Introduction
------Le Sahara,
terre stérile, désert entre les déserts, sera-t-il
un jour terre d'abondance? Cet immense territoire oublié qui était
pour la conscience commune, un des derniers refuges du merveilleux, est
devenu, en l'espace de quelques années, le monde où la technique
la plus moderne exerce ses audaces.
Il y a là matière à enflammer l'imagination des plus
sages.
------On a
voulu ici établir seulement, au risque de décevoir, le bilan
des réalisations effectives et des promesses sûres.
------Que
des hommes aient pu, avec la conscience claire des difficultés
à surmonter et souvent contre toute apparence, soutenir de toutes
leurs forces que le Sahara serait un jour ce qu'il est aujourd'hui et
ce qu'il peut être demain, que d'autres, jour après jour
et obscurément, aient consacré leur peine, leur énergie
et leur savoir à mener à bien cette tâche ingrate,
tel est le miracle, si miracle il y a.
------Et la
réussite est venue comme de surcroît...
l'organisation administrative
------Les territoires
du Sud Algérien ont été créés en 1902.
Le Statut de l'Algérie du 20 septembre 1947 a décidé
la suppression du régime spécial auquel ils étaient
soumis et prévu leur réorganisation. Jusqu'à ce que
celle-ci soit accomplie, ils restent placés sous l'autorité
directe du Gouverneur Général de l'Algérie qui y
exerce les attributions de Préfet.
------Le Sahara
Algérien est divisé en quatre Territoires
militaires, qui ont à leur tête un Officier supérieur,
représentant le Gouverneur Général : Territoire d'Ain
Sefra (Chef-lieu : Colomb-Béchar), Territoire de Ghardaia (Chef-lieu
: Laghouat); Territoire de Touggourt (Chef-lieu : Touggourt) et Territoire
des Oasis (Chef-lieu : Ouargla). Ces circonscriptions sont à leur
tour divisées en _Communes Mixtes ou Indigènes qui ont à
leur tête un Administrateur des Services Civils d'Algérie
ou un Officier des Affaires Sahariennes, le Chef d'Annexe.
------Le Chef
d'Annexe est le Président de la Commission municipale, composée
de membres élus au suffrage universel et des Présidents
de djemaâs.
------L'extension
aux Territoires du Sud de la réforme administrative départementale
et communale, qui vient d'être réalisée dans l'Algérie
du Nord, est à l'étude. Les nouvelles dispositions interviendront
à bref délai.
Les données naturelles
-------Les
territoires du Sud prolongent l'Algérie de l'Atlas Saharien jusqu'au
Sahel Soudanais et s'étendent d'Est en Ouest, de la frontière
du Rio de Oro à la Lybie.
-------Cette
immense contrée couvre une superficie de 2 171 800 km2, soit quatre
fois la France, et 86% de la surface totale de l'Algérie; la population
ne dépasse pas 825 000 habitants.
-------Le
désert en constitue, en effet, la majeure partie, la lisière
septentrionale étant le domaine de la steppe. Cette unité
administrative ne représente toutefois qu'une fraction du Sahara
Français (4 millions 300 000 km,) artificiellement écartelé
entre l'Algérie, l'A.O.F. et I'A.E.F. En dépit de la pluralité
des ressorts administratifs, ce grand désert constitue un tout.
Un pays aride...
-------Le
Sahara s'inscrit dans la zone des déserts qui jalonnent le globe
à la hauteur des Tropiques, zones de hautes pressions. Etant donné
l'extension du continent africain à cette latitude, il n'est pénétré
profondément ni par les pluies d'hiver de la région méditerranéenne,
ni par les pluies tropicales d'été.
-------L'isohyète
de 300 millimètres constitue la limite septentrionale de la steppe,
tandis que l'isohyète de 100 mm (M'Raier, Tilrhent, Figuig) constitue
la limite méridionale de la steppe et la limite septentrionale
du Sahara.
-------Encore
les précipitations sont-elles au Sahara très irrégulières
et le cycle des pluies s'étend-il sur plusieurs années.
À Ouargla, les précipitations ont été de 618
mm pour une année et de 0 mm pour l'année suivante; à
Tamanrasset pour une année 159 mm; pour une autre 6 mm 4. Compte
non tenu de quelques pluies insignifiantes, la durée maxima des
périodes sèches est partout supérieure à 20
mois.
-------L'aridité
est encore accrue par des températures élevées en
été (55°4 Timimoun), aux grandes amplitudes en hiver
(Tamanrasset : moyenne de janvier 11°7 - minimum absolu : 6°6)
et par la siccité de l'atmosphère qui provoquent une évaporation
intense.
-------Au
Sahara, l'eau conditionne la vie; or, l'eau de surface est rare.
...Vide d'hommes
-------"
Le Sahara ", écrit R.
Capot Rey, est le morceau du continent le plus
voisin du désert absolu ". La notion de densité
de population n'y a aucune valeur (1200 h/km2 dans les palmeraies du Djerid,
0 entre le Djerid et le Souf). Cependant, la population des Territoires
du Sud augmente rapidement depuis la pacification française. En
1954, date du dernier recensement, on comptait 822 413 habitants (Ain
Sefra : 264 886; Ghardaia : 214 467; Touggourt 282 901 ; Oasis : 60 159)
dont 15 822 européens seulement (la moitié environ fixée
dans le sud oranais).
-------Berbères,
Arabes et éléments de couleur composent le fond de cette
population en général fortement métissée dont
60% environ mènent une vie sédentaire, les autres pratiquant
le nomadisme. Ni les genres de vie, ni les caractères physiques
ne peuvent servir de base à une distinction sérieuse entre
les populations blanches.
-------En
effet, tous deux Berbères, le Targui nomade, grand, élancé
et le M'zabite sédentaire,petit et trapu, n'ont de parenté
que linguistique.
-------Le
critère le plus valable demeure donc le critère linguistique
surtout lorsqu'il s'appuie sur l'existence d'une civilisation particulière.Il
permet de localiser les arabophones dans le Piémont saharien, les
ergs, les oasis de la Saoura, du Touat, du Tidikelt, du Souf et dans la
majorité de celles de l'Oued Rhir; les berbérophones, dans
les oasis du M'Zab, du Gourara et d'une partie de l'Oued Rhir; à
ce groupe ressortissent en outre l'ensemble des tribus touareg qui occupent
le massif du Hoggar et s'étendent au Nord jusqu'à In Salah,
Fort Flatters et Ghadamès.
-------Les
populations de couleur, sédentaires dans la majorité des
cas, groupent des nègres originaires
du Soudan et dont la proportion s'accroit du Nord au Sud (4% à
Ghardaïa, 50% au-delà du Tidikelt) et des
haratins qui seraient les restes de la population autochtone, et
qui, en général, cultivent les palmeraies pour le compte
d'un propriétaire berbère ou arabe dans tout le Sahara,
sauf dans le Souf et l'Oued Rhir.
-------La
pacification et l'apparition des moyens de transport modernes ont porté
atteinte aux structures traditionnelles fondées sur la prééminence
sociale des nomades sur les sédentaires. Les premiers, qui ont
perdu à la fois leur puissance et leur prestige, tiraient leurs
ressources du pillage, du monopole des transports que leur assurait la
possession des chameaux, des redevances que leur versaient les sédentaires
des oasis qui se sont progressivement émancipés. Partout,
le nomadisme est en régression.
-------Certains
d'entre les nomades se mettent à la culture, rachetant des troupeaux
dont ils confient la garde à des bergers; les autres, inadaptés,
sont à la recherche d'un emploi. Les sédentaires, aussi
bien que les nomades, ont recours à l'émigration vers les
Territoires du Nord où ils peuvent trouver un emploi dans les mines
de la zone pré-saharienne, les exploitations d'alfa, etc. Mais
c'est vers l'Algérie du Nord et la Métropole que se dirige
le plus grand nombre des travailleurs en provenance du Souf, d'Ouled Djellal,
d'Ain Sefra.
-------Variable
selon les régions, l'émigration est en général
temporaire. Toutefois l'émigration des M'Zabites vers les villes
du Tell, où ils s'adonnent au commerce, qui leur assure un supplément
de ressources leur permettant d'entretenirr leur famille demeurée
au M'Zab, mérite une place à part.
