Alger, Algérie : documents algériens
Série sociale : santé publique
Les sources thermominérales de l'Algérie

6 pages, 1 carte - n°33 - 15 décembre 1950

Les Romains construisirent des thermes dont les restes sont parfois remarquablement conservés (Fontaine chaude de Khenchela et Youks-les-Bains dans le département de Constantine). Lors des invasions successives que subit ce pays, ils furent en grande partie démolis. Cependant ceux qui échappèrent à la destruction, conservèrent la faveur des Arabes et, grâce à la solidité de la construction romaine, il existe encore de nos jours dans certains hammam, d'installation très rudimentaire, des piscines judicieusement placées mais délabrées et mal entretenues.

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Les sources thermominérales de l'Algérie
Les sources thermominérales de l'Algérie

-----------L'Algérie possède de très nombreuses sources thermominérales dont l'utilisation remonte aux temps les plus reculés. Des vestiges de l'époque punique ont été trouvés à Hammam Meskoutine.
------------Les Romains construisirent des thermes dont les restes sont parfois remarquablement conservés (Fontaine chaude de Khenchela et Youks-les-Bains dans le département de Constantine). Lors des invasions successives que subit ce pays, ils furent en grande partie démolis. Cependant ceux qui échappèrent à la destruction, conservèrent la faveur des Arabes et, grâce à la solidité de la construction romaine, il existe encore de nos jours dans certains hammam, d'installation très rudimentaire, des piscines judicieusement placées mais délabrées et mal entretenues.
------------Pendant la période de pacification de l'Algérie, à la demande des médecins militaires français, quelques thermes romains furent remis en état et utilisés avec succès pour le traitement de leurs malades. Vint ensuite une période au cours de laquelle de nombreux Ingénieurs des Mines, Géologues, Médecins et Pharmaciens publièrent d'intéressantes monographies sur les principales sources thermales. Parmi les ouvrages fondamentaux sur cette question, une place prépondérante doit être réservée à l'ouvrage du Professeur Hanriot, membre de l'Académie de Médecine intitulé " Les Eaux Minérales de l'Algérie " (Edité en 1911 chez Dunod et Pinat) dans lequel sont inventoriées et étudiées plus de soixante sources chaudes
------------La classification du Professeur Hanriot, commme il était d'usage à l'époque, se base uniquement sur l'élément prédominant et non sur l'ensemble des sels en dissolution.
------------Le perfectionnement général des méthodes analytiques et l'emploi de procédés physiques conduisent aujourd'hui à considérer cette conception comme insuffisante. De plus, l'avancement des études géologiques détaillées permet souvent une interprétation rationnelle des analyses chimiques. Il est en effet très important de connaître aussi exactement que possible la nature des terrains encaissants, car les eaux thermales dissolvent aisément les éléments qu'elles rencontrent pendant leur circulation souterraine. Comme la détermination de leur provenance est des plus ardues, il convient en l'occurrence, de ne négliger aucun élément d'information.
------------Cependant l'Algérie n'a pas encode réalisé dans le domaine de l'étude des eaux thermominérales, une coordination comparable à celle de la Métropole.
------------La raison principale réside sans douve dans le fait que la plupart des stations thermales dans ce pays (exception faite de Bou-Hanifia, Hammam Mélouane, Hammam Meskoutine et Hammam Righa) ne sont pas équipées de façon telle qu'une fréquentation suivie permette à leurs concessionnaires de consacrer à l'organisation de la recherche scientifique une partie suffisante des bénéfices que leur exploitation devrait normalement procurer.
------------Par ailleurs des problèmes délicats sont posés par la diversité ethnique et par les habitudes ancestrales des malades qui fréquentent les stations thermales et l'on constate trop souvent après l'engouement passager provoqué par des améliorations substantielles apportées aux établissements. l'évasion de la clientèle aisée qui recherche sans cesse des horizons nouveaux et qui, en définitive se porte de préférence vers les grandes stations métropolitaines.
------------L'Administration a pensé qu'un effort d'ensemble devait être tenté pour mettre à la portée des bourses moyennes les bienfaits indéniables des eaux thermales. Avant de doter les stations de crédits de subventions, il convenait d'en déterminer aussi exactement que possible les caractères chimiques et thérapeutiques.

