Alger,Tipasa

DU NOUVEAU DANS LA CITÉ ANTIQUE
Enfouie, il y a encore quelques mois sous deux mètres de terre...
A TIPASA
une basilique été exhumée
Dédiée aux martyrs Pierre et Paul, elle est entourée de centaines de tombes

DU NOUVEAU DANS LA CITÉ ANTIQUE
Enfouie, il y a encore quelques mois sous deux mètres de terre...
A TIPASA
une basilique été exhumée

Dédiée aux martyrs Pierre et Paul, elle est entourée de centaines de tombes jadis la fierté d'un empire, les hommes se sont acharnés, le temps a lourdement pesé.

Mais ce corps mutilé a une âme. Une âme que nul tombeau ne peut emprisonner. De cette cité sortie de terre s'élève un étonnant message. Message d'espérance et message de foi. Une civilisation renaît au plein jour, dans son éclatante grandeur.
Il faut découvrir Tipasa à l'heure où le soleil jette sur la campagne ses premiers rayons. Tipasa, terre de lumière et terre de contrastes. Le vert des lentisques s'unit à l'argent des armoises et le bleu de la mer tranche sur l'ocre des rochers. Dans ce cadre admirable, il n'est pas de désolation. Et chaque matin nouveau vient chanter l'allégresse d'une résurrection.

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Texte extrait de l'Echo d'Alger du 24-8-1952 - Transmis par Francis Rambert

ici, déc.2023

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La basilique
La basilique

DU NOUVEAU DANS LA CITÉ ANTIQUE

DU NOUVEAU DANS LA CITÉ ANTIQUE
DU NOUVEAU DANS LA CITÉ ANTIQUE
Enfouie, il y a encore quelques mois sous deux mètres de terre...
A TIPASA
une basilique été exhumée
Dédiée aux martyrs Pierre et Paul, elle est entourée de centaines de tombes

Il est des ruines mortes et des ruines vivantes. Tipasa la Romaine, Tipasa la Chrétienne, demeure étrangement vivante. Sur ce qui fut jadis la fierté d'un empire, les hommes se sont acharnés, le temps a lourdement pesé.

Mais ce corps mutilé a une âme. Une âme que nul tombeau ne peut emprisonner. De cette cité sortie de terre s'élève un étonnant message. Message d'espérance et message de foi. Une civilisation renaît au plein jour, dans son éclatante grandeur.
Il faut découvrir Tipasa à l'heure où le soleil jette sur la campagne ses premiers rayons. Tipasa, terre de lumière et terre de contrastes. Le vert des lentisques s'unit à l'argent des armoises et le bleu de la mer tranche sur l'ocre des rochers. Dans ce cadre admirable, il n'est pas de désolation. Et chaque matin nouveau vient chanter l'allégresse d'une résurrection.

A cette miraculeuse renaissance, des hommes ont contribué. En arrachant à l'oubli les vestiges d'un prestigieux passé. Sans doute, parce qu'ils étaient, bien plus que tous les autres, sensibles à ce que, dans " le Génie du christianisme " Chateaubriand appelle " la poétique des morts " - ces hommes ont nom : Stéphane Gsell, Albertini, Marcel Christophle, Louis Leschi - Jean Baradez poursuit leur œuvre. En étroite collaboration avec ces infatigables animateurs que sont MM. Berton et Rolls, le colonel Baradez chargé de mission par le Gouvernement général - dirige depuis quatre ans les fouilles de Tipasa. Ses efforts ont été, au cours des derniers mois, particulièrement fructueux.

Il nous a guide dans les ruines, tout au long des cinq kilomètres de sentier qu'il a fait tracer. Le colonel Baradez a réussi à concilier les exigences de la recherche archéologique avec la nécessité de mettre en relief le pittoresque du site. Il afait planter 2.000 arbres qui donneront aux étendues dénudées une ombre providentielle. Un panorama admirable sert désormais de cadre à la plus passionnante des découvertes.

I - La basilique des bienheureux Pierre et Paul
Visite ? Non_ Pèlerinage ! Ce monument que cernent des centaines de tombes est un haut lieu de la foi, Cette basilique, dont l'assise a été reconstituée, les chrétiens cle

Tipasa l'avaient consacrée " aux bienheureux martyrs Pierre et Paul.

Il y a trois ans à peine, l'ouvrage étant enfoui sous deux mètres de terre. Stéphane Gsell avait signalé l'existence d'un enclos rectangulaire, quelque part sous les maigres labours qui bordaient la nécropole de l'Est. Nul encore n'en avait trouvé trace.
La basilique, aujourd'hui exhumée, borde la route qui, de Césarée menait à Icosium. De cette vole les fidèles accédaient. par quelques marches, à un martyrium, enclos qui contenait des sarcophages particulièrement vénérés. Ce martyrium est accolé au mur de la basilique, mais ne communique pas avec elle.

Marins, cultivateurs. Commerçants de Tlpasa venaient dans la basilique honorer le Seigneur. Le clergé sortait processionnellement de la petite sacristie qui donne sur la travée droite et arrivait, par l'extrémité opposée à l'autel, dans la travée centrale, travée séparée des deux autres par des grilles dont on voit encore les encastrements.

Des centaines de tombes serrées autour du sanctuaire
Sans doute construite vers le milieu du troisième siècle, la basilique fut un sanctuaire particulièrement vénéré. Tout autour d'elle sont venues se serrer des centaines de tombes. Animés d'une fol ardente, ces chrétiens des premiers siècles se plaçaient sous la protection des martyrs Pierre et Paul.

Pendant leur vie et après leur mort. Étroitement groupés autour du sanctuaire, les caveaux emplissent même une petite carrière où l'extraction des pierres tombales avait été abandonnée.r

Détails parfois naïfs, parfois touchants, toujours émouvants : uncavalier a été inhumé avec sa monture, des époux se sont fait enterrer dans des tombes jumelées...

Souvent détruite toujours reconstruite
Placée à l'extérieur des remparts, la basilique eut à subir bien des attaques. En l'an 372, les hordes révoltées de Firmus, après avoir enlevé et incendié Césarée, firent le siège de Tipasa. Défendue avec acharnement par les habitants, l'enceinte résista victorieusement aux assauts répétés des pillards. La basilique - hélas ! Détruite - fut reconstruite plus belle et plus imposante.

Les Vandales aussi la ravagèrent, mais avec une admirable obstination les Tipasiens répondirent à cet acharnement de destruction en réédifiant la basilique et en l'agrandissant jusqu'au mur d'enceinte,

L'âme de Tipasa est là présente
Le sanctuaire sort aujourd'hui du néant. Cette basilique exhumée, quel étonnant symbole ! Triomphe de la Foi sur les ravages du temps et les persécutions des hommes...

Salsa, dit la légende, avait quatorze ans quand, dans son indignation de voir adorer une idole de bronze, elle la brisa. et en lança les débris à la mer. La populace en fureur lapida l'enfant et la précipita, à son tour, dans les flots. La mer se déchaîna dés qu'elle reçut le corps de l'enfant. Mais quand, à l'entrée du port, un navigateur eut miraculeusement retrouvé la petite morte, la mer s'apaisa et le vent tomba.

L'âme de Tipasa s'élève de ses ruines. Elle est là, présente, sereine, malgré les vicissitudes, aussi sereine que la mer après le martyre de la petite Salsa.