Tourisme en Algérie
Climatologie et thermalisme
par A.Giberton, Professeur d'hydrologie et climatologie à la Faculté d'Alger,
Membre du Conseil national du Thermalisme

Alger-Revue, automne-hiver, 1960
mise sur site le 14-9-2007

8 ko
retour
 
La loi du 24 septembre 1919 a reconnu à certaines communes, fractions de communes, le droit
de se prévaloir officiellement du titre de station climatique classée. Ces localités doivent, dit la loi, offrir aux malades des avantages climatiques. La qualification de station climatique implique donc non seulement un climat ayant une valeur thérapeutique, mais encore une organisation susceptible de recevoir des malades dans des conditions convenables, notamment du point de vue de l'hygiène.

Ce caractère médical de la qualification de station climatique classée restreint donc singulièrement les possibilités de l'appliquer, c'est pourquoi la loi du 3 avril 1942 est venue compléter la loi de 1919 en reconnaissant que de nombreuses localités pouvaient être classées comme stations de tourisme ou stations balnéaires.

Les avantages de la reconnaissance comme station classée sont : la possibilitéde percevoir une taxe de séjour et certaines restrictions à l'implantation d'établissements industriels, Par compensation les stations classées seront tenues de se conformer à certaines obligations qui seront précisées dans un règlement d'administration publique dont la publication est annoncée comme prochaine.

A cette occasion il n'est pas douteux qu'il soit procédé à une révision de la liste des stations classées. Certaines localités seront ajoutées, d'autres seront supprimées. Il serait donc prématuré d'envisager ici une élude des stations climatiques de l'Algérie, mais il est évident qu'un certain nombre de localités méritent de conserver ou d'acquérir ce titre, d'autres pourraient l'acquérir moyennant un effort d'équipement, d'autres encore mériteraient d'être classées comme stations balnéaires ou stations de tourisme.

Il y aura donc un important travail à faire lorsque le règlement d'administration publique en question sera publié. Il serait important que ce règlement soit rendu applicable à l'Algérie.
Les améliorations à apporter aux stations climatiques par les ressources provenant de la taxe de séjour peuvent être proposées par les Chambres d'Industrie climatiques, organismes présidés par les préfets des départements et où sont représentées les principales professions intéressées au développement des stations.

Stations homologuées :
- Comme station hydrominérale et climatique : BISKRA.
- Stations climatiques : ALGER, SAINT -EUGENE, CONSTANTINE, BUGEAUD, PHILIPPEVILLE, AIN-EL TURK, l'ALAISE D'ARCOLE.
Stations non homologuées :
- BOU-SAADA, TLEMCEN,BOUGIE

Les stations thermales de la Métropole ne manquent jamais dans leur publicité de vanter les avantages touristiques de leur région. Ainsi le thermalisme en Métropole est un facteur d'activité touristique. Peut-il en être de même en Algérie ? Sans aucun doute. L'Algérie est d'une richesse exceptionnelle en sources hydrominérales. Bien peu d'entre elles sont pourvues d'un établissement thermal correct et d'un équipement hôtelier, mais les possibilités sont immenses.

Plusieurs stations déjà dotées de l'essentiel se trouvent en des sites remarquables. Par exemple Hammam- Meskoutine, dans le département de Bône a des eaux presque bouillantes (78 à 96°) qui émergent d'un plateau formé par le dépôt même des sources. A un certain endroit, ce dépôt a l'aspect d'une cascade pétrifiée, à d'autres endroits il :r formé une série de cônes. Autour de la station de jolies promenades peuvent être faites et à faible distance des curiosités archéologiques s'offrent aux visiteurs.

Hammam Righa, à 100 km d'Alger, à 500m d'altitude, est une station qui peut prétendre à un bel avenir grâce à la qualité d ses eaux et à la beauté du site.

Le Guergour, à 60 km de Sétif, en pleine montagne dans un site grandiose possède une source radioactive à grand débit mais l'équipement en est rudimentaire,

Notre station la mieux équipée, Bou-Hanifia, à 20 km de Mascara, n'est malheureusement pas dans un site pittoresque ; elle pourrait cependant attirer des curistes de la Métropole désirant faire leur cure à l'automne ou en hiver. A cette occasion ces curistes se trouveraient tentés de visiter l'Algérie.

Dans l'avenir il est permis d'espérer que des sources hydrominérale aujourd'hui inexploitées ou mal équipées seront dotées d'un équipement correct. La sélection des sources à équiper sera faite par les soins de la chaire d'hydrologie et de climatologie de la Faculté de Médecine d'Alger. Il n'est pas douteux que les qualités du site et du climat seront prises en considération.

En conclusion il est permis d'affirmer que le développement du thermalisme aura une influence importante sur celui du tourisme.