Attribution de subventions à la Croix-Rouge Française au profit des combattants d'Indochine et à l'Association des Veuves de Guerre au profit des veuves de guerre et orphelins d'Indochine.

textes : Bulletin municipal, novembre 1953
mise sur site le 16-8-2008

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SUBVENTIONS. - Attribution de subventions à la Croix-Rouge Française au profit des combattants d'Indochine et à l'Association des Veuves de Guerre au profit des veuves de guerre et orphelins d'Indochine.

Mme GÉROLAMI, Adjoint

Mes chers Collègues,

La Croix-Rouge Française adresse régulièrement, depuis l'ouverture des hostilités, des colis aux combattants d'Indochine.

A l'occasion des fêtes de Noël, elle se propose d'intensifier ses envois, mais, en raison de ses lourdes charges, elle sollicite l'aide de tous pour mener sa tâche à bien.

La Ville d'Alger ne saurait donc rester sourde à cet appel. car elle compte nombre de ses enfants dans les rangs de ceux qui combattent.

Nous vous demandons, en conséquence, de voter une subvention de 100.000 francs qui serait ordonnancée au nom de la Délégation générale de la Croix-Rouge Française et virée à son compte courant postal n° 415-62 Alger.

Par ailleurs, nous vous proposons d'attribuer également une somme de 100.000 francs aux veuves de guerre et orphelins de militaires tués en Indochine.

Cette somme pourrait être répartie comme suit :
- 50.000 francs aux Anciens du Corps expéditionnaire d'Indochine (C.E.F.E.D.), 2, rampe Tafourah, C.C.P. 850-20 Alger, Président M. Matheron Claude ;
- 25.000 francs à la Section des Ascendants, Veuves et Orphelins de l'Association départe?
mentale des Anciens Combattants. 1, place d'Isly, C.C.P. 88-53 Alger, Président M. Saidman Jacques ;
- 25.000 francs à l'Association départementale des Veuves de Guerre, 10, rue Bruce, C.C.P. 36-23, Alger, Présidente Mme Rouquet.

Ces subventions seraient inscrites au compte administratif du Maire de l'exercice courant. Le crédit serait ouvert au titre des autorisations spéciales.

Cette opération serait rendue possible par le dégagement d'une somme d'égale importance sur le crédit de 3.000.000 de francs inscrit à l'article 5 du chapitre XXX du B.P. de 1953 sous la rubrique: " Cotisation à la Caisse générale de Solidarité " (cf lettre n° 1331 IBA/1 du 21 juillet 1953).

Avis favorable des Commissions réunies des Travaux et des Finances.

M' Kiouane, Adjoint. -
Je voudrais faire quelques observations au sujet du vote des élus du 2ème Collège.

Nous estimons que la demande n'est pas fondée et qu'en conséquence, à notre point de vue, elle doit être rejetée.

On nous propose d'envoyer une subvention pour des soldats qui combattent en Indochine. Or, nous estimons que la guerre menée par le Gouvernement Français est injuste et que le meilleur cadeau à faire aux soldats d'Indochine serait de les renvoyer dans leurs foyers.
C'est la raison pour laquelle nous votons contre cette subvention.

M. Jacques Chevallier, Député- Maire. -
Tout à fait d'accord. Chacun a le droit d'avoir une opinion.

Toutefois, il s'agit d'un don à la Croix-Rouge Française qui répartit ses secours dans tous les pays, dans un camp comme dans l'autre, Viet-Minh comme Viet-Nam. Enfin, les soldats auxquels s'adresse cette subvention se battent pour l'indépendance d'un pays qui est associé à l'Union Française tout en jouissant d'un Gouvernement indépendant.

Kiouane, Adjoint. - Pardon ! Il s'agit de la Croix-Rouge Française et je serais profondément étonné qu'elle remette des dons à ceux qui combattent contre la France.

M. Jacques Chevallier, Député-Maire. -
La Croix-Rouge est internationale.

M. Legendre, Adjoint. -
Je demande à notre collègue de bien vouloir voter tout au moins la subvention qui concerne l'envoi à l'Association des Veuves de Guerre au profit des veuves et orphelins d'Indochine qui ne sont pour rien dans cette guerre.

Kiouane, Adjoint. -
Si vous le permettez, j'ajouterai quelques mots. Il est regrettable qu'il y ait des veuves et des orphelins, mais l'origine de cette situation ne peut être négligée et je ne vois pas pourquoi la Municipalité voterait une telle subvention.

M. Jacques Chevallier, Député- Maire. -
La Municipalité a le devoir d'aider tous ceux qui sont malheureux.

Kiouane, Adjoint. -
Mais non pas ceux qui sont volontairement malheureux.

M. Jacques Chevallier, Député- Maire. -
Croyez-vous que les veuves et les orphelins soient volontairement malheureux ?

Me Kiouane. - Nous votons contre l'attribution de cette subvention.

M. Jacques Chevallier, Député- Maire. - Le rapport est adopté.