Les rues de Constantine et de Liberté

Le palmier...et le restaurant du palmier...et la Rotonde

Joachim Guimet-Rubini :« Au 23, rue de Constantine, il y avait aussi le Café du Palmier qui devint plus tard le restaurant du Palmier puis Café de la Rotonde. En 1918, le restaurant du Palmier était déjà au 1, boulevard Bugeaud. Il fallait simplement traverser la rue ! Le Café de la Rotonde s’installa en lieu et place de l’ancien restaurant du Palmier à un détail près que le bâtiment du 23, rue de Constantine fut détruit pour laisser place à un bâtiment bien plus moderne de 8 étages et non de 3 étages.

En 1976, le palmier était encore là au carrefour des rues Waisse , Colonna d’Ornano et boulevard Bugeaud. Aujourd’hui il n’existe plus. »

À gauche du restaurant, escaliers rue Joinville vers rue d'Isly
Derrière , bd Bugeaud.

sur site : février 2014


2.- Un palmier historique à Alger

Un palmier historique à Alger.

Trop préoccupées de traverser le carrefour du boulevard Bugeaud, de la rue de Constantine et de la rue Waïsse, sans se faire écraser par les nombreux véhicules de toute nature qui s'y emmêlent, nombreuses sont les personnes qui n'ont attaché qu'une médiocre importance au superbe et immense palmier qui s'y dresse majestueusement. Et cependant, ce palmier a une histoire, très peu connue, et qui mérite toutefois qu'on y prête attention.

En faisant la part de la vérité et de la légende, voici ce qui me fut conté à son sujet. Il y a fort longtemps, une période de sécheresse avait tari toutes les sources d'El-Djezaïr et la population était condamnée à mourir de soif si cet état de choses durait encore quelques jours. Or, à cette même époque vivait Sidi Abd-el-Kader El-Djilali. Ce saint homme avait la réputation de faire des miracles, entre autres, celui de faire sourdre l'eau là où personne ne pouvait la soupçonner. Ce fut donc à lui que le peuple altéré demanda de mettre un terme à son horrible soif.

Après maintes recherches infructueuses sur le territoire de la ville des corsaires, El-Djilali s'arrêta enfin à l'endroit même où se trouve encore le seul témoin de cette histoire miraculeuse. Il n'y avait là, à cette époque lointaine, que quelques misérables gourbis, entourés d'une maigre végétation, dominée par le palmier dont je viens de causer. " Creusez ici ", dit-il à la foule anxieuse qui le suivait, " et vous aurez, de l'eau ". Immédiatement, avec une ardeur fanatique, un trou fut fait et, miracle, une eau belle et claire comme du cristal et fraîche à souhait jaillit en murmurant. Une immense clameur s'éleva de la foule et le saint nom d'Allah fut béni avec ferveur, chacun se prosternant, la face contre terre.

N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande

TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.

Afrique illustrée du 20-12-1930 - Transmis par Francis Rambert
mars 2021

50 Ko
retour
 

Le palmier...et le restaurant du palmier

Un palmier historique à Alger.

Trop préoccupées de traverser le carrefour du boulevard Bugeaud, de la rue de Constantine et de la rue Waïsse, sans se faire écraser par les nombreux véhicules de toute nature qui s'y emmêlent, nombreuses sont les personnes qui n'ont attaché qu'une médiocre importance au superbe et immense palmier qui s'y dresse majestueusement. Et cependant, ce palmier a une histoire, très peu connue, et qui mérite toutefois qu'on y prête attention.

En faisant la part de la vérité et de la légende, voici ce qui me fut conté à son sujet. Il y a fort longtemps, une période de sécheresse avait tari toutes les sources d'El-Djezaïr et la population était condamnée à mourir de soif si cet état de choses durait encore quelques jours. Or, à cette même époque vivait Sidi Abd-el-Kader El-Djilali. Ce saint homme avait la réputation de faire des miracles, entre autres, celui de faire sourdre l'eau là où personne ne pouvait la soupçonner. Ce fut donc à lui que le peuple altéré demanda de mettre un terme à son horrible soif.

