Thiersville,
village de France en Algérie 1878-1962
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------Thiersville est ainsi appelé en mémoire de M. Adolphe Thiers, Président de la République (1797/1877). Ce nom est unique par rapport à l'orthographe, mais pas par rapport à la prononciation. On trouve en France plusieurs Tiersville... -------Cette commune se trouve à 18 km de Mascara et à 120 km d'Oran. D'un climat tempéré, elle est à une altitude moyenne de 526 mètres et reçoit environ 400 m3 d'eau par an. -------Attia, Froha Supérieur, Thiersville. Ces trois noms désignent le même endroit. Ils ne diffèrent qu'au point de vue chronologique. -------ATTIA est le nom de l'ancien village, situé jadis dans la grande plaine d'Eghriss. Il était peuplé par les Hachem depuis le XVème siècle. Les Hachem étaient les descendants directs des conquérants arabes du Xlème siècle. La région de Sâida,par contre, était peuplée d'arabo-maroco-berbères, celle d'Oran et surtout celle d'Alger d'arabo-turcs. Les Hachem se divisaient en deux fractions I ) les Hachem Cheraga (nom venant de Chott el Chergui) ou Hachem de l'Est. 2) Les Hachem Gharaba (nom venant de Chott el Gharbi) ou Hachem de l'Ouest. -------La limite des deux fractions était Matemora (le silo). On trouve encore tout près du centre de Matemore des silos très bien entretenus. -------Lors de la Conquête de 1830, les Hachem Gharaba avaient pour grand chef El Hadj Mohamed ben Messabial, lequel exerçait son commandément sur vingt caïds. Abdel-Kader ould Bouziane petit fils d'El Hadj Mohamed fut le caïd des Guerdjoum (au sud de Thiersville) dans les premières années de ce siècle. Toujours lors de la conquête les Hachem Cheraga étaient commandés par l'Agha Hamet ould Cadi. Dans les années mil neuf cent dix leur chef fut Ali ould Cadi (petit fils d'Hamet). Les Douhers Flitta, alors cnnemis des Gharaba et nomades tout comme eux furent les premiers qui se soumirent aux français avant de se fixer au sud de Relizane. -------Avant 1830,à Attia même, il y eut un grand combat des Hachem contre le Bey d'Oran, dont l'autorité s'étendait jusqu'à Mascara. Le Bey subit une honteuse défaite. Son ambition reçut le châtiment qu'elle méritait. Les indigènes, les enfants du pays, écrasèrent l'étranger. -------A l'arrivée des soldats de la colonne Bugeaud, Attia est peuplé par les Ouled Abd el Ouahed (les enfants, les descendants d'abd e lOuahed), Guerdjoum par les Ouled Abbad, Matemore et Froha par les Ouled Aissa bel Abbés, enfin Makda par les Ouled Abdel Oualed. FROHA SUPÉRIEUR. -------Le pays de Froha du nom de l'oued qui le traverse avant de se perdre dans le sol de la plaine d'Eghriss, se trouvait primitivement à l'ouest de Tizi. L'endroit appelé Thiersville, l'ancien Attia reçut le nom de Froha Supérieur toujours à cause de la rivière de ce nom qui passe à 700 mètres du village. où elle est traversée par la route de Matemore. -------Le village de Froha fut fondé en 1874, mais Froha Supérieur est bien plus ancien, puisqu'il perdit son nom en 1878 pour prendre celui de Thiersville. Le Froha arabe avait environ 37 km d'étendue du Nord Ouest au Sud- Est jusqu'auprès de Bou-Hanifia et de la Guethna, lieu de naissance de l'Emir Abd-elKader. Froha Supérieur était en territoire militaire de l'arrondissement de Mostaganem. Mascara n'était alors qu'un lieu de canton. Du côté de Makda à 20 km à l'Est de Thiersville on a découvert naguère deux cités romaines de grandeur inégale. On a même trouvé non loin de là, des pièces de monnaie de l'époque. -------En 1843, les Hachem font leur soumission au Maréchal Clauzel et un escadron de Saphis ne tarde pas à établir son cantonnement sur les terres abandonnées par les nomades et leurs troupeaux, au pied d'un mamelon surmonté d'une Koubba. -------Les soldats commencent aussitôt des travaux de défrichement et se livrent à la culture. -------Vers 1850, dans le cadre du plan de colonisation de 1847 de Lamoricière, quelques familles s'y installent : parmi elles, deux hardis "colons" l'un est français - Frédéric Pellissier. Après cinq années passées au 56ème de ligne, il rentre en France en 1848 pour y prendre femme, condition indispensable pour pouvoir prétendre à l'achat d'une concession réservée aux anciens militaires. Il revient en Algérie et obtient une concession de 15 