------"J'ai
boxé aux côtés du grand Marcel Cerdan ! Et ce fut
mon ami", c'est ce que peut dire notre ami Germain Pérez.
------Né
à Alger, au Plateau
Saulière, le 5 mai 1920, il sera plus précoce
encore que Cerdan puisqu'il commencera de pratiquer le sport à
6 ans et la boxe à 12 ans.
------En effet,
il débuta, à l'âge de 12 ans, sous la direction de
Kouidri et Sauvage au Boxing Club de Maison-Carrée.
------Son
premier combat commença dans les rangs des amateurs en 1934 où
il dut truquer de deux ans son acte de naissance pour obtenir sa première
licence d'amateur.
------De 1934
à 1937, il a disputé 73 combats comme amateur et remporté
73 victoires. C'était, on en conviendra un début prometteur.
------A 14
ans, il s'attaquait directement à Bouchoukine, alors, champion
amateur d'Algérie de poids coq. Il le battait en 4 rounds.
Professionnel
------Grâce
à ces résultats, il passe "Professionnel" à
16 ans et ce, par dérogation de la Fédération de
Boxe.
------Le champion
algérois n'est pas de grande taille mais demeure un solide athlète.
Il a un coeur bien accroché.
------A l'affiche
de son premier combat professionnel contre Kid Roger, il y avait en vedette
Marcel Cerdan contre Attaf . Ce jour-là, Marcel et Germain sont
les vainqueurs et deviendront des amis et jusqu'en 1942, ils s'entraînèrent
ensemble. Edith Piaf assistait parfois aux entraînements. On surnomma
même Germain Pérez le "petit Cerdan" tant par sa
fougue que par sa générosité, et il n'usait de son
droit qu'avec une extrême parcimonie.
------Il sera
remarqué lors d'une réunion au stade Municipal à
Alger par Jules Avernin qui deviendra son manager.
------Pérez
rencontra Sliman. Il le bat et devient champion d'Algérie des "poids
coq".
------Puis
c'est Paris où il boxe Beghin et Masson, un ex-champion de France.
A Alger, ensuite, la série continue. Il prend Huguelin et le met
k.o., après l'avoir précédemment battu aux points.
Et ce sont des succès encore devant Alleza, Ferraro, Pierre Louis,
Fabre.
------Deux
étoiles montèrent très vite dans le ciel d'Hussein-Dey
: René Pons et Germain Pérez et ce fut le combat fraternel
le 3 septembre 1938, réclamé par les uns, redouté
par les autres, sanctionné par un nul. Le style de René
et la fougue de Germain emballèrent l'assistance qui accueillit
le verdict des juges comme un soulagement tellement nos deux garçons
étaient aimés dans notre commune.
-----En 1940,
il est rentré aux Chantiers de jeunesse à Blida grâce
à la bienveillance de ses chefs, et en particulier du chef Chollet,
il put continuer à pratiquer le noble art.
------Il fit
sa rentrée officielle en 1941 battant coup sur coup Fabre et Decico
qui fut champion de France et d'Europe.
Champion de France
------Le
2 novembre à Alger, il bat Pierre Louis et devient champion de
France des "poids Coq". Il conserve peu de temps son titre,
ayant été battu par disqualification par Trinchero qu'il
avait touché d'un coup bas au premier round.
------Mais,
le 13 juin ayant changé de catégorie, passant de celle des
"poids coq" à celle des "poids plumes", qui
lui convient mieux, il battit Eugène Peyre par K.O. au 3è
round, redevenant ainsi champion de France des "poids plumes".
------Il remit
son titre en jeu, le 27 juin, devant Trinchero, challenger officiel, transfuge
lui aussi des poids coq dans les poids plume.
------Au cours
de cette rencontre, Germain Pérez défendit non seulement
son titre mais prit également une belle revanche sur un adversaire
qui l'avait fait disqualifier. ll démontrait par la même
occasion que la catégorie des poids plume lui convient beaucoup
mieux que celle des poids coq.
------Aux
Arènes de Barcelone, décembre 1946, contre Luis de Santiago,
Germain livra son dernier combat. ------Trop
de blessures l'obligèrent à prendre la sage décision
de ne plus monter sur le ring. Il subit onze opérations en un an,
dont une fut une "première" en Europe : fracture de l'os
frontal. Au total cinq fractures métacarpiennes à la main
gauche, trois à la main droite et vingt interventions aux arcades
sourcilières.
------Palmarès
étonnant : 6 défaites aux points sur les 120 combats professionnels
qu'il réalisa.
------Depuis
chaque année, avec d'anciens boxeurs, il se retrouve en l'église
des Abbesses à Paris, en souvenir du Grand Marcel Cerdan, disparu
tragiquement aux Açores en 1949 et dont il fut l'ami de toujours.
H. P.
|