Après maintes recherches infructueuses sur le territoire de la ville des corsaires, El-Djilali s'arrêta enfin à l'endroit même où se trouve encore le seul témoin de cette histoire miraculeuse. Il n'y avait là, à cette époque lointaine, que quelques misérables gourbis, entourés d'une maigre végétation, dominée par le palmier dont je viens de causer. " Creusez ici ", dit-il à la foule anxieuse qui le suivait, " et vous aurez, de l'eau ". Immédiatement, avec une ardeur fanatique, un trou fut fait et, miracle, une eau belle et claire comme du cristal et fraîche à souhait jaillit en murmurant. Une immense clameur s'éleva de la foule et le saint nom d'Allah fut béni avec ferveur, chacun se prosternant, la face contre terre.

L'homme qui découvrit miraculeusement cette source jouit de tous les attributs d'un grand marabout et les pèlerins vont se recueillir sur sa tombe, à Bagdad, où il mourut au cours d'un pèlerinage. A Alger, nombreux sont les musulmans qui viennent encore aujourd'hui imposer les mains sur le palmier qui profita le premier de la douceur de cette eau et qui, grâce à elle, a grandi et vieilli en conservant une rare vigueur.

Mais, hélas, la civilisation a détruit, en partie, ce lieu saint. La source que les invocations du marabout El-Djilali fit jaillir, pour le plus grand bien des disciples de Mahomet, est maintenant recouverte par le banal ciment d'un trottoir; elle est foulée chaque jour par des pieds qui seraient sacrilèges s'ils n'étaient ignorants. Avant de disparaître complètement, elle fut aménagée en fontaine dont les plus de quarante ans peuvent avoir gardé un vague souvenir. Puis, un jouir brusquement, elle disparut devant la civilisation envahissante. Est-ce à dire qu'elle est perdue ? Pas du tout. Elle coule encore et toujours, mais un peu plus bas, à l'entrée d'une cave de la Maison Eschenauer, au bastion Sud. Elle ne sert plus à désaltérer un peuple mourant de soif. En changeant de place ses vertus se sont modifiées.

Chaque jeudi, les femmes musulmanes, accompagnées de leurs enfants ou des parentes de leur mari sont autorisées à venir demander à l'âme du saint marabout Sidi Abd-el-Kader El-Djilali, un bienfait qu leur garantit au foyer une place sûre : avoir un enfant mâle. De nombreuses mauresques, qui ne sont point encore en puissance de mari, viennent aussi demander au marabout le bonheur d'être choisies bientôt comme épouse d'un brave homme auquel elles donneront des fils courageux et forts. Chacune d'elle apporte son offrande : celle-ci, soulevant son haïck brodé, respire les fumées de l'encens brûlant dans un creuset ; une autre, allume un cierge rouge placé près de la source ; d'autres font sacrifier un poulet. Egorgé, le volatile est jeté dans un vieux fût défoncé et se débat encore quelques instants, tandis que d'autres suppliantes baisent pieusement des soies éclatantes tapissant les murs du bastion entre les étendards surmontés d'un croissant de cuivre.

Les offrandes apportées par ces croyantes sont ensuite réunies et, la plupart du temps, servent à confectionner un délicieux couscous qui est distribué à tous ceux qui sont désireux d'y goûter. Les pauvres et les pauvresses, connaissant bien cette pratique charitable, se pressent alors autour des grands plats préparés et y puisent des forces qui leur permettront d'attendre avec plus de patience de nouvelles agapes. Nombreux aussi sont les aveugles, les paralytiques, les infirmes de toutes catégories qui s'accroupissent sur le passage des mauresques, psalmodiant quelques vagues versets du Coran et surtout tendant infatigablement une main dans laquelle tombent quelques oboles.

Des marchands ambulants de sucreries, de pâtisseries indigènes et espagnoles ont aussi leurs éventaires à proximité de la fontaine miraculeuse et les petites mauresques, bousculées par des yaouleds chapardeurs, font empiète de sucres rouges dont elles se barbouillent la figure.

Puis, chacune des croyantes emporte, dans un petit récipient de cuivre ou d'étain, quelques gouttes du précieux liquide qui servira à leur créer du bonheur.