Alger et ailleurs : football
LA COUPE DE L'AFRIQUE DU NORD DE FOOTBALL
par Fernand CARRÉRAS
Algeria et l'Afrique du nord illustrée, revue mensuelle, mars 1949.Édition de l'Office Algérien d'Action Économique et Touristique (OFALAC), 26 bd Carnot ou 40-42, rue d'Isly, Alger

sur site le 12-9-2005

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--------S'il est vrai que le football règne sur tous les sports, en Algérie, parmi toutes les épreuves disputées la Coupe de l'Afrique du Nord est bien la plus populaire et la plus attrayante.
--------Elle suscite, dans toutes les régions, un engouement extraordinaire. Nous n'en voulons pour preuve que le match qui opposait le Widad Athlétic de Casablanca au Red Star Algérois. Il attira au Stade municipal d'Alger une foule évaluée à plus de quinze mille spectateurs et la recette excéda un million huit cent mille francs. Et l'on ne jouait que les huitièmes de finale.
--------Sans atteindre ce sommet, partout, dans toute l'Afrique du Nord, le succès de cette compétition fut considérable.
--------Le premier tour de l'épreuve inter-ligue a été marqué par le succès massif du Maroc, qui réussit à qualifier trois de ses équipes. Alger aura deux représentants en quarts de finale. Tunis deux aussi. Constantine n'en aura plus qu'un tandis que l'Oranie est définitivement écartée dès les premiers matches. C'est un fait que, depuis quelques saisons, le département d'Oran, dont on ne saurait nier la valeur du football, il l'a démontrée au cours du récent tournoi des Ligues, joue de malheur dans la Coupe de l'Afrique du Nord.
--------L'élimination du Sporting-Club de Bel Abbès a sans doute été la surprise la plus retentissante de ces huitièmes de finale de la Coupe. Le vieux club du département d'Oran se déplaçait pour rencontrer l'Olympique de Tunis, le plus faible parmi les qualifiés de la Régence. Certes, les Bel-Abbésiens avaient à surmonter un handicap sérieux ; les légionnaires Kellner, Béki, Schéné et Becker, qui opèrent habituelle-ment dans leur rang, n'avaient pu effectuer le voyage. Mais on pensait généralement que Lapeyrie, Maillol, Rodriguez et Séva, qui constituent l'ossature du S.C.B.A., réussiraient néanmoins à enlever, à peu de frais, une victoire à Tunis. Il n'en fut rien, et cette défaite peut être considérée comme une illustration de la prédominance des moyens physiques mis au service de la volonté, sur la technique. Après avoir mené au score, Bel-Abbès dut à deux fautes de sa défense un insuccès qu'il ne méritait pas.
--------Le Club Athlétic Liberté d'Oran est l'équipe versatile par excellence, capable du meilleur comme du pire ; il se me-rait à l'Union Sportive Musulmane de Bône, la formation la plus représentative du Constantinois. Les Oranais étaient dans un jour néfaste ; ils durent s'incliner. Peut être aussi n'ont-ils pas toutes les qualités qui caractérisent une équipe de Coupe. Leurs adversaires, au contraire, possédaient au plus haut point la flamme et l'enthousiasme qui viennent souvent à bout de tous les obstacles.

--------L'U.S.A. de Casablanca, tenant du titre, rencontrait à Bône l'Union Sportive Franco Musulmane de Sétif. La tâche de cette dernière s'avérait difficile. Pourtant, les Sétifiens ont inquiété dangereusement les joueurs du Protectorat. L'U.S.A. de Casablanca n'exprima sa supériorité que dans les derniers instants de la rencontre, après avoir longtemps subi la loi des Constantinois. La rapidité d'exécution de ceux-ci surprit les habiles, mais lents footballers du Maroc.

-------Le C.A. Bizerte dut subir les fatigues d'un long déplace-ment qui les mena jusqu'à Casablanca ; malgré cela, les Tunisiens démontrèrent, dans le match qui les opposait à l'Union Sportive de Safi, une supériorité qui aurait du leur valoir la victoire. Mais leurs modestes adversaires puisèrent dans leurs réserves des ressources insoupçonnées d'énergie pour tenir tête à une formation qui les dominait, puis pour acquerir un succès imprévu.La rencontre qui tint incontestablement la vedette de ces huitièmes de finale fut celle qui opposait le Widad Athlétic de Casablanca au Red Star Algérois. Le club chérifien arrivait en Alger précédé d'une solide réputation. Ne disait-on pas qu'aucune équipe du protectorat ne pouvait lui tenir tête ? Sa triplette centrale : Chtouki, Abdesselem. Driss n'avait-elle pas été sollicitée par une formation professionnelle espagnole moyennant un transfert de trente millions ?
--------Le Red Star, que l'on présentait comme la victime expiatoire sacrifiée à l'Ogre marocain, eut sa chance, et s'il la laissa passer, du moins, s'inclina-t-il avec les honneurs de la guerre. Les Algérois pouvaient gagner en première mi-temps, mais ils gaspillèrent par maladresse des occasions inespérées de scorer. Ce sont eux, cependant, qui ouvrirent la marque, mais un pénalry, fort discutable - et fort discuté - permit au W.A.C. d'égaliser. Le Red Star, à la suite de cet incident, se désorganisa, et son concurrent en profita pour s'assurer la victoire.
--------Le Gallia Sports se qualifia au détriment de l'A.S.T.F. de Meknès par le score de 7 buts à o. Un résultat qui se pas-se de commentaire et qui place d'emblée les Algérois parmi les formations les plus en vue de la compétition.
--------L'Olympic d'Hussein-Dey, autre représentant de notre département, avait la tâche plus malaisée, bien que son adversaire, l'A.S. Musulmane Oranaise soit un club promotionnaire. Les Hussein Déens triomphèrent sans convaincre. Ils durent subir en fin de partie, une réaction dangereuse des jeunes Oranais qui faillit les contraindre à concéder le match nul.
--------A Constantine, le C.S. Hammam-Lif, l'équipe du Prince Sahieddine, fils du Bey de Tunis, a déçu les spectateurs. Si la J. S. Djidjelli qui lui était opposée avait osé prendre ses ris-risques, elle aurait pu forcer un sort contraire devant un concurrent qui joua nettement au dessous de sa réputation.