SIDI-BEL-ABBÉS

A LA GLOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGERE
LE 1er RÉGIMENT ÉTRANGER DE SIDI-BEL-ABBÈS

A LA GLOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGERE
LE 1er RÉGIMENT ÉTRANGER DE SIDI-BEL-ABBÈS

Hommage à M. le colonel Boulet-Desbareau, commandant le 1er régiment Étranger à Sidi-bel-Abbès, d'un humble président de société sportive et de préparation militaire.

Dans l'armée d'Afrique et dans l'armée coloniale, il n'est pas de type plus curieux ni plus entouré de légendes que celui du légionnaire. Il parait au premier plan dès qu'il y a quelque part un danger à affronter, de la gloire à recueillir.

Vieux soldat rompu à la vie en campagne, s'acclimatant plus facilement dans les pays neufs, débrouillard, le légionnaire possède un esprit de corps qui lui donne une force incomparable. Servant cinq ans au minimum, plus souvent quinze, les légionnaires forment une troupe instruite, expérimentée, apte à accomplir tous les travaux, à vaincre toutes les difficultés. Enfin, par dessus tout et avant tout, le légionnaire est soldat, passionné d'aventures, de nouveautés, de gloire. En Algérie, au Mexique, au Tonkin, au Dahomey, à Madagascar, au Maroc, le légionnaire a toujours ouvert la route et prodigué son sang. Digne de son nom, il a repris, après deux mille ans, la tradition du légionnaire de l'ancienne Rome, soldat intrépide et grand bâtisseur.

L'histoire des régiments étrangers, c'est toute notre histoire militaire; depuis quatre-vingts ans, la Légion a ajouté au prestige des anciens corps étrangers la gloire incomparable qu'elle s'est acquise dans toutes nos grandes guerres et dans toutes nos expéditions lointaines.

Par des preuves innombrables de dévouement, par son constant esprit de sacrifices, la Légion a tenu magnifiquement le serment que prête chaque légionnaire et qui est la devise inscrite à son drapeau : Honneur et Fidélité.

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Afrique illustrée du 15-7-1922 - Transmis par Francis Rambert
déc.2021

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A LA GLOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGERE
A LA GLOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGERE
A LA GLOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGERE
A LA GLOIRE DE LA LÉGION ÉTRANGERE
LE 1er RÉGIMENT ÉTRANGER DE SIDI-BEL-ABBÈS

Hommage à M. le colonel Boulet-Desbareau, commandant le 1er régiment Étranger à Sidi-bel-Abbès, d'un humble président de société sportive et de préparation militaire.
Dans l'armée d'Afrique et dans l'armée coloniale, il n'est pas de type plus curieux ni plus entouré de légendes que celui du légionnaire. Il parait au premier plan dès qu'il y a quelque part un danger à affronter, de la gloire à recueillir.

Vieux soldai rompu à la vie en campagne, s'acclimatant plus facilement dans les pays neufs, débrouillard, le légionnaire possède un esprit de corps qui lui donne une force incomparable. Servant cinq ans au minimum, plus souvent quinze, les légionnaires forment une troupe instruite, expérimentée, apte à accomplir tous les travaux, à vaincre toutes les difficultés. Enfin, par dessus tout et avant tout, le légionnaire est soldat, passionné d'aventures, de nouveautés, de gloire. En Algérie, au Mexique, au Tonkin, au Dahomey, à Madagascar, au Maroc, le légionnaire a toujours ouvert la route et prodigué son sang. Digne de son nom, il a repris, après deux mille ans, la tradition du légionnaire de l'ancienne Rome, soldat intrépide et grand bâtisseur.

L'histoire des régiments étrangers, c'est toute notre histoire militaire; depuis quatre-vingts ans, la Légion a ajouté au prestige des anciens corps étrangers la gloire incomparable qu'elle s'est acquise dans toutes nos grandes guerres et dans toutes nos expéditions lointaines.

Par des preuves innombrables de dévouement, par son constant esprit de sacrifices, la Légion a tenu magnifiquement le serment que prête chaque légionnaire et qui est la devise inscrite à son drapeau : Honneur et Fidélité.

La vieille Légion.

La France a toujours groupé sous son drapeau des soldats étrangers. Depuis Charles VII, des étrangers ont combattu dans toutes nos guerres et pris leur part de toutes nos gloires.

Tous les exilés, tous les opprimés trouvaient en France une nouvelle patrie à laquelle ils donnaient leur amour et leur sang.

