-Alger, rue Bab-el-Oued
La prison d'Icosium.
Afrique du nord illustrée du11-9-1934 - Transmis par Francis Rambert

Avant que la pioche des démolisseurs ait fait disparaître certaines maisons de l'ancien Alger il est de tout intérêt de connaître certaines qui remontent à l'origine romaine d'Icosium, le nombre en est assez grand. Il y en a de très intéressantes, comme cette construction romaine enterrée d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage, rue de la Casba et qui servit de bagne sous les Turcs, actuellement sous l'Église de Notre-Dame-des-Victoires, très bien conservée où l'on remarque des fondations construites en Opus Spicatum et une autre entièrement complète, avec entresol, située à l'encoignure des rues de l'État-Major et de l'Intendance à usage de prison à l'époque romaine, berbère et turque, dont nous résumons l'histoire dans cet article.

Cette construction depuis la conquête, n'attira que peu l'attention des archéologues et ne subit aucune modification ; car, ne pouvant rien en faire, vu son manque d'air et de lumière elle fut rattachée aux bâtiments militaires, après avoir été relevée sur toutes ses faces par le Service du Génie.

Cette construction comme l'on peut s'en rendre compte est construite en appareillage romain et porte à l'encoignure des deux rues l'enseigne d'une prison comme c'était la coutume à l'époque : deux mains de voleurs coupées avec, au centre, la rose d'Hécate qui à l'époque romaine était le symbole de la mort. C'est la sculpture la plus ancienne que possède Alger, remontant à l'origine de la ville...

Cette prison est exactement divisée comme l'étaient les prisons des cités romaines, voisiné du Forum, des temples et de la Curie. Ainsi que nous aurons l'occasion de le démontrer dans un autre article elle se composait : d'une prison souterraine où se faisaient les exécutions capitales, la loi romaine s'opposant aux exécutions en plein jour. Cette partie souterraine mesure 75 mètres carrés, la hauteur sous voûté est de 3 m. 90. Actuellement cette partie est à usage de citerne dont la contenance peut être évaluée à près de trois cents mètres cubes. On y descendait au moyen d'une trappe comme dans la prison Mamertine de Rome et comme dans celle de Pompéi, cette ouverture donne dans la partie du rez-de-chaussée côté Nord.

Le rez-de-chaussée est limité par les rues de l'État-Major et de l'Intendance, et le reste enclavé dans les bâtiments de l'ancien Consulat de France sous les Turcs actuellement l'Hôtel de la Division.

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... juin 2021

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Notre Dame des Victoires
Notre Dame des Victoires
rue de l'Etat-Major, rue de l'intendance
prison icosium
L'Alger inconnu.
La prison d'Icosium.

Avant que la pioche des démolisseurs ait fait disparaître certaines maisons de l'ancien Alger il est de tout intérêt de connaître certaines qui remontent à l'origine romaine d'Icosium, le nombre en est assez grand. Il y en a de très intéressantes, comme cette construction romaine enterrée d'un rez-de-chaussée et d'un premier étage, rue de la Casba et qui servit de bagne sous les Turcs, actuellement sous l'Église de Notre-Dame-des-Victoires, très bien conservée où l'on remarque des fondations construites en Opus Spicatum et une autre entièrement complète, avec entresol, située à l'encoignure des rues de l'État-Major et de l'Intendance à usage de prison à l'époque romaine, berbère et turque, dont nous résumons l'histoire dans cet article.

Cette construction depuis la conquête, n'attira que peu l'attention des archéologues et ne subit aucune modification ; car, ne pouvant rien en faire, vu son manque d'air et de lumière elle fut rattachée aux bâtiments militaires, après avoir été relevée sur toutes ses faces par le Service du Génie.

Cette construction comme l'on peut s'en rendre compte est construite en appareillage romain et porte à l'encoignure des deux rues l'enseigne d'une prison comme c'était la coutume à l'époque : deux mains de voleurs coupées avec, au centre, la rose d'Hécate qui à l'époque romaine était le symbole de la mort. C'est la sculpture la plus ancienne que possède Alger, remontant à l'origine de la ville...

