-Les timbres-poste d'Algérie
Extrait de la revue du Cercle algérianiste, n°17 , 15 mars 1982 avec l'autorisation de la direction de la revue "l'Algérianist-ecollection émise lors du séisme d'Orléansville 1954."
url de la page : http://alger-roi.fr/Alger/timbres/timbres.htm
mise sur site le 30-10-2004...augmentée le 29-9-2009
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(suite...mais, point de sarcasmes, je n'ai pas le début paru dans le n°16!!!)

--------- À l'occasion des cérémonies organisées en 1930 pour célébrer le centenaire de la présence française, est mise en vente une série de treize timbres, de 0,05 à 5 F imprimés en taille douce exceptionnellement par l'Institut de gravure de Paris ; d'une valeur faciale de 14,50, elle a été majorée d'une surtaxe égale d'où sa vente à 29 F. Le tirage a été de 100.000 exemplaires mais, en réalité, 44.909 ont été vendus, les autres ayant été officiellement détruits, les timbres en cours ont été démonétisés le 1e1 février 1931.

--------- En plus de cette série a été vendu un timbre à 10 F, délivré seulement aux visiteurs de l'Exposition philatélique internationale, organisée à Alger, et qui devaient s'acquitter du droit d'entrée fixé également à 10 F. Ce timbre a eu deux tirages de 25.000 exemplaires chacun : un ayant la dentelure 12 1/4 et l'autre la dentelure II. 500 exemplaires non dentelés ont été mis à la disposition du comité organisateur de l'exposition ; il existe un petit tirage sur soie ; le timbre a été démonétisé le 11 -mai 1931. Ce timbre, qui représente le port d'Alger lors du débarquement, laisse apparaître une erreur historique : sur le trois-mâts qui y figure est hissé le drapeau tricolore alors que nous sommes encore à l'époque de Charles X et, donc, du drapeau à fleurs de lys. M. Gras a interrogé à l'époque son créateur, M. Vérecque, de Paris, sur cette anomalie, qui lui a répondu l'avoir commise sciemment, dans le dessein d'affirmer sa conception symbolique.

--------- Six ans plus tard paraît une nouvelle série de 27 timbres représentant des sites et paysages, la " halte saharienne " est le plus beau de tous, les couleurs choisies donnant d'une façon saisissante l'impression de l'immensité du désert.

--------- La coupure des relations avec la métropole allait créer une situation anormale d'où l'impression confiée à l'ancienne imprimerie Heintz d'Alger de nouveaux timbres aux armoiries de certaines villes d'Algérie, à l'effigie du maréchal Pétain et ceux émis pendant la période du général Giraud. La série dite des " Coqs " et de " Marianne " a été imprimée par un soustraitant : la Typo-Litho Carbonel, également d'Alger.

--------- Avec la paix, c'est le retour à la normalité et, par conséquent l'impression des timbres est confiée à nouveau à l'atelier du boulevard Brune à Paris ; les émissions se succèdent au gré des changements tarifaires ou politiques, les sujets étant choisis parmi les commémorations, les événements locaux ou bien la reproduction d'autres armoiries.

--------- Certains timbres de France sont encore surchargés pour leur utilisation en Algérie, en particulier lors des " Journées du timbre ". Quelques " variétés " se retrouvent en ciculation, parmi les plus recherchées, nous trouvons le 1,50 + 3,50 émis en 1942 au profit des oeuvres de l'air, surchargé " R.F. " et " Algérie " qui apparaît parfois sans l'une ou l'autre de ces surcharges.

--------- Des " variétés " se retrouvent également sur les timbres propres à l'Algérie et tirés soit sur place soit en France, la plus intéressante est celle du 0,90 rouge, type " rue de la Casbah " émis en 1939 alors même que le port de la lettre était porté à 1 F, il a donc fallu surcharger le tirage primitif par la nouvelle valeur et l'on connaît des surcharges renversées ou doubles, ainsi que, la plus rare, le timbre non surchargé.

--------- Un cas unique est celui de la planche n° 99.612 du 5 F type " Enfant à l'aiglon " de couleur bleu foncé, émis en 1952 : sur les 50 timbres qui la composent (10 x 5) les 30 de la partie gauche (6 x 5) ont une impression très claire, dite " dépouillée ".

--------- Des études très complètes sur tous ces sujets ont été réalisées par des philatélistes passionnés tels que le docteur Joany pour les " Coqs" et " Mariannes " (Monde des philatélistes, 1967), et M. Perrin pour les timbres de France 1900-1926 surchargés Algérie (Documents philatéliques, 1976), et pour les premières émissions d'Algérie (Monde philatélique, 1978).

--------- Le dernier timbre portant la mention " Postes Algérie " est celui émis au profit de la " Fondation Maréchal-de-Lattre " en 1958.

--------- 1958 ! ! !

--------- L'année des illusions pour certains et déjà des désillusions pour d'autres, l'époque des circonlocutions adroites, des périphrases châtiées, des déclarations rusées que l'on pourra interpréter un jour suivant la conception du moment.
Parmi la foule de propositions avancées dans l'illusion de " l'intégration " ou encore de " l'assimilation ", la première décision prise fut celle, sans grande importance, de la suppression du timbre algérien. Le 3 juin, lors d'un discours prononcé dans le grand salon du palais d'été le " Guide " annonçait le droit au vote des femmes musulmanes pour décider du sort commun à tous les français et affirmait : " Et nous allons marquer à l'avance cette unité d'un signe visible. Très prochainement, il n'y aura plus qu'une seule catégorie de timbres en métropole et en Algérie " et, peu après, resté seul avec le général Salan, lui disait : " Vous l'avez eu, votre timbre. " (Raoul Salan, Mémoires - Fin d'un empire - L'Algérie de de Gaulle et moi, p. 48.)

