Géographie
de l'Afrique du nord
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Il n’y a pas un Titteri mais trois avec, du nord au sud, les montagnes de l’Atlas tellien, les hautes plaines steppiques et les chaînons et bassins de l’Atlas saharien. |
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2 / Les hautes plaines steppiques Les anciennes cartes ne connaissaient que des « hauts plateaux » ; elles avaient tort. Les altitudes de ces régions planes sont certes un peu élevées (700 à 900 mètres), mais moins que les montagnes bordières, tant au nord qu’au sud, qui ont des sommets à plus de 1550 mètres. Ces espaces plats étant dominés, ce sont des plaines, pas des plateaux. Il est cependant difficile, voire impossible, de fixer des limites précises à ces hautes plaines. Au nord, la limite
avec l’Atlas tellien n’est nette qu’à l’ouest car elle suit le pied du
massif de l’Ouarsenis et, au-delà de l’entonnoir de la percée du Chélif
vers Boghari, le bas des crêtes appelées kef et alignées jusqu’au droit
d’Aïn Boucif. Par contre plus loin vers l’est, autour de Sidi Aïssa, aucune
limite n’est imposée par le relief. Sidi Aïssa appartient autant à l’Atlas
qu’aux hautes plaines.
Le paysage de ces plaines, à en croire les récits des voyageurs, y compris celui de l’illustre peintre Fromentin passé par là en 1853, est d’une platitude absolue et sans végétation. Il est sûr qu’on n’ y voit ni arbres, ni gazon ; néanmoins cette vision est trop simplificatrice. Si ces espaces semblent effectivement désolés, il est bien rare que n’apparaissent pas à l’horizon une ou plusieurs barres de collines, bleutées vues de loin. Quant à la végétation, s’il est bien vrai que l’arbre est exceptionnel et que le sol est en partie à découvert, elle n’est jamais absente : elle se présente sous forme de touffes de plantes herbacées même en dehors des bas-fonds humides. L’alfa est la plante principale, mais pas la seule. Ces plaines sont recouvertes de matériaux de remblaiement détritiques ou alluviaux qui ont partiellement enseveli les reliefs sous-jacents, dont les sommets émergent de 300, 400 ou 500 mètres. Les cartes distinguent des koudiat tabulaires et des kef peu élevés, et réservent le nom de djebel aux chaînons les plus longs et les plus hauts. La monotonie de ces plaines
est atténuée par de nombreux accidents de relief, et notamment par Le paysage végétal est aussi source de diversité, du moins pour les botanistes, car le passant non spécialiste n’aperçoit que des touffes d’herbe ou des buissons peu différenciés, surtout en saison sèche. · Les premiers chaînons apparaissent très vite : à moins de 10 kilomètres de Boghari l’horizon est barré par une succession de collines pelées dominant de 100 à 150m les plaines de part et d’autre de la vallée du Chélif. La route les franchit sans difficulté au prix d’une légère montée, mais pas le chemin de fer pour lequel on a creusé un court tunnel. La photo ci-contre a été prise un peu au sud de Boghari en septembre 1961. On aperçoit nettement le tunnel de la voie ferrée étroite qui a pour terminus Djelfa depuis 1921. La route est la RN 1. Au-delà en continuant vers le sud il
faut parcourir environ 80 km pour apercevoir à nouveau l’horizon barré
par la longue chaîne dite des Sebaa Rous (les 7 têtes).
