
Les Trembles

Hier en présence
du général LESCHI
Le nouveau centre démission des Trembles été
inauguré
Un plan quinquennal prévoit la télévision à
Alger fin 1955
Oran Létat-major
de la Radiodiffusion Télévision française a reçu
les journalistes algériens. Le lieu de celte conférence
de presse ? Les Trembles, petit centre situé à quelques
kilomètres de Bel-Abbès.
LHydraulique y a pourtant un centre important et, depuis hier
11 h. 35, la Radiodiffusion française en Algérie une station
démissions, réalisation qui satisfait les auditeurs
oranais.
LES TREMBLES
Le centre des Trembles met un point final au programme de réalisations
démetteurs en Algérie. Le bâtiment, conçu
en fonction du matériel à y installer, a été
édifié en six mois, linstallation technique, uvre
de la compagnie française Thomson Houston, montée et mise
au point en trois mois.
Le général Leschi, directeur des services techniques de
la Radiodiffusion Télévision française, a précisé
quavec celui de Strasbourg il constituerait le deuxième
de ce type mis en exploitation dans le monde.
De conception et de fabrication françaises il marque daprès
les techniciens un important progrès. La probabilité dune
panne démission est en effet éliminée. Le
principe consiste à coupler deux cellules émettrices,
un seul quartz donnant même puissance, modulation, phase aux deux
émetteurs. SI lun vient à tomber en panne automatiquement
un robot le déclenche, lautre poursuivant seul son service.
Le centre des Trembles possède donc quatre émetteurs couplés
deux à deux, chacun de vingt kilowatts, et pouvant aller jusquà
25 kw.
Chaque jumelé étant réservé dune part
à la chaîne française et dautre part aux émissions
en langue arabe.
Les nouvelles longueurs dondes pour le département dOran
sont désormais 262 mètres pour la première et 230
mètres pour les secondes.
Ce centre qui fonctionne douze heures par jour et dont la portée
pratique de jour est de 150 kilomètres de nuit il peut
couvrir lAlgérie a bénéficié
de conditions dimplantations optima. Situé à proximité
du câble téléphonique souterrain nord-africain,
il en reçoit les modulations damplitude. Sa prise de terre
représente 24 kilomètres de fil de cuivre enterré
dont une partie baigne dans le barrage. Les deux pylônes sont
hauts de 90 et 130 mètres. E.G.A. lui fournit le courant de 30.000
volts que quatre transformateurs ramènent à quatre cents.
Cest en fait une véritable usine de transformation dénergie.
Une usine qui coûte
cher
M. Gayraud, directeur de la Radiodiffusion française en Algérie,
a déclaré que le centre des Trembles revenait à
350 millions. Il a aussi fait remarquer que les seules redevances radiophoniques
algériennes ne rapportaient que 331 millions.
Les quatre émetteurs de la station sont équipés
de seize lampes. Ce sontdes triodes dé puissance à refroidissement
par air et chauffées en alternatif brut. Chacune coûte
plus de 600.000 francs pour une garantie de quatre mille heures soit
à peu près une année dexploitation. En Algérie
la Radiodiffusion renouvelle ainsi pour son réseau annuellement
72 millions de lampes de différents types. La seule station inaugurée
hier coûte par an soixante millions de dépenses de fonctionnement.
Télévision en service à Alger fin 1955
Aux techniciens de la Radiodiffusion-télévision Sétait
joint M. Cabanes, directeur adjoint du cabinet de M. Emile Hugues, secrétaire
dÉtat à la présidence du Conseil, chargé
de
linformation. Cétait une aubaine.Aussi a-t-il été
questionné sur le lancement de la télévision en
Algérie.
On sait que 1954 voit le grand démarrage de la Télévision
française.
Cêst luvre dun homme politique qui a réussi
à faire admettre au Parlement un budget en expansion.
Cest M. Hugues « Papa Télé », comme
on lappelle depuis à la Chambre et dans les services techniques.
Un plan de cinq ans a été dressé et appliqué
dès cette année. Huit grands émetteurs «télé»
sont ou vont être lancés, qui compléteront ceux
de Paris, Lille « plaque tournante de la T.V. européenne
», et Strasbourg. Le financement de ce plan quinquennal se montera
à 18 milliards 500 millions, dont 4 milliards pour lAlgérie
et la Tunisie. Parmi les huit émetteurs mis en chantier figure
celui dAlger, dont les travaux débuteront avant la fin
de lété. Les studios seront, on le sait, à
la Maison
de la radio, qui va être construite boulevard Bru et
lémetteur vraisemblablement au
fort lEmpereur.
Il sera en principe mis en service fin 1955, en même temps que
ceux de Nice, de Haute-Alsace de Lorraine, de Normandie. La puissance
sera de 100 kws et il émettra sur Alger, le Sahel et la Mitidja.
Une première tranche dun milliard est disponible.
Dans le plan sont prévus cinq émetteurs algériens
1 Alger,
Constantine, Bône,
Oran et Tlemcen.
Ils seront reliés entre eux par un faisceau hertzien, dont une
étude de linfrastructure est commencée en collaboration
avec les services de M. Gastebois, directeur central des P.T.T. Un problème
d'interconnexion
M. Cabannes a particulièrement insisté sur le fait quil
ne fallait pas retenir dans cette affaire de T.V. en Algérie
la notion de densité démographique et de rentabilité
commerciale. Sinon, a-t-il déclaré, lAlgérie
ne serait pas prête davoir la télévision.
Cest donc éventuellement une raison de prestige qui pousse
à son installation. Techniquement, léquipement est
conditionné par un problème dinterconnexion.
Une émission T.V. revient à un million et demi lheure.
Il nest donc pas possible de songer à monter des programmes
locaux pour chaque émetteur. Pour linstant, la technique
ne permet pas de recevoir en Algérie des programmes en direct
métropolitains. Alger sera donc appelé à bénéficier
dune certaine autonomie de production qui sera complétée
par des films de Paris. Doù la nécessité
détablir linterconnexion algérienne appelée
à être étendue sur Tunis et le Maroc, ce qui va
nécessiter dimportants crédits étant donné
les distances. Et lorsque l'on saura quun kilomètre hertzien
coûte un million, on imagine lampleur de leffort à
consentir.
C'est pourquoi il convient de considérer la télévision
avant tout comme un service public, quelle que soit sa rentabilité.
La télévision française en Algérie est en
bonne voie. La présence de M. Cabanes et celle par ailleurs de
M. Figières, directeur des Services de lInformation au
Gouvernement général, montre tout lintérêt
quapportent à ce lancement le pouvoir central et la haute
administration algérienne.