Sahara
Le sous-sol algérien et sa mise en valeur
LE SAHARA : DÉSERT OU ELDORADO ?
La richesse saharienne n'est-elle aujourd'hui qu'un mirage ?

Echo du 18-12-1951 - Transmis par Francis Rambert

Le sous-sol algérien et sa mise en valeur
LE SAHARA : DÉSERT OU ELDORADO ?
La richesse saharienne n'est-elle aujourd'hui qu'un mirage ?

Riche surtout de pierres et de sable, le Sahara va-t-il bientôt se transformer en un fabuleux Eldorado. Le désert va-t-il, comme l'affirment certains optimistes, révéler à profusion fer, charbon, pétrole, zinc. étain et autres trésors ?

Nous avons posé la question à des spécialistes, des techniciens qui connaissent particulièrement bien la question, tels MM. de Beauregard, directeur, et Baldacci, secrétaire général du Bureau de recherches minières de l'Algérie ; Schnell, ingénieur en chef du Service des mines. et Tenaille, directeur de la S.N R.E.P.A.L.

Leurs explications éclairent remarquablernent le problème de l'exploitation du sous-sol saharien.

RECHERCHE MINIÈRE AU SAHARA
Le Sahara algérien est extrêmement vaste : 2 millions de km². Il doit y avoir sur une telle superficie des ressources minières. On peut sans crainte l'affirmer. Mais quelles sont exactement ces ressources ?

A l'heure actuelle , à vrai dire, on ne connaît pas grand-chose du Sahara. Quelques trouvailles ont été faites par hasard. Des missions ont, d'autre part, été envoyées au sud de Colomb-Béchar et au Hoggar. L'an dernier, une équipe de géologues est allée reconnaître le massif des Eglads, aux confins algéro-marocains-mauritaniens.

D'une façon générale les recherches s'avèrent au Sahara extrêmement difficiles (éloignement, climat, dissémination de la population).

Deux ou trois points émergent où il faut concentrer l'activité des prospecteurs.

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Le sous-sol algérien et sa mise en valeur
Le sous-sol algérien et sa mise en valeur
Le sous-sol algérien et sa mise en valeur
LE SAHARA : DÉSERT OU ELDORADO ?
La richesse saharienne n'est-elle aujourd'hui qu'un mirage ?

Riche surtout de pierres et de sable, le Sahara va-t-il bientôt se transformer en un fabuleux Eldorado. Le désert va-t-il, comme l'affirment certains optimistes, révéler à profusion fer, charbon, pétrole, zinc. étain et autres trésors ?
Nous avons posé la question à des spécialistes, des techniciens qui connaissent particulièrement bien la question, tels MM. de Beauregard, directeur, et Baldacci, secrétaire général du Bureau de recherches minières de l'Algérie ; Schnell, ingénieur en chef du Service des mines. et Tenaille, directeur de la S.N R.E.P.A.L.
Leurs explications éclairent remarquablernent le problème de l'exploitation du sous-sol saharien.

RECHERCHE MINIÈRE AU SAHARA
Le Sahara algérien est extrêmement vaste : 2 millions de km². Il doit y avoir sur une telle superficie des ressources minières. On peut sans crainte l'affirmer. Mais quelles sont exactement ces ressources ?
A l'heure actuelle , à vrai dire, on ne connaît pas grand-chose du Sahara. Quelques trouvailles ont été faites par hasard. Des missions ont, d'autre part, été envoyées au sud de Colomb-Béchar et au Hoggar. L'an dernier, une équipe de géologues est allée reconnaître le massif des Eglads, aux confins algéro-marocains-mauritaniens.
D'une façon générale les recherches s'avèrent au Sahara extrêmement difficiles (éloignement, climat, dissémination de la population).
Deux ou trois points émergent où il faut concentrer l'activité des prospecteurs.

HOGGAR ET CONGO BELGE
Une première mission de reconnaissance a été envoyée. au Hoggar en 1948-1949. Le Hoggar, par sa nature géologique rappelle le Congo belge, dont on connaît la richesse minière. Le Hoggar est le prolongement de certains terrains d'A.-O.F . et d'A.-E.F. ou l'on a trouvé des gisements d'étain.
On a donc l'espoir, étant donnée la formation géologique du Hoggar, d'y trouver des métaux intéressants.
Mais à cause de l'éloignement et du prix de revient très élevé, il ne peut être question d'y exploiter que des métaux rares. La main-d'œuvre doit être amenée sur place, il faut assurer le ravitaillement à partir de bases éloignées et quand les véhicules reviennent, ils sont pratiquement inutilisables. Seuls l'étain, le tungstène, le platine, le chrome, le cobalt, tous métaux riches, pourraient dans ces conditions être exploités.
La reconnaissance du Hoggar sera poursuivie à l'aide de crédits spéciaux donnés par l'E.C.A.
Il y a déjà. au sud du Hoggar, dans les massifs de l'Aïn, une exploitation d'étain. Les recherches minières sont poursuivies en collaboration avec la Société de l'Aïr. Les camions de la S.A.T.T., qui vont ravitailler les populations de ces régions, pourraient transporter en fret de retour les minerais extraits. Mais les problèmes de l'eau et de la main-d'œuvre subsistent toujours.
Quoi qu'il en soit, en se plaçant à. un point de vue très général, on peut dire qu'en raison de sa formation géologique et de la similitude qu'il présente avec des régions où l'on a trouvé des minerais précieux, le Hoggar suscite certaines promesses. Mais il faut bien comprendre qu'on en est encore au stade de la recherche. de l'information en quelque sorte. Les travaux, quel qu'en soit le résultat, seront difficiles longs et coûteux.

