LA PLAINE DE LA MITIDJA AVANT 1962
RAPIDE SURVOL DES COMMUNES DE LA MITIDJA

SIDI-MOUSSA

Georges Bouchet

mise sur site le 1-6-2011

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SIDI-MOUSSA

Origine du nom : arabe. Moussa est le nom de la tribu locale. Sidi est un signe de notabilité qui pourrait faire allusion à un chef ou à marabout dont j'ignore tout.

Origine du centre : française. Mais sa création fut difficile. En 1846 un premier projet, de vrai village pour 50 feux n'a pas eu de suite par manque de terrains aisément disponibles.

En 1848 et 1849, années où furent créées dans la Mitidja 5 "colonies agricoles " destinées à des ouvriers parisiens volontaires, Sidi-Moussa fut oublié.

Un nouveau projet, en version minimaliste - un hameau pour 14 familles + 4 fermes isolées - réapparaît à la fin de la seconde République en 1851, et est réalisé sous le second Empire. Le financement est assuré pour une part grâce à un détournement d'une partie des fonds prévus pour Aïn-Taya. Les premiers colons n'arrivent qu'en avril 1853 après que le site du futur hameau a été assaini. Le Gouverneur Général était le Maréchal Randon.

Le territoire communal est entièrement dans la plaine. Il ne touche ni au Sahel, ni à l'Atlas. Il est situé dans cette bande centrale très marécageuse où nous avons déjà rencontré Oued-el-Alleug et Boufarik. Les altitudes sont partout inférieures à 50m et descendent le long de l'Harrach qui limite la commune à l'ouest, à moins de 30m. Les marais du sud de la commune ont été les premiers drainés autour du village et de l'oued Djemaa ; mais en 1935 il en restait encore beaucoup au nord ; notamment le marais Lamirette. Néanmoins hors des rares zones restées marécageuses, les terrains étaient fertiles et aisément cultivables.

Il est traversé par des routes en lignes droites qui se croisent au centre du hameau : elles mènent à la gare du Gué de Constantine, à Maison-Blanche et à l'Arba.

Il n'y a jamais eu de train à Sidi-Moussa, mais les cars de 4 sociétés d'autobus y avaient un arrêt : les cars blidéens, et ceux des Messageries africaines qui passaient par Baraki ; ceux de l'ATAN et ceux des Héritiers Mouloud Lounès qui passaient par les Eucalyptus.

Les activités sont uniquement agricoles jusqu'en 1914.
Après 1900 c'est la vigne pour des vins de qualité ordinaire, qui a dominé, comme partout dans la Mitidja ; mais sans faire disparaître les cultures précédentes : céréales, tabac, fourrages pour du bétail. Il s'agissait de vins de coupage par destination.

Des activités militaires
furent ajoutées après 1914 , tout au nord de la commune, près de la ferme de Baraki. On y établit un " centre d'aérostation de la marine " c'est-à-dire une base de dirigeables. L'histoire a retenu le premier vol France-Algérie du 17 novembre 1917, d'Aubagne à Baraki. En 1925 l'aéroport d'Alger fut ouvert un peu plus à l'est, mais en 1937 Baraki fut choisi pour héberger des troupes aéroportées.

Un seul centre jusqu'en 1945 : le hameau de Sidi-Moussa : quelques maisons autour d'un carrefour, sans place, sans rues ; mais avec une grande église et un café. Paradoxalement ce hameau manquait d'eau. Une éolienne devait pomper l'eau potable d'un puits de 12m de profondeur ! On l'appelait le moulin à eau : autre paradoxe !

Deux centres après 1945. Après la guerre Baraki est devenu une agglomération qui a grandi vite grâce à la proximité de Maison-Carrée, alors que Sidi-Moussa stagnait. Des HLM sont bâties en 1947 pour des européens surtout : c'est la cité Recazin. En 1959, dans le cadre du plan de Constantine, est financée la vaste cité de " Diar el Baraki ". La langue choisie pour désigner la cité a changé (diar = les maisons), le style (mauresque) et les habitants aussi.

Particularité : Baraki a été enlevé à la commune de Sidi-Moussa en 1959 pour devenir CPE et être aussitôt intégré , avec Maison-Carrée et Oued Smar, au Xè arrondissement du Grand-Alger. Modeste ferme en 1900, Baraki était devenu en 1962 une banlieue d'Alger. Cependant les transports urbains n'y venaient pas : seulement les cars blidéens et les cars des Messageries Africaines.

Population en 1954 : 11 899 dont 1 562 non musulmans (soit 13,13%).
Population agglomérée en 1948 : 510 à peine !