II.-LES MONUMENTS ET
LEUR VISITE (4)
TOUR CYLINDRIQUE ET POTERNE DU NORD-OUEST
-------- A l'ouest de la basilique, la muraille
d'enceinte de la ville, partiellement dégagée seulement,
montre bien la façon dont elle a été sapée
et basculée pendant l'occupation vandale (photo 21, p. 42).
-------- Les restes d'une puissante tour
cylindrique marquent l'angle nord-ouest de l'enceinte : on y remarquera
le départ de l'escalier hélicoïdal intérieur
et des deux arcs qui soutenaient cet escalier.
-------- A l'est de cette tour, la muraille
obliquait presque perpendiculairement pour venir aboutir aux falaises
à pic.
On traversera l'enceinte par la poterne découverte autrefois, mais
dont les fouilles récentes montrent bien les marches de descente,
le banc de repos du corps de garde, et l'étroit sentier, serré
entre la falaise et la tour qui le commandait .D'un côté
du rempart s'étendait la ville, de l'autre la vaste nécropole
de l'Ouest.
HYPOGEES ET MAUSOLEE CIRCULAIRE
-------- La partie supérieure
de la falaise est toute creusée de cavités. Les unes sont
de courts puits verticaux et constituaient des caveaux taillés
dans le roc. Les autres sont de véritables hypogées, de
types variés. Ces hypogées ont leurs ouvertures dans la
partie verticale, face à la mer.
-------- Du point le plus
haut du promontoire de l'Ouest (à une cinquantaine de mètres
de la poterne), on a une vue splendide sur la côte profondément
entaillée par la mer. On domine aussi les restes d'un monument,
d'une vingtaine de mètres de diamètre, connu sous le nom
de mausolée circulaire. C'était en réalité
un ares à ciel ouvert dont le mur, vraisemblablement bas, se décomposait
du côté interne en quatorze arcosolia dont chacun abritait
un sarcophage. Si celui de l'Est est le mieux conservé, celui du
Sud (en face de la porte du monument) contenait un sarcophage de marbre
brisé, dont l'angle gauche a été transporté
au musée-jardin Trémeaux.
-------- Il n'est pas impossible
qu'il y ait une relation étroite entre ce monument funéraire
construit pour recueillir les restes de quatorze personnages précédemment
ensevelis ail-leurs, et les hypogées voisines. Un rapprochement
avec ce que nous allons voir dans l'area de la basilique d'Alexandre permet
de se demander si les corps, primitivement cachés dans les hypogées
pendant la période de lutte et de souffrance de l'Eglise, n'ont
pas été transférés dans l'area circulaire
au moment du triomphe du christianisme.
-------- Ici, comme pour
toutes les areae, de nombreux fidèles ont cherché
à être ensevelis, ou à ensevelir les leurs, le plus
près possible des tombes de personnages vénérés
: et les sarcophages se sont entassés à l'intérieur
comme à l'extérieur du monument (photo 25, p. 48).
DU MAUSOLEE CIRCULAIRE A
LA BASILIQUE DE L'EVEQUE ALEXANDRE
-------- On a le choix entre deux sentiers
: celui aux marques rouges, le plus direct ; et celui aux marques vertes,
qui permet de zigzaguer dans la nécropole envahie par une végé?
tation touffue de lentisques, de palmiers nains et de pins couchés
par les vents marins.
-------- Je conseillerai aux visiteurs peu
pressés, de suivre le sentier rouge nu départ et le sentier
vert au retour.
NECROPOLE DE L'OUEST - BASILIQUE D'ALEXANDRE
- CATACOMBE DES EVEQUES - ENCLOS DES MARTYRS
-------- Après avoir traversé
une partie de la vaste nécropole de l'Ouest, on arrive brusquement
devant un ensemble qui constitue le plus saisissant témoignage
du culte des reliques entre le IIIe et le Ve siècle.
