Sahara
LE PÉTROLE VA-T-IL TRANSFORMER LE SAHARA?
La première liaison aérienne Alger - Oued-Rharbi vient d'être inaugurée par la S.N. Repal
En plein désert, à 175 km. d'Aïn-Séfra un forage atteindra 5.000 mètres

Echo du 21-2-1954 - Transmis par Francis Rambert

LE PÉTROLE VA-T-IL TRANSFORMER LE SAHARA?
La première liaison aérienne Alger - Oued-Rharbi vient d'être inaugurée par la S.N. Repal
En plein désert, à 175 km. d'Aïn-Séfra un forage atteindra 5.000 mètres

Vendredi à 6 h. 28, un « DC-3 » de la compagnie « Air France » a décollé de Maison-Blanche. Avec MM. Tenaille, directeur de la S.N. Repal ; Coudant, directeur régional d’Air France ; Fogues, directeur de l’Aéronautique civile, et d’autres personnalités, sept journalistes étaient du voyage. Sept Journalistes pour qui l’opération « Pétrole » aurait pu au départ s’intituler « Mystère ».

La S.N. Repal (Société nationale de recherche et d’exploitation des pétroles en Algérie) avait convié les représentants de la presse algéroise à un voyage inaugural : la première liaison aérienne entre Alger et son chantier d’Oued-Rharbl.

Oued-Rharbl était justement l’inconnue : un point X perdu dans les sables du désert. Quelque part au Sahara. Oued Rharbi

L’oued Rharbi ne figure pas sur les cartes. Son aride vallée qui se trouve sensiblement sur le parallèle de Colomb-Béchar et le méridien d’El-Abiod-Sidi-Cheick à la limite nord du Grand Erg occidental, ne présentait aucun intérêt. Jusqu'à ce que les photos aériennes de géologues et les sondages sismlques y parlent le langage implacable des graphiques : depuis quatre mois l’oued Rharbi, situé à vol d’oiseau à plus de 250 km. de Colomb-Béchar et près de 175 km. d’Aïn-Sefra, est autre chose qu'une tranchée caillouteuse. Il porte désormais l’espoir des pétroliers français.

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LE PÉTROLE VA-T-IL TRANSFORMER LE SAHARA?

LE PÉTROLE VA-T-IL TRANSFORMER LE SAHARA?
LE PÉTROLE VA-T-IL TRANSFORMER LE SAHARA?
La première liaison aérienne Alger - Oued-Rharbi vient d'être inaugurée par la S.N. Repal
En plein désert, à 175 km. d'Aïn-Séfra un forage atteindra 5.000 mètres

Vendredi à 6 h. 28, un « DC-3 » de la compagnie « Air France » a décollé de Maison-Blanche. Avec MM. Tenaille, directeur de la S.N. Repal ; Coudant, directeur régional d’Air France ; Fogues, directeur de l’Aéronautique civile, et d’autres personnalités, sept journalistes étaient du voyage. Sept Journalistes pour qui l’opération « Pétrole » aurait pu au départ s’intituler « Mystère ».

La S.N. Repal (Société nationale de recherche et d’exploitation des pétroles en Algérie) avait convié les représentants de la presse algéroise à un voyage inaugural : la première liaison aérienne entre Alger et son chantier d’Oued-Rharbl.

Oued-Rharbl était justement l’inconnue : un point X perdu dans les sables du désert. Quelque part au Sahara. Oued Rharbi

L’oued Rharbi ne figure pas sur les cartes. Son aride vallée qui se trouve sensiblement sur le parallèle de Colomb-Béchar et le méridien d’El-Abiod-Sidi-Cheick à la limite nord du Grand Erg occidental, ne présentait aucun intérêt. Jusqu'à ce que les photos aériennes de géologues et les sondages sismlques y parlent le langage implacable des graphiques : depuis quatre mois l’oued Rharbi, situé à vol d’oiseau à plus de 250 km. de Colomb-Béchar et près de 175 km. d’Aïn-Sefra, est autre chose qu'une tranchée caillouteuse. Il porte désormais l’espoir des pétroliers français.

Un aérodrome et rien d'autre...

Toute trace de civilisation depuis deux heures avait disparu. Entre ciel et terre uniformes, l’appareil fonçait. Pas plus au-dessous qu’au-dessus la vie ne se manifestait. Et je me demandais ce qui pouvait bien distinguer Oued-Rharbl de ces plaines désespérément stériles quand apparut « l’aérodrome » : une piste rudimentaire, quelques balises et la chaussette traditionnelle posées sur l’immensité ocreuse.

Quatre minutes plus tard nous « inaugurions » le, piste.

Après trois heures de vol la liaison était établie. Désormais s’effectueraient hebdomadairement par voie aérienne la relève et le ravitaillement du personnel ainsi que le transport du matériel de rechange léger.