------------Dans ce but la Direction de la Santé publique a pris de 1932 à 1936 une série de mesures destinées à développer nos connaissances en cette matière. De plus, dans sa séance du 28 novembre 1946, la Commission consultative d'hydroclimatologie a adopté le plan préparé par le Service des Mines de l'Algérie, à la demande de l'Assemblée financière, pour l'équipement rationnel des sources thermominerales de ce pays. Au cours du débat MM. les Professeurs Lacroix et Aubry ont insisté sur l'intérêt qui s'attache à l'étude scientifique de ces eaux et montré l'utilité d'une prospection médicale plus poussée des stations thermales, dans lesquelles doivent être prises les mesures d'hygiène et de prophylaxie indispensables.
------------L'action du Service des Mines et en premier lieu celle de son laboratoire s'intègre ainsi dans le plan de développement économique et social dont la mise au point a été effectuée sous la haute direction de M. l'Ambassadeur de France, Yves Chataigneau, Gouverneur Général de l'Algérie.
------------Depuis 1936 j'ai entrepris des études chimiques et physico-chimiques, orientées et facilitées par M. G. Betier, ingénieur Général des Mines, Chef du Service des Mines, Directeur du Service de ta Carte Géologique de l'Algérie.
------------La tache étant considérable, je n'ai recherché et dosé en première approximation que les cléments fondamentaux de la minéralisation des eaux thermominérales à l'exclusion des éléments rares, me réservant de procéder sur des sources particulièrement intéressantes à des études approfondies, susceptibles d'ouvrir la voie à l'utilisation thérapeutique rationnelle de leurs propriétés chimiques et physico-chimiques. En effet les propriétés chimiques. physiques et physico-chimiques des eaux minérales sont à la base de leur action biologique et physiologique.
------------Je me suis attachée, dans ce travail à normaliser la présentation des résultats d'analyse en exprimant ceux-ci en ions milligrammes par litre et en taisant apparaître leurs charges positives nu négatives.
------------Le critérium d'exactitude de l'analyse ressort immédiatement de ce mode nouveau de présentation.
------------J'ai donné en outre, une classification. tenant compte de la notation de Stabler et des caractéristiques de Palmer.
------------Enfin j'ai représentégraphiquement les caractères fondamentaux, la " physionomie " des eaux étudiées d'après les conceptions de Robert Frey et de René Girard.
------------Les graphiques de Frey visent particulièrement l'interprétation géologique des analyses. Ceux de René Girard montrent l'ensemble de la répartition des ions, renseignent sur la concentration relative et sur la tenseur en CO2 libre.
------------Une telle représentation graphique est de nature à rendre de grands services. Elle permet, en effet, d'orienter rapidement les chercheurs qui se consacrent à l'étude des propriétés thérapeutiques d'une eau.
------------Les résultats de mes travaux ont été publiés en 1940 et 1947 dans le Bulletin du Service de la Carte géologique de l'Algérie sous le titre : "Les Sources Therinominérales de l'Algérie "

Etude Géochimique

------------Les 35 groupes de griffons étudiés se classent ainsi -----------
               -
1. --Sources Alcalines
------------Source Leblanc
------------Takitount
------------Ben Haroun
------------11. -- Sources Bicarbonatées Calciques
'
------------Hammam Bou Hanifia
------------Ain N'Sour
------------Sidi M'Cid
------------Le Hamma
------------Djebel Lekhal (Ain Tinn)
------------III. -- Sources Sulfatées Calciques
------------Ooued Hammimine
------------Hammam Guergour
------------Hammam Righa
------------Ouled Ghalia (Béni Hindel)
------------Hammam Mélouane
------------IV. - Sources Chlorurées
------------Hammam Bou Hadjar
------------Aïn Ouarka
------------Hammam Bradaa
------------Les Abdellys
------------Hammam N'Baïls (Nador)
------------V. --- Sources Sulfurées
a) Sulfurées sodiques
------------Hammam Salahine
------------Hammam Berrouaghia
------------Hammam Bou-.Ghara
b) Sulfurées calciques
------------Hammam Meskoutiue
------------Youks les Bains
------------Hammam Amamrhas(Foutaine chaude de Kenchela)
------------Hammam Bou Akkaz
------------Hammam Grous
------------Hammam Ksenna,
------------Hammam Bou Sellam
------------Nazereg {(Ouled khaled)
------------Aïn Mentila
c) Chlorosulfurées
------------Hammam Zaid
------------Hammam Tassa
------------Hammam El Biban
------------Hammam Ben Chiguer
------------Hammam Béni Guécha
Soit en les dénombrant :
------------1. --- Sources Alcalines
------------bicarbonatées sodiques : 2
------------Sulfatées sodiques : 1
------------II.-Sources Bicarbonatées Calciques : 5 .
------------III.-. Sources Sulfatées Calciques : 5
------------IV. - Sources Chlorurées : 5
------------V. - .Sources sulfurées :
sulfurées sodiques : 3 dérivant d'eaux alcalines
Sulfurées calciques : 8 (dérivant, soit de bicarbonatées calciques, soit de sulfatées calciques).
Chlorosulfurées : 6 (dérivant d'eaux chlorurées).

