Alger, Algérie :
Alhambra, l'Opéra, le Casino, l'Aletti...


Le gala oriental d'El-Moutribia

Le gala oriental d'El-Moutribia

Spectacle grandiose et féerique que celui qui nous fut offert mardi à l'Alhambra par l'active Société El-Moutribia, et nous connaissons plus d'un bambin rêveur qui se serait cru transporté, sous l'effet de quelque baguette magique, en plein conte des Mille et une Nuits.

La foule vibrante et innombrable des indigènes, les chants, les danses et cette musique nostalgique, enivrante, tout concourait à créer une illusion parfaite et magnifique qui n'eut manqué d'inspirer Lucie Delarue-Mardrus ou le grand Saint-Saëns.

On voudrait plus souvent avoir l'occasion de s'échapper de cette vie moderne, trépidante et idiote comme le jazz, de délaisser les prétendues distractions d'un monde en pleine dégénérescence, pour se plonger dans la douce atmosphère d'une humanité peut-être naïve, mais dont les seules prétentions reposent sur un idéal fait de charme et de poésie.

*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1930. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.
https://monoran.xooit.com/t8565-Allalou-1902-1992.htm
Allalou (1902-1992)

Allalou, de son vrai nom Sellali Ali est surtout connu pour avoir réalisé la première pièce algérienne en langue populaire. « Djeha » permit aux hommes de théâtre qui lui succédèrent de se mettre à l’écoute des pulsations de la vie quotidienne et de la culture populaire. Il marqua la première phase du théâtre en Algérie.

Né le 3 mars 1902 à Alger plus exactement au n°56 de la rue Porte-Neuve, à quelques mètres de la mosquée Djamaâ Essafir (Casbah). Il a fréquenté l’école Sarrouy, Allalou qui perdit très tôt son père se mit dès l’âge de treize ans à travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Il exerça successivement les métiers de commis de pharmacie, de bouquiniste et de traminot. Déjà, il découvrait les multiples facettes d’une vie à dompter et, en quelque sorte, à mettre en boîte..................

https://journals.openedition.org/anneemaghreb/2619?lang=en

À partir des années 1920 un vaste mouvement associatif musical indigène, juif et musulman1, émerge en Algérie. Ce mouvement, sur le modèle de la première société, El Moutribia (1912), va se consacrer à la diffusion d’un genre que l’on appelle communément « la musique andalouse ». Depuis le tournant du xxe siècle, la musique dite andalouse est réputée avoir émergé en Orient, être passée par l’Espagne andalouse avant de s’ancrer au Maghreb à la suite de la Reconquista et l’expulsion des populations musulmanes et juives.


Afrique du nord illustrée du 1-3-1930 - Transmis par Francis Rambert
en ligne : mai 2021

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Le gala oriental d'El-Moutribia
Le gala oriental d'El-Moutribia

Spectacle grandiose et féerique que celui qui nous fut offert mardi à l'Alhambra par l'active Société El-Moutribia, et nous connaissons plus d'un bambin rêveur qui se serait cru transporté, sous l'effet de quelque baguette magique, en plein conte des Mille et une Nuits.

La foule vibrante et innombrable des indigènes, les chants, les danses et cette musique nostalgique, enivrante, tout concourait à créer une illusion parfaite et magnifique qui n'eut manqué d'inspirer Lucie Delarue-Mardrus ou le grand Saint-Saëns.

On voudrait plus souvent avoir l'occasion de s'échapper de cette vie moderne, trépidante et idiote comme le jazz, de délaisser les prétendues distractions d'un monde en pleine dégénérescence, pour se plonger dans la douce atmosphère d'une humanité peut-être naïve, mais dont les seules prétentions reposent sur un idéal fait de charme et de poésie.

La distraction, ce besoin social, prend ici sa véritable signification. Si elle est quelquefois âpre ou indigente, elle sait toujours atteindre la corde sensible, être pittoresque et attrayante, intéresser, émouvoir. Nous conte-t-on une histoire ? On le fait sans artifices, sans arrière-pensée, ingénument et c'est précisément cette ingénuité qui nous touche, nous Européens. Elle dégage un je ne sais quoi de noble, d'élevé qui nous étonne et nous confond en même temps.

L'Antar, que nous proposait l'auteur algérois M. Allalou, est assez significatif. L'odyssée héroï-comique du pauvre barbier qu'une similitude de nom et le haschich conduisent dan la plus étrange des aventures, est véritablement impressionnante en sa simplicité. M. Allalou interpréta lui-même son œuvre avec allant, réalisme et humour, bien secondé par sa compagnie, parfaite en tous points.

Le quatrième acte fut consacré à un festival. Nous avions déjà écouté avec intérêt les mélopées jouées et chantées par le brillant orchestre d'ElMoutribia. Jamais encore elles ne nous avaient parues aussi prenantes, aussi colorées. En les écoutant attentivement, c'est tout l'Orient qu'elles nous évoquent. Non pas l'Orient de Loti, mais celui des Saâdi et des Ketelbey. L'Orient, la rumeur et ses marchés, l'appel des muezzins, le refrain plaintif des odalisques invisibles.
L'Orient, ses nuits étoilées, mystérieuses et parfumées.

M. Lili-L'Abassi, qui a acquis en Oranie, parmi ses coreligionnaires, une solide réputation, nous gratifia d'un intermède fort divertissant. Les danses de Melles Hassiba, Djemila et surtout celles du mignon petit " rat " marocain et de Mme Mériem obtinrent un énorme succès.

Quant à l'apparition de M. Mahieddine, elle fut saluée avec un enthousiasme frénétique par ses admirateurs. Le fameux ténor, de sa voix chaude, nous détailla, avec beaucoup d'intelligence et de talent, ses principales créations. Il termina évidemment par l'éternel Habiba, réclamé impérieusement.

En résumé, soirée inoubliable dont le mérite revient au sympathique président d'El-Moutribia, M. Baranès - à la fois organisateur et metteur en scène - auquel nous sommes heureux d'adresser nos compliments sincères et cordiaux.