------Quand
on demande à Alec BARTHUS, fondateur et animateur du Tour d'Algérie
Cycliste 1949, quel diable l'a poussé à s'attacher à
cette oeuvre gigantesque, à cette épreuve qui a fait reculer
les plus vaillants supporters d'Afrique du Nord, il commence par vous regarder
d'un aeil étonné.
------«Et
pourquoi ne l'aurais-je pas organisé? dit-il. Il existe dans le monde
un certain nombre de courses du même genre qui, à l'instar
du Tour de France, maintiennent la primauté du Sport Cycliste, l'un
des plus beaux et des plus complets, et suscitent une émulation dont
profite au premier chef la race des champions. Nous connaissons les Tours
de Belgique, d'Italie, d'Espagne et, plus près de nous, le Tour du
Maroc. Pourquoi l'Algérie ne connaîtrait-elle pas, à
son tour, un Tour Cycliste propre à enthousiasmer les foules et à
rendre tout son prestige au Sport éminemment populaire dont trop
de snobs ont, aujourd'hui, tendance à méconnaître les
vertus? On ne sait pas assez l'école d'endurance, de solidarité
que représente le vélo et les joies profondes qu'il dispense
à ses fidèles.
------«Soit.
Mais de là à organiser du premier coup une course de 3 000
km en 19 étapes, sur des routes relativement inconnues...
------«Justement,
il s'agit de les faire connaître, ces routes qui sont parmi les plus
belles de France. Quant à la longueur et à la difficulté
de certaines étapes, croyez-moi, elles n'ont rien d'insurmontable.
Je les ai parcourues, pour ma part...
------«Sur
un vélo?
------«Non
(et Alec BARTHUS rit franchement à l'image de son imposante personne
juchée sur une selle de vélo de course), mais après
avoir vérifié la capacité et l'état des routes
sur le circuit du Tour, j'ai acquis la conviction que rien ne saurait empêcher
un routier de classe moyenne à boucler honorablement la boucle.
------Comme
nous félicitons Alec BARTHUS de son initiative et des résultats
qu'il a obtenus
------«Ma
tâche a été grandement facilitée, assure-t-il,
par les concours généreux que j'ai rencontrés et par
l'appui efficace que m'ont prodigué, notamment, les plus éminentes
personnalités algériennes. Laissez-moi profiter de cet entretien
pour vous dire toute ma gratitude à l'égard de M. Marcel Edmond
NAEGELEN, Ministre - Gouverneur Général de l'Algérie,
de MM le Président Raymond LAQUIERE et les Membres de l'Assemblée
Algérienne et, tout particulièrement, de MM Paul-Dominique
CREVAUX et NARBONNE, de M. DETOCQUEVILLE ; Président et les membres
du Comité de la Loterie Algérienne, du Général
PREAUD, commandant la 10' Région, et de son adjoint sportif, le Commandant
DUCRET, qui m'ont si aimablement accueilli et qui, spontanément,
avec un bel esprit sportif ont usé de toute leur influence en faveur
de l'organisation du Tour. Je n'oublierai jamais, d'autre part, l'attitude
compréhensive de la Presse, écrite et parlée d'Algérie,
de la Métropole et à 1'Etranger ; les efforts efficaces des
Municipalités Algériennes, de la Garde Républicaine,
commandée par le Colonel d'Istria d'ORNANO et des représentants
de la F.F.C., de la Régie du Stade Municipal, d'Air Algérie,
des Chemins de Fer Algériens, des Compagnies Maritimes, du Moto-Club
présidé par M. DOMENECH, du Réseau des Emetteurs Français,
de l'O.F.A.L.A.C., des Clubs Sportifs d'Algérie, du Cercle Franco-Musulman,
des admirables Comités régionaux d'étapes, des industriels
et commerçants Algériens, des innombrables donateurs de primes,
de tous les amis connus et inconnus qui se sont révélés
à l'occasion de cette entreprise et sans lesquels rien n'aurait été
possible.
-----L'organisateur
du Tour, qui a montré tout au long de ces six mois de préparation
un dynamisme et un optimisme inaltérables, trouve une source de
joyeuses plaisanteries dans les obstacles qui se sont dressés sur
sa route jusqu'au dernier moment.
------Si ces
obstacles n'existaient pas, il faudrait les inventer, dit-il. On ne peut
faire grief à personne d'avoir opposé quelque scepticisme
à l'annonce de notre entreprise. Aujourd'hui, nous pouvons dire,
après Guillaume d'ORANGE - et quelques autres - qu'il n'est pas
nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir
pour persévérer. Mais nous avons réussi à
mettre debout ce premier Tour d'Algérie Cycliste. Quelles qu'aient
été les oppositions, quelle que soient encore les aventures
qui nous attendent entre le 13 mars et le 3 avril, nous aurons prouvé,
du moins, que l'entreprise était réalisable. Comme disent
nos champions, nous tâcherons de faire mieux la prochaine fois.
------Jusque
là - jusqu'au Tour d'Algérie 1950 - une chose est certaine
: le Tour 49 aura permis à des routiers Nord-africains et, particulièrement
à de jeunes Algériens, de montrer qu'ils étaient
capables d'un effort continu. Souhaitons que leurs performances leur ouvrent
les portent de nouvelles épreuves de grande classe, que leurs camarades
du Tour de France, notamment, leur donnent, dans leur compétition,
des chances de se révéler. Et souhaitons de les retrouver,
plus vaillants encore et mieux entraînés au départ
du prochain Tour d'Algérie.
PREMIER TOUR D'ALGÉRIE CYCLISTE
1949:19 étapes
ALGER - ORLEANSVILLE (227 km)
- ORLEANSVILLE - MOSTAGANEM (146 km) - MOSTAGANEM - ORAN (126 km) -
ORAN - TLEMCEN (154 km) -
TLEMCEN - SIDI-BEL-ABBES (171 km) -
SIDI-BEL-ABBES - TIARET (254 km) -
TIARET - AFFREVILLE (180 km) -
AFFREVILLE - AUMALE (187 km) -
AUMALE - BOUSAÂDA (126 km) -
BOU-SAÂDA - SETIF (193 km) -
SETIF - BISKRA (233 km) -
BISKRA - CONSTANTINE (235 km) - CONSTANTINE - SOUK-AHRAS (199 km) - SOUKAHRAS
- BÔNE (100 km) -
BÔNE - PHILIPPEVILLE (101 km) - PHILIPPEVILLE - DJIDJELLI (164 km)
-
DJIDJELLI - BOUGIE (96 km) -
BOUGIE - TIZI-OUZOU (135 km) -
TIZI-OUZOU - ALGER Stade (100 km).
Qui pourrait nous dire le nom du vainqueur du Tour
d'Algérie 1949 ?
1. Hilaire Couvreur (Bel)
2. Roger Dequenne (Fra)
3. Edward Van Dyck (Bel)
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