Vue sur le bordj.
" Air France " messager de vie
Tamanrasset, cur du Hoggar n'est plus qu'à huit heures d'Alger
La présence des ailes françaises dans ces régions
déshéritées est d'une importance capitale
Dix-sept mois, Monsieur,
que je rêve de manger du poisson, nous a dit à Adrar un
radio civil. D'ici moins d'un mois, il pourra satisfaire son goût.
. .
" Je suis resté un mois et demi sans courrier, sans journaux
" nous a déclaré un instituteur de Tamanrasset. Désormais,
chaque semaine, la lettre, les nouvelles du monde, arriveront au Hoggar.
Cette régularité, cet apport de vie aux Sahariens, on
le devra à " Air France ". Ne s'en tenant pas qu'aux
grandes lignes internationales ou de l'Union française, la compagnie
nationale, chaque fois et, partout où elle le peut, ouvre des
itinéraires intérieurs qui mieux que de vains discours,
témoignent de la présence française.
MESSAGÈRE DE VIE
Mardi, " Air France ", après Colomb-Béchar,
Touggourt, a inauguré sa nouvelle ligne du Hoggar.
Tamanrasset, oasis du pays des Touareg, n'est plus qu'à huit
heures de la mer, du nord, d'Alger.
Dix-neuf cents kilomètres à vol d'oiseau se substituent
aux deux mille kms de pistes et routes, au huit jours nécessaires
au parcours, aux trois nuits de bivouac au bord de la piste.
Révolue la fatigue, les courbatures causées par la tôle
ondulée, les repas frustes, la chaleur accablante et les mouches
voraces.
Le DC-3 d'" Air France ", d'un coup d'ailes, a apporté
la vie, par sa rapidité, son confort, sa régularité.
Par sa présence tout court.
Pour toutes ces femmes, ces enfants, ces hommes assurant avec stoïcisme
leur tâche : liaisons radio génie, médecine, enseignement,
police.
Pour ceux du Sud enfin, ceux du grand désert, " Air France
" a donné la sécurité.
" COURRIER SUD "
Et c'est beaucoup avec l'esprit des hommes chers à " Saint-Ex
" qu'" Air France " a mis sur pied ces liaisons régulières
du sud avec le nord.
Un homme est à la base de la creation de ces lignes intérieures
algériennes. M. Goudant, représentant général
de la compagnie nationale en Afrique du Nord. Il en est le promoteur,
il a dû convaincre Paris et Alger. Il a surmonté toutes
les difficultés. Il en est maintenant l'animateur.
On a parlé de circuits touristiques.
Certes. Mais avant tout, il y a l'esprlt économique, l'intérêt
de la présence des ailes françaises sur ces territoires
qui priment tout.
" Pour nous, ce service régulier d'" Air France ",
nous a dit le chef d'annexe d'El-Goléa, c'est de la viande fraîche,
autre chose que du mouton, de la gazelle, du mouflon.
C'est aussi la possibilité d'une évacuation sanitaire
non urgente mais nécessaire, toujours difficile jusqu'à
maintenant ".
Tout cela n'a pas de prix !
COLLABORATION AIR FRANCE-S.A.T.T.
Vouloir exploiter une ligne saharienne et méconnaître l'existence,
le travail de la Société algérienne des transports
tropicaux, n'est pas possible.
" Air France " a donc passé une convention avec le
colonel Estienne, directeur de la S.A.T.T. Il en est résulté
l'établissement d'une coordination judicieuse entre la route
et l'avion sur les itinéraires sahariens, pour le mieux des usagers.
Pour assurer la permanence des liaisons aériennes françaises,
la Compagnie nationale s'appuie donc sur l'infrastructure importante
créée par la S.A.T.T.. au bénéfice de sa
filiale, l'" Aéro africaine ".
Terrains, installations au sol, ravitaillement en carburant, sont donc
le fait de la $.A.T.T.
Un comité de liaison entre les deux sociétés doit
être formé en vue de l'amélioration sensible des
services aériens et routiers sur l'axe central algérien,
entre les escales d'Alger, Ghardaia, El Goléa. Adrar, Djanet,
Tamanrasset. et le prolongement éventuel sur Agadés, Zinder
à l'Est, vers Gao à l'Ouest.
PREMIÈRE LIAISON
A 5 h. 45, mardi 11 novembre, un DC-3 a décollé de Maison-Blanche
pour accomplir la première liaison officielle sur El Goléa
: 680 km. d'Alger, Adrar 1.100 km., Aoulef 1.263 km. et Tamanrasset,
terme de la ligne à 1.913 km.
Il était piloté par le commandant de bord Ravien, un vétéran
de l'aviation, et à qui Air France a confié le soin d'ouvrir
ses nouvelles lignes des confins algériens.
