-----0n désignait
autrefois en Algérie, depuis toujours, sous le nom de "Galoufa"
l'employé municipal chargé de capturer les chiens abandonnés,
pour les conduire à la fourrière.
----------L'éthymologie
de Galoufa mot issu du riche et savoureux dialecte Méditerranéen
se réfère au mot gueule, et
signifie glouton, vorace apparenté
à ganache et à gnaton. Galoufa n'aurait pas été
désavoué, s'il avait été connu par Rabelais
qui en aurait fait le cousin de Grandgousier.
-----C'était
pendant la guerre en 1942, peu avant le débarquement Anglo-Américain
du huit novembre en Afrique du Nord. Jean Lermac était interne
à l'Hôpital Civil de Mustapha d'Alger. Les services étant
choisis à l'ancienneté le hasard des affectations lui avait
attribué le Pavillon de Chirurgie de Garde qu'il cumulait avec
la Consultation Normale du Bureau des entrées, à laquelle
étaient aussi annexés quelques cabanons isolés,où
étaient enfermés les prisonniers de droit commun, en traitement
à l'hôpital et le service des rabiques. Ce pavillon recevait
tous les opérés des vingt quatre heures de la garde précédente
: urgences chirurgicales, plaies et blessures, accidentés de toutes
sortes. Les rabiques étaient les gens
qui avaient été mordus par des chiens présumés
enragés ou par n'importe quel animal sauvage ou domestique suspecté
de rage. Il y avait parmi eux quelques simulateurs, qui pour ne pas partir
à la guerre se faisaient mordre par des chiens ou griffer par des
chats, et qu'il était pratiquement impossible de démasquer;
ils suivaient le traitement comme les autres, ce qui retardait leur mobilisation
au moins pour un temps. Ce traitement comportait une série d'injections
de vaccin préparé par l'Institut
Pasteur d'Alger. Les malades réels ou suspects étaient logés
dans un local à part, et amenés en ambulance tous les matins,
à l'annexe de l'Institut Pasteur où se faisaient les piqûres.
Seuls quelques rares cas de malades très gravement atteints et
considérés comme dangereux étaient isolés
dans des cabanons spécialisés et rigoureusement mis au secret.
-----L'ensemble était gardé par un
petit poste de police, dont les trois ou quatre agents assuraient en même
temps la surveillance de l'hôpital.
-----A Alger le service de ramassage des chiens
errants était remarquablement organisé. A l'origine il s'agissait
d'une voiture tirée par un cheval, conduite par un cocher. Galoufa
marchait en tête, un lasso et un fouet à la main, pour
capturer les chiens. Il était accompagné par deux agents
de police chargés de faire respecter l'ordre et de verbaliser les
propriétaires récalcitrants, qui voulaient récupérer
leurs chiens non tenus en laisse et muselés, comme l'exigeait le
règlement municipal.
-
----Mais l'escorte ne s'arrêtait pas là.
Pour la plus grande joie des gamins, et du bon peuple accouru aux fenêtres
ou flânant sur les trottoirs, toute une foule d'enfants précédait
et suivait la voiture en criant : "Galoufa,
Galoufa", "Mata lo"
Scapa ! attention ! sauve toi !".
Les chiens effrayés par ce vacarme et tous ces cris, s'enfuyaient
en aboyant, et Galoufa n'en attrapait pas beaucoup, malgré les
efforts des agents qui n'arrivaient pas à disperser la horde hurlante,
qui chassée d'un côté revenait en force à l'assaut,
par toutes les rues voisines.
-----La voiture avait une douzaine de cages grillagées
qui formaient un véritable chenil ambulant. Par la suite ce fut
une camionnette automobile qui remplaça la vieille voiture à
cheval, mais le spectacle était toujours aussi pittoresque. Les
chiens sentaient le danger et flairaient Galoufa avant même que
les cris aient pu les alerter, et ils savaient se mettre en sûreté
dans les entrées des immeubles, où Galoufa bien entendu
n'allait pas les poursuivre.
-----Oran comme Alger possédait son "Galoufa".
Un soir celui-ci, un robuste et solide arabe, fidèle disciple de
Mahomet fut trouvé sur un trottoir, dans un état semi-comateux,
par une ronde de police quelques minutes après l'heure du couvre-feu.
Amené au commissariat le plus proche, revenant peu à peu
à lui, se voyant entouré d'agents, il tint des propos incohérents,
s'agita, bouscula un agent qu'il renversa en voulant se relever. Qu'arriva-t-il
exactement ?On ne le sut jamais, mais dans la bagarre et la confusion
qui s'ensuivirent, Galoufa mordit deux agents.
-----Aussitôt sa qualité professionnelle
étant bien connue des services de police, ceuxci dirent : il
est enragé. Il faut de toute urgence l'évacuer
sur Alger, d'autant plus qu'il est dangereux, il mord. -----Les
choses ne traînèrent pas. Menottes aux mains entre deux gendarmes,
suivis d'un troisième pour plus de sûreté, toute la
troupe prit le chemin de la gare, sans un enthousiasme excessif de la
part des gendarmes, qui auraient préféré une autre
mission. Pensez donc ! Conduire un dangereux enragé qui avait déjà
mordu deux personnes, n'était pas sans risques. Galoufa prit le
train en compagnie des deux agents mordus et de deux gendarmes, le troisième
faisant les cent pas dans le couloir devant la porte du compartiment qui
leur avait été spécialement réservé.
