Théâtre
romain
DU NOUVEAU DANS LA CITÉ ANTIQUE
Aux arènes de Tipasa, récemment découvertes
5.000 spectateurs applaudissaient les gladiateur et les bestiaires
De ces arènes vingt fois séculaires,
le temps n'a pas altéré l'austère majesté.
Voici encore un an elles étaient enfouies dans l'enceinte du
parc Trémeaud, sous un monticule que couronnaient des buissons
de lentisques.
Dégagées d'une lourde chape de terre, elles apparaissent
aujourd'hui comme l'un des plus vastes monuments de Tipasa-la-Romaine.
Dans cet amphithéâtre chargé de souvenirs, plus
d'un gladiateur s'illustra. Plus d'un aussi périt
Hoplites bardés de fer, mirmillons aux armes gauloises, sammites
à moitié nus munis de l'épée courte, rétiaires
au trident acéré, livrèrent ici maints combats.
Entre eux ou contre les fauves. Ces ébats sanguinaires attiraient
aux arènes de Tipasa, 5000 spectateurs avides de " jeux
" sauvages. Luttes à mort des gladiateurs, chasses d'apparat,
féroces combats de bestiaires contre les ours, les lions, les
panthères et (peut-être) jeux nautiques.
On donnait ce spectacle barbare pour honorer les dieux, les implorer
ou les remercier. Mais ces fêtes, bien souvent, n'étaient
que " publicitaires " et plus d'un décurion mena, grâce
à ces jeux qu'il offrait au public, la plus efficace des campagnes
électorales.
Jeux du cirque et caissons funéraires
!
Pour édifier l' amphithéâtre, on a utilisé
une cuvette naturelle presque parfaite qui n'a nécessité
que peu de travaux de maçonnerie. Le génie romain a toujours
su adapter des règles de construction ?xes et rigides aux conditions
particulières de la réalisation.
Fait curieux, on a utilisé dans la construction, des centaines
de caissons funéraires, plus ou moins habilement dissimulés.
Ces caissons se trouvaient là. On s'en est servi !
L'amphithéâtre, en effet, a été édifié
en pleine nécropole païenne, hors de l'enceinte primitive.
L'oued qui a envahi les arènes a accumulé plus de trois
mètres d'alluvions dont il a fallu dégager les ruines.
Les portes des arènes
A chaque extrémité de l'axe est-ouest du monument (axe
long d'environ 100 m.) s'ouvre une porte. La porte orientale a été
tout récemment découverte. Franchi le seuil de cette porte,
on découvre au-dessus du mur vertical destiné à
maintenir les fauves dans l'arène, des
voûtes délabrées, vestiges des supports des gradins
où s'entassaient les spectateurs venus assister aux jeux.
Tout en face de la première entrée s'ouvre la porte occidentale
en cours de dégagement. A une époque où de graves
menaces pesaient sans doute sur Tipasa, on boucha cette porte. En construisant
trois murs juxtaposés. on l'obstrua précipitamment, transformant
ainsi l'amphithéâtre en réduit.
Pour édifier cette triple barrière, on a ramassé
autour des arènes tout ce qu'on a pu y trouver : futs de colonnes,
fragments d'arcs, caissons funéraires.
Dans un de ces murs on a réemployée l'épitaphe
d'un Caninefate (Batave des bouches de l'Escaut) venu mourir à
Tipasa. Le bas-relief qui immortalise ce cavalier le représente
fonçant tête nue, manteau au vent, tenant à deux
mains sa lance de combat. Le colonel Baradez a, jeudi dernier, découvert
une autre épitaphe. Le bas-relief représente un cavalier,
membre d'une unite auxiliaire de la Légion, chargeant, son arc
au poing.
Le message d'une civilisation
Le monument exhumé se dresse désormais dans un coin retiré
et paisible du Parc National. Un silence écrasant pèse
sur l'amphithéâtre, cet amphithéâtre qui,
pendant tant d'années, retentit des rugissements des fauves et
des clameurs des foules.
Quelle étrange mais aussi quelle impressionnante découverte
! Par delà vingt siècles d'histoire. ces arènes,
ressurgies du néant. nous transmettent le message d'une civilisation
dure et cruelle, mais qui n'était pas sans grandeur.