A Alger, rue Bruce on découvre
des substructions antiques.
Par suite des travaux de fouilles entrepris par la ville d'Alger
pour l'agrandissement du dispensaire municipal, il a été
mis à jour deux constructions voûtées en parfait
état de conservation, un fût de colonne en marbre blanc
a été découvert dans l'une de ces voûtes.
A quelle époque remontent ces deux constructions ? Un plan
cavalier, datant de 1572-73, nous donne quelques renseignements
sur cette question. A l'endroit même désigné
sur le plan du 16ème siècle, sous le n° 21, s'aperçoit
une construction carrée précédant le Novo Palazzo
di Yaya Raïs, c'est-à-dire le Nouveau Palais élevé
à cette époque par le Raïs Yaya, qui était
l'un des plus célèbres corsaires de l'époque
; c'était la coutume chez les Raïs d'Alger de loger
leurs esclaves dans des bagnes particuliers avoisinant leurs palais,
en dehors des bagnes publics, qui ne furent ouverts que plus tard.
Le bagne de Yaya Raïs donnait dans une rue, qui devint plus
tard la rue Bruce. Comme presque tous les Turcs nouvellement installés
dans El-Djezaïr, Yaya Raïs avait utilisé comme
bagne d'anciennes ruines voûtées, comme il en existait
de nombreuses dans le quartier de Souk-el-Djemaâ (le marché
du vendredi, dont nous donnons la vue (1572-73) d'après une
gravure de l'époque). Ces voûtes avaient été
construites par les Romains ; les dernières découvertes
sont en tout semblables à celles du bagne de Chiobali, qui
existent encore sous Notre-Dame-des-Victoires, dont l'on voit l'appareillage
en " opus spicatum " très bien conservé
; il nous a été impossible de nous rendre compte de
l'appareillage de celles nouvellement découvertes, ces dernières
étant recouvertes par un enduit ; mais ce sont les mêmes
hauteurs, mêmes largeurs et mêmes épaisseurs
de murs que celles du bagne de Chiobali ; il est certain donc que
ces mêmes constructions ont dû servir au même
usage. Le Palais de Yaya Raïs, l'un des plus merveilleux palais
d'art musulman qui existent à Alger et l'un des mieux conservés,
est l'habitation de M. le Président de la Cour, dont l'entrée
se trouve dans la rue Socgémah; en dehors des motifs de décoration
d'architecture mauresque, il y a des sous-sols peu connus et très
intéressants, dont la hauteur sous voûte permet la
circulation à cheval et doit correspondre avec les voûtes
nouvellement découvertes.
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