Géographie
de l'Afrique du nord
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LE TITTERI DES
FRANÇAIS Le mot Titteri
désigne à l’origine une tribu berbère à l’est de la région de Boghari.
C’était une tribu dite semi-nomade qui possédait des champs dans les bassins
ou vallées de l’Atlas Tellien, et des terrains de parcours sur les hautes
plaines steppiques attenantes. Ce terme n’a reçu une sorte
de consécration officielle que sous les Turcs, lorsque ceux-ci créèrent
un beylik qu’ils appelèrent officiellement
beylik du Titteri. ; son bey résidant à Médéa. A ses débuts ce beylik
avait pour limites : au nord, les crêtes dominant la Mitidja, Vaste région donc, que les troupes françaises mirent 22 ans à traverser, la prise de Laghouat étant du 14 décembre 1852. Pour que la sécurité soit à peu près établie sur l’ensemble du territoire, il a bien fallu une bonne dizaine d’années de plus. Il est vrai que même Médéa a été long à conquérir, difficilement, le 17 mai 1840 seulement. Dès la conquête de Médéa achevée, les autorités françaises ont maintenu le rôle éminent de cette place en en faisant le siège d’un commissariat civil, puis d’une sous-préfecture et d’une subdivision militaire. Médéa devint chef-lieu d’arrondissement en 1848 et le resta jusqu’en 1957. Cette année-là la ville fut promue chef-lieu de département. A vrai dire, ni l’arrondissement, ni le département ne furent officiellement nommés « du Titteri » ; mais cette appellation fut d’un usage courant et constant pour désigner la région et la circonscription de Médéa. Seules les limites de cette circonscription ont changé avec le temps, tout comme avaient changé aussi les limites du beylik turc. D’abord adossé, au sud, à la chaîne des Sebaa Rous, le département annexa en mars 1958 la région de Djelfa qui faisait auparavant partie des « territoires du sud ». Une dernière modification de détail intervint le 3 septembre 1959 lorsque la commune de Borély-la-Sapie fut enlevée au département d’Orléansville pour être rattachée à celui de Médéa. L’objet de cette étude consacrée au Titteri est donc le département de Médéa tel qu’il était en 1962. Pour être très précis, ses limites avaient été fixées par un arrêté du 7 novembre 1959 qui lui rendait trois arrondissements (Aumale, Bou-Saâda et Tablat) qui lui avaient été enlevés en 1958 pour créer l’éphémère département d’Aumale.
La superficie du département
est de l’ordre de 50 000km².
Si j’insiste aussi lourdement sur la faiblesse du peuplement européen, c’est pour souligner l’extrême différence entre les régions littorales urbaines et l’intérieur de l’Algérie, même l’intérieur peu éloigné, car Tablat n’est qu’à 69 km d’Alger centre. Dans les 22 monographies des villages de colonisation du Sahel, j’avais mis l’accent sur l’aspect européen des paysages, sur la continuité des terroirs communaux, sur la densité des routes et le nombre des églises. Le Titteri français, c’est un peu , voire beaucoup, le contraire : à quelques exceptions près tout au nord du département, des paysages africains, des terroirs colonisés discontinus, ou absents, et un réseau de routes et de pistes à mailles très lâches. Sur les 99 communes du département (arrondissement de Djelfa exclu faute d’informations) 43 n’ont aucun résident européen en 1954. Dans plus de la moitié de cet espace, le Français est un individu de passage ; et dans les mechtas les plus isolées, un personnage quasi exotique. Le Titteri des Français a des allures d’archipel. |