-------L'amélioration
des conditions d'existence de ces populations a été l'objectif
de l'administration algérienne. Développement des techniques
d'irrigation, reconstitution des parcours et des sols, éducation
des fellahs et des pasteurs, dans le cadre des organismes du Paysanat,
(S. A. R. et S. A. P.), telles ont été, sur le plan de la
rénovation de l'économie traditionnelle, les solutions apportées.
Un relief tabulaire
-------Le
relief du Sahara en traduit fidèlement la structure : un bouclier
de roches cristallo-métamorphiques, depuis longtemps consolidé,
aplani par l'érosion et qui n'émerge de sa couverture de
sédiments que dans le Sahara Central (Massif du Hoggar) et le Sahara
Occidental (Massif des Eglab); des sédiments d'âge primaire,
le plateau gréseux et schisteux du Tassili des Ajjer notamment,
secondaire, les grès du crétacé inférieur
riches en eaux souterraines, et tertiaire, formations continentales d'origine
détritique constituant les hammadas, grands plateaux pierreux et
les buttes ou " gours ". L'endoréisme explique la prédominance
des plaines, cuvettes plus ou moins étendues et profondes (sebkhas
et dayas), normalement à sec. Les éléments constructifs
du relief sont avec ces bassins fermés, les " regs "
et les " ergs ".
-------Les
" regs ", plaines de sables balayées Far le vent, offrent
lorsqu'ils reposent sur des couches dures, une assise solide aux routes
et aux voies ferrées, ainsi que des terrains de secours à
l'aviation. Mais ce sont les dunes qui, bien que le sable ne couvre qu'un
cinquième de la superficie du Sahara français, caractérisent
le désert. Les " ergs ", vastes champs de dunes, accumulées
par le vent, recouvrent les zones déprimées et constituent
des obstacles à la circulation.
-------La
structure et l'histoire géologique du Sahara en déterminent
la vocation économique.
D'immenses distances
à parcourir
-------En
effet, la prédominance des plaines laisserait à penser que
la circulation est facile au désert. Mais les distances font surgir
des problèmes considérables, aggravés par la rareté
des points d'eau et l'instabilité du sol sableux.
-------L'introductionau
désert du chameau, animal de bât dont la sobriété
est légendaire et qui peut parcourir 60 km par jour lorsqu'il n'est
pas chargé, et une distance moindre en caravane, bouleversa les
conditions de vie au désert et fit la fortune des grands nomades,
en apportant une solution à ce problème. Les routes des
caravanes d'Est en Ouest et du Nord au Sud, ont au cours des siècles,
tracé leur empreinte à la surface du désert qu'elles
sillonnaient.
-------Puis
vint l'automobile qui permit la traversée du désert en utilisant
tous les terrains, sauf les roches et les dunes et en échappant
à la tyrannie des points d'eau. L'administration française
s'est efforcée d'employer les moyens de la technique moderne à
résoudre le problème des transports.
Un sous-sol riche en ressources
minières...
-------L'inventaire
des ressources minières et des réserves aquifères
du Sahara Algérien a été dressé par l'Administration
algérienne. Les espoirs suscités par les récentes
découvertes sont le résultat de recherches et d'efforts
obstinés.
-------À
la période des explorations et des missions de reconnaissance,
a succédé, après la pacification de cette terre,
l'ère des prospections menées malgré les difficultés
qu'entraînaient le climat et l'éloignement.
-------Dès
les premiers temps de l'occupation française, le colonel Laperrine
associa étroitement l'exploration géologique aux reconnaissances
géographiques. Après la guerre 1914-1918, des géologues
entreprirent des études plus systématiques. Notamment, les
recherches de Conrad Kilian au Sahara Central (1921-1923 et 1927-1929)
et celles de M. Menchikoff au Sahara Occidental (1924-1928) jetèrent
les bases de la géologie du Sahara.
-------En
1941, fut constitué le " Service
géologique du Méditerranée-Niger ".
En même temps, le Service des recherches minières de l'Algérie
entreprenait des missions de prospection au Sahara et en collaboration
avec le Service de la Carte Géologique, l'étude détaillée
du bassin houiller de Béchar-Kenadza.
-------Interrompues
par la guerre, les recherches ont été reprises après
1946. À l'heure actuelle, le Sahara algérien est la région
d'Afrique la mieux étudiée au point de vue géologique.
La recherche systématique des ressources- du sous-sol est facilitée
notamment par la localisation des zones, où leur existence peut
être envisagée, ce qui ne manque pas d'être précieux
étant donné l'immensité de ces régions. Ainsi
ont pu être déterminées de façon sûre,
les zones de recherches de pétrole et celles où des minerais
peuvent être prospectés.
-------Les
campagnes de photographie aérienne stéréoscopiques
réalisées depuis 1949 ont facilité la préparation
des recherches pétrolières et minières.
-------Ainsi,
a-t-il été possible de dresser l'inventaire des ressources
du sous-sol dont la variété n'est pas négligeable.
-------Les
territoires du sud comportent 480 000 km2 de terrains précambriens
où l'on peut espérer trouver des gisements de plomb, de
cuivre, ou de zinc et de minerais pouvant supporter des frais de transport
élevés comme l'étain, le wolfram, le niobium, le
tantale, le platine et les minerais radioactifs; 329 000 km2 de terrains
primaires contenant du plomb, du zinc, cuivre, manganèse et fer,
susceptibles d'être exploités et 740 000 km2 de terrains
de couverture enfermant du pétrole, du manganèse, du soufre,
de la potasse et des nitrates...
... et recélant des eaux
souterraines
-------Le
service de l'hydraulique et de la colonisation s'est attaché à
établir l'inventaire des ressources aquifères du Sahara
algérien et s'efforce de résoudre le problème de
l'eau dans ce territoire dont le sous-sol semble recéler d'importantes
nappes souterraines.
Les ressources agricoles
et l'élevage
Le milieu
-------Les
Territoires du Sud Algérien constituent une immense contrée
dont le climat est caractérise par une faible pluviosité
qui décroît du Nord au Sud.
-------Ces
Territoires de plus de 2 millions de km' se divisent en deux zones
-------La
Steppe au Nord, comprenant la partie méridionale des
Hauts Plateaux, l'Atlas Saharien et la région des Dayas. Les précipitations
annuelles qui n'y atteignent que 300 m/m vers la limite septentrionale,
se réduisent dans la partie méridionale à 100 m/m,
l'isohyète presque rectiligne qui passe par M'Raier, Tilrhempt
et Beni-Ounif, marquant la limite nord du Sahara.
-------Au
Sud de cette ligne le Sahara plus
aride encore, n'offre qu'une végétation rare ou nulle, qui
constitue, dans les parties les plus favorisées, de maigres pacages
utilisables seulement par les chameaux et les chèvres.
-------Dans
un tel milieu l'irrigation conditionne toute culture. Des plantations
n'ont pu être faites que sur les points où l'on a pu trouver
de l'eau.
La population
-------L'ensemble
des Territoires du Sud compte 823.000 habitants dont une moitié
à peu près est sédentaire, et l'autre moitié
nomade; mais le peuplement des deux zones, Steppe et Sahara, diffère,
dans sa nature, comme dans son comportement.
-------Sur
321 000 habitants de la zone steppique, 220000, sont des nomades de tribus
transhumantes, qui s'adonnent à l'élevage et vivent sous
la tente. Le reste de la population, est sédentaire, habite des
agglomérations (Ksour), et tire ses ressources de l'agriculture
et du commerce avec les nomades.
-------À
l'inverse, l'élevage extensif des, ovins n'étant plus possible
au Sahara, les 430 000 habitants sont pour les deux tiers des sédentaires
oasiens, négroïdes d'origine soudanaise qui vivent dans les
palmeraies. Le reste de la population est wéstitbé par les
grands nomades chameliers. Touareg, Reguibat, Chaamba.
L'élevage
-------La
zone steppique est le " Pays du mouton "
où l'élevage transhumant des ovins constitue le seul moyen
de tirer parti d'une végétation adventice clairsemée
en raison d'une pluviométrie insuffisante.
-------Cependant,
dans les années favorables, les pasteurs nomades emblavent de petites
surfaces (bordures d'oueds, bas-fonds, dayas, susceptibles de collecter
les eaux de pluies) mais qui sont en général de faible rendement
et n'apportent qu'un appoint alimentaire très réduit.