Sans parler des Suisses et des Allemands qui, sous l'ancien régime, ont toujours fourni les plus gros effectifs et dont l'histoire est trop connue, comment oublier ces troupes dont la fidélité leur valut d'être la garde personnelle du roi : les Gardes Écossaises, le Royal Irlandais.

Fidèle à ses principes, l'Assemblée Nationale supprima les régiments étrangers en les naturalisant purement et simplement français. Plus tard, les corps étrangers se mirent au service du génie de Napoléon. Il suffit de se souvenir du courage des lanciers polonais à Somo-Sierra. et de connaître le culte qui, chez les vétérans des pays rhénans, entourait la mémoire de l'empereur, pour être certain de leur attachement à la France.

Formée en 1831, la Légion étrangère compte à son début beaucoup de vieux soldats étrangers de l'Empire. Ce sont eux qui lui apportent les traditions de l'armée napoléonienne, première base de celles de l'armée d'Afrique. Elle se recrute ensuite dans tous les pays d'Europe comprenant surtout des Polonais sans patrie et des Italiens fuyant le joug autrichien ; plus tard, des Alsaciens-Lorrains. Transportés d'abord à Alger, la Légion a bientôt des bataillons à Oran et à Bougie.

Elle prend une part glorieuse à toutes les colonnes et tous les combats de cette guerre d'Algérie où les qualités propres du troupier jouent un rôle primordial. Bravoure et sang-froid, entrain, résistance à la fatigue et aux maladies, vigilance continuelle, esprit de ressource.

Les chefs deviennent les généraux et maréchaux de tous les régimes, les Bedeau, les Mangin, les Saint-Arnault, les Mac-Mahon, les Canrobert, les Saussier, les de Négrier, les Grisot, etc....

Les faits d'armes sont innombrables. En 1857. à Constantine. elle prend un drapeau, repousse deux attaques, forme la deuxième colonne d'assaut qui s'empare de la ville et perd le colonel Combes, atteint de deux balles. En 1840, ce sont la colonne de Bougie et l'héroïque défense de Milianah où elle perd 450 hommes, tués, sur 750. En 1844, elle prend Biskra. En 1845, elle fait partie des colonnes contre Bou Maza. En 1849, elle prend Ziiatcha. Entre temps, elle l'ait de multiples colonnes, bâtit des villes, construit des routes, des postes, dessèche des marais. En 1854, elle est en Crimée. A l'Alma, le général Canrobert est enthousiasmé par la fière allure des légionnaires. " A la bonne heure, leur crie-t-il, servez d'exemple aux autres, braves légionnaires ! "

Elle se distingue à Sébastopol, où son chef, le colonel Vienot,. est tué. En 1857, elle prend part aux colonnes de Kabylie et décide de la prise d'Icheriden.

En 1859, elle inscrit Magenta à son drapeau. En 1862. elle est au Mexique où une compagnie livre l'immortel combat de Cameronc. Pendant neuf heures, 62 légionnaires soutiennent, contre 1,200 fantassins et 850 cavaliers, une lutte acharnée, repoussant toutes les propositions de l'ennemi. Barricadés dans une ferme, torturés par la soif, enfumés par l'ennemi qui accumule des broussailles qu'il enflamme, fusillés par les brèches, les légionnaires luttent jusqu'à la dernière cartouche, puis, mettant- baïonnette au canon, ils foncent sur l'ennemi qui s'empare des dix-neuf survivants. Les Mexicains avaient perdu 300 hommes dont 200 tués.

En 1870 un bataillon de Légion défend héroïquement le faubourg Bannier, à Orléans.

De 1871 à 1885, ce sont les colonnes du général de Négrier, pendant les insurrections de Kabylie et du Sud-Oranais.

En 1884, Bac-Minh ; en 1885, deux compagnies de Légion sont bloquées dans Thuyen-Quan par plusieurs milliers de Chinois. Elles soutiennent un siège héroïque de trente-six jours. Victorieuses, malgré les mines, sept assauts, le bombardement continuel, elles ont perdu, lorsque la brigade Giovanninelli vient les dégager, le tiers de leur effectif. Un officier est tué, tous les autres sont blessés.

Le 4 février, les légionnaires prennent Lang-Son. Puis, ce sont des colonnes continuelles en pays difficile, à la poursuite des bandes de pirates et d'irréguliers chinois.
Et partout, c'est la bravoure du légionnaire qui fait merveille. Une escouade, une demi-section rencontrent l'ennemi par hasard. Par réflexe, follement, elles attaquent toujours, sans égard à la force de l'adversaire et leur élan est tel que cette tactique audacieuse obtient souvent des résultats extraordinaires.

