Tourisme en Algérie
Lacune dans le modernisme algérois
le problème des hôtels
depuis 30 ans, malgré l'énorme extension d'Alger
plusieurs centaines de chambres d'hôtel ont disparu

Alger-Revue, automne-hiver, 1960
mise sur site le 14-9-2007

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un cri d'alarme (ahhhhh!)
L'industrie hôtelière en Algérie, n'a pas évolué comme ses dirigeants l'espéraient.

Avant les événements de 1954, il y avait déjà pénurie de chambres.

Alger étant depuis toujours une plaque tournante des congrès, des manifestations de tous ordres s'y tenaient, et invariablement, à la même époque. Mais, hélas, les hôteliers ne pouvaient assurer l'hébergement de ces nombreux congressistes. Un embouteillage se produisait forcément, puisque aucun organisme n'avait été prévu pour étaler ces congrès sur plusieurs mois.

Le Syndicat des hôteliers de l'Algérois demandait à cette époque la construction à Alger de 300 chambres nouvelles et la création d'un organisme pour établir un calendrier de ces manifestations et congrès. La ville d'Alger aurait pu établir ce calendrier.

Depuis 1930, peu ou pas d'hôtels ont été construits. Il y eut quand même des hôtels construits pour le Centenaire de l'Algérie, mais ils ont disparu transformés en appartements - 600 chambres ont donc été enlevées au circuit - la raison est facile à comprendre: manque de rentabilité et homologations mal adaptées à la conjoncture sociale et financière actuelles.

L'arrêté du 31 décembre 1959, en admettant l'industrie hôtelière au Plan d'industrialisation, avait donné de l'espoir à la corporation. Mais, hélas, les quelques avantages accordés ne sont pas suffisants. Trop de restrictivité empêche l'hôtelier de se lancer dans une entreprise dans laquelle les risques sont supérieurs aux avantages.

Il n'y a à ce jour, à notre connaissance, que très peu de dossiers d'ébauche, quatre probablement. Cela nous amène à constater que, même si ces projets étaient réalisés, il faudrait bien 2 années pour la construction et l'aménagement d'un hôtel. Il faut donc se tourner immédiatement sur ce qui existe actuellement.

La Fédération Hôtelière consciente de ses responsabilités, et pour satisfaire le désir de sa clientèle, a demandé à la Délégation Générale le reclassement des Hôtels de Tourisme en parité avec les normes et prix métropolitains. Elle lui a fait parvenir les dossiers des hôtels de tourisme, mais il faut attendre l'enquête de cette administration.

Dans un premier examen, nous avons constaté que les normes de nos hôtels, ne sont pas trop éloignées de celles des hôtels de la Métropole. Mais un effort financier important est à faire pour nos hôteliers, pour remettre en état leur établissement et leur donner le personnel stylé indispensable à la bonne marche de leur exploitation.

Pour avoir ce personnel stylé et stable, il faut l'intéresser à l'affaire et lui donner des avantages.

Dans ce but, nous étudions actuellement une retraite complémentaire qui lui donnerait satisfaction.
Et là, nous nous voyons dans l'obligation de nous tourner vers les Pouvoirs Publics et leur demander d'activer leur enquête relative au reclassement des hôtels de tourisme et de satisfaire nos demandes. Si l'hôtelier n'est pas assuré d'avoir une augmentation du prix des chambres, il ne pourra donner suite à l'amélioration demandée - il y a plus de 40 % d'écart entre les prix métropolitains et algériens.

Si les Pouvoirs Publics comprennent, il s'ensuivra automatiquement, un démarrage rapide pour le bien-être du client et du personnel, et nous pensons même que, pour attendre les deux ou trois années que demande la construction de nouveaux hôtels, des hôtels de voyageurs n'hésiteraient pas à se transformer en hôtels de tourisme.

Notre devoir est d'alerter l'opinion pcblique. On a trop tendance à croire que la Corporation n'a pas réagi pou: éviter la crise actuelle.

Mais maintenant il faut faire vite. Nous étions déjà handicapés par le Maroc qui a une chaîne d'hôtels remarquables, et à présent, la Tunisie construit des hôtels dans diverses villes du pays, elle aura elle aussi, comme le Maroc, sa chaîne d'hôtels très modernes. Nous ne serons au milieu que pour transiter les touristes et les hommes d'affaires.

Et pourtant, quand on voit le Grand Alger se bâtir d'une façon si extraordinaire, on déplore plus vivement qu'aucun hôtel n'ait été construit à ce jour. Nous pensons qu'il faudrait rattraper le temps perdu en bâtissant vite beaucoup d'hôtels.

En attendant la crise continue.

Michel BAROLI.
Président de la Fédération Hôtelière.