------------Les principaux griffons thermominéraux d'Algérie sont ainsi rangés d'après leurs propriétés chimiques fondamentales qui déterminent leur " physionomie ".
------------L'expression " eau indéterminée" qui figure fréquemment dans l'étude d'Hanriot a été remplacée dans chaque cas par la qualification réelle de l'eau.
------------Les eaux alcalines sont rares. On notera par contre l'abondance des eaux sulfurées de différents types.
------------Aucune (les eaux soumises à l'analyse n'est en relation certaine avec le volcanisme, sauf peut-être :
Hammam Meskoutine (département de Constantine),
Hammam Nazereg (département d'Oran ).
Hammam Boughara (département d'Oran).
Hammam Bou Hadjar (département d'Oran).
------------En examinant les résultats de l'analyse chimique on observe que la concentration des sels dissous est sans rapport apparent avec la température mesurée à l'émergence.
-----------Celle-ci varie de 19' (Ben Haroun) à 95' (Hammam Meskoutine). Le poids de l'extrait sec par litre mesurée à 18o° varie de o g. 37 (Hammam Bradaà 28°) à 59 gr. 5 (Ain Mentila 35"). Les eaux qui surgissent à la température la plus élevée (Hammam Meskoutine) ne renferment qu'un gramme et demi de sels dissous par litre.
------------On vérifie donc ce fait bien connu que la minéralisation des eaux est déterminée surtout par la nature chimique et minéralogique des sédiments qu'elles traversent et, accessoirement. par leur vitesse de circulation souterraine.
------------Les eaux les plus minéralisées (Aïn Mentila 59 g. 5 par litre, Hammam Mélouane 29 g. 42. Hammam Béni Guécha 16 g. 87, Hammam E1 Biban 15 g. 4. Hammam Salahine 9 g.. Ain Ouarka 5 g. 6, Hammam Ksenna 5 g. 5) sont en relation directe certaine ou très probable avec les sédiments gypso-salins du Trias. si répandus en Algérie où ils ont donné lieu à des phénomènes de diapyrisme particulièrement accentués. On peut extrapoler cette hypothèse sans grand risque, à la plupart des eaux sulfurées, chlorurées et sulfatées calciques.

-----------L'échelle des températures observées permet alors, dans une certaine mesure. d'apprécier l'intensité des efforts orogéniques dans la zone considérée.
------------L'abondance des eaux sulfurées peut également être considérée comme un indice de l'existence, dans les sédiments encaissants, d'éléments hydrocarburés dont la recherche présente un intérêt actuel indéniable.