-------- Il ne faut pas encore s'attarder
à regarder la basilique de l'évêque Alexandre, que
l'on comprendra mieux dans un instant : il faut immédiatement se
diriger vers l'angle Nord-Est, où se découpe l'entrée
obscure d'une grotte taillée dans le roc en forme de chambre funéraire.
Dans cette catacombe saisissante, où la lumière tombe verticalement
par un étroit lucernaire, nous voyons au fond, sous le rocher transformé
en niche cintrée, un tombeau qui servit d'autel. A ses pieds, dix
sarcophages taillés dans le roc. Là reposèrent, pendant
un temps, les corps des premiers dignitaires de l'Eglise locale persécutée.
-------- Autour
de cette grotte, s'étend un enclos funéraire (area), où,
dès l'époque des persécutions, on ensevelit à
proximité de la cachette vénérée des "
Justes ", les martyrs de la nouvelle Foi qui les avaient suivis dans
la mort. Certains sarcophages étaient surmontés par des
mensae, tables d'agapes funéraires où les fidèles
se réunissaient aux jours anniversaires pour honorer les plus vénérés
et les martyrs. Un portique recouvrit ensuite une partie de l'area, puis,
vers l'an 400, l'évêque Alexandre fit construire, immédiatement
au nord de l'hypogée, et en pleine area, une basilique dont la
forme fut imposée par ce qui existait. On y ensevelit, sous une
estrade rectangulaire occupant le chevet, les neuf principaux dignitaires
: la mosaïque qui recouvrait les sarcophages (aujourd'hui au musée
d'Alger) ne laisse aucun doute sur cette translation honorifique.
-------- Alexandre lui-même reposait
à l'opposé du chevet, et trois sarcophages sont venus se
placer sous sa protection immédiate, dans la contre-abside. Une
partie des mosaïques qui recouvraient entièrement le sol de
la basilique de l'évêque Alexandre, a été transportée
cm musée d'Alger (salle chrétienne). Des fragments de mosaïques
communes ou dont l'ensemble était détruit, ont été
laissés sur place.
-------- En quittant la basilique, mais toujours
à l'intérieur de l'area, on verra, à 20 mètres
au sud de la contre-abside, l'entrée d'une autre caverne funéraire
artificielle dans la-quelle on descendra. On sera saisi par son caractère
poignant : autour de quatre sarcophages noyés dans le sol et occupant
la position centrale, se voient douze alvéoles funéraires
rayonnantes. Des restes de peinture primitive subsistent sur certaines
parois de la catacombe.
-------- Enfin, vers le nord, un escalier
de quelques marches, situé entre une chambre voûtée
et un puits, donne accès à une area rectangulaire entourée
par un mur de pierres de taille. Quatre-vingts sarcophages y reposent.
Mais les tombes les plus vénérées, celles des martyrs
des persécutions du IIIe siècle, ont été recouvertes
par des tables d'agapes (photo 30, p. 53).
-------- Et tout autour de cet ensemble,
les tombes sont venues se serrer pour se mettre sous la protection de
ceux qui leur avaient tracé la voie à suivre, comme nous
le verrons à la basilique de la porte orientale et à celle
de Sainte-Salsa.
DE LA BASILIQUE DE L'EVEQUE ALEXANDRE
AU THEATRE
-------- On a le choix, pour revenir de la
basilique à la poterne du Nord-Ouest, - par laquelle il faut repasser
pour pénétrer à nouveau dans la ville antique, -
entre celui des deux sentiers (marques rouges ou vertes) que l'on n'a
pas utilisé à l'aller.
On longera, à l'intérieur, le mur d'enceinte portant encore
les traces de la destruction vandale. A l'angle Sud-Ouest de la cathédrale,
on suivra le sentier aux marques bleues : il permet de voir au passage
quelques coins très beaux, typiques de ce mélange intime
de végétation luxuriante et de restes antiques. Servant
de premier plan à des sites spécifiquement méditerranéens.
On ne manquera pas, en passant à côté de la piscine
d'une maison privée, de jeter un premier coup d'oeil d'ensemble
sur le théâtre (photo 40, p. 66).
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