hectares et demi groupant un lot à bâtir et un jardin contre 5000 francs or qu'il paie en trois ans. L'autre espagnol, - Diégo Lopez. Il n'a pas d'économies suffisantes pour acheter quelques hectares de terre mais il est laborieux, opiniâtre, décidé à réussir sur cette terre qui lui rappelle son pays valencien natal. II sera quelques années plus tard, entrepreneur de transport sur la ligne Oran - Géryville. -------Tous deux vont unir leurs efforts pour construire avec l'aide de l'armée, la première maison du village. La bâtisse est grande, fortifiée et possède un étage. Les autres familles, qui vivent sous la tente, viennent souvent s'y mettre à l'abri des rôdeurs nocturnes. Ce "fortin" leur sera d'un grand secours lors de l'insurrection de 1866... -------Le difficile apprentissage du travail de la terre, la sécheresse, les incendies criminels, les vols de bétail, les épidémies de Choléra, Paludisme, Typhus, ajoutés à la suppression de l'allocation de 0,50 f par membre de chaque famille, qui leur avait été allouée au début, conduisirent la plupart de ces colons improvisés à émigrer vers les villes de l'intérieur. Le gouvernement de la IIIème République fit appel à de nombreux immigrants pour les remplacer. Le Décret du aine 30 septembre 1878 facilita l'octroi des Concessions aux "nouveaux arrivants". THIERSVILLE, COMMUNE MIXTE -------Lorsque la création du village fut décidée, le territoire de Thiersville fut rattaché à la Commune mixte de Mascara et, plusieurs années après, à l'arrondissement de Mascara, quand cette dernière ville devint sous préfecture. Thiersville fut agrandi une première fois en 1887; Jean Bérard écrit dans l'Echo d'Oran du 19 juin 1889 "Thiersville est pour nous un des villages le mieux réussi, et nous ne connaissons guère que Hammam -bou - Hadjar, Cassaigne et Renault qui lui soient supérieurs ou égaux comme développement, et encore ceux ci sont- ils plus anciens de quelques années ». -------Créé en 1878, avec un territoire de 2041 hectares divisés en 60 concessions agricoles et 20 lots industriels, il possédait, en 1886 au dernier recensement quinquenal une population de 412 habitants dont 325 français, 2 israélites, 27 indigènes et 48 européens. -------Depuis lors, en 1882, à l'aide de lots qui avaient été classés dans les réserves communales, on a formé 21 nouveaux lots de 10 à 11 hectares spécialement affectés à la culture de la vigne. -------Le village compte aujourd'hui près de cent maisons bien édifiées ; les terrains sont bien cultivés ; les jardins sont complantés d'arbres donnants d'excellents fruits très sucrés et de belles fleurs qui poussent en fait de tous côtés : de magnifiques plantations d'arbres ombragent les places, les rues principales et les boulevards : la vigne y croit à merveille et y donne d'excellents produits, surtout celle plantée sur les coteaux, qui a, en outre, l'avantage de n'être pas exposée aux gelées comme celle de la plaine ; enfin les légumes y sont de belle venue, et il est seulement regrettable que l'éloignement. 19 à 20 kilomètres de Mascara, ne permettent pas aux habitants d'approvisionner le marché de cette place qui en manque parfois. -------Le village de Thiersville est situé entre Froha et Taria, sur la ligne qui sépare la plaine d'Eghriss de celle de Taria à gauche de la voie ferrée et de la route de Saïda à Mascara, en se dirigeant vers le Sud. On y arrive par un chemin d'accès de 2300 mètres s'embranchant au point d'intersection du chemin de fer avec la route. C'est là que se trouve la gare... -------Un barrage de dérivation construit à huit kilomètres en amont, dans la vallée de l'Oued-Froha, fournit au village les eaux qui servent à l'alimentation et à l'irrigation. Un bassin réservoir reçoit celles destinées à la consommation, lesquelles, après avoir été filtrées, vont alimenter plusieurs bornes - fontaines... -------Un puits de 35 mètres de profondeur, muni d'une pompe, fournit de l'eau fraîche et saine à ceux qui n'ont pas une passion désordonnée pour celle plus ou moins pure que leur procure le bassin filtre... Thiersville est doté ou va être doté de tous ses édifices communaux. En 1885, on a construit la mairie, et on est en train d'édifier l'église et le presbytère... -------C'est donc un centre qui pourra être appelé prochainement à la vie