Un enchevêtrement
de tubes d'acier qui furent des sièges élégants
dans la pâtisserie Sam, des amas de gravats et de lattes de
plafonds, des bocaux de confiseur brisés, des chapeaux ternis
de poussière, des têtes de cire de mannequin roulant
maculées sur le sol, tout un attirail de modiste gisant épars
à côté de comptoirs démantelés,
des lustres de cristal de chez
Zagha brisés en mille morceaux, des tapis arrachés
des murs où ils étaient exposes, des objets de cuivre
bosselés, des deventures littéralement éclatées,
des planchers ouverts menaçant ruine au-dessus de caves remplies
de débris, tout cela dans le plus inextricable des désordres,
voilà tout ce qui reste des trois élégants
magasins qui ouvraient leurs somptueuses vitrines rue d'Isly, à
l'angle de la rue Varennes.
En quelques secondes, ce coin d'Alger si commerçant a pris
une allure de catastrophe, après une explosion d'une violence
inouïe qui s'y produisit hier vers 17 heures.
Aussitôt répandue dans la ville, cette nouvelle fut
déformée.
Rapprochant cet événement qui causa, hélas,
de nombreuses victimes des récentes explosions de Paris,
on disait déjà, quelques minutes après l'accident
: e« Vous savez, une bombe a éclaté rue d'Isly»
Eh bien, fort heureusement, les enquêteurs ont pu très
rapidement déceler les causes de cet accident. L'explosion
de la rue d'Isly n'a rien d'un attentat. Elle résulte, comme
on le verra plus loin, de la brusque déflagration de gaz
comprimés, gaz employés dans le sous-sol de la pâtisserie
pour faire fonctionner un petit réchaud.
La rapidité avec laquelle fut menée l'enquête
judiciaire, en présence de MM. Grégoire, secrétaire
général du Gouvernement, et Bourrat, préfet
d'Alger. permit d'acquérir cette certitude qui calma aussitôt
l'opinion, si prompte à accueillir les nouvelles les plus
fantaisistes.
On se trouvait tout simptement en face d'un fait purement accidentel,
d'une violence extraordinaire, certes, mais que l'on ne pouvait
nullement imputer à la malveillance.
(suite dans les articles)
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