Il n’était pas rare de voir à l’écart de la route des caravanes de dromadaires en déplacement vers on ne sait où. Les petites taches noires de la photo sont d’ailleurs celles de 7 ou 8 dromadaires en file indienne. Les touffes visibles sur la photo laissent le sol à nu : la formation est très ouverte. Cette chaîne des Sebaa Rous est, de loin, le relief le plus important des hautes plaines du Titteri.. Parmi les autres reliefs dominant les plaines il faut mettre à part le djebel ben Hammad (1303m) qui est situé au sud de l’agglomération de Reibell. Il surplombe de 400m ce village ; et les pluies tombées sur le djebel alimentent les sources qui expliquent la présence de ce centre de peuplement créé par les Français près d’un vieux ksar au début du XXè siècle, à l’écart de la vallée de l’oued Touil. · Les Zahrez Gharbi (occidental) et Chergui (oriental) se trouvent juste au sud de la chaîne des Sebaa Rous. Ce sont des dépressions fermées et salées tout à fait incultes. C’est tout ce qui reste d’un ancien lac disparu avec l’assèchement du climat postérieur aux épisodes glaciaires en Europe et pluviaux en Afrique. Ils sont situés dans une longue gouttière synclinale fermée du côté du Hodna par un relèvement périclinal qui a mis en place les 4 djebels qui dominent la région de Bou Saâda et qui séparent la dépression des zahrez de celle du chott el Hodna. Ils constituent l’un et l’autre un niveau de base local pour les oueds, tous temporaires, qu’ils reçoivent. Ils ne sont pas tout à fait à la même altitude : le Gharbi est à 630m et le Chergui à 750 ; mais on leur attribue presque la même dimension, respectivement 52 200 et 50 986ha. A vrai dire cette précision est illusoire car ils peuvent être prolongés par des marécages éphémères d’étendue variable selon les années. Ils sont alimentés seulement par les eaux de ruissellement descendues des djebels les plus proches qui les bordent tant au nord (les Sebaa Rous) qu’au sud (les djebels el Ouachba et Chebeïbita). Les eaux des oueds venus de plus loin, tel l’oued Mellah descendu de Djelfa, s’évaporent ou s’infiltrent avant d’atteindre un zahrez. Ces derniers ne reçoivent donc aucun cours d’eau pérenne. En période de pluie, s’il ne fait pas trop chaud, les zahrez sont recouverts d’une pellicule d’un mètre d’eau en moyenne, avec des creux de 3 à 4 mètres au maximum. La plus longue partie de l’année c’est une croûte de sel blanc scintillant au soleil qui apparaît et qui souligne les contours de la zone inondable chaque année. Le sel a pu faire l’objet d’exploitations artisanales parfois, jamais industrielles. Mais les plantes halophiles qui poussent aux alentours sont un pâturage de choix pour tous les troupeaux. Entre les deux zahrez existe une bande non inondable de 20 ou 30 km empruntée par la route et la voie ferrée de Boghari à Djelfa. De cette route on ne peut pas apercevoir la couche d’eau ou de sel des zahrez.
· Le cordon dunaire d’el Mesrane n’est formé que de dunes très basses, des micro dunes, alignées au sud des zahrez ainsi que dans l’espace qui les sépare. Elles n’offrent aucune difficulté de franchissement malgré une largeur de 2 à 6 km. Ce cordon est mieux marqué au sud du Chergui que du Gharbi ainsi qu’il apparaît sur cette photo de Google Earth. Sa longueur totale est de l’ordre de 125km. Il gêne le ruissellement des eaux venues du sud ; ce qui explique la présence semi-permanente de bas-fonds humides visibles sur la photo du Chergui. · Les réseaux hydrographiques. Il y a le réseau du Chélif et les autres ; ainsi que des oueds isolés qui disparaissent sans recevoir le moindre affluent et sans constituer quelque réseau que ce soit. L’originalité de l’ouest des hautes plaines du Titteri est de posséder un drainage exoréique grâce au Chélif qui est le fleuve le plus important d’Algérie. Cette importance est toute relative. Il associe avant d’arriver à Boghari les eaux de trois oueds que j’ai reportés sur le croquis qui clôturera ce chapitre : le Nahr Ouassel, l’oued Ouerk et l’oued Touil. Le Nahr Ouassel vient du Sersou ; il s’écoule toute l’année grâce à des affluents descendus de l’Ouarsenis. L’oued Ouerk tient plus du marécage que d’un vrai cours d’eau. Il est alimenté par la réapparition des eaux de ruissellement descendues du djebel ben Hammad et infiltrées dans les dépôts de remblaiement au nord de Reibell. L’oued Touil, de loin le plus long, prend sa source dans le