-------Au
début de la saison des pluies, les troupeaux sont conduits vers
le sud où ils trouvent subsistance à l'abri des grands froids.
Mais au printemps les parcours s'y dessèchent et le bétail
doit être ramené dans une migration massive (I'achaba) vers
les Hauts Plateaux de l'Algérie du Nord.
-------Des
conflits, qu'il a fallu limiter en réglementant " l'achaba
", opposent parfois les nomades aux cultivateurs des Hautes Plaines.
En réalité, les pasteurs procurent aux agriculteurs la main-d'aeuvre
saisonnière des moissons et bénéficient en contrepartie
de la possibilité de paître leurs troupeaux et de constituer
tant par glanage que par gain en nature, leurs provisions de céréales.
-------Les
parcours sahariens se situent surtout dans les oueds plus ou moins intermittents,
dans les vallées et les reliefs montagneux du Centre. Les pâturages
sont fonction des pluies qui font croître la végétation
annuelle (acheb).
-------La
transhumance s'effectue sur des distances considérables, le cheptel
se compose surtout de chameaux et de chèvres.
-------Pour
améliorer les conditions de l'élevage un vaste programme
de multiplication des points d'eau est en cours de réalisation
dans le cadre des " Travaux d'initiative communale" (T.I.C.)
et du Paysanat. En outre l'aide de l'Association ovine algérienne
a mis à la disposition des S.A.R. d'élevage des " trains
moutonniers" permettant de ravitailler les animaux sur
les lieux de pacage.
-------En
vue de la régénération des parcours, l'exécution
des programmes de mise en défense de nouvelles surfaces a été
entreprise ainsi que la constitution de
réserves fourragères (luzernières, céréales,
fourrages irrigués).
-------La
lutte contre la soif et la faim s'accompagne d'une action contre la maladie
et d'un effort de modernisation. La station expérimentale de Tadmit
dans le Sud Algérois et les S.A.R. d'élevage se consacrent
à l'amélioration de l'espèce ovine et à la
diffusion des pratiques zootechniques applicables aux troupeaux. Le cheptel
des Territoires du Sud, s'est élevé en 1956 à 2 164
000 moutons; 196 000 chameaux; et 853 500 chèvres. En outre, dans
ces régions on compte 23 000 bovins, 6 000 chevaux, 2 000 mulets
et 51 000 ânes.
L'agriculture
-------Non
seulement le climat, mais encore les distances, qui imposent des frais
de transport élevés, conditionnent l'agriculture dans les
Territoires du Sud dont seuls 180 000 hectares sont utilisables.
-------Ne
peuvent être exportées avec quelque profit que les marchandises
riches, d'une valeur élevée sous un faible poids : dattes
de qualité, henné, tabac.
-------Le
palmier-dattier reste au Sahara la principale ressource des oasiens.
-------Sur
180 000 hectares de superficie totale cultivable (oasis et zones d'épandages
de crues), la surface des palmeraies est de l'ordre de 30 000 ha.
-------Pour
l'ensemble des Territoires du Sud, on compte 7 millions de palmiers, dont
5 millions en rapport, produisant annuellement environ 1 million de quintaux
de dattes. Seul, le Sud constantinois donne les dattes fines d'exportation,
(200 000 quintaux environ, soit un milliard de francs par an).
-------Par
ailleurs, la culture des céréales d'été (sorgho,
maïs) et surtout d'hiver (blé, orge), pratiquée sous
les palmiers ou dans les bas-fonds, varie avec les conditions climatologiques.
Dans les meilleures années, les emblavures ne dépassent
guère 100 000 ha et ne suffisent pas à assurer l'alimentation
des populations. Production annuelle moyenne 300 000 quintaux.
-------Dans
les oasis sont également pratiquées des cultures industrielles
(tabac Henné) ainsi que des cultures fruitières et potagères.
Ressources naturelles
-------Les
nappes alfatières des Territoires du Sud produisent le tiers seulement
de la récolte annuelle alors qu'elle s'étendent sur un peu
plus de la moitié des steppes d'alfa de l'Algérie.
-------L'alfa
joue un rôle économique non négligeable, offrant un
appoint de salaires nécessaire à la population nomade de
la steppe. L'exploitation en est soumise aux fluctuations du marché
d'exportation. Il s'agit donc d'une ressource extrêmement variable
et sensible à la conjoncture extérieure.
-------Le
tonnage annuel réalisé par les chantiers d'alfa des Territoires
du Sud varie depuis 1953 entre 193 000 et 215 000 tonnes.
-------Dans
le cadre de l'économie limitée des régions sahariennes,
l'action des Services Techniques de l'Agriculture
tend à améliorer et à développer les ressources
des populations rurales.
-------D'autre
part, les Sociétés Agricoles de Prévoyance,
par les entreprises du Paysanat, se sont attachées à lacréation
de Secteurs d'Améliorations Rurales qui vulgarisent les bonnes
pratiques culturales et participent au financement des prêts nécessaires
à l'évolution de l'agriculture et de l'élevage.
-------Enfin,
le recasement de petits cultivateurs dépourvus de moyens est en
voie de réalisation sur de jeunes plantations de dattiers, notamment
dans l'oued Rhir. La formation professionnelle agricole
a été organisée dans les stations expérimentales
de phoeniculture et d'élevage, afin de préparer les cadres
nécessaires pour mener à bien l'action entreprise par les
Services compétents dans les domaines économique et social.
Le problème de
l'eau
-------Comme dans
tous les pays arides, l'eau constitue, au Sahara, la condition de toute
vie et, par suite, du développement industriel.
-------Pas
de cultures sans irrigation, d'élevage sans points d'eau, de transports
terrestres sans ravitaillement en eau, d'exploitations industrielles sans
eau.
-------La
vie s'est concentrée autour des points d'eau, sources artésiennes
naturelles, entonnoirs à eau dormante, résurgences qui ont
permis l'utilisation des nappes aquifères proches de la surface
du sol par le moyen de " foggaras ",
galeries souterraines drainant par gravité, l'eau du sous-sol.
-------La
prospection de l'eau au Sahara répond à une triple nécessité
-------1°
Jalonner les voies de communication de points d'eau de ravitaillement
pour l'alimentation humaine et pour les moteurs, ce qui exige de l'eau
de bonne qualité, condition qui n'est pas toujours remplie. On
utilise dans ce cas des cuves à distillation solaire et un appareillage
portatif à échangeurs d'ions dont un modèle d'une
capacité de 250 litres vient d'être mis au point.
-------2°
Aménager les zones de parcours des troupeaux en points d'eau.
-------3°
Irriguer les cultures. Cet objectif conditionne les deux premiers, l'économie
saharienne étant fondée sur l'association étroite
entre le nomade et l'oasien. Mais la création d'îlots de
culture au Sahara exige que l'on dispose à la fois d'eau en quantité
suffisante, facilement accessible, et de sol arable.
-------4°
Alimenter les exploitations industrielles.
-------Les
besoins des forages de prospection de pétrole en eau potable pour
l'alimentation du personnel et en eau " industrielle " pour
la fabrication de la boue artificielle dans laquelle fonctionnent les
" Rotary ", sont importants; aussi le plus souvent l'eau doit-elle
être transportée par camions-citernes.
-------En
raison de l'aridité du climat, l'eau de surface est rare, si l'on
excepte la bordure nord du Sahara plus arrosée. Dans cette région
on peut, par des barrages d'épandage, utiliser les crues puissantes
et relativement fréquentes des oueds , en vue de la culture des
céréales ou établir des barrages-réservoirs
sur les oueds régularisés (Barrage de Foum et Gherza).
-------On
envisage notamment la régularisation du Guir pour l'irrigation
de la plaine d'Abadla dans la région de Colomb-Béchar et
du M'zi qui amène dans le nord du Bas-Sahara les eaux tombées
sur le Djebel Amour.
-------Dans
les grands bassins sahariens, l'eau ruisselante alimente les nappes souterraines.
Or, au Sahara, on ne peut compter que sur l'eau du sous-sol, dont l'existence
peut corriger dans une certaine mesure, les effets du climat. Les quelques
milliards de mètres cubes qui arrosent le grand Erg occidental
et le Tanezrouft ne sont pas entièrement absorbés par l'évaporation.
