Dans la zone Galiieni-Télemly
LEMPLOI DUNE NOUVELLE
TECHNIQUE DE DRAINAGE
ARRÊTERA-T-ELLE
LES GLISSEMENTS DE TERRAIN ?
Un nouveau procédé
de drainage risque de mettre un terme aux ^ glissements de terrain dans
la zone Galiieni-Télemly. Aucun résultat définitif
na encore été acquis et il ne faut pas sattendre
à un arrêt spectaculaire et immédiat du mouvement.
Mais si lexpérience actuellement tentée par la Société
Shell réussit, il ny a aucune raison de ne pas létendre
à lensemble du périmètre instable.
La station service que la Société Shell construit boulevard
du Télemly, en bas du marché des Trembles, se situe en
effet dans la trop fameuse « zone mouvante » où lon
constate chaque année, à la saison des pluies, glissements
du sol, ruptures de conduites, lézardes, fissures et autres calamités.
Le périmètre dangereux évoque, par sa forme, un
glacier. Lentonnoir de réception étant limité
par les falaises dEl-Biar, de la propriété du prince
dAnnam jusquau delà du balcon de Saint-Raphaël,
le couloir dévacuation coupe le Télemly sur une
largeur de 200 mètres. La falaise d'El-Biar repose sur des terrains
mous
Le phénomène nest pas récent. En 1829 déjà
on signalait des glissements. En 1845 les consulats de Suède
et de Grèce étaient détruits dans un éboulement.
Vers 1870, la chute dun rocher libérait un nid de couleuvres
qui semaient l'effroi parmi les populations des collines.
Le problème a été étudié dès
1942 par le Service de la colonisation et de lhydraulique. Sous
la direction de M. Drouhin, MM. Gautier, géologue principal et
Dervieux, directeur du laboratoire des sols, ont fait de ces mouvements
une étude très poussée.
Les falaises rocheuse dEl-Biar reposent sur des marnes normalement
très compactes par lintermédiaire de sables verts.
Ces sables verts contiennent une forte proportion dun sel assez
rare : la glauconie. Les eaux de pluie sinfiltrent à travers
la falaise. Elles atteignent dabord les sables verts et dissolvent
lentement la glauconie. Elles atteignent ensuite les marnes et, par
suite des propriétés particulières de la glauconie,
ramollissent ces marnes. Le rocher repose ainsi sur des terrains mous
qui, à la longue, ne peuvent plus le porter.
De temps à autre, dénormes blocs se détachent
de la falaise et senfoncent dans les marnes quils refoulent
vers le bas. Un bloc de 4.000 m3 sest ainsi détaché
en 1944 de la falaise Gallieni pour senfoncer de 7 mètres
dans la marne. Le terrain chemine lentement dans le sens de la pente,
entraînant les blocs détachés de la falaise et disloquant
les constructions. Drainage et chasse à l'eau
Le mal connu, il fallait étudier les remèdes. On sest
dabord attaché à recueillir les eaux qui circulent
dans les sables verts. Une galerie de drainage longue de 1.500 m. a
été creusée en 1945-194-. Aucun éboulement
notable na été signalé depuis.
Pour arrêter les glissements le long de la pente il aurait fallu
organiser une impitoyable « chasse à leau »
: capter toutes les sources, supprimer les irrigations, drainer les
sols, préserver des ruptures égouts et conduites deau.
Mais ces travaux, extrêmement onéreux, nauraient
pas dispensé les bâtisseurs éventuels de creuser
des fondations profondes et robustes. Pratiquement, on ne peut que se
borner à profiter de chaque aménagement durbanisme
pour mener cette « chasse à leau ». Un nouveau
procédé d'assèchement
Pour construire sa station-service, la Société Shell se
voyait obligée de stabiliser le sol Le procédé
classique - construire un mur de soutènement - exigeait des fondations
trop profondes On préféra faire lessai dune
technique américaine employée pour stabiliser les routes
de Californie.
Le procédé consiste à assécher le sol, à
faire avec le sol un soutènement naturel. Largile est humide.
Si on la sèche on renforce sa tenue, sa solidité. On perce
largile de tubes dacier qui permettent à leau
de sécouler. Le drain coule abondamment et sassèche
au bout dun certain temps. Il nest dailleurs même
pas nécessaire que le drain coule. Il suffit bien souvent que
le sol soit mis au contact de latmosphère. Le sol asséché
constitue dès lors un solide support.
Telle est cette technique dont on attend beaucoup ! Mais on ne saura
pas avant trois ou quatre ans si la zone Laperlier peut être définitivement
stabilisée.