SIDI-FERRUCH - STATION BALNEAIRE
Station balnéaire d'Algérie à l'Ouest
d'Alger. Le corps expéditionnaire français débarqua
sur ses plages le 14 Juin 1830, ce qui en a fait le premier des hauts-lieux
de l'Algérie Française .
Sidi-Ferruch est une petite presqu'île située à 30
km à l'ouest d'Alger. Très schématiquement orientée
Nord-Sud, elle offre aux marins deux grandes plages, alternativement abritées
du vent d'Est et du vent d'Ouest, sur une côte inhospitalière
réputée pour la violence des coups de vent qui la balaient.
Cependant, le haut intérêt de Sidi-Ferruch semble avoir échappé
à tous les marins d'Europe.
Napoléon, méditant de débarquer en Afrique, mais
instruit par les désastres essuyés devant Alger par les
flottes européennes, et en particulier par l'effroyable naufrage
de la flotte de Charles-Quint cependant commandée par le plus célèbre
amiral de l'époque, Doria, avait envoyé un commandant du
génie chargé d'une mission secrète. Ce commandant
s'appelait Boutin. Il avait pour mission d'étudier les fortifications
et les défenses d'Alger, d'établir une carte des environs,
de relever les fonds marins, et de prospecter un lieu éventuel
de débarquement.
Venu à Alger "déguisé en Mahométan"
Boutin dessina clandestinement une carte approximative de la région
d'Alger dont la précision étonne encore aujourd'hui. Dans
le rapport qu'il rédigea pour l'accompagner, il nota l'intérêt
que présentait la presqu'île de Sidi-Ferruch pour des opérations
de débarquement. Rentré en France après de multiples
aventures en Méditerranée, Boutin mourut assassiné
au Liban après avoir noué une intrigue amoureuse mal connue
avec Lady Stanhope.
Charles X profita de l'étude commandée par
Napoléon et eut la sagesse de suivre les conseils de Boutin. L'Amiral
Duperré, débarqua à Sidi-Ferruch en juin 1830, et
la courte campagne qui aboutit à la chute d'Alger fut facilitée
par la carte établie trente ans plus tôt par " l'agent
secret " de l'Empereur. Il existe près d'Alger, sur un sommet
voisin du petit village de Dély-Ibrahim un monument qui perpétue
le souvenir du commandant Boutin.
En revenant à Sidi-Ferruch, sur la porte du fort, monument commémoratif
du sculptteur Latour, avec cette inscription : " Ici, le 14 Juin
1830, par ordre du roi Charles X , sous le commandement du général
de Bourmont, l'armée française vint arborer ses drapeaux,
rendre la liberté aux mers, donner l'Algérie à la
France ".
Cette dernière inscription, rapportée dans un nouveau monument
érigé à l'occasion du Centenaire, avec un bas-relief
symbolisant l'union de l'Algérie à la France (sculpteur
Gaudissart), a été complétée par le texte
suivant : " Cent ans après, la République Française
ayant donné à ce pays la prospérité, l'Algérie
reconnaissante adresse à la mère -patrie l'hommage de son
impérissable attachement ". Cent douze ans plus plus tard,
dans la nuit du 8 Novembre 1942, les premiers commandos américains
débarquaient à leur tour en ce même lieu, d'où
ils devaient partir pour libérer les nations de l'Ancien Continent
opprimées par les Allemands.
En 1936, une église-mémorial a été inaugurée
sur le plateau de Sidi-Ferruch (M. et Mme Labé-Gigon, bien faiteurs,Vasselon
en fut l'architecte).
On retrouve au N.O. du fort, les vestiges d'un baptistère antique.
En ce qui nous concerne actuellement on ne peut pas oublier cette route
traversant une forêt de pins maritimes, la plage était surtout
fréquentée le dimanche, mais qui ne
souvient de la plage Moretti et du Club des Pins,
l'hôtel restaurant de la plage et dans la forêt les restaurants
Normandie et Robinson, le vivier de Sidi-Ferruch, que de souvenirs nostalgiques
mes amis.
Pour terminer une aimable légende algérienne qui explique
l'origine du mot Sidi- Ferruch, raconte qu'un saint de l'Islam nommé
Kheroudj -qui est un nom turc- revenant du pélérinage à
la Mecque, fut fait prisonnier au large de la presqu'île par des
pirates. Le vent étant tombé, comme le saint se trouvait
à bord, et les pirates s'inquiétant de la persistance du
calme plat, Sidi Kherroudj leur dit que dieu avait ainsi voulu les punir
de retenir captif l'un de ses serviteurs. " Déposez-moi
dit-il, sur la presqu'île que vous apercevez et le vent se lèvera
avant trois jours !"
Les pirates tentèrent l'expérience, mais méfiants
comme des mécréants, prirent la précaution d'attacher
Sidi-Kherroudj à un arbre. Le vent ne s'étant pas levé
au bout de trois jours, ils revinrent chercher le saint pour lui reprocher
de les avoir trompés.
" J'ai oublié à bord, leur dit Sidi Kherroudj,
mon tapis de prière et mes babouches qui ont foulé le sol
de la Mecque. Rendez les moi et avant trois jours le vent se lévera
!"
Les pirates s'exécutèrent et près de six jours enfin
s'étant écoulés, le vent se leva enfin, rendant les
marins aux aventures de la mer. La presqu'île porte depuis ce temps
mal défini le nom de l'astucieux pélerin.
Jean-Marc LABOULBENE
Bibliographie : Guide Bleu Algérie (Hachette)
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