-------La
configuration géologique du Sahara a guidé les recherches.
Entre les massifs cristallo-métamorphiques du Hoggar et des Eglab
et leurs auréoles de sédiments primaires (schisteux et gréseux)
où l'on peut trouver de l'eau, s'étendent de vastes bassins
secondaires et tertiaires.
-------- Le
bassin du Nord-Sahara dont l'altitude décroît d'Ouest en
Est où il se termine à 30 m au-dessous du niveau de la mer
par les Chotts du Bas-Sahara.
-------- Le
Tanezrouft, bordé par le Hoggar, l'Adrar des Iforas et le massif
des Eglab.
-------Ces
bassins, dont la structure n'a pas été bouleversée
et qui présentent, superposées, des couches perméables
ou étanches, sont susceptibles de receler des nappes souterraines.
Certaines sont exploitées depuis longtemps : région des
Ziban, du Souf où les palmiers sont cultivés en cuvettes,
de l'oued Rhir, où les nappes fournissent un débit de 5
300 litres/seconde; d'Ouargla.
-------Mais
la réserve hydraulique la plus importante est constituée
par les grès et sables du " Continental
Intercalaire ". dit de l'Albien. Cette formation qui longe
le Sud de l'Atlas saharien, de Gabès jusqu'au Sud marocain, constituerait
une réserve très importante et, par endroits, aisément
exploitable.
-------La
nappe " albienne " contient des eaux relativement douces. Presque
partout captive, elle est exploitée par pompage au M'Zab, par forages
peu profonds à El Goléa et profonds à Zelfana, Guerrara,
Tamerna, et Ouargla. Mais s'il y a de l'eau, il n'y a par contre presque
pas de sols à irriguer.
-------Après
l'exploitation des eaux de surface, des nappes souterraines, on envisage
également le recours à la pluie artificielle et le B.I.A.
vient de créer une " Société" pour le développement
de la pluie provoquée.
-------L'inventaire
des ressources hydrauliques du Sahara a été ces dernières
années favorisé par les recherches pétrolières.
On peut noter qu'en échange c'est un géologue en quête
d'eau qui est à l'origine de la découverte du gisement de
fer de Tindouf. C'est la démonstration que la collaboration étroite
des techniciens de toutes les disciplines est indispensable.
Les réalisations
Les barrages du sud.
-------1.
Barrages-réservoirs
-------Foum
et Gherza : permet l'irrigation de cinq oasis.
-------2.
Épandage de crues et d'infero-flux
-------Tadjmout
(Laghouat) irrigue 1 800 ha dont 300 de culture extensive.
-------El
Fatha (Laghouat), 5 000 ha de terres pour la
culture extensive des céréales.
-------Barrages
du Rocher de sel (Djelfa) sur l'oued Mellah et aménagement
du périmètre irrigable, soit 5 000 ha utilisés pour
la création d'un centre de cultures (céréales et
fourrages) et constitueront une réserve pour les troupeaux.
-------3.
Régularisation.
-------Milok
(Laghouat) : pour la protection des terres contre l'érosion.
-------Une
vingtaine de barrages plus ou moins importants ont été créés
ou remis en état dans les endroits propres à la culture
extensive des céréales.
Hydraulique pastorale et points d'eau.
-------Le
programme ayant pour but de jalonner les grands axes de transhumance et
d'équiper systématiquement les zones de pâturages
steppiques, se poursuit régulièrement. Les points d'eau
à moutons sont équipés d'une éolienne lorsque
le régime des vents le permet, d'un réservoir de 50 m' et
d'un abreuvoir.
Plus de 2 000 puits sont entretenus dans les zones de parcours.
Irrigation des cultures et alimentation des villes.
-------De
nombreux puits sont forés chaque année. Dans certaines palmeraies,
les terres sont drainées pour évacuer les eaux chargées
de sels minéraux et assécher les zones marécageuses.
-------Il
faut citer les grands forages d'exploitation des eaux souterraines de
Zelfana (I 300 m3/heure), de Guerrara (800 m3/heure), de l'Oued Rhir,
etc.
-------Dans
l'extrême sud, ont été créés les périmètres
expérimentaux d'Adrar, Kerzaz, Igli, Timimoun, alimentés
par pompages éoliens.
-------Des
réseaux de distribution d'eau potable sont réalisés
ou sur le point de l'être dans la plupart des villes du Sud.
-------Le
problème que pose l'aridité du Sahara peut, en certaines
de ses parties, être résolu grâce à l'existence
des réserves d'eau fossile que le professeur Savornin évaluait
à 24 000 milliards de m3, auxquels s'ajoute semlon M.Capot-Rey,
un apport de 19 000 m3/minute, provenant des infiltrations.
-------On
peut donc affirmer que l'utilisation des nappes souterraines est capable
de modifier complètement, au prix d'efforts et de dépenses
considérables, la géographie économique et humaine
du Sahara.
Le problème de
la main-d'uvre
-------Les
Territoires du Sud sont encore un pays pauvre; la vie y est rude et les
ressources insuffisantes pour satisfaire les besoins des populations qui
doivent recourir à l'émigration.
-------Leur
équipement, tant dans le domaine économique que dans le
domaine social et administratif, a permis d'offrir à la main-d'oeuvre
locale des possibilités d'emploi sur les chantiers de travaux publics,
de forages et de pistes. Le développement de la prospection minière
et pétrolière a également procuré aux populations
des ressources supplémentaires.
-------On
peut admettre que l'industrialisation plus poussée de ces territoires
contribuera à élever le niveau de vie des sahariens et des
habitants des franges sahariennes, en élargissant d'une part les
besoins en main-d'ceuvre et d'autre part en donnant un nouvel essor aux
activités traditionnelles comme laculture et l'élevage dont
la rentabilité se trouvera accrue du fait de la proximité
de centres industriels.
-------Les
données spécifiques de la démographie et des genres
de vie au Sahara ne sont-elles pas cependant de nature à freiner
cette industrialisation ?
-------Il
existe, certes, au Sahara des zones presque entièrement vides d'hommes
où les prospections minières et pétrolières
ont permis de découvrir des richesses qu'il faudra exploiter.
-------Mais
les progrès de la technique et l'utilisation des engins mécaniques
permettent de ne faire appel qu'à une main-d'oeuvre peu importante,
d'autant que dans les pays arides, où les conditions de travail
sont particulièrement épuisantes, on s'efforce de réduire
au maximum l'effort imposé aux hommes. Par ailleurs, l'avion facilite
le ravitaillement.
-------L'exploitation
des gisements situés dans les zones les plus déshéritées
(celui du Gara-Djebillet, par exemple, n'exigerait qu'un personnel de
300 unités) ne se heurte donc pas à une impossibilité
majeure. Se pose également le problème de l'aptitude des
populations au travail de la mine. L'exemple des exploitations minières
du Sud-Oranais, qui recrutent une partie de leur main-d'oeuvre parmi les
nomades et les sédentaires de la région, permet de conclure
que les uns et les autres s'adaptent facilement à cette nouvelle
condition, fait remarquable notamment chez les nomades que leurs traditions
et leur genre de vie éloignaient le plus de cette activité.
Il est vrai que la mine leur offre la possibilité de s'assurer
des ressources sans tomber sous la dépendance de leurs anciens
vassaux, les sédentaires des oasis.
-------La
fixation des nomades et des sédentaires à la mine n'est
en règle générale que temporaire, les uns et les
autres rachetant, lorsqu'ils disposent d'économies suffisantes,
des palmiers ou des troupeaux et regagnant leurs villages ou leurs campements,
remplacés par d'autres qui vont faire un séjour à
la mine pour accroître leurs ressources.
-------"
En milieu nomade comme en milieu sédentaire,
écrit G. Salvy, la mine n'apparaît pas comme un élément
de dissociation sociale. Bien au contraire, avec le système de
la famille patriarcale, elle a un rôle de régulateur, de
"volant", dans le budget familial. "
-------S'ils
sont susceptibles de s'adapter au travail de la mine, comme l'a prouvé
l'expérience du Sud algérien et marocain, les habitants
des Territoires du Sud ont également un rendement satisfaisant
et peuvent, une fois reçue la formation nécessaire, accéder
aux travaux spécialisés et aux cadres de maîtrise.