Cette prison est exactement divisée comme l'étaient les prisons des cités romaines, voisiné du Forum, des temples et de la Curie. Ainsi que nous aurons l'occasion de le démontrer dans un autre article elle se composait : d'une prison souterraine où se faisaient les exécutions capitales, la loi romaine s'opposant aux exécutions en plein jour. Cette partie souterraine mesure 75 mètres carrés, la hauteur sous voûté est de 3 m. 90. Actuellement cette partie est à usage de citerne dont la contenance peut être évaluée à près de trois cents mètres cubes. On y descendait au moyen d'une trappe comme dans la prison Mamertine de Rome et comme dans celle de Pompéi, cette ouverture donne dans la partie du rez-de-chaussée côté Nord.

Le rez-de-chaussée est limité par les rues de l'État-Major et de l'Intendance, et le reste enclavé dans les bâtiments de l'ancien Consulat de France sous les Turcs actuellement l'Hôtel de la Division. Avant la construction de ce palais par les Turcs, la prison romaine était entièrement isolée de toutes parts ; l'on voit encore les fenêtres à grillages noyées dans les murs. Cette partie du rez-de-chaussée, divisée en plusieurs geôles occupe une surface de 600 mètres carrés, ou 2.000 pieds carrés romains. Chaque geôle était éclairée par une fenêtre carrée de trois pieds de largeur et de hauteur munie de barreaux grillagés. Cette partie servait à l'époque romaine pour les condamnés qui y subissaient leur peine. Du côté de la rue de l'Intendance se trouve l'entrée des geôles de l'entresol destinées jadis à ceux qui étaient simplement en prévention ; là l'on voit encore en place le pavage carré comme on le faisait à l'époque romaine; toutes les pièces sont voûtées à arêtes. La porte donnant à l'entresol date de l'époque turque, et est en marbre.

Aucune fouille n'a été faite dans le sous-sol. Qu'y trouverait-on, peut-être, d'autres pièces donnant accès dans la salle des exécutions capitales. Ce qui est certain, d'après Devoulx, c'est que dans le quartier où se trouve la prison romaine d'Icosium c'est qu'il y avait dans les environs, à l'arrivée des Turcs quantité de ruines romaines, tel en particulier un aqueduc construit par les anciens et d'après d'anciens plans cavaliers, le Forum, une nymphée, des temples, la Curie, etc., et, chose curieuse et singulière, ces plans cavaliers signalent tous la présence à l'endroit où se trouvent les rues de l'État-major et de l'Intendance d'une prison (Carcere ou prigione) ce qui établit l'existence ininterrompue de la prison romaine d'Icosium à nos jours.

Les Turcs utilisèrent ces locaux, c'était nous dit, l'historien Haédo au XVIe siècle la prison du Mesouar où l'on incarcérait les malfaiteurs pris sur le fait ; ainsi que ceux qui étaient condamnés à la prison par les Cadis.

A l'époque romaine, suivant les historiens latins Ancus Martius et Servius Tullus, l'étage souterrain se nommait carcer inferior, cachot sans lumière dans lequel l'on jetait les condamnés à mort pour y subir leur peine. L'étage supérieur à ce dernier, celui du rez-de-chaussée se nommait carcer interior ou robur, servait de lieu de détention pour ceux qui étaient condamnés aux fers custodia arcta jusqu'à l'expiration de leur peine, ou si c'était une sentence de mort qu'elle reçut son exécution.

Tant qu'à l'étage supérieur la custodia communis la détention était moins sévère, les prisonniers pouvant prendre l'air et se livrer à des exercices. C'est un emprisonnement de ce genre que subit Dolabella : " neque arcta custodia neque obscura. " (Tacite. His. I ; 18).

Au point de vue architectural, l'on remarque dans la partie tournante de la rue de l'État-Major la reprise en pisé qu'ont faite les Turcs, sur l'appareillage romain qui était en ruine de ce côté au XVIe siècle. Cette construction fut édifiée avec de la pierre de taille très blanche paraissant venir des carrières de Mahon.
Il serait très intéressant pour l'histoire des origines de la ville d'Alger de faire vider la prison souterraine de l'eau croupie qu'elle contient et qui est un germe pestilentiel pour les maisons voisines en déversant cette eau dans les égouts avoisinants, ce qui permettra de conserver intact ce lieu d'exécutions capitales chez les Romains.