---Oran,
Alger, un beau voyage pour des touristes en temps de paix. Conduire un
enragé dangereux, la nuit, en plein black-out, c'est une autre
affaire. Lorsque le train se mit en marche, Galoufa qui avait peu à
peu retrouvé ses esprits, étonné de se trouver là
en pareille compagnie interrogea les policiers qui lui dirent sans ménagements
qu'il avait été mordu par un chien enragé, et qu'on
le conduisait à l'Institut Pasteur pour le soigner. Ainsi notre
homme qui savait bien qu'il n'avait jamais été mordu, essaya
d'expliquer aux gendarmes ce qui lui était arrivé. Ceux-ci
ne le laissant pas parler, il recommença à s'énerver,
à insulter la police en général et les gendarmes
en particulier, se débattit encore tant et si bien qu'une nouvelle
bagarre éclata dans le train au cours de laquelle il mordit les
deux gendarmes qui le maintenaient par les menottes, plus le troisième
qui du couloir où il était de garde se précipita
pour prêter main forte à ses collègues. La fin du
voyage fut passablement agitée.
-----C'est ainsi que très tard dans la nuit
arrivèrent à l'hôpital , un enragé dangereux
et cinq mordus qui n'en menaient pas large. Le directeur fut réveillé
et prévenu, il fallait prendre des mesures d'urgence tout à
fait exceptionnelles, dans le service des rabiques. Jean Lermac, dès
son arrivée à l'hôpital le lendemain matin fut aussitôt
appelé dans le bureau du directeur qui le mit au courant de la
gravité de la situation.
-----Il examina
d'abord les blessures des agents et des gendarmes, morsures banales sans
gravité aux mains et aux poignets. Désinfection, pansements
avaient déjà été faits. Restait à voir
Galoufa. La porte du cabanon où on l'avait enfermé
possédait comme toutes les cellules d'isolement, un judas grillagé
à travers lequel on pouvait communiquer avec l'intéressé,
sans entrer et lui faire passer la nourriture et la boisson.
-----A la vue du médecin en blouse blanche,
un sourire éclaira la face grasse et bonhomme de Galoufa, assis
sur le bas flanc fixé à l'extrémité opposée
de la cellule. Avec un toubib il allait pouvoir s'expliquer. Et voici
ce qu'il dit : "Ecoute toubib, j'te jure,
j'suis pas enragé, aucun chien y m'a mordu, juste j'ai fait un
peu trop la fête, hier avec des amis, et j'étais saoul quand
les agents y m'ont ramassé et amené au commissariat. J'te
jure, j'regrette, dis leur, toi y te croiront". Et il
ajouta "j'ai soif donne moi de l'eau et
une cachet de spirine, pourquoi j'ai encore mal à la tête".
-----Devant
cette révélation d'une sincérité touchante,
Lermac n'hésita pas. Il répondit : c'est bon je te crois,
mais il faut procéder à des analyses, pour vérifier
si tu dis bien la vérité. On va te faire une prise de sang,
j'espère que tu resteras tranquille, et si tu ne me mords personne,dans
deux jours on te relâchera et je tâcherai d'arranger ton affaire
avec la police.
-----En son fort intérieur Lermac était
bien convaincu qu'il disait vrai. En effet personne à Oran, dans
l'affolement général, ne s'était avisé qu'il
était vacciné et revacciné tous les ans contre la
rage, il ne pouvait donc pas l'attraper même s'il avait été
mordu, ce qui justement n'était pas le cas. -----Lorsque
le médecin chef du service arriva un peu plus tard, mis au courant,
il fut du même avis et prit sur lui de faire la prise de sang.
-----Responsabilité oblige. Galoufa rassuré
resta tranquille, tout se passa bien. L'analyse aussitôt pratiquée,
révéla un taux d'alcoolémie encore très élevé
malgré la nuit écoulée, pour lever tous les doutes.
Les agents et les gendarmes furent si heureux après la frousse
bien compréhensible, qu'ils ne portèrent pas plainte. D'ailleurs
Galoufa était un fonctionnaire trop connu des services de police
puisqu'il travaillait avec eux, tout le monde l'aimait bien, et après
qu'il ait juré sur la Coran et par Allah, qu'il ne boirait plus,
sans menottes et sans rancune, toute l'équipe repartit pour Oran,
deux jours plus tard.
-----Telle est l'histoire véridique du Galoufa
d'Oran, comme me l'a racontée il y a bien longtemps, mon ami le
docteur jean Lermac.
Docteur Pouget
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HYGIENE ET SALUBRITE.
-Capture des chiens errants dans les communes suburbaines. Relèvement
de la redevance.
M. ARNOLD, Adjoint.
Mes chers Collègues,
Par délibération du 1er juillet 1932, le Conseil municipal
a autorisé les Services d'Hygiène à mettre à
la disposition des communes suburbaines la voiture automobile et le personnel
nécessaire à la capture ,des chiens errants sur le territoire
de ces collectivités.
L'arrêté du 10 mai 1948 a fixé à 1.250 francs
par séance de capture le montant de la redevance exigée
.des communes limitrophes de la Ville d'Alger qui font appel à
ses services.
Or, il est apparu qu'actuellement, cette vacation ne correspond plus aux
dépenses engagées par la Ville pour assurer ce service.
On peut estimer, en effet, de la façon suivante, le prix de revient
de chacune de ces opérations:
salaire du chauffeur du fourgon automobile |
1.184 F |
salaire du capteur |
1.796 F |
frais d'exploitation du véhicule
(essence, huile, amortissement et entretien du matériel et
des pneus |
650 F |
amortissement et entretien des cages
|
300 |
Total |
3 930 F |
Nous vous proposons, en conséquence,
de décider le relèvement de cette vacation, d'en porter
le montant à 4.000 francs et d'autoriser le Député-Maire
à prendre l'arrêté à intervenir.
Avis favorable des Commissions réunies des Travaux et des Finances.
Adopté.
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