-------Aussi
était-il indispensable d'entreprendre un effort sérieux
dans le domaine de la formation professionnelle. -------Des
centres ont été créés à Colomb-Béchar,
Ain-Sefra, Djelfa, Laghouat, El Goléa, Ouargla, où est formée
la main-d'oeuvre spécialisée que réclament notamment
les entrepreneurs de travaux publics et les exploitants pétroliers.
Le problème
des transports
-------Les conditions
sévères de la vie au Sahara, la dispersion des centres de
production, la consistance du sol, le climat, la rareté des points
d'eau et l'importance des distances à .franchir ont rendu malaisée
la solution du problème des transports.
-------L'automobile
révolutionne les transports au Sahara et suscite la création
d'un réseau routier adapté aux exigences du trafic et aux
conditions spéciales du désert.
-------Dès
1932, par des essais tentés sur la piste Touggourt-Ouargla, on
se rendit compte que les revêtement spéciaux à liant
hydro-carboné supportaient les températures les plus hautes
(80°), que le sable offrait une assise solide à condition d'être
maintenu latéralement, et qu'une route construite selon une technique
appropriée pouvait résister pendant plusieurs années
à un trafic de 400 t. par jour. Mais le prix de revient du kilomètre
de route est très élevé.
-------D'autre
part, l'entretien incessant des pistes, coupées par les crues des
oueds, ensablées après chaque tempête, présentant
très rapidement une surface en "
tôle ondulée " si le sol est hétérogène
constitue une lourde charge.
-------À
l'heure actuelle, le réseau routier des Territoires du Sud comprend
-------1°
les sections de routes nationales d'une longueur de 831 km (dont 382 km
bitumés);
-------2°
un réseau de pistes principales, qui atteint 12516 km (dont 530
km bitumés) ;
-------3°
un réseau de pistes d'intérêt secondaire sans chaussée
ni revêtement d'une longueur de 13.350 km.
-------Le
réseau des pistes principales comprend sur le territoire algérien,
trois grandes pistes pénétrantes par le Tanezrouft, par
le Hoggar, les Ajjers; les transversales assurant la liaison entre les
axes sahariens ou les centres importants, enfin des pistes de liaison
avec les pays limitrophes.
Axes transsahariens
-------1 °
La piste transsaharienne occidentale de Colomb-Béchar à
Gao (I 380 km) par Béni-Abbés, Adrar, Reggan et Bidon V
(axe saharien n° 2 dont la section algérienne va jusqu'à
Bordj-le-Prieur).
-------2°
La piste transsaharienne centrale du Hoggar (axe saharien n° 3) Section
algérienne comprise entre Lagifouat et Inguezzan (2 100 km) par
Ghardaia, El-Goléa, In Salah, Arak, Tamanrasset;
-------3°
La piste transsaharienne des Ajjers (axe saharien n° 4) de Biskra,
à la frontière algéro-lybienne par Touggourt, Ouargla,
Fort-Lallemand, Fort-Flatters, Ohanet, Fort-Polignac, Djanet, Atikine,
Tin Alkacem (2170 km).
-------Différents
services civils et militaires assurent les travaux d'entretien et d'amélioration
sur les pistes principales.
-------La
circulation de camions lourds (20 à 40 tonnes) et rapides, chargés
du transport du matériel pour les sondages, nécessite, en
raison de son intensité, une constante remise en état des
itinéraires parcourus. Les pistes sont les seules artères
du désert.
Les voies ferrées
-------II
n'existe pas encore de voie ferrée qui traverse complètement
le Sahara. Cependant, quelques lignes s'enfoncent plus ou moins profondément
dans le désert. -------Le
réseau des chemins de fer des Territoires du Sud comprend
-------1°
la ligne à voie normale du Méditerranée-Niger, qui
d'Oujda se prolonge à 91 km au sud de Colomb-Béchar à
Abadia sur l'oued Guir, amorce de la section Béchar-Adrar;
-------2°
un réseau à voie étroite exploité par l'Administration
des chemins de fer algériens et qui comprend
-------Sud
oranais: la section Bou-Ktoub-Colomb-Béchar-Kénadza
(de la ligne Oran-Kénadza)
-------Sud
algérois: la section Hassi-Bahbah-Djelfa
(de la ligne Blida-Djelfa);
-------Sud
constantinois: la ligne Biskra-Touggourt (avec sa
dérivation sur El Oued).
-------L'insuffisance
du réseau s'explique par le problème d'infrastructure et
de traction que pose l'installation d'une voie ferrée dans une
région désertique. Différents moyens sont employés
pour prévenir le danger d'ensablement. Par ailleurs, la traversée
des oueds se fait sur des radiers en maçonnerie ou des gabions.
Le problème de la traction a été résolu par
l'emploi de la locomotive Diesel électrique qui n'a pas besoin
d'eau et fabrique son courant.
Les lignes aériennes
-------C'est
évidemment l'avion qui est le meilleur moyen de transport en milieu
désertique. Les premières liaisons aériennes régulières
furent assurées par l'aviation militaire à laquelle se substitua
peu à peu l'aviation commerciale.
-------Mais
pour permettre aux avions commerciaux l'accès des terrains, simples
plates-formes d'atterrissage simplement balisées aux angles, il
a fallu procéder à l'installation d'une infrastructure répondant
aux exigences de la sécurité.
-------Dès
1948, l'étude méthodique de chaque aérodrome a été
entreprise ; c'est au cours de l'année 1951 seulement que le trafic
aérien est devenu régulier sur la plupart des aérodromes,
grâce aux lignes d'Air France. L'année 1952 a donc marqué
le début réel de l'équipement aéronautique
du Sahara.
-------À
l'heure actuelle, les aérodromes de Tamanrasset, Ouargla, Adrar,
El Golea, Touggourt, ln Salah et Aoulef sont ouverts au trafic des D.C.4
et des Bréguet-deux-Ponts.
-------L'équipement
des aérodromes sahariens se poursuit. À Colomb-Béchar
est prévu l'implantation d'un aérodrome civil répondant
aux besoins industriels et commerciaux de la région. L'année
1955 a été marquée par la réorganisation du
réseau saharien et la mise en place du Pool " Air
France-C.G.T.A-Air-Algérie ".
-------La
progression très sensible du trafic passagers et fret, justifie
la création du réseau aérien saharien et l'effort
consenti à l'équipement des aérodromes du Sud algérien.
-------Des
lignes régulières relient
-------Alger
et Oran à Colomb-Béchar;
-------Alger
à Ghardaïa, El Golea, Timimoun, Adrar, Aoulef, In Salah et
Tamanrasset;
-------Alger
à Biskra, Touggourt et Ouargla;
-------Bône
et Oran à Colomb-Béchar, Timimoun, Adrar.
-------Cependant
l'exploitation des lignes aériennes est coûteuse. En effet,
il faut assurer à grand frais l'approvisionnement en essence, des
aérodromes. Le coût élevé du transport aérien
n'en favorise pas l'usage pour les matières pondéreuses
et le ravitaillement ordinaire. Ainsi, l'avion ne supprime-t-il pas pour
autant la nécessité de faire appel aux autres moyens de
transport.
-------Il
est évident que les perspectives d'avenir doivent faire une place
importante à une politique des transports adaptée aux exigences
nouvelles de la mise en valeur du Sahara.
-------C'est
ainsi qu'est envisagée l'installation de pipe-lines pour l'évacuation
du pétrole vers les ports d'embarquement, que l'on recourt de plus
en plus à l'hélicoptère pour la prospection minière,
ce moyen de transport permettant d'ouvrir des chantiers dans les régions
les plus isolées et les plus mal desservies, que les sociétés
de recherches pétrolières installent des terrains d'atterrisage
pour leurs avions.
Les ressources minières
et pétrolières
Le charbon
-------Reconnu
dès 1907 par le géologue Flamand, le bassin houiller de
Colomb-Béchar, situé dans le sud oranais à 730 km
d'Oran et 1180 km d'Alger ne fut exploité qu'à partir de
1917 afin d'assurer l'approvisionnement du chemin de fer à voie
étroite de Colomb-Béchar à Oran. La seconde guerre
mondiale en provoquant une nouvelle pénurie, entraîna une
forte hausse de la production (54500 t en 1940, 80000 t en 1941). La mise
en exploitation, en 1942, par la " Régie
des charbonnages de Colomb-Béchar ", des veines
affleurant à Béchar-Djédid permit de passer à
148500 t.
