Tipasa et le tombeau de la Chrétienne.
Ville antique de Maurétanie
4.-Monuments et leur visite : tour cylindrique, hypogée, mausolée circulaire, basilique de l'évêque Alexandre, nécropole, catacombes.

Jean Baradès, archéologue. Directeur des Fouilles de Tipasa.
Cette plaquette éditée sur l'ordre de M.Roger Léonard, gouverneur général de l'Algérie , par la Direction de l'Intérieur et des Beaux-Arts (service des antiquités) a été tirée sur les presses de l'Imprimerie officielle, en avril 1952, à Alger
pages mises sur site le 11-10-2005

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II.-LES MONUMENTS ET LEUR VISITE (4)


TOUR CYLINDRIQUE ET POTERNE DU NORD-OUEST

-------- A l'ouest de la basilique, la muraille d'enceinte de la ville, partiellement dégagée seulement, montre bien la façon dont elle a été sapée et basculée pendant l'occupation vandale (photo 21, p. 42).
-------- Les restes d'une puissante tour cylindrique marquent l'angle nord-ouest de l'enceinte : on y remarquera le départ de l'escalier hélicoïdal intérieur et des deux arcs qui soutenaient cet escalier.
-------- A l'est de cette tour, la muraille obliquait presque perpendiculairement pour venir aboutir aux falaises à pic.
On traversera l'enceinte par la poterne découverte autrefois, mais dont les fouilles récentes montrent bien les marches de descente, le banc de repos du corps de garde, et l'étroit sentier, serré entre la falaise et la tour qui le commandait .D'un côté du rempart s'étendait la ville, de l'autre la vaste nécropole de l'Ouest.

HYPOGEES ET MAUSOLEE CIRCULAIRE

-------- La partie supérieure de la falaise est toute creusée de cavités. Les unes sont de courts puits verticaux et constituaient des caveaux taillés dans le roc. Les autres sont de véritables hypogées, de types variés. Ces hypogées ont leurs ouvertures dans la partie verticale, face à la mer.

-------- Du point le plus haut du promontoire de l'Ouest (à une cinquantaine de mètres de la poterne), on a une vue splendide sur la côte profondément entaillée par la mer. On domine aussi les restes d'un monument, d'une vingtaine de mètres de diamètre, connu sous le nom de mausolée circulaire. C'était en réalité un ares à ciel ouvert dont le mur, vraisemblablement bas, se décomposait du côté interne en quatorze arcosolia dont chacun abritait un sarcophage. Si celui de l'Est est le mieux conservé, celui du Sud (en face de la porte du monument) contenait un sarcophage de marbre brisé, dont l'angle gauche a été transporté au musée-jardin Trémeaux.

-------- Il n'est pas impossible qu'il y ait une relation étroite entre ce monument funéraire construit pour recueillir les restes de quatorze personnages précédemment ensevelis ail-leurs, et les hypogées voisines. Un rapprochement avec ce que nous allons voir dans l'area de la basilique d'Alexandre permet de se demander si les corps, primitivement cachés dans les hypogées pendant la période de lutte et de souffrance de l'Eglise, n'ont pas été transférés dans l'area circulaire au moment du triomphe du christianisme.

-------- Ici, comme pour toutes les areae, de nombreux fidèles ont cherché à être ensevelis, ou à ensevelir les leurs, le plus près possible des tombes de personnages vénérés : et les sarcophages se sont entassés à l'intérieur comme à l'extérieur du monument (photo 25, p. 48).

DU MAUSOLEE CIRCULAIRE
A LA BASILIQUE DE L'EVEQUE ALEXANDRE


-------- On a le choix entre deux sentiers : celui aux marques rouges, le plus direct ; et celui aux marques vertes, qui permet de zigzaguer dans la nécropole envahie par une végé?
tation touffue de lentisques, de palmiers nains et de pins couchés par les vents marins.
-------- Je conseillerai aux visiteurs peu pressés, de suivre le sentier rouge nu départ et le sentier vert au retour.