* * *

------------Dans les chapitres d'introduction des ouvrages publiés en 1940 et 1947 j'ai précisé le programme d'études que j'entendais suivre. -
------------La classification des eaux d'après l'analyse chimique ayant été réalisée, j'ai entrepris l'étude de leurs propriétés physiques et physico-chimiques, notamment les mesures de radioactivité.
------------J'ai repris ainsi les mesures effectuées de 1923 à 1926 par L. Pouget, Professeur de Chimie appliquée, à la Faculté des Sciences d'Alger et D. Chouchak (1). Je dois citer également " l'Essai de classification des Eaux Minérales " d'après leur constitution et leurs propriétés physico-chimiques publié en 1926 dans les Annales de l'Institut d'Hydrologie et de Climatologie (Collège de France) par A. Chassevant ainsi qu'un certain nombre de mesures de Radioactivité effectuées de 1936 à 1939 par MM. les ingénieurs du Corps des Mines Colot. Baseilhac et Bouillot et consignés dans des rapports inédits.
------------Après un stage effectué au mois de septembre 1946 au Laboratoire de Chimie-Physique du Collège de France, dirigé par M. le Professeur Lepape, assisté de M. Marcel Geslin, j'ai dû consacrer dix-huit mois à la mise au point de l'organisation matérielle du Laboratoire de campagne qui m'a permis de mener à bien l'étude systématique des propriétés physico-chimiques des sources précédemmenténumérées.
------------J'ai dose en même temps sur place les ions carbonique et soufre, susceptibles d'altération pendant le transport et procédé à de, prélèvements d'eau en vue de nouvelles analyses.
------------Les mesures de Résistivité et de pH ont été effectuées sur le terrain, celle de la Radioactivité au voisinage immédiat des sources toutes les fois qu'il a été possible de le faire. Dans le cas contraire elle a eu lieu dès le retour au laboratoire de campagne quelle que soit l'heure d'arrivée.
En fait les premières études physico-chimiques ont commencé au Guergour, au mois de mai .Mes travaux ont porté jusqu'à ce jour sur une trentaine de sources thermales. Les résultats vont être publiés incessamment dans le Bulletin des Annales de l'Institut National d'Hydrologie et de Climatlogie(Collège de France).
------------ À titre d'exemple j'indiquerai que pendant toute la durée des travaux qui ont été exécutés au Hammam Guergour par le Bureau de Recherches Minières de l'Algérie, à partir de janvier 1947, avant le captage définitif (2 avril 195o), j'ai suivi méthodiquement la résistivité et la radioactivité des eaux de
galerie, à différentes époques et à différents stade; des recherches (réalisant ainsi plus de cent mesures de toutes sortes).
------------Si l'on excepte provisoirement l'Ain Chôf, nettement isolée, en bordure immédiate de l'oued Bou Sellant (qui la submerge périodiquement de ses crues) le débit total d'eau thermale était primitivement de 7oo litres/minutes environ, avec une hororadioactivité de 900.000 millimicrocuries. Depuis l'exécution du captage, le débit total des griffons est de 2,50o litres à 2.800 litres/minutes et la température s'est fixée à 44" 5. Des gaz se dégagent en quantité notable avec l'eau. Leur débit est encore difficile à apprécier. On peut cependant l'estimer à 70 litres/minute environ.
------------L'Hororadioactivité, calculée à la date du 2 avril t95o, est de 950.000 millimicrocuries (dont 2oo.000 en chiffres ronds pour les gaz).
------------l.es travaux du B.R.M.A. ont tari toutes les sources qui existaient autrefois sauf celle d'Ain Chôf et ont abouti aux intéressants résultats suivants
------------a) Rassemblement des griffons principaux en un point unique, situé à une cote telle, qu'elle permet facilement la distribution par gravité dans les installations modernes qui sont projetées.
------------b) Débit total porté de 700 litres/minutes à 2.500 2.800 litres minute.
------------c)Conservation de l'hororadioactivité qui se trouve désormais répartie entre un volume quadruple d'eau thermale directement utilisable sous forme de bains et un débit très appréciable de gaz à haute radio- activité
.
------------Le Laboratoire du Service des Mines poursuit ainsi très méthodiquement l'étude scientifique de l' ensemble de, sources thermominérales conformément aux directives de la Commission d'hydroclimatologie et contribue de façon très efficace au développement de l'Hydrologie algérienne.
------------Il appartient aux Laboratoires de l'Université d'Alger :
1)de Chimie biologique appliquée l'hydrologie, chargé d'étudier la pharmacodynamie des eaux thermales.
2)d'Hydrologie médicale, chargé d'étudier les applications thérapeutiques de ces eaux. de conjuguer leur action dans le domaine de l'utilisation rationnelle de nos richesses hydrominérales.

