Alger,Tipasa

Joyau romain pourvu d'un digne écrin
TIPASA est désormais protégé contre les Vandales modernes

Joyau romain pourvu d'un digne écrin
TIPASA est désormais protégé contre les Vandales modernes

Une ceinture de barbelés autour des ruines de Tipasa a failli provoquer un nouveau débat concentrationnaire. Cette innovation a suscité bien des commentaires.

Dans la cohorte (hétéroclite) des adversaires on trouve les chasseurs de grives, les gardiens de chèvres, les dresseurs de chiens, les campeurs abusifs, les dénicheurs de mésanges, les amateurs de mosaïques (à emporter). Tous ceux qui, pour des raisons de convenance personnelle, avaient transformé les ruines en terrain de jeu, de chasse ou de pillage. Plus, il faut le dire, quelques esthètes pour qui toute clôture évoque Büchenwald.

Le chœur des partisans est unanime. Il unit chardonnerets, grives et étourneaux, ravis de pouvoir enfin vivre en paix, à tous ceux qui se désolaient de voir Tipasa envahie par les nouveaux Barbares.

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Texte extrait de l'Echo d'Alger du 2-6-1953 - Transmis par Francis Rambert

ici, juin 2024

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Joyau romain pourvu d'un digne écrin
Joyau romain pourvu d'un digne écrin
TIPASA est désormais protégé contre les Vandales modernes

Une ceinture de barbelés autour des ruines de Tipasa a failli provoquer un nouveau débat concentrationnaire. Cette innovation a suscité bien des commentaires.

Dans la cohorte (hétéroclite) des adversaires on trouve les chasseurs de grives, les gardiens de chèvres, les dresseurs de chiens, les campeurs abusifs, les dénicheurs de mésanges, les amateurs de mosaïques (à emporter). Tous ceux qui, pour des raisons de convenance personnelle, avaient transformé les ruines en terrain de jeu, de chasse ou de pillage. Plus, il faut le dire, quelques
esthètes pour qui toute clôture évoque Büchenwald.

Le chœur des partisans est unanime. Il unit chardonnerets, grives et étourneaux, ravis de pouvoir enfin vivre en paix, à tous ceux qui se désolaient de voir Tipasa envahie par les nouveaux Barbares.

Ces Barbares s’attaquaient à tout ce qui leur tombait sous la main.

Aux arbustes à l’approche de Noël, aux pinpignons par gourmandise, aux fleurs par délicatesse et aux colonnades par désœuvrement.
Je suis allé à Tipasa voir, de près, le corps du délit. Il m’a fallu longtemps chercher le fameux fil de fer qui ceint le parc Trémeaud. Parce qu’il est presque entièrement dissimulé dans les pierres et la verdure.

Plus apparent sans doute à Sainte-Salsa, il ne rompt pas l’harmonie du paysage. Les esthètes sont trop exigeants.

Quant aux autres, ceux qui avaient affecté Tipasa à leur usage personnel et désinvolte, ils pourraient sans doute invoquer une prescription millénaire. Ils n’ont somme toute fait que perpétuer une très ancienne tradition. Tipasa a toujours été la terre d’élection des industrieux de tout acabit. On peut y voir des choses bien étranges. Des sarcophages, par exemple, servant d’assise à l’amphithéâtre romain où se déroulaient les jeux du cirque. Ou encore de multiples tombeaux venus s’agglutiner à côté des tombes de hauts dignitaires placées sous la protection des saints. Pour être immémoriale, cette tradition ne devait pas être éternelle...

Ce joyau qu’est Tipasa a, désormais, un digne écrin. Quatre mille arbres ont été plantés, cinq kilomètres de sentiers tracés, les parcours de visite entièrement balisés.

L’entretien de l’ensemble demande des soins constants. Il faut enlever les herbes parasites, surveiller les plantations, ouvrir dans la végétation d’heureuses perspectives.

Le résultat est admirable. Le paysage étonnamment varié. A travers d’épais buissons, vous pénétrez dans un sous-bols. La lumière parvient tamisée, le bruit des vagues assourdi. Brusquement, au détour d’un chemin, sans transition aucune, surgit une basilique ou un arc. De telles merveilles méritaient vraiment d’être protégées contre les Vandales modèle 53.