-----Toujours
à cause de ces films à tendance pernicieuse développant
constamment le côté " Colonial ", j'ai envie
de crier au monde entier l'uvre constructive de la France sur
cette terre qui n'était que ruines, anarchie et piraterie.
-----Grâce
à des hommes intelligents et dévoués venus des
quatre coins de la Planète, l'ALGÉRIE était sortie
du Moyen Âge pour devenir un des plus beaux pays du MAGHREB. Au
fil des années ces hommes (Italiens, Mahonnais, Espagnols, Français,
Suisses, etc.) ont su apporter leur savoir-faire dans l'architecture,
les communications, l'agriculture et l'hygiène.
-----Il
ne fait pas accepter d'être toujours sali, il faut leur rendre
hommage. Nous ne devons pas refouler le passé, au contraire,
montrer toutes les vérités et ne pas sans cesse se laisser
dire que le gâchis actuel de l'ALGÉRIE d'aujourd'hui est
de notre faute. Il est à noter que dès 1930 les responsables
de la santé se sont inquiétés des populations touchées
par la tuberculose. Il fallait traiter rapidement avant la propagation
de la maladie. Français et Indigènes venaient dans les
quelques rares sanatoriums de France pour se faire soigner. Le coût
demandait un effort financier considérable et il fallait envisager
de traiter les malades en ALGÉRIE.
-----Monsieur
Alexandre VANONI de RIVET, personnalité importante très
dévouée, altruiste et philanthrope né, fréquentait
le monde médical, politique et agricole. C'était un généreux
donateur et après étude avec les médecins et responsables
de la santé, le premier sanatorium de l'ALGÉRIE voit le
jour à RIVET sur un terrain offert justement par lui. Il a donc
été le Président Fondateur de ce " sana "
situé dans la montagne ou plutôt " montagnette "
qui s'appelait le " DJEBEL ZEROULEZ " à 450 mètres
d'altitude, au-dessus de RIVET. L'accès était facile.
C'est l'entreprise MASQUIDA Frères (Jean et Antoine) qui a fait
la route pour y accéder. Mon père Jean MASQUIDA se rendait
à cheval pour poser les charges de dynamite afin de percer les
rochers. Il fallait défricher, enlever les palmiers nains ou
" margaillons ". Souvent en fin d'après-midi, avec
ma mère, nous allions à sa rencontre. C'était un
régal de gambader dans la nature.
-----D'en
haut, la vue était magnifique; nous aimions voir la mosaïque
des cultures de la plaine de la MITIDJA avec en toile de fond la baie
d'ALGER.
Le climat était idéal, sain et très supportable à
cause de la faible altitude et à l'abri du sirocco. Monsieur BIENVENU
fut l'architecte d'avant-garde. Tout était bien pensé et
étudié: 100 lits pour les hommes et 80 pour les femmes.
Le confort moderne était partout et les chambres s'ouvraient sur
des galeries de cures. Il y avait un dispositif d'écrans pour le
soleil. Cette construction dura 2 ans et le sana inauguré en 1940
fonctionna jusqu'en 1962.
-----Les malades
étaient tous indigènes et avec les thérapies nouvelles
la tuberculose régressait à pas de géant. Les bâtiments
existent toujours certes, mais dans quel état ? Il y a recrudescence
de la maladie et les jeunes médecins Algériens venus faire
leurs études en FRANCE ou en EUROPE ne retournent pas chez eux
soigner leurs compatriotes alors qu'il est de leur devoir de se propulser
dans leur pays débarrassé du " Joug " français
Nous avons laissé un pays magnifique et j'estime que depuis bientôt
38 ans, c'est-à-dire une bonne génération, le paupérisme
ne devrait pas sévir et surtout les Algériens devraient
rester chez eux et être heureux de ne plus avoir sur le dos la souveraineté
française, puisque, d'après Mohamedi SAID, officier de l'armée
de libération nationale (ALN et FLN) : "C'était l'enfer
et insupportable, il fallait combattre l'étranger! "
-----Quant
à l'uvre bienfaitrice de Monsieur Alexandre VANONI, elle
est immense. Il avait financé entièrement la clinique de
la Croix Rouge d'ALGER et en était également trésorier.
Sur les 130 hectares de " NOTRE DAME DU MONT " où se
trouvait le " sana ", il a donné le terrain pour faire
construire par ses cousins Italiens le Monastère des PÈRES
BLANCS, une abbaye pour les religieuses qu'on appelait " Les Surs
Blanches " ainsi que deux dispensaires (1 chez les Surs et
1 près du Monastère). Le troisième dispensaire était
implanté à l'entrée de RIVET à la distillerie.