NECROPOLE DE L'OUEST - BASILIQUE D'ALEXANDRE - CATACOMBE DES EVEQUES - ENCLOS DES MARTYRS

-------- Après avoir traversé une partie de la vaste nécropole de l'Ouest, on arrive brusquement devant un ensemble qui constitue le plus saisissant témoignage du culte des reliques entre le IIIe et le Ve siècle.
-------- Il ne faut pas encore s'attarder à regarder la basilique de l'évêque Alexandre, que l'on comprendra mieux dans un instant : il faut immédiatement se diriger vers l'angle Nord-Est, où se découpe l'entrée obscure d'une grotte taillée dans le roc en forme de chambre funéraire. Dans cette catacombe saisissante, où la lumière tombe verticalement par un étroit lucernaire, nous voyons au fond, sous le rocher transformé en niche cintrée, un tombeau qui servit d'autel. A ses pieds, dix sarcophages taillés dans le roc. Là reposèrent, pendant un temps, les corps des premiers dignitaires de l'Eglise locale persécutée.
-------- Autour de cette grotte, s'étend un enclos funéraire (area), où, dès l'époque des persécutions, on ensevelit à proximité de la cachette vénérée des " Justes ", les martyrs de la nouvelle Foi qui les avaient suivis dans la mort. Certains sarcophages étaient surmontés par des mensae, tables d'agapes funéraires où les fidèles se réunissaient aux jours anniversaires pour honorer les plus vénérés et les martyrs. Un portique recouvrit ensuite une partie de l'area, puis, vers l'an 400, l'évêque Alexandre fit construire, immédiatement au nord de l'hypogée, et en pleine area, une basilique dont la forme fut imposée par ce qui existait. On y ensevelit, sous une estrade rectangulaire occupant le chevet, les neuf principaux dignitaires : la mosaïque qui recouvrait les sarcophages (aujourd'hui au musée d'Alger) ne laisse aucun doute sur cette translation honorifique.
-------- Alexandre lui-même reposait à l'opposé du chevet, et trois sarcophages sont venus se placer sous sa protection immédiate, dans la contre-abside. Une partie des mosaïques qui recouvraient entièrement le sol de la basilique de l'évêque Alexandre, a été transportée cm musée d'Alger (salle chrétienne). Des fragments de mosaïques communes ou dont l'ensemble était détruit, ont été laissés sur place.
-------- En quittant la basilique, mais toujours à l'intérieur de l'area, on verra, à 20 mètres au sud de la contre-abside, l'entrée d'une autre caverne funéraire artificielle dans la-quelle on descendra. On sera saisi par son caractère poignant : autour de quatre sarcophages noyés dans le sol et occupant la position centrale, se voient douze alvéoles funéraires rayonnantes. Des restes de peinture primitive subsistent sur certaines parois de la catacombe.
-------- Enfin, vers le nord, un escalier de quelques marches, situé entre une chambre voûtée et un puits, donne accès à une area rectangulaire entourée par un mur de pierres de taille. Quatre-vingts sarcophages y reposent. Mais les tombes les plus vénérées, celles des martyrs des persécutions du IIIe siècle, ont été recouvertes par des tables d'agapes (photo 30, p. 53).
-------- Et tout autour de cet ensemble, les tombes sont venues se serrer pour se mettre sous la protection de ceux qui leur avaient tracé la voie à suivre, comme nous le verrons à la basilique de la porte orientale et à celle de Sainte-Salsa.

DE LA BASILIQUE DE L'EVEQUE ALEXANDRE
AU THEATRE


-------- On a le choix, pour revenir de la basilique à la poterne du Nord-Ouest, - par laquelle il faut repasser pour pénétrer à nouveau dans la ville antique, - entre celui des deux sentiers (marques rouges ou vertes) que l'on n'a pas utilisé à l'aller.
On longera, à l'intérieur, le mur d'enceinte portant encore les traces de la destruction vandale. A l'angle Sud-Ouest de la cathédrale, on suivra le sentier aux marques bleues : il permet de voir au passage quelques coins très beaux, typiques de ce mélange intime de végétation luxuriante et de restes antiques. Servant de premier plan à des sites spécifiquement méditerranéens. On ne manquera pas, en passant à côté de la piscine d'une maison privée, de jeter un premier coup d'oeil d'ensemble sur le théâtre (photo 40, p. 66).