En décembre 1947, ces deux gisements furent nationalisés
pour constituer les " Houillères
du Sud oranais " (H.S.O.).
-------À
l'heure actuelle, la production nette des houillères de Kenadza-Béchar
tend à se stabiliser au niveau de 300 000 t par an. La diminution
des ventes à l'exportation s'est trouvée compensée
par une consommation accrue en Algérie, essentiellement dans la
production de l'énergie électrique et du ciment.
-------Bassin
de Sfaia-Ghorassa
-------Ce
bassin se subdivise en deux unités : le bassin de Ghorassa-Ksiksou
et le bassin d'Abadla-Sfaia.
-------Le
bassin de Ghorassa-Ksiksou a une superficie de 450 km' environ. L'épaisseur
de la couche de charbon, 75 cm (contre 40 cm à Kenadza) a fait
naître l'espoir d'atteindre un rendement de 1 300 kg par poste-fond
(Ruhr 1400, Kenadza à ce jour 700 kg); les réserves sont
évaluées à 15 millions de tonnes.
-------Le
bassin de Sfaia-Abadla n'est prospecté que partiellement;
-------Cependant,
les gisements houillers du sud-oranais sont défavorisés
par la faible épaisseur des veines et l'éloignement des
côtes, qui entraîne des frais d'approche considérables.
Par ailleurs, s'ils produisent un gaz à haut pouvoir calorifique,
la teneur en soufre du charbon en limite l'utilisation.
Le fer
-------Les
gisements dits des P.K.
-------Les
recherches menées depuis 1950 au sud de Colomb-Béchar par
la société Méditerranée-Niger, poursuivies
et développées par le B.R.M.A. (Bureau de Recherches Minières
algériennes), ont permis de découvrir des gisements de fer
à faible importance mais d'excellente qualité. Le minerai
ne contient, en effet, ni soufre ni phosphore et la teneur en fer est
de 60%.
-------Les
réserves probables seraient de l'ordre de 300 à 500000 t.
-------Dans
le Djebel Ougarta, à 300 km de Colomb-Béchar, il a été
reconnu du minerai de fer à faible teneur et très fortement
silicieux.
-------Le
gisement de Gara-Djebliet
-------À
120 km à vol d'oiseau au sud-est de Tindouf, à 800 km de
Colomb-Béchar, au voisinage immédiat de la frontière
algéro-mauritanienne, a été découvert un gisement
de fer d'une très grande importance. La reconnaissance détaillée
en a été faite par le B.R.M.A. qui a effectué plus
de 50 sondages.
-------La
surface minéralisée couvre 13 000 ha et contient des réserves
évaluées à 3 milliards de tonnes environ, dont plusieurs
centainesde millions à fleur de terre. L'extraction ne présentera
pas de grandes difficultés et si le mineraisemi-phosphoreux a une
teneur moyenne de 50%, une bande riche 'un seu tenant, à teneur
supérieure à 55% renfermerait selon les experts près
de 400 millions de tonnes. Mais devront être résolus le problème
de l'alimentation en eau potable et celui de l'évacuation du minerai.
Des sondages récents ont permis de trouver de l'eau au sud de Tindouf.
Le manganèse
-------À
150 km au sud de Colomb-Béchar a été découvert
au djebel Guettara un gisement évalué à 1500000 tonnes.
-------La
teneur du minerai est de 45,75% en manganèse et 1,56% en arsenic.
L'exploitation de ce gisement permettra soit la vente du minerai, soit
la création à Kenadza d'une industrie de ferro-manganèse.
Autres minerais
-------Dans
le massif cristallin du Hoggar, des indices de minerais
d'étain, de tungstène, d'or, de terres rares et de minerais
radioactifs ont été décelés. La prospection,
activement poursuivie, a encore devant elle un large champ.
-------Le
massif cristallin des Eglab à 700 km au sud de Colomb-Béchar
n'a encore fait l'objet que de reconnaissances rapides.
-------L'exploration
systématique, encouragée par les résultats obtenus,
se poursuit. On peut admettre que le Sahara dispose à la fois de
réserves non négligeables en minerais et de ressources énergétiques.
Mise en valeur de la région de Colomb-Béchar
-------Le
plan de mise en valeur de cette région, où se trouvent réunies
un certain nombre de conditions favorables, vise essentiellement à
-------- augmenter
la puissance de la centrale thermique de Colomb-Béchar, de manière
à utiliser sur place les charbons de moindre qualité;
-------- prolonger
le chemin de fer Méditerranée-Niger;
-------- créer
un barrage d'irrigation pour la mise en valeur de la vallée du
Guir et l'alimentation de la zone industrielle.
-------À
l'heure actuelle, la Sté d'Etudes nord-africaine de Matériaux
de construction a construit à Colomb-Béchar une briqueterie
capable de fabriquer 20 â 30 tonnes par jour de produits réfractaires
creux; la Sté de ciments artificiels du Sahara projette l'installation
d'une cimenterie (20 à 25 000t par an).
-------Enfin
est prévue, pour un proche avenir, une installation d'enrichissement
et purification du minerai de manganèse à extraire de Guettara.
Le Pétrole
-------Le
Service des Recherches Minières avait procédé
méthodiquement, depuis 1941, au relevé des indices d'hydrocarbures
et mis au point un programme général d'investigations géologiques.
-------En
1946 la Société Nationale de Recherches
de Pétrole en Algérie (S.N. Repal) prenait la suite
de ces travaux. Constituée sous la forme d'une Société
anonyme, son capital était souscrit à raison de 50% par
le Bureau de Recherches de Pétrole et 50% par l'Algérie
(crédits du Fonds d'équipement).
-------Abordant
en premier lieu - comme il est de règle - les zones à indices
nombreux et les plus rapprochées de la côte, la S.N. Repal
fore successivement de 1947 à 1952 dans le bassin du Chéliff
(où elle exécute plus de 60 000 m de forage sans déceler
une production commerciale), dans le Hodna et dans l'Est constantinois,
mettant à son actif quelques découvertes d'huile et de gaz
naturel, augmentant son potentiel humain et matériel, pendant que
ses équipes géologiques dressent l'inventaire des possibilités
sahariennes.
-------Sur
cette immensité de deux millions de kilomètres carrés
(quatre fois la superficie de la France} aucun indice de surface n'a jamais
été reconnu. la prospection démarre sur une idée
simple : en 1951, un échantillon de schistes siluriens, prélevé
sur un affleurement dans une palmeraie au sud d'Ougarta, donne au chloroforme
un extrait de 4 % de produits hydrocarburés. Cette formation sédimentaire
présente une constance remarquable de faciès, et peut être
considérée comme une " roche-mère " possible.
Nombreuses sont par ailleurs, dans les sédiments qui se sont déposés
ultérieurement, les couches poreuses qui peuvent jouer le rôle
de " roches-réservoirs ".
-------Le
problème ainsi posé est considérable. Il s'agit de
mettre en évidence sous une couvertuire de morts-terrains, dont
l'épaisseur s'accroit progressivement depuis le Hoggar jusqu'à
l'Atlas (où elle dépasse quatre mille mètres), le
comportement des assises primaires observables seulement dans la région
de Colomb-Béchar-Beni-Abbès et au Sud du parallèle
d'In Salah. C'est une vaste opération de " dissection "
qui doit être effectuée, à maille de plus en plus
serrée avec le secours des méthodes géophysiques
: gravimétrie, magnétométrie, sismique-réflexion
et sismique-réfraction, étude des courants telluriques,
dont l'emploi révélera les anomalies des sédiments
profonds.
-------La
précision de la détermination des " structures "
énigmatiques augmentera régulièrement au fur et à
mesure de la vérification par sondages des propriétés
mécaniques des terrains supposés pétrolifères.
-------Devant
l'étendue du problème, qui suscite un intérêt
croissant, trois autres groupes interviennent sous l'égide du Gouvernement
-------- au
début de 1949 la Compagnie Française des Pétroles
qui constitue une filiale dénommée C.F.P. (Algérie);
-------- au
milieu de 1951 la Régie autonome des Pétroles et le Groupe
Shell- Royal Dutch qui constituent deux Sociétés filiales
------------
la Compagnie de Recherches et d'Exploitation du Pétrole au Sahara
(C.R.E.P.S.) formée de R.A.P. 55%, Shell-Royal Dutch 35%, S.N.
