Marcel Cerdan : boxeur
ou footballeur ?
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-------Marcellin
Cerdan était né le 22 juillet 1916 à Sidi Bel Abbés. -------La misère poussera la famille à s'installer à Casablanca en 1922. -------Comme beaucoup d'enfants de son âge, à cette époque, l'école communale ne l'intéressait pas du tout. Par contre l'école de la rue avait toute sa passion, il a fait, à l'époque, beaucoup plus de découvertes intéressantes en traînant dans la rue avec les petits Espagnols et les petits Arabes, dont il devait au moins apprendre à parler la langue. Un témoin, Charles Haroche, a raconté les parties de cache+cache autour des fiacres tandis que les cochers arrosaient les chevaux après une journée torride ; les batailles rangées, pour rire ou "pour de vrai", sur la plage de la corniche, toute hérissée de rochers noirs ; les baignades interminables près des chevaux entrés dans l'eau jusqu'au poitrail ; les vitrées en ville, les jeudis, pour aller voir au cinéma, avec un argent grappillé, le diable sait où, les aventures à suivre de Biscot " le roi de la pédale" ; et, surtout, les parties de football prolongées jusqu'à épuisement des joueurs, dans des terrains vagues où deux pierres délimitaient les buts et une boule de chiffons tenait lieu de ballon. Le cinéma et le football étaient déjà les deux passions de "Marcellino" ; elles devraient le rester toute sa vie. En ce temps+là, être à la fois cancre et pauvre ne laissait pratiquement aucun échappatoire. Le fils cadet des Cerdan va donc quitter l'école sans passer le certificat d'études. A onze ans, son père le place comme coursier au magasin de cycles Bargasse, place Mers Sultan. Cette trajectoire d'enfant pauvre, qui ressemble à celle de milliers d'autres à Casa, aurait eu peu de chance de déboucher sur quoi que ce soit d'exceptionnel, si le père Antoine Cerdan n'avait pas décidé de s'en mêler... Cerdan footballeur -------Au début des années trente, Marcel Cerdan est un boxeur adolescent qui promet. Mais c'est déjà un footballeur remarquable. Le club de la Banque Union Sports (la B.U.S.), une filiale de la Banque d'Etat du Maroc, l'a engagé pour jouer dans son équipe cadette. Sur le terrain du camp Turpin, un terrain vague de la B.U.S. a clos avec des barrières, puis équipé de petites tribunes en bois pour lui donner l'allure d'un vrai stade de football, Marcel fait des étincelles. Jouant interdroit ou intergauche, au gré de sa fantaisie, il est le moteur de la ligne d'attaque, au point que les dirigeants l'auraient volontiers fait entrer en équipe première s'il n'avait pas été, physiquement, un peu léger. -------Le dimanche où Marcel a marqué à lui seul six des huit buts "passés" à l'U.S.M., une des meilleures formations du moment, son père était présent dans les tribunes. Le match se déroulait au parc Lyautey, le grand stade de Casa, en lever de rideau de la rencontre France B. Maroc. Ce jour+là, des milliers de spectateurs ont scandé le nom de Cerdan. De quoi titiller la fierté d'Antoine. Il s'est bien gardé de le montrer en tout cas. Il est resté étonnamment calme aussi quand Marcel est rentrée légèrement éméché du banquet offert par les dirigeants du club pour fêter la victoire. Sa victoire. Mais, le surlendemain, le footballeur émérite se retrouvait sur le ring, gants aux poings, pour sa leçon de boxe. Sur l'intervention du père Cerdan, l'entraîneur de la B.U.S., un Espagnol de ses amis nommé Munoz, avait accepté de dispenser Marcel de l'entraînement hebdomadaire avec son équipe. -------Jusqu'à l'âge de quinze+seize ans, Marcel s'en était tiré par une espèce de résistance élastique aux diktats paternels. Il cédait un jour pour mieux se défiler le jour d'après, tour à tour soumis et récalcitrant, obéissant par peur des coups de trique, puis prenant le risque d'un drame pour le seul plaisir d'une partie de football improvisée à la sauvette dans un terrain vague du coin. Il ne comptait plus les fois où il avait dû prendre ses jambes à son cou au milieu de la partie, parce qu'il avait vu, soudain, débouler le père Cerdan, la casquette enfoncée au ras de ses gros sourcils noirs, la tête dans les épaules, hurlant rageusement son nom tout en brandissant le nerf de boeuf qui lui servait habituellement, à chasser les ivrognes de son bistrot. S'il parvenait à éviter la correction sur le moment, il n'avait aucune chance d'y échapper le soir même à la maison. Dans cette "guéguerre" d'usure opposant le père et le fils, il était à craindre que celui+ci n'aurait jamais gain de cause. Boxe ou football ? |
Albert Chabbat se souvient Sources : Marcel Cerdan de J.C.
Loiseau chez FIamnarion, extraaordinaire livre de plus de 300 pa |