L'appareil avait a son bord 130 kg. de poste, 500 kg. dont 250 kg. de
viande congelée pour le personnel militaire ; 300 kg. pour les
civils.
Air France avait dû refuser de transporter 250 kg. de matériel
de forage destiné aux recherches pétrolières effectuées
dans la région d'Adrar, du fait du nombre de passagers effectuant
le trajet.
Cette première liaison qui, dans toutes les oasis a cause la
joie que l'on imagine parmi les Sahariens, a permis de mettre au point
quelques détails de trafic.
L'existence de ce service régulier hebdomadaire, dont l'exploitation
durera jusqu'à fin juin - durant l'été, des services
d'entretien étant seuls maintenus - va d'autre part susciter
un certain mouvement parmi les gens du Sud. Déjà. l'institutrice
va rendre visite, entre deux courriers, à ses collègues
de Tamanrasset. Le médecin d'Aoulef va prendre contact avec son
confrère d'El Goléa.
A VOTRE SERVICE
M. Goudant, qui effectuait le voyage, a constaté l'importance
que pouvait représenter la création d'un petit bureau
de transit à Alger au bénéfice des Sahariens.
A Tamanrasset, Mme Lecointe, femme du chef d'annexe, désirait
du beurre, denrée rare. Et tout au long du parcours, de multiples
commissions ont été demandées.
Aussi,. Air France va-t-il spécialiser un employé pour
les courses des " blédards " à Alger.
" Cela n'est rien pour nous, disait M. Goudant, et cela rendra
de tels services à ces gens... "
Jusqu'au lundi midi, veille du départ de l'avion, Air France
se mettra donc au service des habitants des palmeraies.
TAMANRASSET ET LE TOURISME
Agglomération centrale du Hoggar, Tamanrasset est en passe de
devenir un centre actif de tourisme. Un tourisme spécial, il
est vrai.
Pas question encore de vacances luxueuses au Sahara. Il faut être
sportif et admettre un inconfort relatif. Ceci admis, alors rendez vous
au Hoggar. Vous ne le regretterez pas. Vous y verrez du chaotique se
mêlant au grandiose. De la couleur, des horizons réellement
neufs.
La SATT dispose d'un hôtel à Tamanrasset. Jusqu'alors ce
n'était qu'une escale. Il convient donc de l'améliorer
notablement, en commençant par l'eau courante.
En attendant, les Wagons-lits, ainsi que les agences suisses Hôtel
Plan et Kuoni, respectivement représentées au cours du
voyage par MM. Devevez et Sutter, y ont installé pour 300.000
francs de matériel de campement. Tout est fourni, sauf le sac
de couchage.
Parallèlement, le Touring Club de France. qui était représenté
par M. Chabaud, organise depuis deux ans, pour ses adhérents,
des expédition sur le circuit de Tamna, compte intensifier cette
année son activité qui a été l'an dernier
de 250 personnes.
SAISON : DÉCEMBRE-MAI
M. Sutter assure, à compter de décembre, à chaque
voyage du courrier d'Air France, une dizaine de touristes, suisses et
américains de la zone d'occupation d'Allemagne.
" Ce ne doit être qu'un minimum pour le début_ Songez,
nous a-t-il dit, que 1.500 ressortissants suisses viennent chaque année
à Bou-Saâda "
Devant la nécessité de renouveler l'intérêt
des circuits touristiques, on comprendra la valeur que peut prendre
le Hoggar , d'autant qu'Air France assure désormais la permanence
du trafic.
Les Wagons-lits mettent actuellement sur pied une organisation parallèle
tablant sur des possibilités identiques à celles de Hôtel
Plan, prospectant notamment la Belgique et la Hollande.
Enfin, le circuit routier de l'Atakor est assure par la SATT.
Tous les espoirs sont donc permis pour ie développement du tourisme
au Hoggar.
De plus en plus le Sahara exerce un attrait considérable en Europe.
Suisses,. Scandinaves sont à la recherche de nouveaux horizons,
tous descendant davantage vers le soleil
Le Hoggar s'outre à eux grâce à Air France.
MAINTENIR LA LIGNE
La compagnie nationale a fait l'effort voulu. Une collaboration souhaitable
s'instaure entre les transports routier et aérien au Sahara.
Les touristes sont là. Les Sahariens s'habituent maintenant à
cette notion que leur éloignement est considérablement
réduit. Ils s'appretent à utiliser le Dakota pour leurs
déplacements, pour leur ravitaillement.
La liaison Alger-Hoggar, comme celles d'ailleurs, de Colomb-Béchar
et de Touggourt. est une nécessité vitale. Il faut maintenir
ces lignes.
La parole appartient désormais à l'Assemblée algérienne,
au Gouvernement général.
Les liaisons du Sahara sont des services publics, au sens le plus humain
du terme. Elles doivent vivre et se développer !