Sidi-Ferruch station balnéaire
Extrait de AFN-collections, n°64, juillet 2010
sur site le 10-8-2010

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SIDI-FERRUCH - STATION BALNEAIRE

Station balnéaire d'Algérie à l'Ouest d'Alger. Le corps expéditionnaire français débarqua sur ses plages le 14 Juin 1830, ce qui en a fait le premier des hauts-lieux de l'Algérie Française .

Sidi-Ferruch est une petite presqu'île située à 30 km à l'ouest d'Alger. Très schématiquement orientée Nord-Sud, elle offre aux marins deux grandes plages, alternativement abritées du vent d'Est et du vent d'Ouest, sur une côte inhospitalière réputée pour la violence des coups de vent qui la balaient.
Cependant, le haut intérêt de Sidi-Ferruch semble avoir échappé à tous les marins d'Europe.

Napoléon, méditant de débarquer en Afrique, mais instruit par les désastres essuyés devant Alger par les flottes européennes, et en particulier par l'effroyable naufrage de la flotte de Charles-Quint cependant commandée par le plus célèbre amiral de l'époque, Doria, avait envoyé un commandant du génie chargé d'une mission secrète. Ce commandant s'appelait Boutin. Il avait pour mission d'étudier les fortifications et les défenses d'Alger, d'établir une carte des environs, de relever les fonds marins, et de prospecter un lieu éventuel de débarquement.

Venu à Alger "déguisé en Mahométan" Boutin dessina clandestinement une carte approximative de la région d'Alger dont la précision étonne encore aujourd'hui. Dans le rapport qu'il rédigea pour l'accompagner, il nota l'intérêt que présentait la presqu'île de Sidi-Ferruch pour des opérations de débarquement. Rentré en France après de multiples aventures en Méditerranée, Boutin mourut assassiné au Liban après avoir noué une intrigue amoureuse mal connue avec Lady Stanhope.

Charles X profita de l'étude commandée par Napoléon et eut la sagesse de suivre les conseils de Boutin. L'Amiral Duperré, débarqua à Sidi-Ferruch en juin 1830, et la courte campagne qui aboutit à la chute d'Alger fut facilitée par la carte établie trente ans plus tôt par " l'agent secret " de l'Empereur. Il existe près d'Alger, sur un sommet voisin du petit village de Dély-Ibrahim un monument qui perpétue le souvenir du commandant Boutin.
En revenant à Sidi-Ferruch, sur la porte du fort, monument commémoratif du sculptteur Latour, avec cette inscription : " Ici, le 14 Juin 1830, par ordre du roi Charles X , sous le commandement du général de Bourmont, l'armée française vint arborer ses drapeaux, rendre la liberté aux mers, donner l'Algérie à la France ".

Cette dernière inscription, rapportée dans un nouveau monument érigé à l'occasion du Centenaire, avec un bas-relief symbolisant l'union de l'Algérie à la France (sculpteur Gaudissart), a été complétée par le texte suivant : " Cent ans après, la République Française ayant donné à ce pays la prospérité, l'Algérie reconnaissante adresse à la mère -patrie l'hommage de son impérissable attachement ". Cent douze ans plus plus tard, dans la nuit du 8 Novembre 1942, les premiers commandos américains débarquaient à leur tour en ce même lieu, d'où ils devaient partir pour libérer les nations de l'Ancien Continent opprimées par les Allemands.

En 1936, une église-mémorial a été inaugurée sur le plateau de Sidi-Ferruch (M. et Mme Labé-Gigon, bien faiteurs,Vasselon en fut l'architecte).
On retrouve au N.O. du fort, les vestiges d'un baptistère antique.

En ce qui nous concerne actuellement on ne peut pas oublier cette route traversant une forêt de pins maritimes, la plage était surtout fréquentée le dimanche, mais qui ne
souvient de la plage Moretti et du Club des Pins, l'hôtel restaurant de la plage et dans la forêt les restaurants Normandie et Robinson, le vivier de Sidi-Ferruch, que de souvenirs nostalgiques mes amis.

Pour terminer une aimable légende algérienne qui explique l'origine du mot Sidi- Ferruch, raconte qu'un saint de l'Islam nommé Kheroudj -qui est un nom turc- revenant du pélérinage à la Mecque, fut fait prisonnier au large de la presqu'île par des pirates. Le vent étant tombé, comme le saint se trouvait à bord, et les pirates s'inquiétant de la persistance du calme plat, Sidi Kherroudj leur dit que dieu avait ainsi voulu les punir de retenir captif l'un de ses serviteurs. " Déposez-moi dit-il, sur la presqu'île que vous apercevez et le vent se lèvera avant trois jours !"

Les pirates tentèrent l'expérience, mais méfiants comme des mécréants, prirent la précaution d'attacher Sidi-Kherroudj à un arbre. Le vent ne s'étant pas levé au bout de trois jours, ils revinrent chercher le saint pour lui reprocher de les avoir trompés.

" J'ai oublié à bord, leur dit Sidi Kherroudj, mon tapis de prière et mes babouches qui ont foulé le sol de la Mecque. Rendez les moi et avant trois jours le vent se lévera !"

Les pirates s'exécutèrent et près de six jours enfin s'étant écoulés, le vent se leva enfin, rendant les marins aux aventures de la mer. La presqu'île porte depuis ce temps mal défini le nom de l'astucieux pélerin.

Jean-Marc LABOULBENE
Bibliographie : Guide Bleu Algérie (Hachette)