------Alain
Mimoun est au Telagh en 1921. Il débute la course à pieds
à Bourg-enBresse à l'occasion de son service militaire;
il a 19 ans. Mais la guerre va différer le déroulement de
sa carrière sportive...Replié en Afrique du Nord avec
son régiment de Tirailleurs Algériens, il prend
une licence au Gallia Sports Algérois et commence à cumuler
de très nombreuses victoires dans les principales épreuves
de la région.
------Il
a déjà 25 ans lorsqu'il est rendu à la vie civile
; une carrière exceptionnelle et incomparable commence malgré
une jambe gauche hachée par trois éclats d'obus lors de
la bataille de Cassino, en Italie.
------Licencié
en métropole, sous les couleurs du Racing Club de France, il devient
en 1947 champion de France du 5.000 m. Il s'entraîne tous les jours
sur 6 à 7 km, dès 6 h du matin avant de prendre son travail
qu'il termine fort tard. Le 16 août de la même année,
au cours du match Tchécoslovaquie-France, il rencontre pour la
première fois celui qui devait devenir son grand rival mais néanmoins
ami Émile Zatopek.
------Au
cours de cette réunion, Mimoun failli être doublé
par le grand champion tchécoslovaque dans le 5.000 m.
------En
1948, aux Jeux Olympiques de Londres, il termine deuxième derrière
le même Zatopek et obtient la même place sur 10.000 m, toujours
derrière le champion tchèque.
------Il
remporte le Cross des Nations en 1949, 1952, 1954 et 1956 en devançant
un autre grand champion français Raphaël Pujazon. Devenant
moniteur d'éducation physique dans un lycée parisien, il
bénéficie de meilleures conditions pour s'entraîner
et sera deuxième du championnat d'Europe en 1950 sur 5.000 m toujours
derrière Zatopek mais avec la satisfaction d'avoir battu d'une
poitrine, le champion de la distance, le beige Gaston Reiff.
------Aux
jeux olympiques d'Helsinki, en 1952, sur 5.000 et sur 10.000 m les résultats
sont identiques second derrière l'éternel Emile Zatopek,
son grand rival et ami mais l'écart entre eux diminue... Au cours
de ce mémorable 5.000 m, illustré par l'abandon dramatique
de Gaston Reiff, Mimoun avait eu la possibilité de gagner à
la sortie du dernier virage s'il avait saisi sa chance...
------Écarté
des championnats d'Europe de Berne à cause d'une sciatique, en
1954, Mimoun ne devait pas laisser passer sa chance au cours de ce qui
fut la plus grande victoire de sa carrière le marathon des Jeux
Olympiques de Melbourne en 1956. Auparavant, il s'était classé
12e du 10.000 m. Conforté par l'açcumulation de signes favorables
un télégramme lui annonçant la naissance de sa fille,
le dossard n°13, il décide de s'aligner au départ du
Marathon. Deux français avaient alors remporté cette épreuve
reine de J.O. à Paris en 1900, Théato et El Ouafi en 1928
à Amsterdam; il pensait avoir sa chance 28 ans après. Démarrant
au 20e kilomètre, il eut une sévère défaillance
au 30e kilomètre. Il faisait ce jour-là 36°C et Mimoun
rejeta quatre litres de sueur avant de se surpasser pour gagner ce marathon,
le premier de sa carrière. Il entrait dans la légende des
J.O.
------En
1955 sur la piste du stade municipal d'Alger,
il va accomplir un autre grand exploit en battant le célèbre
record de l'heure détenu par le grand champion Jean Boum depuis
1913 avec 19 km 025 ; Alain Mimoun porta le record à 19 km 078
soit 53 m de mieux, le 7 octobre 1955, cela malgré une profonde
déchirure au mollet droit. Malgré l'avis contraire de son
entourage, Mimoun prit le départ de cette terrible épreuve;
il voulait dédier au public algérois la primeur d'un record
si envié. Son public ne l'a certes pas déçu plus
de 3.000 personnes l'ont follement acclamé. De toutes parts des
tribunes fusaient de frénétiques encouragements " Mi...
Moun... Mi... Moun... ! " ;(note
du webmaster : j'y étais.Le lycée nous y avait amenés)
encouragements portés au paroxysme vers la fin du parcours par
des spectateurs haletants. Les dents serrées avec un masque d'indicible
souffrance qui serrait le coeur, le courageux athlète sprinta en
un rush final. Ainsi, le fameux record établi par Jean Bouin, 42
ans plus tôt, fut battu par un champion algérois sur la piste
du stade municipal d'Alger. Ce fut du délire Pressé par
la foule qui envahit la piste, Alain Mimoun faillit périr étouffé
sous les étreintes et les embrassades de ses supporters. "
Je n 'ai jamais autant souffert de ma vie "
devait-il déclarer le lendemain de la course à un journaliste
parisien venu l'interroger qui écrivit ceci dans ses colonnes "
Qu'un homme ait pu courir une heure avec une
déchirure musculaire à une jambe est un exploit digne de
la grande histoire du sport ".
------Mimoun
a été 32 fois champion de France, 84 fois sélectionné
en équipe de France et a battu 20 records nationaux. Avec ses performances
internationales, il est difficile de présenter un palmarès
aussi élogieux.
Bravo, Alain Mimoun!
Vincent SCHIANO
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