djebel Amour. Il pénètre dans le département de Médéa 5 ou 6km avant Taguine, là où Abd el-Kader avait perdu sa smalah. Il se dirige vers le nord et rejoint le Nahr Ouassel à Chabounia après avoir reçu sur sa gauche les eaux des marécages de l’oued Ouerk. Seules ses plus grandes crues s’écoulent jusqu’à cette confluence. La plupart du temps, de Taguine à Chabounia, il est à sec. Peu avant Boghari le Chélif reçoit sur sa gauche l’oued bou Kmouri qui vient de l’Ouarsenis et qui a de l’eau en toutes saisons, et sur sa gauche l’oued Noual, déjà cité, et qui n’a d’écoulement que par temps de pluie. Le débit du Chélif est des plus irréguliers, tant au cours de l’année que d’une année à l’autre. A Boghari, qu’il laisse sur sa droite, ce n’est qu’un oued malgré le barrage d’écrêtement de Bougzoul qui, 26km en amont, régularise en peu son débit. Ce barrage a peu de profondeur et favorise l’évaporation. Dans la traversée des hautes plaines ces oueds ne jouent pas un grand rôle. Bien sûr les rives et parfois le lit lui-même portent une végétation plus abondante qu’ailleurs, avec quelques arbres, notamment des jujubiers ; mais ils ne s’accompagnent pas de zones cultivées et ne permettent pas l’irrigation. Les flaques d’eau qui persistent plus ou moins longtemps dans les lits majeurs offrent par contre d’excellents lieux de reproduction pour moustiques. Près des agglomérations l’Institut Pasteur d’Alger avait engagé des campagnes de lutte antipaludéenne à partir de 1923. Le Chélif ne devient humainement et économiquement intéressant qu’à l’aval du barrage du Ghrib qui est dans le département voisin d’Orléansville. La limite orientale du bassin du Chélif est aussi celle des drainages exoréique et endoréique : elle passe un peu à l’ouest d’Ain Boucif, puis se dirige vers le sud. Plus loin elle semble avoir servi de base en 1902 pour la délimitation des territoires dits du sud et dépendant de Djelfa. Appartiennent à la zone des drainages endoréiques au moins trois bassins ; ceux des deux zahrez et celui du Hodna à l’est du Titteri. Les bassins des zahrez sont très petits ; celui du Hodna, qui reçoit les oueds venus de la région de Sidi Aïssa est beaucoup plus étendu, et aussi bien plus bas, 391m. Pour tous ces oueds, la sécheresse des lits est la norme en dehors des jours de pluies fortes et durables. Il n’ont de véritable écoulement qu’après la pluie ou près des sources les plus abondantes ; et sur de courts trajets. Le mot oued s’applique en fait à lit majeur très large encombré de galets et de sable. Les rares ponts construits dans la région semblent démesurément longs par rapport au filet d’eau, quand il y en a un, perdu au milieu des galets et des lauriers roses si le sol a gardé de l’humidité. Si la pluie est très violente les bêtes, et parfois les hommes, peuvent être surpris par l’arrivée rapide du flot dans un large lit majeur aux rives indécises, et être noyés. Ces oueds sont de peu d’utilité pour les fellahs. Seules sont intéressantes les dépressions fermées et non salées qui reçoivent des eaux de ruissellement : on les appelle dayas ou daiets selon les endroits. Les fellahs les ensemencent si la saison le permet et prient Allah de leur fournir une abondante récolte. Si la pente très faible de ces oueds est due au relief, leur débit à la fois très faible et très irrégulier est la marque d’un climat méditerranéen très dégradé que l’on peut qualifier de subaride et de continental. La région est subaride car comprise entre les isohyètes 200 et 400mm. Son climat est continental par ses grandes amplitudes thermiques (il gèle fort et neige un peu l’hiver, et la température l’été, avec ou sans sirocco, dépasse parfois les 40°) ainsi que par un allongement de la saison des pluies jusqu’en avril-mai. Il reste méditerranéen par la sécheresse et les températures de l’été. C’est bien entendu dû à la barrière des monts de l’Atlas tellien qui arrêtent les influences maritimes et raréfient les pluies. De surcroît sur ces espaces plats le vent est semi permanent. Ce climat est à l’origine d’un paysage de steppe non arborée. La steppe des hautes plaines est une formation végétale largement ouverte laissant à nu la majeure partie du sol. Les arbres, betoums et jujubiers ne se rencontrent que dans les lieux les plus humides, bas-fonds des dayas et lits majeurs d’oueds.
L’alfa cède la place à d’autres plantes là où les sols ne lui conviennent pas.