--------- Et, comme si cette décision devait être le pilier pour résoudre tous les problèmes et qu'il fallait donc la réaliser rapidement, dès le 18 juillet le Journal officiel de la République française publie un arrêté signé par le président du Conseil des ministres, le ministre du Sahara et celui des P.T.T., autorisant " à mettre en oeuvre en Algérie un programme d'expansion économique, de progrès social et de réforme administrative et l'habilitant à prendre toutes mesures exceptionnelles en vue du rétablissement de l'ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du Territoire " pour réaliser de si nobles intentions l'article unique décide que " sont désormais valables pour l'affranchissement des objets de correspondance déposés en Algérie et dans les départements des Oasis et de la Saoura les timpres-poste en usage sur le territoire métropolitain ".

Hauteclocque et à la maréchale de Lattre de Tassigny, à Paris.

--------- A la lecture de ce texte, M. Gras, alors directeur de la recette principale d'Alger, demande à connaître les raisons pour lesquelles il ne comporte pas la signature du ministre de l'Intérieur sous l'autorité duquel étaient placés toujours les trois départements français formant alors l'Algérie alors qu'y figurait celle du ministre du Sahara ce qui pouvait laisser supposer le partage du pays en deux territoires, personne ne sut donner une réponse !

--------- Dès le 22 juillet est mis en vente le 20 F bleu au type Marianne de Muller au cours d'une cérémonie organisée par M. Gras dans le grand hall de la poste centrale d'Alger, sur un énorme panneau on affirme : " Hier et Aujourd'hui. - Hier, 21 juillet 1958, le timbre qui reliait Tamanrasset à Dunkerque portait la surcharge Algérie. - Aujourd'hui, 22 juillet 1958, la liaison postale qu'elle se fasse dans le sens Dunkerque-Tamanrasset ou Tamanrasset-Dunkerque, se fait avec la même vignette : celle de la République française. "

--------- Le général Salan, entouré de nombreuses personnalités civiles et militaires, assiste à la cérémonie et, le premier, achète deux timbres pour affranchir deux enveloppes renfermant des messages destinés à la maréchale Leclerc de Hautecloque et à la maréchale de Lattre de Tassigny, à Paris

--------- Un public nombreux est admis par la suite et 60 guichets sont mis à la disposition pour vendre ce timbre et l'oblitérer par un cachet à date " premier jour" sur une enveloppe aux couleurs de celle qui paraissait être encore la " Mère Patrie ".

--------- Les recettes principales d'Oran et de Constantine avaient organisé une cérémonie analogue.

--------- Par la suite, l'administration postale française s'est souvenue encore quelques fois de l'Algérie grâce à certains timbres qui ont donné lieu à des oblitérations " 1er jour ", comme le 50 F Charles de Foucauld : 31-1-1959 à Strasbourg, 15 F armoiries d'Alger : 7-3-1959, 30 F Hassi Messaoud 23-5-1959, 15 F barrage de Foum et Gherza : 23-5-1959, 0,45 gorges de Kerrata : 16-1-1960, 0,50 mosquée de Tlemcen : 16-1-1960, 0,05 armoiries d'Oran 15-19-1969, 0,30 Elise Rivet en religion mère Elisabeth, héroïne de la Résistance : 22-4-1961 à Draria (Alger) où elle est née et à Lyon où elle a été arrêtée pour être envoyée au camp de Ravensbruck où elle a pris la place d'une mère de famille destinée au four crématoire ; 1 F ancienne porte de Lodi à Médéa : 7-10-1961. Un 0,15 armoiries d'Alger, émis en 1961, n'a pas eu, à notre connaissance, d'oblitération " ler jour ".

--------- Trois autres timbres ont été oblitérés " 1er jour " en France : 0,30 + 0,40 Albert Camus : 24-6-1967 à Lourmarin, 0,45 Alphonse Juin, maréchal de France : 20-2-1970 à Paris et 1,00 + 0,30 Eugène Fromentin, écrivain et peintre orientaliste : 26-9-1976 à La Rochelle.

--------- Entre-temps, la page " Algérie " était arrachée du livre de l'histoire de France qui retrouvait ainsi sa " grandeur hexagonale " ; dès le 27 juin 1962 la nouvelle administration décidait le remplacement des mots " République française " sur les timbres en circulation par le sigle " E.A. " (Etat algérien) et, le 30 juin, le Gouvernement provisoire précisait aux services intéressés que cette modification aurait lieu " le lendemain du discours prononcé par le président de la République française et reconnaissant l'indépendance de l'Algérie ".

--------- L'acte de décès était signé... Le glas pouvait sonner...

J. DEL MATTO.

--------- En 1979, notre G.E.R. a établi la liste des bureaux de la poste ayant fonctionnée en Algérie pendant la présence française (voir bulletin n° 12).
--------- Depuis, de nouvelles trouvailles et des renseignements fournis par des collectionneurs ont permis d'améliorer ce travail permettant ainsi une nouvelle présentation qui a été complétée par l'indication des diverses oblitérations à la main utilisées. Malgré ces nouveaux apports, l'ouvrage n'est pas encore complet et nous demandons la collaboration de tous les marcophiles si nous voulons conserver à jamais l'histoire de ce qui fut notre pays car il est indéniable que la connaissance de l'évolution des bureaux postaux y contribue au plus haut point.
Pour élargir le champ de nos recherches, nous avons confié la diffusion de cet ouvrage à une association de marcophiles : le Club " Le Meilleur", B.P. 21, 77330 Le Mee sur Seine.

Jo DEL MATTO, animateur du G.E.R. " Philatélie ".