli chercher le ravitaillement, faire face à tous les petits problèmes qui se posent à chaque instant dans une collectivité... Avant même que le déjeuner soit terminé, de nouveaux arrivants débarquent du car de Bougie. On va les accueillir, les conduire à leur tente, prévenir la cuisine... Le dessert attend, qu'importe ! Ils conservent le sourire, ils sont heureux de la bonne marche du camp, de la belle santé des enfants qui, la première bouchée avalée, gambadent sur l'esplanade, taquinent un jeune singe capturé la veille, enta-ment une partie de ping-pong acharnée avant que les parents ne les amènent faire un brin de sieste.

---------Il fait bon goûter le charme de la nature dans cette ambiance cordiale, familière sans promiscuité, disciplinée sans contrainte et l'on comprend que beaucoup qui l'ont appréciée reviennent volontiers s'y retremper chaque année pendant quelques jours de détente.

---------PARCE qu'ils constituent une formule à la fois économique et saine, les camps de toile sont prisés de tous ceux qui recherchent, dans les vacances, l'occasion de mener pendant quelques jours la vie en plein air. Le succès qu'ils ont remporté cette année est un encouragement précieux pour le tourisme estival algérien dont le développement justifie les espoirs que l'on avait fondés sur lui et qui ne feront très certainement que s'affirmer.