Les pistes sahariennes

La première partie de notre périple était terminée. Certains accidents géographiques ayant empêché l’installation du terrain d’envol plus près du chantier, quatre véhicules et 60 km. d’une autre piste nous attendaient.

Ce voyage, qui s’annonçait sans histoire, se transforma brusquement en une véritable expédition !

Je garde un cuisant souvenir de mes premiers contacts avec les pistes du désert. Pour avoir une idée de cette expédition, imaginez la sinusoïde d’une perturbation atmosphérique extrêmement grave. Parsemez la de rocailles, de sable, de touffes sèches et lâchez sur ce toboggan un Dodge 4x4 dans lequel vous avez pris place. Les chauffeurs du désert

Qu’il me soit permis d’ouvrir une parenthèse sur la pratique de l’automobile au Sahara. Les chauffeurs ont ici une conception particulière du volant. Chacun d’eux a sa piste
qu’il baptise de son nom. Ce qui leur confère le droit de se livrer à toutes sortes d’exercices périlleux dont le plus dangereux n’est pas l’excès de vitesse sur un dos d’âne. Évidemment, toutes les pistes s’enchevêtrent, les troupeaux de chameaux ajoutent à la confusion. Il en résulte d’invraisemblables « Targas » qui soulèvent plusieurs tonnes de poussière et, de plusieurs mètres, les passagers peu habitués.

A ce sport, je ne rencontrerai probablement jamais plus fort que notre chauffeur. York Yessuron. Un austro-anglais chasseur de gazelles et polyglotte par surcroît. Cet homme ferait fortune aux stock-cars.

Le derrick

Contraste africain. Au milieu de l’immense solitude se dresse soudain la silhouette métallique du derrick.

Dans un enfoncement de terrain, à l’abri des vents, les prospecteurs miniers, nouveaux pionniers du désert, ont planté leurs tentes. Sur cette carte du Sahara, où il n’y a rien ou presque. Ils ont mission de bâtir un nouvel empire industriel.

Pour eux, le calendrier n’a pas de signification. Ces hommes comptent par mètre de forage. Le derrick travaille 24 heures sur 24. Au 17e jour (vendredi) son trépan atteignait 526 mètres. Le troisième forage

Actuellement, trois forages ont déjà été réalisés au Sahara par la S.N.R.E.P.A.L., l’un à Taoudrara- Kahia. l’autre au Sud de Laghouat, dans le périmètre Ghardaïa-Berriane.

Le troisième est celui d'Oued-Rharbi. Le plus profond du mondé, hors Amérique, puisqu’il atteindra 5.000 mètres environ. Il s’agit en effet d'un forage de grande reconnaissance, destiné à déterminer la coupe géologique du terrain.

Ingénieurs et géologues se penchent chaque jour sur les fameuses carottes de terre, dont certaines peuvent atteindre 6 mètres, afin d’y déceler les indices du pétrole. Dans les meilleures conditions, puisqu’un système de climatisation permettra le travail en été. Ces hommes poursuivront leurs travaux jusqu’au début de l’hiver. La liaison aérienne permettra un roulement facile du personnel qui passe une semaine de récupération tous les mois dans le Nord. Le bassin à boue

Au cours de la visite du camp, un bassin rempli de boue attira notre attention. Il ne s’agissait pas de déchets. mais d’une boue précieuse. Artificielle, elle est importée de métropole et fait partie du matériel nécessaire au sondage. Cette boue évacue les « cuttings », menus fragments de terre, refroidit et lubrifie le trépan.

Malgré cette sorte de graisse, les trépans s’usent vite : ils ne durent jamais plus de 48 heures. Ce qui explique en partie le coût élevé des forages d’essai : plus d’un million par jour.

Monsieur ILTIS

45 hommes travaillent en célibataires à Oued-Rharbi, sous la direction de MM. Coppin, ingénieur en chef ; Lefeuvre, directeur en chef géologue ; Iltis, ingénieur des forages du chantier, et Leroy, ingénieur.

Le plus étonnant de ces pionniers est sans conteste M. Iltis. Cet Alsacien a travaillé aux quatre coins du monde. Pendant 41 ans, il a recherché le pétrole dans le Kansas, au Vénézuela. dans les marais de Maracaïbo. Il a foré en Irak, au Texas et dans tous les bleds où gît l’or noir. Mais il n’a jamais mis les pieds dans les chantiers de Pechelbronn. Son village natal. La dernière étape

Sur la piste de retour, le dernier sujet d’étonnement d’un voyage historique : deux indigènes déambulant paisiblement à des milles de toute civilisation, sans chapeau, ni chameau...

A 17 h. 30, notre DC-3 quittait Oued-Rharbl. Cette tranchée ravinée. oubliée des géographes et qui sera peut-être un jour l'un des centres principaux d’un nouveau monde industriel : le Sahara.