square Bresson ou Aristide Briand - Alger
LES DEUX KIOSQUES du SQUARE BRIAND
un chalet de nécessité - un kiosque à musique
L'echo d'Alger du 18-2-1934 - Transmis par Francis Rambert

sur site : mars 2014

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square bresson,les deux squares du square briand


Chalet de nécessité
Depuis hier, les palissades qui entouraient le nouveau chalet de nécessité du square Aristide-Briand ont été enlevées et le public, non sans maintes boutades et plaisanteries anodines — qui n'excluent pas cependant des remarques élogieuses à l'adresse de la municipalité — visite, si l'on peut dire, ce petit édicule dont il ne connaissait jusqu'alors que le toit en forme de pergola peint en outremer clair, pour s'harmoniser sans doute avec la mer si proche.

Mais comme les grilles à glissières qui ferment les deux escaliers donnant accès au sous-sol sont tirées, la visite est vite terminée et l'on s'extasie sur la joliesse des corbeilles de fleurs et .de plantes disposées autour des colonnes.

L'intérieur de ce chalet est divisé en deux parties par une loge réservée à l'exploitant.

Le côté destiné aux dames comporte quatre cabines ayant chacune leur lavabo.

Il existe aussi, dans cette partie, un local destiné à la consigne des bagages à main et cette innovation, à proximité de la gare, sera certainement très appréciée des voyageurs.

Le côté homme comporte également quatre cabines mais un seul lavabo commun disposé dans l'entrée.

Une vaste salle a été prévue pour remiser les nombreuses chaises du square.

L'installation est des plus modernes. Les revêtements de marbre et de faïencesont faciles à, entretenir et la lumière tamisée de hublots électriques vient s'ajouter à celle qui peut filtrer par les rondelles de verre du plafond de béton translucide.

Ce petit monument, dont la grâce de pergola ne dépare nullement ce coin charmant qu'est le square Aristide- Briand, était indispensable dans un endroit aussi passant.

Kiosque à musique

Mais après avoir dit tout le bien que nous pensons de cett.e réalisation, nous formulerons une toute petite critique quant à l'esthétique d'ensemble du square Aristide-Briand.

Voici un mois les vieilles grilles qui clôturaient ce jardin étaient abattues. Nous applaudissions à cet essai de rajeunissement. Les plates-bandes de fleurs sont bien plus gracieuses que l'ancienne clôture. Les statues, débarrassées de leur gaine de verdure touffue, sont bien mieux en valeur et le square lui-même parait plus gai, plus vaste et l'on peut admirer, assis sur ses bancs, le splendide horizon marin.

Maintenant on nous offre un chalet de nécessité-pergola du meilleur goût.

C'est parfait.

Mais combien le vieux kiosque à musique qui occupe le centre du square peut paraitre ridicule et encombrant avec son toit en forme de chapeau de mandarin !

Il évoque, à lui seul, toute la vieille et noire province française, le cours vide en semaine et où le dimanche seulement les nourrices, les soldats désoeuvrés et les bons bourgeois viennent se promener au ralenti en attendant que l'harmonie locale disperse sous le feuillage des platanes les airs rococo d'une polka pour piston solo ou petite flûte, ou les harmonies fatiguées de « Poète et paysan ».

Eh bien ! Alger mérite mieux que ça !

Puisque la municipalité a commence à moderniser ce square aimé des Algérois, il faut qu'elle supprime ce champignon.

Et les concerts ! direz-vous.

Les concerts ? Mais il existe d'autres moyens pour abriter un orchestre et répercuter les sons et nous pensons, en écrivant ces lignes, à maints théâtres de verdure comme celui des Tuileries ou celui de Mme Vianda Landowska à Saint-Leu-la-Forêt, ou à l'admirable vérandah du Grand casino de, Vichy ou encore aux voûtes sonores dont s'enorgueillissent les villes nordiques.

Ceci n'est «une suggestion et nous sommes assurés que la municipalité trouvera la solution élégante pour achever de donner au vieux square Bresson une physionomie entièrement moderne, en rapport avec sa nouvelle appellation de square Aristide-Briand.

A.-L. BitEUGNOT.