Rues de Constantine,
Colonna d'Ornano, Lelluch
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De même que le
général de Gaulle, le colonel Jean Colonna d'Ornano
n'avait jamàis désespéré de la victoire.
Je le revois comme si je l'avais quitté hier. Bâti
en hercule, visage éveillé, regard vif, pénétrant
et loyal, il incarnait la Corse à l'âme halite et
pure. Descendant d'une des plus nobles et illustres familles de
l'île, Colonna d'Ornano était né Alger, mais
était profondément attaché à la petite
patrie. Chaque fois qu'il pouvait y retourner pour se retremper dans la solitude divine des montagnes, c'était pour lui une joie ineffable. Je l'ai rencontré une fois, place du Diamant, attardé devant la statue de l'empereur, dont la regard, fixé sur la grande étendue marine couleur de saphir, semble scruter l'horizon comme peur y retrouver l'impériale vision de ses réves de gloire. Noua parlâmes longuement de la Corse, de son histoire et de tous les trésors à l'attrait infini qu'elle renferme. Colonna d'Ornano savait que Mussolini attendait l'heure qui, après la défaite de la France, pouvait lui offrir quelques chances de s'emparer de le Corse. Le dictateur ne se doutait pas qu'il y avait loin de la coupe aux lèvres. Aussi, lorsqu'on décida l'expédition du Tchad, Colonna d'Ornano, ému par une voix mystérieuse qui lui criait : France !... Corse !... se mit spontanément au premier rang des volontaires. L'étape à parcourir était longue, dure et meurtrière. Mais Colonna d'Ornano ne doutait pas de la réussite. Hélas ! la mort l'attendait en route. Nos armes devaient triompher en Égypte, en Tripolitaine, en Abyssinie et en Tunisie, mais le cruel destin empéchait d'Ornano d'assister à leur triomphe. Qui aurait été plus heureux que lui de voir un jour la Corse, sa Corse, libérée ! Au soir d'une journée, on apprenait que le héros avait trouvé une mort héroïque à Mourzouk, où il dort son dernier sommeil. Son âme maintenant doit planer eu-dessus des sommets et des plaines de sa natale Cyrnos. Et, en ce matin où fut célébré un service funèbre en l'église Saint-Augustin, durant la période cruelle des commissions d'armistice, ce ne fut par sans une profonde émotion que les témoins, dont nous étions, s'inclinèrent devant le drapeau tricolore qui recouvrait le catafalque, symbole élevé à la mémoire d'un grand soldat, d'un grand patriote, d'un Corse fidèle et pur. BONIFACI. |
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