Au Dahomey, c'est encore la Légion qui entre avec le colonel Dodds à Kano et à Abomey. A Madagascar, tout en payant un lourd tribut au climat, elle lutte de façon stoïque. " Lorsqu'un soldat de France entre à l'hôpital, dit-on couramment, c'est pour être rapatrié ; un tirailleur, c'est pour guérir ; un légionnaire, c'est pour mourir. "

Il est inutile de rappeler le rôle de la Légion pendant la grande guerre. Dès 1914, son effectif fut triplé par le nombre de volontaires. Tous les étrangers qui connaissaient la France, et par conséquent l'aimaient, s'engagèrent en masse.

La Légion fournit les cadres et un nombre suffisant de vieux légionnaires pour donner la solidité et l'esprit de corps.

Les résultats furent ceux que la presse a popularisés, que neuf citations à l'armée ont consacrés.

Cette Légion fut aussi le premier noyau de deux armées : polonaise et tchécoslovaque.

Aux Dardanelles, la Légion écrivit les plus belles pages de son Histoire : à Sebdul-Babr, où le bataillon, ayant perdu tous ses officiers, réduit, d'une centaine d'hommes commandés par un adjudant-chef, attaque encore et prend deux tranchées turques - à Kérêvés-Déré - pendant la retraite de Serbie, où lé bataillon de Légion est sans cesse à l'arrière-garde.

Dès le début de la conquête, la Légion fut envoyée au Maroc. Elle y refit cette guerre d'Afrique où elle s'était autrefois illustrée. Elle sut y accroître sa gloire. Le combat d'Alouana montra combien étaient vivaces chez elle l'esprit de devoir et de sacrifice. La Légion n'avait pas dégénéré.

Pendant la guerre, sa tâche y fut particulièrement lourde. Les troupes d'opération au Maroc avaient été fortement réduites. La Légion elle-même avait vu partir pour le front français une grande partie des volontaires n'appartenant pas aux nations en guerre contre nous.

Les autres furent organisés en bataillon formant corps. Leur tâche fut énorme. Devant suppléer à l'insuffisance numérique par leur activité et la rapidité de leurs mouvements, ces unités ne connurent pas le repos. Les colonnes succédèrent aux colonnes, les combats, les reconnaissances, les créations de postes se multiplièrent. II fallait sans répit soutenir nos partisans, intimider les hésitants que sollicitait la propagande ennemie, agir vigoureusement et immédiatement contre les dissidents qui menaçaient l'œuvre entreprise.
La Légion peut être fière de son œuvre dans ce Maroc qu'elle a contribué à conquérir et qu'elle nous a gardé.

La Légion d'aujourd'hui.

Depuis plus de trois ans, la guerre est terminée. Au prix de 1,500,000 morts et de 800,000 mutilés, la France a conservé son indépendance et acquis une gloire immortelle.
Les nations opprimées attendaient sa victoire pour revivre, comptant sur elle pour les protéger. Dans l'Orient a retenti le vieux cri de guerre, jamais oublié : Gesta Dei per Francos. Les nations vaincues ne peuvent plus dire : " Dieu est trop haut, la France est trop loin. "

La France a assumé la protection de la Syrie. La Victoire 1918 a fait affluer à la Légion de nombreux volontaires de toutes nationalités.

Tous arrivent au 1er Étranger, à Bel-Abbès. L'instruction y est poussée activement et le nouvel engagé comprend bientôt ce qu'est un légionnaire. Quelle que soit son origine, il est vite amalgamé dans ce creuset qu'est la Légion.

Il voit toutes les différences s'effacer dans une même discipline, il voit des gradés de sa nationalité qui lui commandent en français, il entend parler journellement de la Légion, de son passé, du Maroc, de la Syrie et aussi du Tonkin. ce paradis du légionnaire. Ses souvenirs antérieurs, pour beaucoup ceux des dernières années, sont des cauchemars, s'effacent, il est légionnaire, il en est fier.
Dès qu'il est débrouillé, il est dirigé sur l'une quelconque des compagnies échelonnées entre Bel-Abbès et le Guir. Son instruction y est terminée, il est prêt à faire campagne.

Il était à craindre que cette Légion ne fût pas à la hauteur de l'ancienne, que les passions politiques ou nationales ne nuisissent à la solidité de l'édifice, que la Légion ne fût plus le modèle de loyalisme qu'elle avait toujours été. Ces craintes furent vaines.

