Tour d'Algérie, mars 1952
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Miroir-Sprint du 17 mars 1952
Vincent Vitetta , vainqueur de Dotto et Meunier a rappelé...Antonin Magne.


mise sur site le 26-04-2005

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De notre envoyé spécial Pierre CHANY
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---------AINE d'une famille de... trois coureurs, Vincent Vitetta a remporté son premier grand succès sur les routes nord-africaines, à l'occasion du Tour d'Algérie. Après avoir enlevé le maillot blanc des épaules de Moineau, à Bel-Abbés, ce Niçois de souche italienne, a défendu son bien durant six étapes, contre des coalitions dirigées par Jean Dette et Georges Meunier. La pression exercée par Dotto et Meunier fut particulièrement violente entre Tizi-Ouzou et Bougie. Là, les monts de Kabylie offraient un terrain idéal aux embuscades et les deux e challengers ", aidés par leurs équipiers respectifs (Darrigade et Zelasco pour Meunier, Bertaina pour Dette), mirent le " tenant " en péril. Au départ de l'ultime étape, la situation était grave pour ce dernier dont l'avance se trouvait ré-duite à.. 20 secondes sur Dotto et 34 secondes sur Meunier !
---------On prévoyait une lutte sans merci et Ludovic Feuillet, le directeur sportif de Vitetta, sonna, en toute hâte, le rappel de ses équipiers : Germain Derijcke, Quentin, Bober, Louis Forlini et Scardin. Tout le monde était sur les dents, même ceux qui paraissaient se désintéresser du classement général depuis quelques jours. En fait, rien ne se passa !
---------Dotto, trop isolé dans son équipe, avait déjà accepté la défaite et Meunier ne songeait qu'à rallier Alger avec sa troisième place
---------- Un furoncle me gênait et j'aurais été bien incapable de soutenir une dure bataille, devait nous dire le Vierzonnais en quittant Alger.
---------Dotto, que le dénouement du Tour ne semblait pas avoir déçu, expliquait clairement son comportement, au cours de la dernière étape
---------- Je suis surtout un grimpeur ! rappelait-il et la route de Bougie à Alger ne comporte aucune difficulté sérieuse. Il lui aurait fallu un Tourmalet ou une Turbie !
---------Méme la longue montée de Fort-National et les cols de Tagma et de Tagdint, escaladés la veille, n'étaient pas suffisamment escarpés pour favoriser un pur grimpeur du type Dotto. La preuve : la plupart des coureurs passèrent ces difficultés avec des braquets de plaine et seul le jeune Berthe fut éliminé...
---------Vitetta, qui s'était déjà signalé au " Critérium du Dauphiné " et dans le Tour de Savoie l'an passé, vient s'ajouter à la liste des espoirsfrançais, avec la force de ses vingt-cinq ans. Son calme, tant en course que dans la vie et son sens de l'organisation, le predisposent aux courses par étapes. Par ses qualités morales et son physique (regard sombre et visage buriné) on pourrait le comparer à un Antonin Magne des années 1932 et 34.
---------Dans quelques jours, il participera au " Critérium National " en espérant que la vallée de Chevreuse - qu'il ne connaît pas - lui réussira aussi bien que les " djebels " algériens. Mais, d'ores et déjà, il pose sa candidature pour l'équipe nationale du Tour de France...

A surveiller

---------LA plupart des coureurs métropolitains engagés dans ce Tour d'Algérie, étaient venus afin d'améliorer leur condition physique avant les classiques consacrées, à commencer par Milan-San Remo, le " National " et Paris-Roubaix. Certains ont réussi, au-delà même de leurs espérances et Baldassari, dont la forme alla crescendo à mesure que passaient les étapes, a pris une quatrième place qu'il n'espérait pas au départ d'Alger, L'ancien V.C.L. s'est même découvert une vocation de grimpeur, ce qui lui faisait dire, dans l'avion qui nous ramenait vers Paris :
---------- Si je continue à bien monter, je répondrai encore présent pour le Tour de France !
---------Invité à Milan-San Remo, il abordera les " capo " de la riviera italienne sans appréhension.
---------Darrigade, qui a brillament terminé ses classes de coureur par étapes, remportant au passage l'étape de Bougie ; Dolhats, qui entreprend une nouvelle carrière " nationale " très prometteuse et Germain Derijcke, complètent ce groupe des tôt en forme, que Bobet et les autres " grands " devront surveiller dans les semaines à venir...
---------Le plus surprenant de tous fut peut-être Germain Derijcke qui triompha à Oujda et Alger (premier passage) après s'être constamment mis en relief entre temps. A Oujda, il réalisa même cette gageure de s'échapper durant 200 kilomètres pour battre ensuite (au sprint) Desbats et Ottusi qui l'avait rejoint à 10 kilomètres du but ! Avec lui Ludovic Feuillet tient un futur vainqueur de Paris-Roubaix...

---------Guégan métamorphosé...

---------Et Redolfi ! Le vainqueur des " Boucles de la Seine " comptait parmi les favoris après le " Grand Prix d'Alger ". Mais, présumant de sa forme - une forme encore incomplète en dépit des apparences - il força trop au cours des premières étapes. Pour fléchir ensuite. Mais Attilio., qui a du ressort, a repris sa progression. il l'a prouvé en enlevant la dernière étape.
---------Un mot sur Guégan, arrivé premier à Tenès, à l'issue d'une très dure échappée.en compagnie de Decaux, Zaaf et Baffert. Guégan, que l'on classe généralement parmi les meilleurs routier-sprinters, a obtenu un succès qui en appelera d'autres : il a vaincu son estomac !

LES VAINQUEURS D'ETAPE

étape : Sidi-Bel-Abbès - Mostaganem : Dolhats. Maillot blanc : Vitetta.
7è étape : Mostaganem-Tenès : Guégan. Mail-lot blanc : Vitetta.
8è étape : Tenès-Alger : G. Derijcke. Maillot blanc : Vitetta.
9è étape : Alger-Tizi-Ouzou : C. Ceste. Maillot blanc : Vitetta.
10è étape : Tizi-Ouzou-Bougie : A. Darrigade. Maillot blanc : Vitetta.
11è étape : Bougie-Alger A. Redolfi. Vainqueur final : Vitetta.

En haut : Vitetta
En haut : Vitetta
en bas : les frères Lazaridès
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