AU CASINO
Le music-hall a pris une place énorme dans la vie
moderne. Alger, capitale de l'Afrique du Nord, grand centre du tourisme
algérien, station hivernale de première importance doit
à sa population et à ses visiteurs un spectacle où
puissent rivaliser les " attractions " les meilleures parmi
celles qui sont produites sur les scènes du monde entier.
Ce spectacle, on le trouve tous, les soirs, au Casino de la rue d'Isly,
accompagné par un orchestre de tout premier ordre, que dirige,
avec une incomparable maestria, M. Terrier, habitué, par de longues
années de pratique, à son public et aux artistes et à
la science duquel on ne fait jamais appel en vain.
La salle, on la connait, c'est la belle salle de music-hall, entièrement
remise à neuf cette année, claire, gaie, pimpante, avec
ses fauteuils confortables, son promenoir spacieux, son immense brasserie,
son bar américain et ses salons de jeu où
l'ons'entassait, l'an dernier, quand la municipalité n'était
pas trop exigeante et n'avait pas encore tué la poule aux ufs
d'or.
Les artistes ? Il faudrait prendre la liste complète des vedettes
françaises et étrangères pour citer tous ceux qui
furent applaudis au Casino.
Nous y avons vu tous les " as " qui se sont partagés
la faveur du public des Music-halls, depuis Paulus, Ouvrard, Polin et
Mayol et des revues sensationnelles, à grand spectacle, des ballets
prestigieux, des acrobates audacieux, des comiques hilarants. J'y ai applaudi
Nibor ; j'ai ri aux larmes à une pièce théâtrale
jouée par des cabots - je veux dire des chiens - j'ai admiré
l'ingéniosité des fantoches - c'est de poupées en
bois que je parle - et j'ai frémi pendant les exercices au trapèze
volant des frères Stanley, dont la chute mortelle angoissait les
spectateurs, qui venaient de rire aux larmes pendant le " numéro
" précédent.
Pour ne citer que les dernières vedettes, je me souviens d'Andrée
Turcy, cette étonnante diseuse réaliste, au talent digne
des meilleures scènes de comédie et dont la voix ferait
merveille dans l'opéra-comique, de Torcat, qui eut la patience
de dresser 60 coqs de toutes tailles et de tous plumages ; des Melcors,
acrobates au tremplin, de Georges Roger, extrèmement comique et
des clowns si drôles, si formidablement artistes qu'ils font rire
avec un geste, un mot, un rien : Antonette et Biby.
Maintenant, des danseuses espagnoles : le trio Hernandez, tiennent l'affiche
; -une excellente chanteuse, Raymonde Dedax, se fait applaudir et l'on
nous annonce un médium extraordinaire qui fait actuellement fureur
au Palais de Cristal de Marseille : Kernol et Ariane. Nous savons que
sont engagés pour de prochaines représentations : Perchicot,
l'ancien champion. cycliste, l'artiste de Music-hall du moment : Grinda,
Couchoud, Amor et Sardou, l'inénarrable comique algérien
- et nous n'ignorons pas que, dans la saison, outre l'innombrable suite
d'artistes de tout ordre, de tout genre, tous minutieusement sélectionnés,
la direction du Casino nous offre une troupe japonaise sensationnelle
; un illusionniste extraordinaire, un grand ballet de dix-huit danseuses
anglaises... J'en passe... et des meilleurs !
En ai-je assez dit ? Une seule constatation, pour finir ; notre Music-
hall ne désemplit pas. oIl faut y louer des places à
l'avance, si l'on ne veut pas rester debout, au promenoir. N'est-ce pas
la preuve qu'il répond à un besoin et qu'il donne satisfaction
au public ?
Il trouve sa place dans la liste des distractions qu'Alger offre à
ses hiverneurs. Et c'est le plus intéressant éloge qu'il
soit permis à notre journal de lui faire.
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