Alger : les petits métiers ...font les grands souvenirs !
sur site le 28/8/2002

13 Ko / 10 s
retour
 

Dans la série "Les métiers pittoresques de notre enfance" vous souvenez - vous:
-le marchand d'éventails sahariens brodés, avec ses petits pompons de couleur.
-le marchand de calentita frappant avec son couteau à peindre sur son plateau en fer blanc
-le marchand "d'ambor" cette pâte verte et blanche (sic) enroulée autour d'un roseau
-le marchand "d'oublies" le marchand de zabis"le marchand de "sfendjs"
et le petit cireur "yaouled"
------A Alger, avec son fouet et sa perche munie d'un collet, il y avait " Galoufa" le ramasseur de chiens errants. Pourquoi GALOUFA ? Et le préposé à la fourrière avait-il le même nom dans toute l' Algérie ????.
En espérant que ces quelques lignes pas très généalogiques, rappellent à certains notre jeunesse et aux plus jeunes notre nostalgie.
Cordialement.
Édouard Pons
edouard.pons@wanadoo.fr
http://www.bouzarea.org

GALOUFA
-------D'après mes souvenirs littéraires (article paru dans l'Algérianiste), "Galoufa" est une expression passée dans le langage public (pataouète), pour désigner la fourrière d'aninaux, et principalement les chiens errant, à Alger.
-------A l'origine, ce serait le nom du premier concessionnaire, auquel aurait fait appel la ville d'Alger pour capturer ces chiens errants, un dénommé "GALUFA", qui utilisait un genre de lasso, avant de les placer dans sa carriole à cheval.
-------Je me souviens d'avoir vu la fourrière municipale d'Alger en actions dans les tournants Rovigo. Dès l'arrivée du véhicule, les gens criaient "mata Galoufa !", et les propriétaires de chiens ramenaient bien vite Médor à la maison, la queue entre les pattes.
-------Il ne faut pas oublier à l'époque que la rage sévissait de manière endémique en Algérie, et que les "indigènes" laissaient volontiers divaguer leurs chiens "kabyles", d'autant plus que lorsqu'ils étaient manifestement atteints de la rage, ils les lâchaient, au lieu de les abattre, car à ce moment-là, d'après eux, ils étaient "possédés par des esprits malfaisants" qu'il ne fallait pas contrarier.
-------Mon père racontait que, dans la plaine du Chélif, une de ses jeunes cousines atteinte de la rage, (mordue et contaminée par son chat), avait dû "euthanasiée" par son entourage, en l'étouffant entre deux matelas, car on disposait pas de traitement curatif à l'époque.
Cordialement.
Jacques CHEVIET

Bonjour à tous,
Un co-listier a évoqué récemment le "Mozabite"
-------Cela me rappelle, toutes ces épiceries (c'était plutôt des capharnaüm) mozabites ou le "Moutchou" vêtu de son "Sarouel" de son gilet noir, et coiffé de sa chéchia verte ou rouge ou même noire (me semble-t-il) vendait de tout dans un désordreapparent mais sûrement bien organisé.
-------On pouvait y acheter 1/4 de litre d'huile (TAMZALI bien sûr) 1 Kg de couscous en vrac (de préférence du FERRERO) 150 g de sucre en morceaux, et 125 g de beurre "rance" de préférence (appelé aussi beurre arabe)C'est meilleur pour le couscous.
-------En fonction de l'addition on avait droit à une poignée de bliblis, 2 ou 3 berlingots et les jours de fête à une boite de "Coco" ou une racine à mâcher !!!!!
-------(Et dire que certains "intellectuels" écrivent encore aujourd'hui, qu'il y avait un million de colons fortunés, qui faisaient suer le burnous en Algérie).
-------Pour en revenir à l'Histoire, les Mozabites sont une secte dissidente de l'Islam sunnite, secte de commerçants, vivant dans le région du M' Zab situé dans le sud Algérien et dont la capitale et ville sainte est Gardhaia.
-------Cette région fut protectorat français dés 1853, et fut annexée en 1882.
-------En 1870, les Mozabites donnèrent à la France, une grosse somme d'argent pour payer les dommages de guerre à l' Allemagne, suite à notre défaite.
-------En compensation les jeunes Mozabites étaient dispensés de service militaire.
-------Aprés l'indépendance, l'armée algérienne incorpora les Mozabites dans ses rangs.
-------En 1970, les Mozabites portèrent plainte contre la France et l'Algérie pour "Non respect de la parole donnée !" Tiens...Cela me rappelle quelque chose !!!!!
Cordialement.

Édouard Pons
edouard.pons@wanadoo.fr
http://www.bouzarea.org

Galoufa est même cité dans une prière

La prière (Anonyme), spéciale Pieds-Noirs

Oh ! Mon Dieu ! Ils m'ont tout pris: mon pays, ma maison, mon ciel bleu, mes djebels et ma petite église.
De mon pays perdu il ne reste plus que l'accent. Seigneur ! Faites que le temps qui passe ne me prenne pas mon accent.

C'est pas que l'accent de Provence ne sent pas bon le thym et la lavande !
Ce n'est pas que l'accents du Nord n'est pas noble et généreux !
Ce n'est pas que l'accent de Paris n'est pas beau !
Mais le mien, Seigneur, c'est tout ce qui me reste de là-bas.

Parfois il y en a qui disent que mon accent il sent la merguez.
Ils savent pas ces ignares, qu'au lieu de me vexer, ils remplissent mon coeur de joie.
Oh Seigneur, faites que le temps qui passe ne m'efface pas mon accent.

Parce que, vous savez Seigneur, cet accent là, c'est l'accent de mon père, qui à Monte Cassino a crié à ses tirailleurs
"Allez Larbi, allez Mohamed, en avant nous zôtres, pour la France".

Cet accent-là Seigneur ! c'est l'accent de mon grand-père qui a crié à Verdun à ses zouaves
"Allez Pepico, allez Renato, baïonnette au canon et vive la France".

Si le temps me prend mon accent, comment je vais faire mon Dieu, pour raconter à mes petits-enfants, avec l'accent de Paris, comment c'était chez nous zôtres ?
Vous m'entendez mon Dieu, moi, avec l'accent d'ici, leur dire comment criait le marchand de légumes dans les ruelles de chez nous ?

C'est pas que l'accent d'ici n'est pas joli, mais mon Dieu, vous m'entendez leur dire les gros mots que l'on disait à Galoufa,
l'attrapeur de chiens, avec l'accent de Paris, de Marseille ou de Lyon.

Alors Seigneur, je vous en supplie, laissez-le moi encore un peu l'accent de là-bas, l'accent de mon pays perdu.

Transmis par Bertrand
sur http://bonnet.m.free.fr/cons/txt-fr.php3