Quand il pleut et là où il pleut la steppe se couvre d’une végétation herbacée éphémère qui comble les vides entre les touffes pérennes. Cette « prairie » éphémère est le meilleur pâturage possible ; mais il ne dure pas. On l’appelle l’acheb ; et achaba la recherche d’un pâturage.
Bien sûr ces steppes ont offert aux semi nomades locaux et aux nomades venus du Sahara des terres de parcours traditionnels et indispensables à l’alimentation de leurs troupeaux de moutons et de dromadaires. Dès la fin du printemps les troupeaux locaux étaient rejoints par ceux venus de l’Atlas saharien. Ces pâturages sont depuis longtemps surexploités. Ils furent des lieux de conflits pluriséculaires entre tribus nomades et aussi entre nomades et sédentaires car les intérêts des uns et des autres sont bien difficiles à concilier. Pour être pacifiques ces transhumances supposaient une entente entre tribus pour fixer des droits d’usage en fonction des saisons. Elles ont été perturbées par l’occupation française. Les grands nomades du djebel Amour et des Ouled Naïl ont dû composer avec la France pour pouvoir continuer à fréquenter leurs pâturages estivaux. En 1863 un sénatus-consulte a garanti, en les codifiant, les droits d’accès des troupeaux du sud aux pâturages et aux éteules du nord. Mais la progression des cultures, autour de De Foucauld et de Sidi Aïssa notamment, ont restreint dans les années 1920 les zones accessibles aux nomades et aggravé le surpâturage. Finalement une sorte de complémentarité bancale s’est établie : les nomades vendaient dans les souks du nord, quelques bêtes et de la laine, voire des tissus, et achetaient des céréales, de l’huile et divers ustensiles ou objets. Ils pouvaient aussi chercher à s’employer comme ouvriers saisonniers chez les colons. Mais la mécanisation des moissons a fini par tarir ce type d’emplois saisonniers. En fait le destin de ces steppes, surtout de leur bordure nord, a toujours dépendu de deux maîtres : la nature et le pouvoir politique régnant au nord. La nature rend les cultures sèches impossibles ou aléatoires, et au total marginales. En dehors de quelques dayas et de quelques zones pourvues de grosses sources ou inondables, la steppe est le pays de l’alfa et du mouton. Le pouvoir politique, celui d’Alger relayé par le bey ou le sous-préfet de Médéa, impose, ou n’impose pas les règles permettant le partage des pâturages et une certaine complémentarité entre nomades et sédentaires.
Avec la sécurité le nombre de moutons transhumants a augmenté quand les terres de parcours accessibles se sont rétractées. Les Français ont creusé des puits ; des gourbis et des maisons, parfois des petits commerces, se sont multipliés à proximité. Et dans les bas-fonds de l’orge ou du blé a été semé, restreignant un peu plus à chaque fois, les pâturages. Néanmoins les déplacements traditionnels se sont maintenus jusqu’au bout, jusqu’en 1962. Ces hautes plaines steppiques n’ont été qu’effleurées par la colonisation. Les conditions naturelles difficiles ont heureusement dissuadé les autorités d’aventurer des colons sur des terroirs où ils ne pouvaient pas prospérer. Il y eut quatre centres où vécurent des familles européennes à demeure : Sidi Aïssa à la limite des steppes, De Foucauld à la limite du Sersou voisin, Reibell, et un ancien caravansérail métamorphosé en agglomération, Aïn Oussera (Paul Cazelles). Au total en 1954 cela représentait 361 personnes. Sur ces quatre centres un seul fut un village de colonisation stricto sensu c’est-à-dire créé ex nihilo par un décret précisément daté, avec une liste de concessionnaires installés sur un terroir alloti et dans un village centre desservi par une route et pourvu des équipements jugés indispensables : adduction d’eau, église, école, poste. Il s’agit de De Foucauld créé en 1923. Dans le recensement de 1954 ce « territoire municipal » apparaît sous son nom arabe, Réchaïga ! Ces steppes furent et restent des lieux de passage réguliers ou exceptionnels. On rangera au nombre des passants exceptionnels tous les envahisseurs venus de l’est (Romains et Arabes) ou de l’ouest (conquérants Almoravides, Almohades et Mérinides). Elles offraient les voies les plus rapides les plus commodes et les plus sûres. Ces mouvements d’est en ouest, ou l’inverse, sont l’exception qui confirme la règle. La « règle » est méridienne. Les conquêtes turque et française parties d’Alger n’ont fait que renforcer cette orientation justifiée par la complémentarité des ressources du Tell, des steppes et du Sahara. Pourtant en 1830 il n’y avait là aucune route : ni les troupes du bey de Médéa, ni les pasteurs nomades n’en avaient besoin. Ce sont les Français qui ont doté la région des deux seules grandes routes goudronnées méridiennes : la RN1 de Boghari à Djelfa et la RN 8 de Sidi Aïssa à Bou Saâda. Et ce sont les soldats américains qui, en 1943, ont élargi et nivelé au bulldozer l’enfilade des vieilles pistes tracées par la France. Les Américains voulaient disposer d’une voie rapide à l’abri des bombardements des avions de l’axe qui auraient pu rendre inutilisables les voies ferrées proches de la côte ; ce qui ne fut pas le cas. A l’époque on se battait en Tunisie. Cette route recoupe la RN 1 à Bougzoul et la RN 8 à Aïn el-Hadjel. Elle est connue sous le nom de Rocade sud et a été régulièrement entretenue malgré un trafic très faible.