Repal 5°,%%,
B.R.P. 5%,
------------
et la Compagnie des Pétroles d'Algérie (C.P.A.): Shell-Royal
Dutch 65%, R.A.P. 30%, B.R.P. 5%.
-------Le
Sahara Septentrional et Central est réparti en trois bandes orientées
grossièrement Est-Ouest
-------Dans
la région Nord deux groupes distincts de permis totalisant 250
000 km2 sont accordés le 15 octobre 1952 respectivement à
la S.N. Repal et à la C.F.P.A. qui coordonnent leurs efforts tout
en conservant leur liberté d'action au sein de leur zone propre.
-------Immédiatement
au Sud 165 000 km2 sont accordés en 1953 à la C.P.A., tandis
que la C.R.E.P.S. se voit attribuer en bordure du Hoggar un territoire
de 145 000 km2.
-------Une
intense compétition se développe alors dans ces régions
désertiques dont l'infrastructure rudimentaire pose des problèmes
ardus aux techniciens.
-------L'avion,
la voiture tous-terrains et le matériel le plus moderne sont mis
en ouvre suivant un rythme exceptionnel pour l'implantation des équipes
de chercheurs.
-------Quelques
chiffres donnent une idée de l'ampleur de la tâche
-------À
la fin de 1955 près de cinquante kilomètres de forages avaient
été exécutés par l'ensemble des sociétés
qui occupent 2 000 personnes, dont 150 ingénieurs, géologues
ou assimilés et 400 techniciens et spécialistes. Le montant
global des dépenses atteignait environ vingt milliards de francs
(dont la moitié pour la seule année 1955). Le budget 1956
s'est élevé à dix milliards. Celui de 1957 avoisine
quinze milliards.
-------L'essentiel
des résultats obtenus dans les différents secteurs peut
se résumer de la façon suivante:
-------Fin
1953, la C.R.E.P.S. découvre au Djebel Berga
(100 km Sud d'in Salah) à 1400 mètres de profondeur, dans
les grès poreux du Dévonien inférieur, une réserve
très importante de gaz combustible. Les recherches ultérieures
ont révélé l'existence de gisements analogues dans
l'Ahnet mais jusqu'ici n'ont pas fourni de pétrole en quantité
commerciale.
-------Les
grès du même étage contiennent des indices d'huile
légère dans la partie occidentale des permis S.N. Repal
C.F.PA. de l'Oued Rharbi et d'El Golea.
-------En
mars 1956, la C.R.E.P.S. met à jour vers
650 m de profondeur, dans les grès carbonifères de l'Erg
Bou Rarhet, au voisinage de la frontière lybienne, une huile légère
d'excellente qualité. D'importants indices positifs ont été
reconnus depuis dans ce district où la prospection se poursuit
très activement.
-------En
juillet 1956, à 130 km S.E. de Laghouat,
la C.F.P.A. rencontre à 2 250 mètres de profondeur, dans
les grès triasiques, une quantité notable d'un excellent
pétrole brut.
-------En
août 1956, les esais effectués à
3 200 mètres de profondeur par la S.N. Repal sur les grès
triasiques recoupés par le sondage d'Hassi-Messaoud (75 km à
vol d'oiseau Est d'Ouargla) fournissent à raison de plusieurs m3/h
sous une pression de gisement de 450 kg/cm2 - une huile légère,
de densité 0,80 très fluide et exempte de soufre. L'épaisseur
du réservoir dépasse ici la centaine de mètres. Il
n'a pas encore été traversé complètement.
Un tel puits pourrait fournir normalement une production annuelle de cent
mille tonnes.
-------Au
début de novembre 1956, le sondage d'Hassi
R'Mel (70 km N O de Chardaïa) exécuté par C.F.P.A.
pour le compte de S.N. Repal rencontre, à 2 132 mètres,
les grès triasiques fortement imprégnés d'un gaz
combustible renfermant une proportion appréciable de produits condensables.
Un essai récent a permis de calculer que sous une pression de fond
de 270 kg/cm2 ce forage pourrait débiter 50 000 m3/heure, soit
plus d'un million de m3/jour. Si on se rappelle que l'émission
annuelle de l'ensemble des usines à gaz d'Algérie est de
90 millions de mètres cubes, on mesure l'importance d'une telle
découverte. Il est possible d'ailleurs que la suite des opérations
démontre l'existence en profondeur d'un gisement d'huile.
-------On
voit donc qu'en moins de trois ans les hydrocarbures
ont été rencontrés dans des roches gréseuses
appartenant à trois étages géologiques distincts,
à des profondeurs variant de 600 mètres à 3 200 mètres
avec des pressions de gisement permettant d'escompter des débits
commerciaux si les structures se révèlent convenablement
imprégnées.
-------Une
telle série de découvertes apporte la preuve que le Sahara
peut être désormais considéré comme une "
province pétrolifère
". Reste à déterminer, dans les mois qui suivent, les
caractéristiques des grès réservoirs à proximité
des accumulations rencontrées par les sondages. Dans tous les secteurs
en effet, les sondages de reconnaissance ont mis en évidence de
grandes variations dans la porosité et la perméabilité
des grès de tous les étages.
-------Cette
circonstance incite les techniciens à beaucoup de prudence dans
les calculs de réserves et de débits possibles des gisements
dont certains sont susceptibles de s'étendre sur plusieurs dizaines
de kilomètres carrés.
-------La
probabilité est forte pour que cette évaluation soit possible
vers la fin de juin 1957 pour la région d'Edjelé et vers
la fin de 1957 pour les régions d'Ouargla et le Nord du M'Zab,
dans des conditions telles qu'une mise en exploitation soit réalisable
dans chacun de ces districts.
-------L'étude
des avants projets de pipe-lines d'évacuation est en cours.
-------Dans
le même temps le B.R.P. intensifiera la pré-reconnaissance
du Nord de la Hammada de Tinr'hert et du Sahara Occidental au voisinage
d'Adrar, préparant la voie à l'introduction de nouveaux
organismes de reconnaissance attirés par le succès des premiers
prospecteurs.
-------Les
magnifiques résultats enregistrés sont dus à l'efficacité
des équipes de géophysique et au dynamisme des géologues
et foreurs sahariens dont la productivité ne le cède en
rien à celle des spécialistes confirmés de l'étranger.
-------Cette
oeuvre bien française, conçue et réalisée
dans un temps record, témoigne de la volonté réfléchie
et de la vitalité de notre pays. Le moment approche
où elle contribuera puissamment à assurer aussi bien la
sécurité de notre ravitaillement en combustibles liquides
que le développement industriel et social de l'Algérie.
Les cadres de mise en
valeur du sahara algérien
-------Les Territoires
du Sud ne représentent qu'une partie du Sahara français,
dont l'unité a été rompue par le morcellement administratif.
La mise en valeur rationnelle et systématique de cet ensemble ne
peut se concevoir que dans le cadre de l'Union française.
-------C'est
à cette nécessité qu'entend répondre la loi
du 10 janvier 1957, concernant l'Organisation Commune des Régions
Sahariennes qui a pour objet de provoquer la mise en valeur, l'expansion
économique et la promotion sociale des zones sahariennes françaises
administrativement rattachées à l'Algérie, la Mauritanie,
le Soudan, le Niger et le Tchad.
-------Trois
zones dont les limites exactes seront précisées par décret
après consultation des assemblées des territoires intéressés
ont été constituées. Elles groupent respectivement
-------- La
commune mixte et l'annexe de Colomb-Béchar, la partie de l'annexe
de Géryville, située au Sud des monts des Ksours, les communes
indigènes et les annexes de la Saoura, du Gourara, du Touat et
de Tindouf. la partie saharienne des cercles de Goundam, de Tombouctou
et de Gao;
-------- Les
parties sahariennes des communes mixtes de Laghouat et de Djelfa, les
communes indigènes et les annexes de Ghardaïa, El Goléa
et Ouargla, les communes mixtes de Touggourt et d'El-Oued, les communes
mixtes et annexes du Tidikelt, des Ajjers et du Hoggar;
-------- La
partie nord des cercles de Tahoua et d'Agadès, comprenant la totalité
de la subdivision de Bilma, la région de Borkou Ennedi Tibesti.