Ces trois centres très connus dispensaient les soins journellement
et gratuitement. C'est à la distillerie qu'étaient fabriqués
le fameux " MALIK ", et la non moins fameuse liqueur "
MALIKA " qui vous enchantaient le palais. Cette dernière était
mise dans une bouteille venant de TCHÉCOSLOVAQUIE et, ayant la
forme de l'Abbaye du Mont surmontée de la statue de la Vierge tenant
l'enfant Jésus dans ses bras.
-----Les trois
frères Alexandre, Emile et Marcel de RIVET et Pierre d'AMEUR EL
SAIN ont tous les quatre laissé de fortes empreintes. Ils ont fait
venir un sculpteur Italien pour réaliser la statue du père
CHARLES DE FOUCAULD. J'étais très petite et avec ma soeur,
mon cousin Hubert MASQUIDA et mes cousines nous allions le voir oeuvrer,
installé avec son bloc de pierre ou de marbre dans le poulailler
désaffecté de chez mon oncle Antoine. Nous étions
fascinés de le voir travailler avec le ciseau et la massette. Nous
savions quel était l'homme qu'il sculptait.
-----Nos parents
nous en parlaient avec tellement de foi et d'admiration qu'il faisait
partie de notre patrimoine culturel. C'était un missionnaire qui
a diffusé la civilisation française autant que la prédiction
évangélique. Il faisait le bien, soignait les TOUAREG. Les
Pieds-Noirs le portaient dans leur cur, surtout parce qu'il a été
lâchement assassiné sur leur terre le Y décembre 1916.
La statue grandeur nature a été placée à NOTRE
DAME DU MONT. Les Surs Blanches de NOTRE DAME DU MONT étaient
connues pour leur soins qu'elles prodiguaient à la communauté
musulmane. Elles avaient créé un ouvroir pour toutes les
filles musulmanes. Elles leur apprenaient divers travaux ménagers
et notamment la broderie méditerranéenne.
-----Les frères
VANONI avaient une propriété à AMEUR EL AÏN
où ils avaient aussi fondé un dispensaire. A MICHELET, ils
avaient participé à la construction de l'hôpital des
Pères Blancs. La liste est sûrement plus longue. J'ai d'autres
souvenirs. Quand " Monsieur Alexandre " est décédé
(j'avais 6 ans) tous les élèves des classes de RIVET, bien
en rangs, ont assisté sur la place de l'église à
son enterrement et écouté le bon Curé de RIVET faire
son panégyrique. Il y avait foule, autant d'Arabes en burnous,
si ce n'est plus, que d'Européens. Ces flashes sont très
présents dans ma mémoire, je revois tout sous les palmiers.
-----"
Monsieur Alexandre " était très connu, même extra-muros,
pour sa bonté et son humanisme. C'était un saint homme.
Tous les matins, il soignait gratuitement les indigènes. Un fait
de guérison est très connu. Un Arabe était venu de
BOUGIE monté sur un âne. Cet homme paralysé des deux
jambes lui dit: " on m'a dit que tu es "Marabout" et que
toi seul peux me guérir! " C'est ce qu'il fit en employant
l'électricité. C'est un cas parmi tant d'autres. Il y avait
Emile qui soignait et accouchait les femmes musulmanes. C'est dire la
confiance et les liens qui existaient entre les deux communautés.
-----Je veux
citer aussi d'autres " sages " tels que Monsieur BORGEAUD (Sénateur)
qui bien avant les lois sociales, au DOMAINE
DE LA TRAPPE, allouait à tous les ouvriers, après
35 ans de services, une petite maison et un lopin de terre. A EL AFFROUN,
Jack AVERSENG, le Maire, a financé presque entièrement l'hôpital
de la commune et le dispensaire.
-----La liste
de ces colons " blâmés par les ignorants est longue.
Faisons, chacun à notre niveau, l'information qui s'impose.
-----D'autres
anecdotes vécues pourront faire suite à ce petit récit.
-----Je remercie
infiniment Paul VANONI, le fils aîné d'Emile, qui a bien
voulu vérifier mes dires (que je tiens de mon père, celui-ci
a beaucoup travaillé pour les frères VANONI) et rajouter
quelques précisions.
Il est bon d'éclairer ceux qui ne voient pas, mais il est bon et
doux aussi, malgré les blessures, de faire revivre notre monde
disparu. L'oublier serait une insulte à tous ces hommes courageux.
Lucette MASQUIDE-SASTRE
Dimanche 13 février 2000
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