Les noms des caravansérails figurent tous sur le croquis ci-dessous. Le caravansérail le plus réussi semble avoir été celui d’Aïn Oussera. Il grandit suffisamment pour être promu chef-lieu d’arrondissement en 1959 sous le nom de Paul Cazelles. En 1954 il n’y résidait que 29 européens. L’axe Sidi Aïssa-Bou Saâda n’a pas bénéficié d’un tel traitement : on s’est contenté de trois bordjs dont le bordj Welvert, jamais débaptisé, au croisement avec la rocade sud.
Une question en guise
de conclusion :
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Ces productions sont marginales. L’alfa n’est devenu intéressant que lorsqu’un Ecossais eut trouvé le moyen de fabriquer avec ses feuilles du papier de qualité supérieure. Et de 1862 aux années 1920 c’est toute la récolte d’alfa qui était exportée en Grande-Bretagne. A l’époque le Titteri n’était pas concerné : seulement le sud oranais où on avait même posé un réseau de chemins de fer « alfatiers » à voie de 0, 60m entre Crampel et Marhoum. Dans le Titteri la cueillette de l’alfa a attendu l’arrivée du train entre 1912 et 1921. Après 1945 cet alfa a alimenté une usine de cellulose, de papiers et de cartons que la société Cellunaf avait implantée près de Baba Ali dans la Mitidja, sur la voie ferrée d’Alger à Blida et Oran. Cette contribution du Titteri à l’industrialisation de l’Algérie, pour modeste qu’elle soit, méritait d’être signalée. La cueillette permettait de distribuer quelques salaires aux cueilleurs musulmans ; mais la société était à capitaux français. Une partie du stock d’alfa de l’usine de Baba Ali est cependant partie en fumée dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954.
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les moutons constituaient depuis toujours
la richesse principale. Mais une fois encore le troupeau des steppes du
Titteri, environ 500 000 têtes, venait loin derrière celui des steppes
oranaises. Il appartenait à plus de 90% à des éleveurs musulmans. Comme
on estime à 10ha par mouton la superficie idéale pour cette région, il
ne fait pas de doute que les steppes ont été assez vite sur pâturées.
Au XXè siècle l’extension des cultures
et la croissance démographique n’ont pu qu’aggraver la situation
de la flore et des éleveurs.
Un effort avait été néanmoins fait par l’Administration
pour tirer un meilleur parti de ces troupeaux en aménageant des points
d’eau, en créant des stations d’expérimentation et de recherche, et, surtout,
en construisant à Aïn Oussera (Paul Cazelles) de grands abattoirs équipés
d’installations frigorifiques près d’un petit aérodrome. Les carcasses
étaient transportées à Alger par avion.
La production lainière est restée marginale ; de l’ordre de 50 tonnes.
· Tenter une colonisation de peuplement ? Non
Les centres de De Foucauld et de Reibell déjà cités, sont des exceptions qui confirment la règle : pas d’installation de colons. Le climat était trop sec, les récoltes trop aléatoires et l’isolement trop grand par rapport aux lycées ou aux hôpitaux.