communale... -------Ici, comme dans bien des villages, presque tous les colons sont obérés par de lourds emprunts, mais avec les qualités dont ils sont doués et avec de la persévérance ils arriveront certainement à surmonter les embarras de la première heure inhérents à tous débuts..." -------Ce centre est Lui des plus prospères de tout le département grâce à "sa population laborieuse, économe et foncièrement agricole", grâce aussi, à ses terrains silico -ferrugineux, offrant des vins de coloration foncée titrant 11 à 13°, à ses eaux abondantes permettant de faire des cultures maraîchères et fruitières, à ses prés favorisant un élevage ovin et équidé de qualité. -------Thiersville possède aussi des carrières de pierres calcaires très importante,,,. -------Les premiers habitants de Thiersville étaient originaires de l'Algérie, de l'Ardèche, de l'Aude. du Gard, de l'Hérault, des Pyrénées Orientales et quelqu'uns de l'Est. -------Le premier administrateur adjoint résidant à Thiersville fut Monsieur Pelletan. II ne resta que six mois. Son successeur M. Eymauzy exerça ces fonctions de novembre 1895 au printemps de 1903. -------Il y avait une Commission Municipale composée de six Conseillers dont quatre français et deux indigènes et présidée par un Adjoint spécial : Messieurs Beraé pendant un an - Vernick, un an et demi -Pellissier, le fils du pionnier, moins d'un an - Saugez. un an -Lugnière, faisant fonction plus d'un an - Pellissier à nouveau de 1885 à 1903. -------Jusqu'en 1885 c'est la maison Algrin - Bonafos qui abrita les réunions de la Commission Municipale en même temps qu'elle servait accessoirement de Centre Administratif. THIERSVII,LE, COMMUNE DE PLEIN EXERCICE. -------Thiersville fut érigé en Commune de plein exercice le 1er juillet 1903. -------Le premier Maire tut M. Frédéric Pellissier et son premier adjoint M. Gustave Destremx. -------En 1904, Elections municipales. M. Pellissier est réélu Maire et son adjoint est M. Tourvieille. -------En 1907, démission du Maire. A l'issue d'élections complémentaires c'est M. Gustave Destremx qui est élu Conseiller puis Maire de Thiersville. -------M. Gustave Destremx est né en 1859 à Rebaillou dans l'Ariège mais ses ancêtres sont originaires de l'Anjou. Sept d'entre eux s'illustrèrent aux côtés du Général Lafayette, en Amérique, lors de la guerre pour l'indépendance des Etats-Unis. -------Le jeune Gustave, àgé de dix ans, suit sa famille en Algérie. Son père est géomètre. -------Après de brillantes études à l'Ecole Normale de la Bouzaréa, il renonce au métier d'instituteur et à son retour du service militaire il entre, en 1880, à la Compagnie de Chemin de Fer : la Franco- Algérienne. Embauché comme piqueur, il en sortira ingénieur. Il se marie à Mascara en 1882 avec Mademoiselle Marie Baïls de Thiersville. -------En 1900, quand il quitte les Chemins de Fer, c'est tout naturellement au village de son épouse qu'il se retire. Il achète, avec ses économies, des terrains à Guerdjoum d'abord, à Makda ensuite. Son activité ne s'est pas bornée à la mise en valeur de ses terres. II fut un fervent défenseur du blé et des colons quand, au début du siècle, le phyloxera contraignit ces derniers "à arracher les vignes pour semer du grain". -------Maire de Thiersville, il fit cesser les querelles de partis, et c'est sous ses mandats successifs, que ce petit Centre de Colonisation devint un village en avance sur son temps. -------Ses mérites incontestables lui valurent maintes récompenses : Officier du Mérite Agricole, Chevalier des Palmes Académiques et Chevalier de la Légion d'Honneur. -------En 1908 nouvelles élections municipales : toute la liste Destremx est élue. -------Quelques temps auparavant M. Gustave Destremx s'était présenté aux élections Cantonales mais ce fut M. Gérard, Maire de Palikao qui fut élu au Conseil Général. ------ ------A
partir de 1908, Gustave Destremx sera à chaque fois réélu
Maire de Thiersville. Son dernier mandat s'achevant en 1920 il quittera
Thiersville pour s'installer à Oran "où ses nombreuses
occupations le demandaient " : président de la Chambre d'Agriculture
d'Oran, Président- Fondateur de la Caisse Régionale d'Oran,
Membre du Conseil des Chemins de Fer Algériens puis Membre de Conseil
Supérieur des Chemins de Fer Français. Aux amis de Thiersville et à vous chers lecteurs. |