Les légionnaires d'aujourd'hui sont semblables à leurs anciens. Ils connaissent le même amour des aventures et des pays neufs.

Ces volontaires, dont beaucoup viennent de se battre pendant sept ans, sont bientôt impatients de faire campagne et sollicitent leur envoi sur les T. O. E.

Les faits montrent la façon dont ils s'y conduisent. Au Maroc : le 21 mars 1921, un détachement de 38 légionnaires de la 9e Compagnie du 4e Régiment Étranger est attaqué par surprise à l'Oued-Ouzziat. A la première décharge, treize légionnaires sont tués et douze sont blessés. Les treize survivants luttent pendant deux heures, et, malgré la supériorité numérique de l'ennemi, sous la conduite de leur lieutenant, enlèvent à la baïonnette la position de l'adversaire et le mettent en fuite. Ils n'avaient abandonné ni un blessé, ni un cadavre, ni une arme.

Le 4 septembre 1921, trois bataillons de Légion l'ont partie du groupe mobile de Bekrit et participent aux opérations du Djebel-Ahroun. La mission du groupe mobile consiste à s'emparer du massif de l'Ahroun après avoir occupé le piton de Sidi-Oualar et la croupe de l'Ajgou. Le terrain à parcourir est inconnu en grande partie. D'après les renseignements recueillis, l'ennemi est décidé à opposer une forte résistance.

Les unités chargées de la prise de Sidi-Ouatar quittent le bivouac à 3 h. 30, et à 6 h. 15. après un irrésistible assaut à la baïonnette, occupent leur objectif.

A 9 heures, l'attaque de l'Ajgou se déclanche ; le combat, rapidement mené, permet à nos troupes d'assurer la conquête définitive de la croupe à 9 h. 30.

A 16 heures, les généraux Poeymireau et Rheveney sont sur le sommet de l'Ahroun.

Grâce à l'instruction, à la discipline et au courage des troupes engagées, celle opération importante fut rapidement menée avec des pertes très minimes.

Au Levant.

Le 4e Bataillon du 4e Etranger fournit 100 volontaires pour exécuter un coup de main sur un village rebelle. Le détachement fait une marche de dix heures pour gagner sa base de départ. Il fait une nouvelle marche de quinze heures en pays montagneux et hostile pour atteindre son objectif, accomplit sa mission à la baïonnette et ramène 21 prisonniers. Ce coup d'audace vaut aux officiers, sous-officiers et légionnaires du détachement dix-sept citations à l'ordre de la brigade.

La vieille Légion eût-elle l'ait mieux ? Le 6 novembre 1921, le 1er Régiment Étranger envoie au Tonkin un bataillon qui occupe Lang-Son, Na-Cham, Cao-Bang, la région limitrophe de la province chinoise du Quang-Si où règne depuis un an la guerre civile avec toutes les misères qu'elle entraîne. Des troupes du Quang-Si passent la frontière et projettent d'attaquer Lang-Son le jour de Noël. Apprenant l'arrivée des légionnaires à Lang-Son, ils renoncent à leur attaque, tant est redoutée la Légion en Extrême-Orient.

Le 6 janvier 1922, une petite colonne de 100 légionnaires, commandée par le capitaine Thomas et le lieutenant Blanquet,. est chargée de nettoyer la région entre Dong-Dong el Na-Cham.

Sans pertes, le capitaine Thomas accomplit sa mission, tuant 40 pirates dont un chef important porteur de documents inédits et s'emparant d'un drapeau qui porte en langue annamite l'inscription suivante : Troupe de la reprise de l'Annam, 2e Bataillon, 3e' Régiment, Chef de Bataillon Sa-Qinh. "

La tradition est renouée. La conduite des légionnaires sur tous les fronts, leurs nombreuses citations permettent d'être fier de l'œuvre accomplie.

Un chef qui a vu la Légion à l'œuvre, le général Aubert, a résumé dernièrement son appréciation dans l'éloge suivant : " C'est la meilleure troupe, européenne, solide, brave et manœuvrière ; elle s'est toujours montrée à la hauteur des circonstances les plus critiques. "

Au Maroc, en Syrie, comme à la frontière chinoise, le légionnaire sait, toujours mourir héroïquement comme jadis ce sous-officier de Taxa, en criant : " Vive la France ! Vive la Légion ! " La vieille et grande musique de la Légion fut de de tous temps l'auréole de la Ville qui l'abrite. Les artistes qui la composent ont fait d'elle un symbole qui subsistera toujours et qui l'a placée une des premières de noire belle France.