· Administrer le territoire ? Oui, mais…
Oui car il fallait le faire ; mais car on l’a mal fait. L’administration française fut bien trop légère dans ces régions pauvres et dénuées de centres européens. Le recensement de 1948 nous apprend que les 150 000 habitants du territoire dépendaient de 4 communes mixtes : Boghari, Aïn Boucif, Reibell-Chellala et Sidi Aïssa. Seuls les administrateurs de la CM de Chellala, résidaient au milieu de leurs administrés, à Reibell. Les autres avaient leurs bureaux dans le Tell ou à sa limite.
La montée de l’insécurité après 1954 a souligné cette insuffisance. Il s’en est suivi de profondes, mais trop tardives, réformes
- à partir de 1956 on a multiplié les SAS (sections administratives spécialisées). Ces organismes, créés par Soustelle, sont une sorte de renaissance des bureaux arabes que la IIIè république naissante avait eu le tort de supprimer. Les SAS, comme les bureaux arabes, étaient confiées à des militaires. Elles étaient accolées à un poste militaire. Parmi leurs attributions c’est le renseignement et l’action psychologique qui venaient en premier. Vu le changement de politique à Paris après 1959 leur travail sur place était annihilé par les nouvelles venues de métropole. |
- et en 1959 (3 ans avant le départ !) on a créé, dans le cadre du nouveau département de Médéa, de nouveaux arrondissements. On nomma des sous-préfets à Boghari et à Aïn Oussera (Paul Cazelles) ; et on créa dans chaque arrondissement de nombreuses communes : 12 dans celui de Paul Cazelles toutes situées dans la steppe. C’était à peu près un siècle trop tard. |
· Construire des infrastructures ? Oui, mais…
Oui car on en a construit ; mais parce que seules les voies de communication ont été l’objet d’aménagements dès le début, et constamment améliorées. Ni lycée, ni hôpital sur ces steppes : les plus proches étant à Médéa.
Trois axes ont été privilégiés avec par ordre d’importance croissante : la rocade sud, la RN 8 vers Bou Saâda et la RN 1 vers Djelfa, Laghouat, le Hoggar et le Niger.
- la rocade sud, modernisée par les Américains en 1943, a ensuite été bien entretenue. Mais comme il n’y a jamais eu, ni avant 1830, ni après, d’échanges commerciaux d’est en ouest en Algérie, son trafic et son utilité sont restés marginaux. Les steppes étaient le chemin des envahisseurs, pas celui des négociants et de leurs marchandises. Les steppes de l’Oranais, de l’Algérois et du Constantinois n’avaient rien à échanger avec leurs semblables, toutes produisant de l’alfa et des moutons. | ||
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la RN 8 traverse
la steppe à partir de Sidi Aïssa. Sur 94km il n’y a que la modeste
bourgade indigène d’Aïn el-Hadjel, où personne ne s’arrêtait car le
but à atteindre était Bou Saâda. Il fallait bien passer par là pour
arriver à Bou Saâda où le touriste lambda passait une nuit ou deux
dans un bon hôtel. La RN 8 était la route des touristes pressés qui
pouvaient, en un ou deux jours, se donner l’illusion d’être allés
au Sahara. La modestie des distances rendait inutile, à l’époque de
l’automobile, toute étape intermédiaire dans la steppe. Le tourisme
ne profitait nullement à la steppe. Il y avait peu de trafic de marchandises car les dattes de Bou Saâda n’étaient pas assez bonnes pour être commercialisables. |
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- la RN 1 traverse
la steppe de Boghari au rocher de sel, sur environ 130 km. Ce fut
dès les origines de la présence française,
un axe majeur de maîtrise des communications vers le Sahara
pour des raisons d’abord essentiellement politique et militaire.
Le trafic y fut tout de suite important et
nécessita un aménagement de gîtes d’étapes tout au long du parcours. |
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Avant de pénétrer dans l’Atlas saharien je prends quelques jujubes cueillies dans une daya. Ce fruit est un aliment de grande valeur possédant une saveur de grande fadeur. C’est le fruit du Ziziphus lotus, arbuste épineux de Chine, introduit en Algérie par les Romains. Il est souvent associé au betoum(pistachier) dont il protège les jeunes plants contre les bêtes. Une fois adulte le bétoum étouffe le jujubier.Outre son fruit le jujubier fournissait la matière première de nombreuses haies grâce à ses branches aux épines redoutables.. |
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