un cri d'alarme (ahhhhh!)
L'industrie hôtelière en Algérie, n'a pas évolué
comme ses dirigeants l'espéraient.
Avant les événements de 1954, il y avait déjà
pénurie de chambres.
Alger étant depuis toujours une plaque tournante des congrès,
des manifestations de tous ordres s'y tenaient, et invariablement, à
la même époque. Mais, hélas, les hôteliers ne
pouvaient assurer l'hébergement de ces nombreux congressistes.
Un embouteillage se produisait forcément, puisque aucun organisme
n'avait été prévu pour étaler ces congrès
sur plusieurs mois.
Le Syndicat des hôteliers de l'Algérois demandait à
cette époque la construction à Alger de 300 chambres nouvelles
et la création d'un organisme pour établir un calendrier
de ces manifestations et congrès. La ville d'Alger aurait pu établir
ce calendrier.
Depuis 1930, peu ou pas d'hôtels ont été construits.
Il y eut quand même des hôtels construits pour le Centenaire
de l'Algérie, mais ils ont disparu transformés en appartements
- 600 chambres ont donc été enlevées au circuit -
la raison est facile à comprendre: manque de rentabilité
et homologations mal adaptées à la conjoncture sociale et
financière actuelles.
L'arrêté du 31 décembre 1959, en admettant l'industrie
hôtelière au Plan d'industrialisation, avait donné
de l'espoir à la corporation. Mais, hélas, les quelques
avantages accordés ne sont pas suffisants. Trop de restrictivité
empêche l'hôtelier de se lancer dans une entreprise dans laquelle
les risques sont supérieurs aux avantages.
Il n'y a à ce jour, à notre connaissance, que très
peu de dossiers d'ébauche, quatre probablement. Cela nous amène
à constater que, même si ces projets étaient réalisés,
il faudrait bien 2 années pour la construction et l'aménagement
d'un hôtel. Il faut donc se tourner immédiatement sur ce
qui existe actuellement.
La Fédération Hôtelière consciente de ses responsabilités,
et pour satisfaire le désir de sa clientèle, a demandé
à la Délégation Générale le reclassement
des Hôtels de Tourisme en parité avec les normes et prix
métropolitains. Elle lui a fait parvenir les dossiers des hôtels
de tourisme, mais il faut attendre l'enquête de cette administration.
Dans un premier examen, nous avons constaté que les normes de nos
hôtels, ne sont pas trop éloignées de celles des hôtels
de la Métropole. Mais un effort financier important est à
faire pour nos hôteliers, pour remettre en état leur établissement
et leur donner le personnel stylé indispensable à la bonne
marche de leur exploitation.
Pour avoir ce personnel stylé et stable, il faut l'intéresser
à l'affaire et lui donner des avantages.
Dans ce but, nous étudions actuellement une retraite complémentaire
qui lui donnerait satisfaction.
Et là, nous nous voyons dans l'obligation de nous tourner vers
les Pouvoirs Publics et leur demander d'activer leur enquête relative
au reclassement des hôtels de tourisme et de satisfaire nos demandes.
Si l'hôtelier n'est pas assuré d'avoir une augmentation du
prix des chambres, il ne pourra donner suite à l'amélioration
demandée - il y a plus de 40 % d'écart entre les prix métropolitains
et algériens.
Si les Pouvoirs Publics comprennent, il s'ensuivra automatiquement, un
démarrage rapide pour le bien-être du client et du personnel,
et nous pensons même que, pour attendre les deux ou trois années
que demande la construction de nouveaux hôtels, des hôtels
de voyageurs n'hésiteraient pas à se transformer en hôtels
de tourisme.
Notre devoir est d'alerter l'opinion pcblique. On a trop tendance à
croire que la Corporation n'a pas réagi pou: éviter la crise
actuelle.
Mais maintenant il faut faire vite. Nous étions déjà
handicapés par le Maroc qui a une chaîne d'hôtels remarquables,
et à présent, la Tunisie construit des hôtels dans
diverses villes du pays, elle aura elle aussi, comme le Maroc, sa chaîne
d'hôtels très modernes. Nous ne serons au milieu que pour
transiter les touristes et les hommes d'affaires.
Et pourtant, quand on voit le Grand Alger se bâtir d'une façon
si extraordinaire, on déplore plus vivement qu'aucun hôtel
n'ait été construit à ce jour. Nous pensons qu'il
faudrait rattraper le temps perdu en bâtissant vite beaucoup d'hôtels.
En attendant la crise continue.
Michel BAROLI.
Président de la Fédération Hôtelière.
|