SÉTIF
L'église
Électrification de la sonnerie des cloches de l'Église de Sétif
Afrique du nord illustrée du 20-4-1935 - Transmis par Francis Rambert
sur site: juin 2021

Avides de curiosité, nous fîmes, voici près d'un an, l'ascension du clocher de l'Église de Sétif d'où l'on découvre le plus séduisant panorama. Cette visite fut toutefois contrariée par la célébration d'un office au cours duquel les trois cloches du beffroi devaient nécessairement sonner leur plus joyeux carillon. Nous nous trouvions à ce moment précis au-dessus des énormes bourdons qui tout en s'agitant éperdument, entraînaient le clocher dans un mouvement oscillatoire prononcé, à tel point qu'il ne manqua pas d'éveiller notre plus légitime inquiétude. Nous exprimâmes aussitôt ce sentiment au très estimé Curé de la paroisse M. Placé, dont il nous plaît de louer l'intelligent esprit d'initiative et le scrupuleux désir de réaliser en l'église Sainte-Monique, d'importants et forts coûteux aménagements justement appréciés de ses fidèles.

Les jours et les mois se succédèrent et, tout récemment, M. le Curé Placé nous annonçait avec une légitime satisfaction que l'électrification de la sonnerie des cloches de sa Paroisse était un projet nouveau qui venait s'ajouter au programme déjà abondant de ceux qu'il eut le mérite de réaliser.

Cette amélioration comporte en elle-même des enseignements qui auront au moins le don de rassurer ceux qui, comme nous, éprouvaient quelque appréhension à savoir la solidité du vieux clocher mise sérieusement à contribution par l'effort démesuré de ses cloches.

Le mouvement des cloches est actuellement assuré, sans effort, par une chaîne qui s'enroule, d'une part, sur le pignon denté d'un moteur électrique et, d'autre part, sur une poulie fixée sur la monture même de la cloche. Le dispositif est semblable pour chacune des cloches ce qui permet de les sonner soit ensemble, soit séparément. Il suffit d'une simple pression sur un bouton du tableau de commande placé dans la sacristie, pour que le courant soit immédiatement transmis au moteur qui, par un mouvement de rotation inversé, imprimera aux cloches un mouvement oscillatoire qui aura le don de stabiliser le régime du moteur à une amplitude déterminée.
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L'électrification de la sonnerie des cloches de l'Église de Sétif

