Sidi-Bel-Abbes,
maison mère de la Légion Étrangère
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Dépôt du 1er étranger,
"réserve intarissable où
puisent tous les corps", écrit Jean des VALLIERES,
Sidi - Bel - Abbès, au coeur de l'Oranie, est la mère nourricière
et la plaque tournante de la Légion. Fondée en 1843 par celle -ci, en un lieu marécageux où un marabout perpétuait le souvenir de Sidi-Bel-Abbés, pieux ermite, cette petite ville sans caractère est l'usine qui, depuis cent dix neuf ans, s'emploie à faire d'hommes venus de tous les pays et de toutes les couches sociales, des forçats de la gloire. C'est là et dans les centres qui y sont rattachés (Saïda, Bedeau, Mascara) que, durant les premiers mois, les aboiements des sous-officiers, chevilles ouvrières et mainteneurs de la Légion, les marches forcées, les durs exercices de combat, la pelle et la pioche, la "pelote" (course au pas gymnastique avec vingt à trente kilos de pierres sur le dos), la discipline implacable, refoulent au second plan les "problèmes" et la personnalité du nouveau légionnaire, mettent au gabarit ces hommes venus souvent sous le coup d'une crise, d'un échec ou d'une illusion. Là, ils apprennent à tout supporter, à tout surmonter, en premier lieu la déception des premiers jours et, parfois, la révolte qui gronde en eux. Là, le dur est brisé, le romantique touche terre, les légendes meurent. MAC ORLAN, "Le Grand Jeu, Il sentait bon le sable chaud" : du carton-pâte ! Mais l'instruction et le broyage n'ont qu'un temps. Le terrain est déblayé pour former l'esprit légionnaire. Le nouveau "képi blanc" est initié aux mystères. Il acquiert une nouvelle fierté - presque un snobisme - celle d'appartenir à une tribu, à une phalange, que tout rend différente et on ne cesse de l'en persuader - supérieure : le recrutement, les rites, les traditions, la tenue, le passé, le règlement,la sévérité de l'instruction. Fierté d'être une armée dans l'armée . Fierté, amère peut-être,d'être de ce corps qui si souvent depuis cent cinquante ans est le premier et le dernier recours des généraux : "Faites donner la Légion !". Tous les légionnaires, même les déserteurs, restent marqués. Ils gardent l'orgueil d'en avoir fait partie et, s'ils la quittent, ils savent que la solidarité demeure. Ils pourront toujours crier : "A moi la Légion !", il y aura quelqu'un de la "dispora" pour les entendre. Comme de coutume, les légionnaires transitaires
ou en cours d'incorporation séjournent au vénérable
quartier Viénot, grande caserne en rectangle ouvert tenant de l'hôpital
et du lycée, bâtiment banal où bat le coeur de la
légion, où sont entretenus le culte des morts et le respect
des traditions. François
DELATOUR |