Tour d'Algérie, 1949
Étape 16 : Philippeville - Djidjelli
Après une échappée de 120 kilomètres H. BONNET gagne détaché l'étape
Bernardoni et Barrère abandonnent
Echo du 1-4-1949 - Transmis par Francis Rambert
2 articles - classements dans l'article

Nous arrivons à Djidjelli à trois jours de la fin après la plus longue étape du dernier quartier de notre périple, sans être plus avancés.

Les deux premiers du classement général, Couvreur et Dequesne se tiennent toujours à 8 secondes et sont suivis à 9 minutes par un coureur qui n'est plus Coppini, mais leur camarade d'équipe Fombellida, lequel, entre parenthèses, depuis deux jours, parait en forme excellente. Les deux premiers du classement général se sont encore suivis de très près durant toute l'étape et des coureurs éloignés au classement général en ont profité pour essayer d'aller chercher une victoire d'étape avec les prix qui s'y rapportent,

....Nous sommes partis à regret de Philippeville où nous avons reçu un accueil sympathique entre tous. Le soir de l'arrivée, nous nous étions bien divertis à la Boule Amicale où l'orchestre typique du chef Bague nous avait fait oublier, en un moment, tous les soucis de la course. L'être humain qui, parait-il, est ingrat par essence, oublie moins facilement les instants oit il a ri franchement. C'est pourquoi, sans doute, Bagur et ses camarades auront servi une fois de plus leur bonne ville de Philippeville.

Les 34 coureurs arrivés la veille repartent vers Djidjelli, libérés par M. Crev eaux, délégué à l'Assemblée algérienne, et parrain du Tour. Abbas, Marceliak et Orosco essayent de prendre du champ, mais sont bientôt rejoints. Larbi, qui se ressent de sa mauvaise bûche de Souk-Ahras, décolle au train. 24 kilomètres après le départ, Marcellak repart avec Bourlon et Amar Lakdar. Bernardoni, qui eouffre de la selle, ne peut endurer plus longtemps la souffrance et, monte en voiture à l'attaque du col de l'Estaya. Dans la montée du col, le peloton de Couvreur, Dequesne et Van Dijek est agité de spasmes si bien que les trois fuyards qui, cependant insistent, ne réussissent pas à mettre un espace suffisant entre eux et le peloton. Au sommet du col, les poursuivants sont à 300 mètres des trois, emmenés par Amar Lakdar. Au bas de la longue descente, les fuyards sont rejoints. Au 48è kilométre. tout rentre dans l'ordre. Pas pour longtemps, puisque à Tarnalous. 48 kilomètres du départ, Henri Bonnet s'écharne seul au moment où Zaàf crève. Ballout essaye d'imiter Bonnet, mais ne tarde pas à être absorbé.

Boudouma, Abbas et Chibane sont accidentés. La route est en mauvais état et les accidents de machine ou crevaisons se succèdent. Ignat et Fernandez en sont victimes . A la suite d'un bel effort, Zaàf reprend sa place dans le peloton. Les premiers du classement genéral ne paraissent guère se soucier de l'avance prise par Bonnet qui est bientôt à 1'30". Ce que voyant, Hélary, Vermesch et Bourlon encore piquent des deux 12 km. avant Aïn-Kechera. Sur une une portion de route particulièrement mauvaise, Vermesch est victime d'une chute compliquée d'une crevaison et le peloton le passe. Ackermann est accidenté, puis Coppini, qui n'avait pas besoin de ça, ayant quitté Philippeville avec un moral assez bas pour avoir perdu sa troisième place du classement général. A Aïn-Kechera, seul Bourlon poursuit Bonnet à 2' 28". Hélary a réintégré le peloton de Couvreur, Dequesne et Kebaili qui prase Acevod ; 10 km. avant El-Milta, Bourlon est rejoint à son tour. Coppini passe dans cette localité avec Abbas et Daenekyndt qui a été également accidenté, avec 3 minutes de retard sur le peloton, Quant à Bonnet, il continue à rouler très régulièrement et son avance est de 3'. Avant d'atteindre la mer, Zaaf quitte seul le peloton à la poursuite de Bonnet. L'arrivée est encore distante d'environ 40 km.

Un moment, on pense que Zaàf va être rejoint car derrière, les premiers du classement général essayent de se surprendre, mais Zaaf marche bien et, sans s'occuper de ce qui se passe derrière lui, fonce. A 23 km. de l'arrivée, Bourlon s'écbappe a son tour. A Taller, 18 km. de l'arrivée, Bonnet qui gagne la prime, compte encore 1' 50" d'avance sur Zaàf, 2' 20' sur Bourlon et 3' sur le peloton. Possédant encore des réserves il est à peu près certain de résister au peloton jusqu'au bout, mais risque d'être remonté par Zaàf et Bourlon, d'autant que le vif et adroit Sforachi quitte lui aussi le peloton à Strasbourg. Mais Djidjelli est là avec son casino et sa baie majestueuse, sa plage de sable fin où vient mourir une eau d'un bleu tres pur ourlée d'écume. Bonnet, qui sent la victoire à portée de sa main, fournit un dernier effort. Les Djidjellien., avertis de son exploit, lui font fête. C'est fini Henri Bonnet a eu son étape.

Les malchanceux : Boudouma, Abbas. Zaàf, Chibane, Fernandez, Copini, Daenekydnt. Vermesch, Ackermann, Ignat (crevaison et chute).

Bonnet là mérite un grand coup de chapeau.

Si la performance de Bonnet a dominé toute l'étape, nous devons signaler d'autres performances accomplies entre Philippeville et Djidjelli. Zaàf, Bourlon et Sforachi, ce dernier, en dépit d'un frein cassé, se sont comportés fort habilement en fin de parcours. Dans les cinq derniers classements, Zaàf a terminé quatre fois dans les cinq premiers. Il n'y a pas un autre coureur du Tour qui puisse en dire autant.

Marcellax, qui gagne le sprint du peloton, avait montré dans les premiers kilomètres qu'il était décidé à se défendre en s'échappant avec Bourlon et Amar Lakdar, ce dernier très bien depuis deux jours. Cependant on peut dire que le deuxième homme de la course après Bonnet aura été le doux et aimable Suisse Weilenmann, Celui-ci aurait dû quitter la course au moins à Bône, s'il avait écouté l'avis du médecin. Non seulement Weilenmann est arrivé à Djidjelli dans les délais, mais encore il a travaillé comme pas un dans le peloton et a terminé second du sprint derrière Marcellak. Un tel résultat ne veut pas dire que le docteur qui l'a visité à Bône ne connait pas son affaire, mais que ce coureur suisse possède les plus hautes vertus de courage et d' persévérance.

Deux autres courageux du Tour n'ont pu, eux, résister au mal, ce sont : Bernardoni Oreste et Barrère, qui abandonnèrent à bout de souffrance trois étapes avant la fin.
Toute la caravane du Tour, qui ,depuis bientôt vingt jours de vie commune, est devenue une grande famille, regrette le départ prématuré de ces deux sympathiques coureurs.

(début, suite dans les articles.)


mise sur site : mai 2020

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