INDUSTRIE LOURDE A COLOMB-BECHAR
De la région de Colomb-Béchar, nous avons une connaissance géologique générale précisée par des
études de détail. On y a trouvé des indices de manganèse, de cuivre, de plomb. Des prospecteurs ont également signalé l'existence d'une minéralisation en fer : mais cette minéralisation - qui évoque l'Atlas marocain - est très capricieux et n'obéit à aucune loi générale. Dire qu'il n'y a rien est inexact, puisqu'on connaît des affleurements intéressants. Dire qu'il y a un gîte d'importance mondiale est une erreur. Ces éléments doivent être considérés dans l'ensemble d'une mise en valeur de la région
Or, cette région, affirment certains, est particulièrement riche. Kenadza - et son charbon - sont à 20 km. de Colomb-Béchar.
Charbon, indices de métaux : il n'y a plus qu'à installer à Béchar une industrie lourde, se sont dit
les enthousiastes.
Le projet est évidemment séduisant. Est-il seulement raisonnable ?
Toute industrie lourde suppose un support minier important. La Ruhr par exemple vit sur un gisement de charbon facile à exploiter, très riche. Les tout proches gisements de fer lorrains représentent une réserve considérable.
Toute création d'industrie lourde nécessite donc fer et charbon. Pour le fer, le moins que l'on puisse dire est que si des traces en ont été relevées, on ignore encore le tonnage éventuel de l'exploitation. Reste le charbon.
Les houillères de Kenadza qui appartenaient autrefois aux C.F.A. et sont maintenant nationalisées, produisent 300.000 tonnes environ par an. Ce charbon n'est ni aussi sale, ni aussi mauvais qu'on le dit parfois, mais l'exploitation présente un inconvénient majeur : les couches sont extrêmement minces. Des recherches sont activement menées dans le but de repérer d'autres gisement exploitables. Mais la double difficulté, demeure de trouver d'abord du charbon., de trouver parmi ces réserves celles que la distance, l'épaisseur des couches, la profondeur permettent d'exploiter. Il faut donc considérer non seulement l'importance des réserves mais leur exploitabilité et rien ne permet encore de dire quel sera l'avenir de ces nouvelles exploitations, .
Comment peut-on parler d'industrie lourde à Colomb-Béchar alors qu'on a seulement relevé des traces de fer et qu'on ignore encore la valeur des gisements de charbon.

NOUS EN SOMMES ENCORE AU STADE DE LA RECHERCHE !
Au Hoggar donc, on peut espérer, en s'appuyant sur l'analogie géologique des terrains avec le Congo belge, découvrir des métaux intéressants. Dans la région de Colomb-Béchar, rien ne permet de prédire dans un avenir imminent la création d'une industrie sidérurgique.
On peut évidemment, faire des hypothèses mais passer à un commencement d'exécution serait prématuré. Il faut laisser les techniciens travailler avant, de se prononcer sur l'éventualité et l'opportunité de réalisations industrielles.
Il est tout à fait logique et louable de songer à cette industrialisation. mais il faut se garder de tout
enthousiasme prématuré.
Nous en sommes encore - et pour de longues années sans doute - au stade de la recherche, de l'expérience et de l'étude,
En raison de l'éloignement, du climat, de la pénurie locale de moyens matériels et humains, les
difficultés se trouvent décuplées.

DU PÉTROLE AU SAHARA ?
Il y a un espoir, mais cet espoir peut ne pas se matérialiser, tout au moins avant longtemps. Les recherches doivent naturellement être poursuivies. Elles le seront d'autant plus favorablement que l'effort de prospection pétrolière au Sahara va s'intensifier. Il entraînera la création d'aérodromes de points d'eau, d'abris, de pistes. Grâce à cet effort, le Sahara peut être doté d'une infrastructure oui profitera aussi à la recherche minière.
Le 9 août 1950, en effet, la S.N.R.E.P.A.L. et la Compagnie française des pétroles ont déposé en
même temps un permis portant sur 150.000 kilomètres carrés chacun (dans le Sahara du Nord).
C'est la première fois que l'on voit de grandes sociétés pétrolières s'intéresser au Sahara. On peut à
bon droit supposer, étant donné l'importance des moyens qu'il faudra. mettre en œuvre sur des surfaces aussi grandes, dans des conditions aussi difficiles que le Sahara présente pour elles, un intérêt certain.
L'expérience saharienne sera-t-elle une nouvelle expérience canadienne? Dans le Far-West canadien (la superficie du Canada est à peu prés celle du Sahara), les recherches sont demeurées vingt-cinq ans infructueuses avant d'aboutir à la découverte, en 1947-1948, des champs maintenant célèbres de Leduc et Redwater, qui peuvent faire du Canada un très important producteur de pétrole.

RENDEZ-VOUS… DANS DIX ANS
Tout espoir n'est donc pas interdit. Mais ne brusquons pas les choses. Nous en sommes encore aux
tout premiers pas. Peut-être irons-nous loin ! Peut-être aussi devrons-nous nous arrêter en chemin !...
Utopie dangereuse ou miracle imminent, demandions-nous au début de cette enquête. Nous ne pouvons aujourd'hui répondre à la question ainsi posée, mais dans dix ans peut-être...