Avides de curiosité, nous fîmes, voici près d'un an, l'ascension du clocher de l'Église de Sétif d'où l'on découvre le plus séduisant panorama. Cette visite fut toutefois contrariée par la célébration d'un office au cours duquel les trois cloches du beffroi devaient nécessairement sonner leur plus joyeux carillon. Nous nous trouvions à ce moment précis au-dessus des énormes bourdons qui tout en s'agitant éperdument, entraînaient le clocher dans un mouvement oscillatoire prononcé, à tel point qu'il ne manqua pas d'éveiller notre plus légitime inquiétude. Nous exprimâmes aussitôt ce sentiment au très estimé Curé de la paroisse M. Placé, dont il nous plaît de louer l'intelligent esprit d'initiative et le scrupuleux désir de réaliser en l'église Sainte-Monique, d'importants et forts coûteux aménagements justement appréciés de ses fidèles.
Les jours et les mois se succédèrent et, tout récemment, M. le Curé Placé nous annonçait avec une légitime satisfaction que l'électrification de la sonnerie des cloches de sa Paroisse était un projet nouveau qui venait s'ajouter au programme déjà abondant de ceux qu'il eut le mérite de réaliser.
Cette amélioration comporte en elle-même des enseignements qui auront au moins le don de rassurer ceux qui, comme nous, éprouvaient quelque appréhension à savoir la solidité du vieux clocher mise sérieusement à contribution par l'effort démesuré de ses cloches.
Le mouvement des cloches est actuellement assuré, sans effort, par une chaîne qui s'enroule, d'une part, sur le pignon denté d'un moteur électrique et, d'autre part, sur une poulie fixée sur la monture même de la cloche. Le dispositif est semblable pour chacune des cloches ce qui permet de les sonner soit ensemble, soit séparément. Il suffit d'une simple pression sur un bouton du tableau de commande placé dans la sacristie, pour que le courant soit immédiatement transmis au moteur qui, par un mouvement de rotation inversé, imprimera aux cloches un mouvement oscillatoire qui aura le don de stabiliser le régime du moteur à une amplitude déterminée.
Grâce à un dispositif de basculeurs et à un bobinage spécial, les moteurs sont capables de développer au démarrage un effort énorme sans pour cela demander un supplément d'intensité de courant. Ce sont, en effet, des moteurs à fort couple, qu'il ne faut pas confondre avec la puissance, puisque les moteurs sont de la force de 1/3 et de 1/2 CV. C'est là une des caractéristiques qui frappera le plus les techniciens, surtout lorsqu'ils sauront que grâce au même principe on a pu sonner, avec des moteurs de 1 CV, des cloches pesant 1 2 tonnes.
En considérant qu'une cloche arrive très facilement à sonner plus de soixante coups à la minute, et que dans cet infime intervalle de temps qui sépare deux oscillations de la cloche, il faudra inverser, faire travailler et arrêter le moteur, on conviendra de l'extrême rapidité donnée à ces différentes opérations. Le temps ainsi dévolu pour cette triple opération est uniquement compris dans celui très court durant lequel la cloche passe de la position horizontale à la position verticale : laps de temps de l'ordre souvent inférieur à 1/3 de seconde.
La grande rapidité d'inversion a été obtenue grâce à une petite friction qui inverse le courant pour un déplacement de quelques degrés de la cloche. Cette dernière possède l'avantage d'agir non pas sur l'intensité totale du courant, mais sur l'intensité infime de courant envoyé sur la bobine d'un contracteur. Ainsi l'inversion pourra-t-elle se réaliser très rapidement sur des contacts très simples et très approchés.
Quant à la deuxième difficulté qui consiste à rendre un moteur instantanément puissant, elle a été résolue grâce à des artifices d'ordre purement technique. Chacun sait, en effet, que lorsqu'on envoie du courant sur un moteur, celui-ci met un certain temps avant d'atteindre sa puissance maximum, et que le couple d'un moteur s'établit en fonction du temps d'après une courbe bien définie. Les moteurs du clocher de Sétif donnent leur couple maximum dès l'arrivée du courant. Parmi les artifices employés dont la théorie dépasserait les limites de cet article, citons l'augmentation de la résistivité du rotor, diminution de la self du stator, la réduction au minimum de l'entrefer, l'augmentation du nombre de pôles inducteurs.
A côté des appareils de volée dont nous venons de décrire quelques aspects, le clocher de Sétif possède encore trois autres moteurs permettant de carillonner, sans qu'il soit pour cela nécessaire de mettre les cloches en branle. Un petit clavier de trois notes possédant des touches semblables à celles des notes du piano actionne des marteaux qui agissent extérieurement sur les cloches.
Enfin, et c'est certainement les plus appréciés des appareils nouveaux du clocher de Sétif, trois fois par jour et avec une ponctualité remarquable, une horloge sonne automatiquement l'Angélus. Dès lors, plus n'est besoin ni d'un lever parfois matinal, ni de s'astreindre à une présence que d'autres nécessités appellent ailleurs, un mécanisme d'horlogerie se remontant sans l'adjuvant d'aucune pile, à l'aide du courant lui-même, tinte chaque jour à 6 heures, midi et 18 heures, les trois coups de l'Angelus suivis de la mise en volée de la petite cloche.
Cette magnifique installation a été réalisée par l'une des plus vieilles maisons spécialisées de France dont la direction, est présentement assurée par les fils de M. Georges Paccard à Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie) . Les branchements électriques sont l'œuvre de la Maison Delthil de Sétif.
Nous ne pouvons qu'en complimenter les réalisateurs en réservant à M. le Curé Placé un respectueux hommage admiratif auquel nous oblige notre appréciation de le voir présider avec un intelligent dévouement, aux destinées sans cesse plus belles de sa chère paroisse.