------------Depuis peu, un Centre de recherches cliniques comportant huit baraques de quatre lits, fonctionne au Guergour. Il serait désirable qu'un centre similaire soit créé à Hammam Ksenna. Car, parmi nos stations thermales bien équipées, aucune d'elles n'est alimentée par des eaux sulfurées caractérisées.
------------Les eaux de Hammam Ksenna s'apparentent étroitement à celles de Hammam El Biban, assez mal situées au point de vue de la clientèle éventuelle. De plus le débit de ces dernières est beaucoup moins important et leur thermalité est trop élevée (80°). Elles sont utilisées actuellement après un refroidissement partiel dans un bassin non couvert. Pendant ce laps de temps l'élément sulfuré libre se dégage dans l'atmosphère en partie ou en totalité ou bien se précipite à l'état de Soufre. En outre ces eaux très salées détériorent rapidement les installations sanitaires.
------------Le Hammam Ksenna est situé à environ t6o km d'Alger dans la commune d'Aïn-Bessem. Le captage exécuté par le Service des Recherches Minières en 1945-1946. a réuni les émergences dites : Ain I)jerad, Ain et Kébir et Ain Echin en un débit de l'ordre de 3.000 litres/minute à une température de 62' ; mesurés le 1er mars 1949. L'eau est peu radioactive 0.45 millimicrocuries. par contre sa teneur en hydrogène sulfuré libre ou partiellement combiné est importante (15,5o mgr de H2S p. litre). Hammam Ksentna pourrait donc devenir la Station du Soufre en Algérie.
------------Ce métalloïde considéré comme ion accessoire, puisqu'il forme en quelque sorte un " assaisonnement ", donne à l'eau des propriétés particulières.
------------Le problème de l'importance physiologique du Soufre a retenu, ces dernières années, l'attention de nombreux chercheurs. Les résultats de leurs travaux ont fait l'objet du premier Congrès International du Soufre, tenu au mois de septembre 1948 à Cauterets ( Hautes-Pyrénées) sous la présidence de M. le Professeur Loeper. Les travaux dirigés par M. le Professeur Polonowski et M. le Doyen Giraud ont démontré les divers rôles du Soufre dans l'ensemble des phénomènes vitaux. en raison de ses nombreuses affinités.
------------Le soufre fait, en effet, partie intégrante de la molécule vivante, au même titre que l'oxygène, l'hydrogène, l'azote et le carbone. Peut-être même est-il le corps le plus important de la cellule car il est indispensable à la vie et au développement des tissus.
------------Le rôle de construction du soufre ne résume pourtant pas à lui seul toute son activité. Il apparaît aussi comme " l'agent le plus actif des combustions organiques ".
------------Au rôle de construction et d'entretien du soufre dans l'organisme s'ajoute enfin un rôle de défense.
------------L'hydrogène sulfuré possède un pouvoir antiseptique et bactéricide.
------------Quoiqu'Il en soit, dans le traitement hydrominéral ou bien le soufre arrive dans l'organisme sous la forme d'hydrogène sulfuré. C'est le cas pour la plupart des eaux thermales d'Algérie, eaux très instables expliquant par ce caractère même, leur grande activité thérapeutique - ou bien il est absorbé par la peau et les muqueuses sous forme de soufre colloïdal de soufre à l'état naissant. Il se transforme alors rapidement en soufre assimilable.
------------Le soufre thermal se révèle ainsi infiniment " plus agissant aux griffons" des sources qu'aux plus subtiles. qu" aux plus savantes préparations des apothicaires ". (2).

* * *

------------Cet exposé très sommaire montre combien l'Hydrologie "fille de la Chimie et de la Biologie " demeure si attachante.
------------Le professeur Landouzy n'affirmait-il pas que l'action physiologique d'une source résidait beaucoup plus dans la transmission des forces libérées que dans l'apport de la matière, rappel de la théorie du célèbre Hahneman émise par lui en 1786 " les corps agissent non par la matière mais par leur dynamisme "
------------Le professeur Lepape, dans sa leçon inaugurale consacrée à 1'oeuvre hydrologique de Charles Moureu disait à son auditoire
------------"Les procédés de l'analyse chimique élémentaire ne peuvent attaquer les eaux minérales sans les détruire et leur analyse immédiate est, on peut le dire, toute à créer. Nous en sommes dont réduits à répéter avec Charles Moureu : qu'une eau minérale est un tout, un bloc : c'est une drogue très " compliquée, une véritable thériaque impossible à reproduire artificiellement dans son intégrité. comme " l'opium, la digitale ou la belladone. " (Leçon du 7 janvier 1930.
------------Depuis cette époque. de divers côtés, des chercheurs travaillent sans relâche pour que toute la lumière soit faite sur les problèmes de l'hydrologie thermale.

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------------Le développement du thermalisme algérien contribuerait certainement à l'amélioration de l'économie générale du pays. Il attirerait le tourisme international grâce à des conditions climatologiques exceptionnelles.
------------En aucune façon il ne pourrait concurrencer le thermalisme métropolitain comme l'a fait très justement remarquer le Docteur Peyrot représentant de l'Algérie au IVè Congrès International d'Llydrologie et de Climatologie en insistant " sur le fait que les eaux d'Algérie ne représentent pas des eaux concurrentes, mais des eaux complémentaires où, grâce à la douceur du climat algérien, les malades peuvent, pendant l'hiver, continuer les cures qu'ils ont commencées pendant l'été dans les stations de la
Métropole "
. (Notice n" 7, Direction Santé Publique, 1934).

Simone GUIGUE,
Chimiste Principal,
Chef du Laboratoire du Service des Mines
et de la Carte Géologique de l'Algérie.

(1) Bulletin de la Société d'Histoire Naturelle de l'Afrique du Nord Tome quatorzième p. 265 à 272 (Juin 1923).
Tome quatorzième p. 347 à 360 (Décembre 1923).
Tome dix-septième p. 274 3 283 (Décembre 1926).
( 2) Les états du soufre dans les eaux sulfurées, par F. Caujolle (Toulouse). Congrès International du Soufre à Cauterets. Septembre 1948.