-------L'Organisation
Commune des Régions Sahariennes doit permettre sur le plan social,
d'améliorer le niveau de vie des populations et d'assurer leur
promotion sociale dans le cadre d'une évolution compatible avec
leurs traditions.
-------Sur
le plan économique, elle assurera la coordination des programmes
d'études, de recherches, puis de mise en valeur de ces régions,
dans les domaines énergétique, minier, hydraulique, industriel
et agricole. Elle établira en fonction de ces programmes un plan
d'infrastructure et suscitera chaque fois que des conditions favorables
le permettront la création d'ensembles industriels.
-------L'institution
de l'O.C.R.S. répond au désir de la France d'appliquer le
principe qui a inspiré à la fois les travaux de la Conférence
de Brazzaville en 1944 et le préambule de la Constitution de 1946,
et à la nécessité de développer l'économie
de l'Union française. Elle s'intègre également dans
le contexte européen.
-------Assurer
la promotion sociale et matérielle des populations autochtones,
tel est l'objectif final.
-------L'organisation
commune, organisme de coordination, se superpose à diverses institutions
déjà existantes et les complète. Ce sont, à
l'échelon gouvernemental
-------Le
Comité d'Etude des Zones d'organisation industrielle de l'Union
française, créé le 24 juin
1950, a pour but d'étudier la création de " Zones
d'organisation industrielle en Afrique " (Z.O.I.A.) en
tenant compte des facultés physiques, géographiques, hydrauliques
et des exigences politiques et stratégiques, indépendamment
des frontières internes de l'Union française.
-------Le
Bureau d'organisation des ensembles industriels africains (B.IA.),
(créé par la loi du 5 janvier 1952). Organisme d'État
doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière
et dont la compétence s'étend à tous les territoires
africains ne relevant pas du Ministère de la France d'OutreMer.
-------Son
conseil d'administration, présidé par M. Louis Armand, comprend
7 représentants de l'administration centrale, 3 représentants
des pays d'Afrique du Nord, 6 représentants des établissements
publics ou des sociétés participant à la recherche
et à l'exploitation des ressources de l'Afrique du Nord, et 6 personnalités
choisies en raison de leur compétence en matière industrielle
et financière.
-------Le
B.I.A. a pour objet la mise en oeuvre des programmes élaborés
en vue du développement des ensembles industriels africains notamment
par la création d'organismes ou entreprises dont l'activité
entre dans le cadre de ces programmes. Il s'agit d'un organisme de coordination,
d'orientation et d'impulsion.
-------La
commission interministérielle des pistes transsahariennes,
créée par décret le 27 janvier 1954, où siège
un représentant du Ministre résidant en Algérie,
est chargée de la mise en valeur du Sahara par l'aménagement
de ses moyens de transports.
-------À
l'échelon local, le Ministre résidant, Gouverneur Général
de l'Algérie, assisté par ses services, est chargé
d'appliquer les programmes à l'élaboration desquels il a
participé.
-------La
recherche minière est confiée à deux organismes spécialisés
-------1.
Le Bureau de Recherches minières de l'Algérie
(B.R.M.A.).Etablissement public à caractère industriel
et commercial, doté de la personnalité civile et de l'autonomie
financière, a remplacé en 1948 l'ancien service des recherches
minières en Algérie. Il est chargé d'assurer la prospection
des produits du sous-sol de l'Algérie et peut en assurer l'exploitation,
soit seul, soit en prenant des participations dans les organismes publics,
privés ou mixtes, dont il aura au besoin, provoqué la création.
Ce Bureau est placé sous l'autorité du Gouverneur Général.
-------Le
B.R.M.A., en liaison étroite avec le B.I.A., qui finance une part
importante des travaux, a entrepris la reconnaissance systématique
de la région de Colomb-Béchar, du Hoggar et de Tindouf.
-------2.
Le Bureau de Recherches de Pétrole, établissement
public doté de la personnalité civile et de l'autonomie
financière, a été créé en 1945 avec
pour mission " d'établir un programme national de recherches
de pétrole naturel et d'assurer la mise en oeuvre de ce programme
dans l'intérêt exclusif de la nation ". Sa compétence
s'étend à la France métropolitaine, à l'Algérie,
aux départements d'Outre-Mer, aux territoires d'Outre-Mer. Il détient
dans la plupart des organismes de recherches, une participation majoritaire
ou prépondérante.
-------Auprès
de ces organismes publics, il faut citer notamment, des organismes d'études
parapublics ou privés, tels que
-------- Le
" Comité d'expansion de la région
de Colomb-Béchar " (1956),
la " Société d'Etudes pour l'équipement
minier et industriel " (1951) qui, en 1954, a constitué
4 sociétés d'études : la S.E.N.A.F.: Société
d'Etudes nord-africaine du ferro-manganèse; la S.E.T.A.Z.: Société
d'Etudes des engrais azotés en Afrique du Nord; la S.O.C.A.S. :
Société des ciments artificiels du Sahara; la S.E.N.A.M.:
Société d'Etudes nord-africaine de matériaux de construction.
--------
" L'association eurafricaine minière et industrielle "
(1955) qui a pour but d'intéresser les industriels européens
à la mise en valeur du Sahara.
Conclusion
-------Le
pétrole permettra, en fournissant les ressources indispensables
à l'industrialisation, d'améliorer le niveau de vie des
populations du Sahara lui-même et aussi de l'Algérie du Nord.
-------En
effet, le développement économique du Sahara algérien
et l'exploitation des richesses qu'il enferme, exigent un potentiel énergétique
important pour permettre de pomper l'eau des nappes profondément
enfouies dans le sol, d'extraire les minerais, de les utiliser sur place
ou de les évacuer vers les ports d'embarquement et les lieux d'utilisation.
-------L'énergie
c'est, aujourd'hui surtout, le pétrole, les gisements de houille
n'offrant pas de larges perspectives d'exploitation hors du bassin de
ColombBéchar.
-------L'énergie
nucléaire et l'énergie solaire pourront, dans un avenir
plus ou moins proche, prendre le relais. -------L'utilisation
de ces ressources en est encore au stade de l'expérimentation;
mais on peut fonder sur elles de sérieux espoirs, dans la mesure
où elles procurent, avec un prix de revient relativement peu élevé,
un potentiel énergétique important.
-------En
l'état actuel des recherches, le plan de mise en valeur du Sahara
prévoit une production de pétrole de 10 millions de tonnes
en 1960 et de 25 millions de tonnes en 1970. Une mise en exploitation
limitée mais immédiate a été récemment
décidée qui permettra de produire 500.000 tonnes de pétrole
brut dès 1958.
-------L'installation
du pipe-line provisoire destiné à transporter le pétrole
d'Hassi-Messaoud à rouggourt est commencé, ainsi que l'élargissement
de la voie ferrée Biskra-Touggourt. De Touggourt, le pétrole
sera acheminé par wagons-citernes vers les ports du Constantinois
(Bone et Philippeville).
-------La
France importe actuellement chaque année 24 millions de tonnes
de pétrole environ. Si les prévisions du plan de mise en
valeur se trouvent confirmées, on voit que dès 1970 le Sahara
pourrait, avec l'appoint des autres régions africaines, satisfaire
en totalité les besoins pétroliers français qui sont
en accroissement rapide (7 %); selon des estimations sérieuses,
c'est une économie de 750 millions de dollars qui serait ainsi
réalisé.
-------Ainsi,
outre qu'il doit permettre d'éviter une sortie considérable
de devises fortes, le pétrole saharien doit assurer à la
France, pourvue alors de ressources énergétiques suffisantes,
une puissance et une indépendance économiques qui sont la
condition et le fondement de la puissance et de l'indépendance
véritables.
-------Miracle
pour les uns, mirage pour les autres, le Sahara n'est rien autre chose
que l'occasion pour la France d'accomplir une oeuvre dont les résultats
seront à la mesure des efforts, des sacrifices et du courage de
ceux qui sauront l'accomplir et surmonter les difficultés que la
persévérance des hommes peut seule lever à la longue
du temps.
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