DES SPÉCIALISTES MÉTROPOLITAINS
ONT MIS EN PLACE
LA MOSAÏQUE DES CAPTIFS UN DES PLUS BEAUX ORNEMENTS
DU MUSÉE DE TIPASA en cours d'aménagement
La mosaïque des captifs
sera (bientôt) le plus bel ornement du musée de Tipasa.
Des spécialistes ont travaillé pendant plusieurs semaines,
sous la direction de M. Gaudin, à la mise en place de cette remarquable
œuvre d’art.
Maître-verrier très connu et très côté,
M. Gaudin, qui sort de l’école des Chartes, est chargé,
notamment, de la pose et repose, en cas de conflit, des vitraux des
grandes cathédrales. Il s’occupe aussi, activement, des
mosaïques romaines d’Afrique du Nord et apporte un concours
précieux à la Direction des antiquités.
C’est justement le directeur des Antiquités, M. Louis Leschi,
qui nous parlait hier de cette mosaïque. La mosaïque des Captifs
a été découverte en 1913 dans la basilique judiciaire
par M. Jérôme Carcoplno, qui dirigeait à l’époque
les antiquités à Alger. Enlevée par les soins de
M. Tossot en 1915, elle était déposée jusqu’à
ces temps derniers dans un petit local de Tipasa.
Dans un cadre de perles et de pirouettes, l’ensemble, d’une
tonalité brune, représente trois personnages.
Pieds et poings liés, une femme est accroupie. Sa coiffure, toute
en petites boucles, est africaine. A côté d’elle est
assis un homme la musculature imposante. Lui aussi a les mains liées.
Il est assis sur un bouclier, représentation traditionnelle du
vaincu. Un enfant crépu - probablement l’enfant du couple
- complète au centre le tableau.
Ce tableau symbolise le triomphe de Rome sur les rebelles. L’occupation
de la Maurétanie par les Romains avait suscité parmi les
sujets de l’ancien roi Ptolémée des soulèvements
qu’il avait fallu réprimer.
Ce document vient couronner la place prise par les autorités
romaines dans l’ancien royaume « protégé »
de Ptolémée, ce monument, qui remonte à la création
de la colonie latine de Tipasa, sous Claude, doit dater de l’année
40.
Tout autour du tableau central douze têtes encadrées symbolisent,
des types ethniques, vraisemblablement des Berbères. Les motifs
sont des boucliers d’amazones groupés par quatre. Ce sont
des motifs porte-bonheur. Ils ont une signification « prophylactique
» et sont destinés à éloigner le mauvais
sort.
L’installation de la mosaïque est maintenant presque terminée.
Ce ne fut pas une mince affaire !
Seuls des spécialistes peuvent effectuer ce travail délicat.
Il faut d’abord nettoyer l’ouvrage. Quand la mosaïque
est bien dégagée, le tableau apparaît au verso aussi
bien qu’au recto. L’envers vaut l’endroit.
On prend calque et photo pour éviter toute confusion au moment
de la reconstitution. On colle sur la mosaïque des bandes de papier
et de toile pour conserver à l’ensemble sa tenue. On découpe
alors la mosaïque à la scie comme du vulgaire contreplaqué.
Toile et papier maintiennent les cubes en place. L’ensemble est
découpé en une vingtaine de morceaux numérotés
d’après un plan.
Il n’y a plus qu’à regrouper le puzzle et à
reconstituer la mosaïque que l’on applique au mur.
M. Gaudin a depuis longtemps regagné Paris. Ses aides ont quitté
Tipasa il y a quelques jours après avoir remarquablement accompli
la mission qui leur avait été confiée.
La mosaïque des captifs n’a plus qu’à attendre
les visiteurs... et l’inauguration du musée.